blanc n. m.
◆ Trou de mémoire.
1 « Pourtant, je répète mon texte depuis six semaines, je sais que je le sais ! Mais,
et les trous de mémoire, hein ? Ça arrive, non ? Je m’imagine déjà entrer sur scène,
ouvrir la bouche et… rien. Le néant. Le blanc. Affreux ! » Le Nouveau Quotidien, 29 avril 1994, p. II.
◇ Avoir un / des blanc(s) loc. verb. Avoir un (des) trous de mémoire.
2 « Ce dimanche-là, le pasteur ne semble pas dans son assiette : il quequeuille [= bégaye,
balbutie], il a des blancs, il s’“encouble*” dans ses phrases. » G. Duttweiler, Joyeusetés du Pays de Vaud, 1972, p. 104.
Remarques. Très courant partout en Suisse romande, mais peu relevé jusqu’à maintenant à l’écrit.
Cet emploi n’est pas du tout perçu comme régional, si l’on en juge par son absence
de tous les ouvrages lexicographiques différentiels consultés.
Commentaire. Seule attestation lexicographique en Suisse romande : avoir un blanc (fig. et fam.) “avoir une absence de mémoire” (Alpha 1982, sans marque régionale ; cet ouvrage, diffusé dans plusieurs pays mais
réalisé à Lausanne, recèle de nombreux helvétismes). Au Québec, blanc et surtout blanc de mémoire sont très bien attestés depuis 1935 (cf. FichierTLFQ), mais selon certains auteurs (cf. par ex. ColpronAngl 1982) il s’agirait d’un emprunt à l’anglais blank ; cf. par ex. his mind went blank “il a eu un passage à vide, un trou” et my mind was a blank “j’avais la tête vide, j’ai eu un passage à vide” (RobColl 1978). Quoi qu’il en soit de l’hypothèse d’un emprunt à l’anglais pour le
franco-québécois, il semble improbable que l’on puisse expliquer de la même façon
l’emploi suisse romand ; ce dernier résulte plus vraisemblablement d’une innovation
sémantique indépendante, le blanc connotant l’absence, le vide (cf. par ex. le sens du français général de “intervalle, espace libre qu’on laisse dans un écrit” et au fig. “espace vide, temps mort” GR 1985 ; cf. encore un blanc dans la conversation “un silence” TLF 4, 561b). Du reste, la locution avoir un blanc “avoir un trou de mémoire, une absence”, bien que totalement absente de la lexicographie française, ne semble pas entièrement
inconnue en France : v. DDL 43, p. 35 pour une attestation de 1926, tirée d’une revue
de psychanalyse. D’après Michel Francard (comm. pers., 14 août 1996), cet emploi s’entend aussi parfois en Belgique.
Bibliographie. RobColl 1978 ; Alpha 1982 s.v. blanc 5 ; DDL 43 ; ThibQuébHelv 1996, p. 355-356.
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