benzine [bɛ̃(:)zin] 🔊 n. f.
◆ Essence, carburant pour moteurs à explosion. Un litre de benzine. Citerne à benzine. Des odeurs de benzine. Moteur (à) benzine (s’oppose à moteur diesel). ⇒ colonne (d’essence).
1 « Elles resteront dans ces centres ouvriers avec des gosses, un mari à l’usine, une
case numérotée dans un locatif* de trois cents appartements et une Volkswagen à crédit, pour les dimanches à la benzine sur l’autoroute Lausanne-Genève. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 88.
2 « Surtout que dans cette voiture, rien n’y fera, nous aurons toujours ce gaz de pétrole
qui prend la gorge. / Il était comme tous les vieux, qui appelaient la benzine “pétrole” à la mode ancienne. » C.-F. Landry, Petit bar Mistral, 1969, p. 46.
3 « Des vélo-moteurs [sic] tintamarrent dans les ruelles bleuissantes de benzine. » J. Chessex, Carabas, 1971, p. 57.
4 « Malgré l’augmentation du prix de la benzine, avez-vous remarqué les autos qui circulent à Villerette ? » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 23.
5 « Transit non-stop, autoroute à nos frais, sans péage, et l’on ne vend même pas un litre
de benzine ! » 24 heures, 13-14 novembre 1976, p. 28.
6 « M. Valéry Giscard d’Estaing vient de décider […] d’intervenir au Zaïre, en prêtant
au Maroc des avions de transport militaires français. On se demande qui va payer la
benzine. » Lausanne-Informations, 20 avril 1977, p. 15.
7 « En outre, seule une benzine exempte de plomb est admise pour l’alimentation de ces moteurs. » L’Ordre Professionnel, 22 septembre 1977, p. 11.
8 « Avant on avait une fourgonnette pour faire ce travail, mais la guerre nous a coupé
la benzine. » F. Clément, Les Vaches enragées, 1993, p. 95.
9 « L’économie tessinoise est victime d’un tremblement de terre. La hausse du prix de
l’essence a cassé le “tourisme de la benzine”, une partie de l’industrie se désagrège, la chute de la lire a vidé les commerces
et les hôtels. » Le Nouveau Quotidien, 30 août 1995, p. 3.
↪ V. encore s.v. colonne (d’essence).
Remarques. Fortement concurrencé par le mot du français général, essence, avec lequel il se présente parfois en cooccurrence : « En raison des restrictions d’essence, nous rappelons aux propriétaires de bâtiments et au public en général que le stockage
de benzine notamment présente de graves dangers d’incendie et d’explosion. » (Feuille officielle de la République et Canton de Neuchâtel, 1er décembre 1973, p. 869) ; v. encore le dernier exemple ci-dessus. En 1968, Corbellari
écrivait : « Benzine me paraît aussi fréquent, sinon plus, qu’essence » (p. 709) ; en 1983 cependant, Pidoux prétendait que « le mot essence paraît en voie de supplanter le premier [benzine] en Suisse romande » (Pidoux 1983 s.v. benzine). En fait, ils n’ont pas exactement la même distribution ; si l’on entend couramment
poste à essence et faire le plein d’essence, en revanche poste à benzine et faire le plein de benzine semblent plus rares. Toutefois, benzine se maintient très bien dans des contextes tels aller chercher / prendre de la benzine. Le mot subit en outre la concurrence de carburant. — La forme benzine désigne surtout en France un détachant ou dissolvant (benzol rectifié), que l’on
appelle en Suisse romande benzine rectifiée.
Commentaire. Première attestation en SR : 1909, Ph. Monnier, Mon village, p. 169. Germanisme critiqué, de l’all. Benzin n. n. “essence”. Le mot a déjà aussi été connu dans ce sens en français de France, mais il est donné
comme vieux ou régional (SR) dans TLF (citation de T’Serstevens, 1963) et GR (citation
de Malraux, 1967). À ajouter à FEW 19, 109b-110a, lubĀn ǦĀwĪ.
Bibliographie. MeijerEnq 1962, p. 82 ; Corbellari 1968 ; GLLF ; TLF 4, 395b s.v. benzine C ; Pidoux 1983, 1984 ; GR 1985 s. v. benzine 3 ; Adout 1986 ; Lengert 1994.
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