autogoal [ɔtɔgo:l], [otɔgo:l] n. m., auto-goal
◆ But qu’une équipe marque dans ses propres filets. Marquer un auto(-)goal.
1 « Les supporters écossais ont dû attendre un autogoal d’A. B. à la fin de la première prolongation pour voir le Celtic de Glasgow se qualifier
péniblement au détriment des Young Boys de Berne. » La Liberté, 30 septembre 1993, p. 45.
2 « Sans les remèdes de cheval administrés à Hardturm (qui reverdit à vue d’œil, paraît-il)
et sans les mesures draconiennes prises pour préserver la pelouse, le stade zurichois
se serait battu lui-même. En football, cela s’appelle un autogoal. » La Presse, 1er octobre 1993, p. 25.
3 « Un autogoal de Sch. […] a précipité la défaite des Servettiens [= joueurs de l’équipe Servette
de Genève]. » La Suisse, 4 novembre 1993, p. 1.
4 « Un autogoal signé E. a empêché la troupe d’H. de battre les États-Unis. » Le Nouveau Quotidien, 24 janvier 1994, p. 20.
5 « Douze balles dans la peau pour avoir marqué un autogoal, le 22 juin, dans le match contre les États-Unis, perdu par la sélection colombienne,
avec pour conséquence son élimination du Mondial : l’assassinat, samedi à Medellín,
du défenseur A. E., 27 ans, est un événement et une première sanglante dans l’histoire
de la Coupe du monde. » Le Nouveau Quotidien, 4 juillet 1994, p. 1.
◇ (fig.) Action dommageable à son (ses) auteur(s).
6 « […] le peuple jurassien s’inflige un auto-goal [à propos du rejet du projet de liaison ferroviaire]. » F. Mertenat, RSR I, 18 mai 1992.
7 « Autogoal paysan / Ils ont combattu l’Espace économique européen parce qu’ils se méfiaient
de la politique agricole européenne et parce qu’ils s’opposaient à la légère ouverture
à certaines importations qu’impliquait l’EEE. Aujourd’hui, les paysans s’en mordent
les doigts, car tant à Bruxelles que dans les négociations du GATT, la Suisse est
sèchement invitée à revoir son protectionnisme agraire. » Construire, 12 février 1993, p. 12.
8 « AUTOGOAL / Le recours est admis, mais la peine restera inchangée / L’avocat qui recourait
contre sa condamnation obtient gain de cause, mais tout se passera comme s’il avait
perdu. » La Liberté, 6 juillet 1993.
9 « Les personnes qui ne sont pas d’accord avec ces 10 francs sont obligées de refuser
l’arrêté fédéral* urgent, et par conséquent toutes les autres dispositions qu’il contient. Il en résulterait
une augmentation massive des coûts et des primes. C’est ce qui s’appelle un auto-goal. » Helvetia Caisse maladie (bulletin mensuel de la Caisse maladie Helvetia), août-septembre 1993, p. 4.
10 « Interdire la publicité, c’est marquer un auto-goal. Pour le sport, précisément. […] Interdire la publicité, c’est lancer un boomerang
qui nous reviendra en pleine figure. » Le Quotidien jurassien, 15 septembre 1993, p. 3.
11 « B. G. évoque le domaine de la santé, où les coupes dans le personnel entraînent une
déshumanisation des soins : autogoal sur toute la ligne, et coûts accrus au bout du compte. Autogoal aussi dans l’enseignement. Accroître encore les effectifs par classe ? Couper dans
les services auxiliaires […] ? » La Liberté, 12 octobre 1993, p. 15.
12 « […] aujourd’hui, l’administration marque un autogoal et met l’esprit créatif hors jeu. » Le Matin, 31 octobre 1993, p. 2.
13 « [titre] Élection à l’Exécutif lausannois : l’Entente bourgeoise* battue sur autogoal / Les électeurs de droite n’ont pas su s’unir derrière leurs quatre candidats à la
Municipalité. » 24 heures, 15 novembre 1993, p. 15.
