les citations
bouronner v. intr., var. bourronner
1.◆ Couver, en parlant du feu. Le feu bouronne, il ne veut pas partir.
1 « Ça avait bouronné un moment puis ça avait éclaté de partout. » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 144.
2 « Lorsque les pompiers sont arrivés sur les lieux, il y avait à l’intérieur du quatrième étage un feu “bourronnant”. » 24 heures, 31 mai 1982, p. 19.
◇ Se consumer par le feu.
3 « Comme la mèche qui bourronne avant l’explosif, ainsi nous poussons les skis, ainsi les pentes menacent. » M. Chappaz, La Haute Route du Jura, 1974, p. 101.
2.◆ (fig.) Couver, se préparer, en parlant d’une crise, d’un scandale près d’éclater. Une crise qui bouronne.
4 « Comme le temps passe […] Epurex, ça vous dit encore quelque chose ? Quand l’affaire, qui “bouronnait” depuis des mois dans un demi-silence, éclata en mars 1977, on pouvait croire que le canton* allait être ébranlé jusque dans ses institutions. » 24 heures, 15 mai 1979, p. 3.
5 « Chez les démocrates, le choix de Clinton, pour quatre années de plus, n’était pas contesté. En revanche, une bombe, certes attendue et redoutée, s’est mise à bouronner mardi soir, au moment du compte des voix. Les résultats placèrent longtemps côte à côte le candidat officiel de l’establishment républicain, le sénateur Bob Dole, et Buchanan le rebelle. » Le Nouveau Quotidien, 22 février 1996, p. 1.
6 « L’assurance maladie entretient, laisse “bouronner” un malaise social permanent : elle est source d’incompréhension politique. » Domaine public, 12 novembre 1999, p. 3.
7 « Homme posé, […] S.S. a une fois encore bien géré la crise qui bouronne depuis la dernière assemblée de l’UDC [= Union démocratique du centre]. » Le Temps, 27 novembre 2002.
◇ Entrer en crise, en parlant d’une institution.
8 « Les Églises de chez nous aussi consomment trop d’énergie pour leurs besoins internes, usent leurs forces à codifier leurs usages et leurs règlements, argumentent sur la place des femmes ou la diversité des ministères et finissent par “bourronner”. » 24 heures, 23/24 juillet 1994, p. 8.
Localisation. Canton de Vaud ; spor. Canton du Valais, Canton de Neuchâtel. La forme bourriner, signalée au xixe et au début du xxe s. dans Canton de Fribourg et Canton de Neuchâtel, a disparu de l’usage. Quant aux variantes vaudoises syncopées, bourner a également disparu, tandis que bourmer (attestée au début du xxe s.) n’est plus signalée que par IttCons 1970.
Remarques. Senti comme régionalisme très expressif, d’où l’emploi fréquent des guillemets.
Commentaire. Première attestation : 1861. Dialectalisme, par francisation du patois bourǝna̩, lui-même dérivé de bouri̩n “déchets de toutes sortes qui peuvent servir de combustible pour allumer le feu” (GPSR s.v.). Le fr. bourre “déchet de laine” appartient à la même famille.
Bibliographie. « bourronner » CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 s.v. bourriner ; DupertuisVaud 1892 s.v. bourner ; «  bouroner » OdinBlonay 1910, p. 75b ; Pier s.v. bourriner ; FEW 1, 640a, BŬRRA ; GPSR 2, 649a s.v. bourǝna̩ et 663a s.v. bourma̩ ; IttCons 1970 s.v. bourmer et bourronner ; « bouronner » Had 1983 ; « bouronner » Pid 1983, 1984 ; « bouronner » Nic 1987, 1990 ; « bouronner » ChevalleyListe 1990 ; « bouronner » CuenVaud 1991 ; « bouronner » ArèsParler 1994 ; « bouronner » PLi 1997 ; « bouronner » OffScrabble 2001.
Pierre KNECHT
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