les citations
barjaquer [baʀʒake] 🔊 v., bardjaquer [baʀdʒake] 🔊
1.◆ (v. intr.) Parler à tort et à travers, sans réfléchir ; parler pour ne rien dire. ⇒ barjaque ; baboler ; batoiller.
1 « Tes paroles n’ont aucun sens, tu barjaques. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
2 « Barjaque toujours, on te connaît ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Tavannes).
3 « Mme Muller m’a dit hier que c’était pas arrivé [un journal]. Elle sait pas ce qu’elle raconte, elle barjaque. » Témoin âgé d’environ 35 ans, 28 janvier 1978 (NE Bevaix).
4 « Mais encore, notre M. a un bagout des cinq cent diables. Du matin au soir, il joue la polka des mandibules et n’arrête pas de bardjaquer, de raconter sa vie et de relancer ceux qui bossent avec lui. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 20.
5 « Elle a beau être aussi jolie qu’Isabelle Adjani, elle se sent toute seule dans la vie avec un copain qui se fout d’elle (Hippolyte Girardot), un psychiatre qui renifle dans son fauteuil (Fabrice Lucchini), une maman qui barjaque toute seule au téléphone et une vie parisienne où les passants sont aussi agressifs que les bagnoles… » Le Matin, 30 mai 1993, p. 43.
◇ Bavarder, jacasser, papoter.
6 « Attendez. Je pose l’atomiseur. Cette vigne est finie. On pourra barjaquer un moment. » J. Fonjallaz, Le Chemin des vignes, 1973, p. 102.
◇ Babiller, en parlant d’un enfant.
7 « C’était avant mon entrée à l’école, de cela je suis sûr, car Sophie ne parlait pas encore. Sophie a parlé très tard, […] mais lorsque j’ai commencé l’école elle “barjaquait” et faisait des phrases […]. » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977.
8 « Ce petit de deux ans commence de bardjaquer. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
2.◆ (excep., en emploi tr.) Raconter d’une façon inaudible ou incompréhensible.
9 « Qu’est-ce que tu bardjaques ? Je te comprends à peine. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
10 « Qu’est-ce qu’y bardjaque, celui-là ? » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
Localisation. Canton de Neuchâtel, Canton du Jura (Jura Nord) et Canton de Berne (Jura Sud) attestent la forme bardjaquer ; les autres cantons ont barjaquer. Une variante bartchaquer [baʀtʃake] a aussi été relevée dans Canton de Berne (Jura Sud) (AmezLex 1992, 46).
Remarques. Appartient surtout au registre familier.
Commentaire. Première attestation : 1820 (GaudyGen). Le mot connaît une extension géographique très importante dans le français régional de l’est et du sud-est de la France (Haut-Jura, Ain, Savoie, Isère, Drôme, Ardèche, Lyon, Poncins, Saint-Etienne, Auvergne, Provence ; voir encore DRF), d’où il est passé à la Suisse romande. ColinArgot 1990 le présente, à tort, comme appartenant au registre argotique. — Selon Lengert RF 109 (1997), p. 310 (c. r. de FréchetAnnonay), « bargailler etc., barjaquer sind kaum unter dem im FEW unterstellten germ. *brekan zu fassen, sondern Präfigierungen mit bar- als pejorativem Nachfolger von lat. bis- ». Cette hypothèse inédite demanderait à être développée et explicitée ; en outre, il faudrait démontrer en quoi l’étymon normalement accepté par la communauté scientifique fait problème.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; OffnerGrenoble 1894 ; PuitspeluLyon 1894 ; WisslerVolk 1909 ; Pier, PierSuppl ; BrunMars 1931 ; GPSR 2, 257ab s.v. barjaka̩ ; ZumthorGingolph 1962, p. 251 ; FEW 15, I, 269a, *brekan II 2 a β ; BonnaudAuv 1976 ; RLiR 42 (1978), p. 158 ; ManteIzeron 1982 ; GononPoncins 1984 ; BouvierMars 1985 ; GermiLucciGap 1985 ; DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; MartelProv 1988 ; MartinPilat 1989 ; ColinArgot 1990 ; DucMure 1990 ; BlanchetProv 1991 ; AmezLex 1992, p. 45 ; MazaMariac 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; GagnySavoie 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; Manno 1994, p. 217 ; « très employé » RobezMorez 1995 ; « usuel » FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon 1995 ; OffScrabble 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; PLi 1998 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001.
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