14 « En tout cas la droite s’est brillamment remise de l’autogoal qu’avait marqué une partie de sa base en ajoutant le nom de P. A. » La Presse, 15 novembre 1993, p. 3.
15 « Reste que, deux ans après le refus de l’EEE, les responsables de l’usine d’Orbe n’ont
encore rien vu venir de Bruxelles. Aujourd’hui, le temps presse. Et le mot de Jean-Pascal
Delamuraz au lendemain du 6 décembre prend désormais tout son sens : le non du peuple
et des cantons à l’EEE était bien un “autogoal”. » Le Nouveau Quotidien, 8 décembre 1994, p. 3.
Remarques. Cf. encore autobut n. m., beaucoup plus rare, attesté au sens propre : « Bordeaux élimine le club genevois grâce à un autobut de S. / Servette marque contre son camp » (La Suisse, 4 novembre 1993, p. 1) ; « Sans l’autobut malheureux d’E. […], l’équipe nationale suisse aurait même signé un succès de prestige » (Le Nouveau Quotidien, 24 janvier 1994, p. 20) ; v. encore DictFrSuisal. Le Guide du typographe romand (éd. 1993, p. 126) glose autogoal par autobut. — En France, comme équivalent, on a relevé but contre son camp : « Un coup du sort en forme de but contre son camp à la 65e a eu raison de la résistance suisse. » (Libération, 4 novembre 1993, p. 37) et le sigle c.s.c. (« contre son camp » ; L’Équipe, 8 novembre 1993, p. 14). Cf. encore « Les Normands ont tiré deux fois sur le poteau et ont marqué pratiquement contre leur camp. » (L’Équipe, 8 novembre 1993, p. 12).
Commentaire. Première attestation : 1963 (Guide du typographe romand, Lausanne, 1963, p. 85). Il semble s’agir d’un calque de l’all. Eigentor n. n. “but tiré dans ses propres filets”, aussi attesté au sens figuré (« Selbstverschulden eines schweren Schadens. Dem Ballsport entlehnt. » KüpperUmgangssprache ; connu depuis env. 1955), et très fréquent dans la presse de Suisse allemande. La forme des dialectes
suisses alémaniques, aigegool (DictFrSuisal), est encore plus proche de la forme suisse romande et pourrait bien
avoir contribué à sa formation, par le détour de l’oral. Cf. encore all. d’Autriche Eigengoal (DudenÖsterreich ; attesté au sens propre et figuré depuis 1969). Toutefois, l’hypothèse
d’un italianisme n’est pas à écarter ; en effet, ital. auto-goal est déjà attesté en 1908, et autogoal en 1935 (DELI ; SchweickardFußball 1987, p. 69 et 98), tous les deux dans le domaine
des sports ; on l’atteste aussi dans l’usage contemporain au sens figuré (1990, v. LebetGoal
1992, p. 35-36 et 58). Battaglia le rattache, à tort, à l’angl. *autogoal, qui n’existe pas (Ø OED2) ; mais cf. own goal (att. depuis 1947 ; fig. depuis 1976 ; v. OED2). En espagnol, autogol est attesté dès 1951, en Amérique latine tout comme en Espagne, mais seulement, semble-t-il,
dans le domaine sportif (PfändlerSport ; VoxRom 1987). D’après nos témoins lusophones, autogoal s’emploierait aussi au Portugal, mais le terme officiel au Brésil serait goal contra. Le français de référence ne connaît pas de tournure synthétique, à notre connaissance,
pour exprimer le concept de “but marqué contre son camp”, mais autogoal serait aussi connu et employé en Belgique (Michel Francard, comm. pers., 14 août 1996).
Bibliographie. PfändlerSport 1954 ; Duden 1976 ; KüpperUmgangssprache ; Langenscheidt7 ; DudenÖsterreich 1980 ; BrockhausWahrig 1981 ; SchweickardFußball 1987 ; OED2 ; DictFrSuisal 1991 ; LebetGoal 1992.
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