les citations
éd. 1999 amourettes n. f. pl.
1.◆ Testicules d’animaux (bœuf, porc, mouton, etc.), constituant un mets apprécié des gourmets. Servir, acheter, cuisiner des amourettes de bœuf.
1 « [Ce qu’on a vu en 1996] Pour récompenser ses clients, le Jipé de la boucherie leur offrir un petit cadeau. La M. P. frétille en rentrant chez elle, espérant une saucisse ou un fumé [= morceau de porc fumé]. Surprise, en ces temps de bouchoyade* : le J. lui fait don d’une carotte et de deux amourettes de veau. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 13.
2.◆ (par ext.) Testicules.
2 « [Ce qu’on a vu en 1996] En faisant du ski nautique, le J. P. […], à la suite d’une brusque secousse, recevoir l’archet dans les amourettes. / La Michèle n’a jamais passé des vacances aussi paisibles. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 23.
Localisation. Canton du Jura (Jura Nord).
Remarques. Encore bien connu des témoins jurassiens qui connaissent ce mets ; le deuxième sens semble peu usité.
Commentaire. Première attestation pour la région jurassienne : v. ci-dessus. Première attestation absolue du sens 1 : Jaubert 1864 (v. FEW). Le sens 2, extension du premier, n’a jamais été repéré. Au Québec (v. Clapin, GPFC, TLF), amourettes est attesté au sens 1 ci-dessus comme terme de boucherie et d’art culinaire, à côté du synonyme animelles. Quant au FEW, outre pour le Canada, il atteste le sens 1 également pour le Centre et l’Aube. AcC 1836 répertoriait le sens de “ovaires des mammifères domestiques” attestation isolée. Les dictionnaires français dans leur ensemble ne connaissent que le sens de “moelle épinière d’animal servie comme garniture culinaire” ; seul DHLF indique le sens de “testicules (des animaux)”, sans autre précision que la date de 1836 (mais ce n’est pas le sens attesté par AcC). GR 1985 s.v. abat donne dans la liste des abats blancs l’indication suivante : « testicules (rognons blancs, amourettes) ». L’origine donnée par les dictionnaires est souvent celle d’apr. amoretas “testicules du coq”, bien que nuancée dans TLF par un « peut-être » ; or, la note 21 du FEW (p. 470a) réduit cette étymologie à néant en affirmant qu’il s’agit d’un mot-fantôme, né d’une mauvaise lecture. DHLF penche quant à lui pour un emploi figuré relié à amourette “amour léger”, tout en suggérant une éventuelle homonymie avec les résultats de *AMŌR “liquide”, remontant à un croisement entre (H)ŪMŌR et AMŌR, où l’attraction sémantique de AMŌR a joué un rôle important. Avec *AMŌR comme étymon, plutôt que de supposer une extension sémantique de “aventure sentimentale passagère”, comme le fait Ac 1986, il faudrait plutôt voir une dérivation métaphorique hypocoristique ou plaisante de amour, au moyen du suffixe ‑ette, avec l’idée de “goût très vif pour quelque chose” en référence au caractère recherché de certains abats en cuisine. Il est en outre plus aisé de partir du sens de “testicules” comme base pour un déplacement sémantique par métonymie vers les autres sens, avec maintien comme archaïsme dans certaines régions.
Bibliographie. AcC 1836 ; Clapin 1894 ; GPFC 1930 ; TLF ; FEW 24, 466b, AMŌR ; Ac 1986 ; DHLF 1992 ; QuenetJura 1998, p. 45.
Simone QUENET
Copyright © 2022, tous droits réservés