les citations
ruclon n. m.
◆ Fumier, compost, engrais issu de la décomposition de déchets organiques.
1 « Ce que vous considérez comme étant du “fumier végétal” (ruclon ou compost, sans doute) peut présenter un certain intérêt. » Sillon romand, n° 14, 1976, p. 17.
2 « La fraction organique du ruclon fermente grâce à l’action des bactéries anaérobies, micro-organismes vivant sans oxygène, comme aux premiers temps de la vie, il y a 3,5 milliards d’années. » Le Nouveau Quotidien, 19 octobre 1994, p. 24.
(par ext.) Lieu où l’on dépose des déblais, décharge, dépotoir. Fouiller dans le ruclon, mettre le feu au ruclon.
3 « […] il descendait le raidillon de la Tillette à tombeau ouvert, aguillé* sur un vieux vélo bon à mettre au ruclon. » IttÇà, 1975, p. 86.
4 « Tout au fond, loin de nous, un énorme ruclon, un tas de vieux pneus […]. » RSR, 14 février 1987.
5 « Les décharges débordantes et puantes vont faire place à de proprettes “déchetteries”, où des containers dûment étiquetés accueilleront séparément chaque type de déchets. Les “ruclons” villageois devront fermer et seuls quelques élus pourront encore abriter des décharges strictement contrôlées n’accueillant que des matériaux inertes et peu polluants. » Construire, 13 novembre 1991.
6 « On n’avait pas les moyens pour acheter un vélo et j’en ai fabriqué un moi-même en allant chercher des pièces au “ruclon”. » La Liberté, 3 janvier 1996, p. 31.
7 « Peu à peu, Martin s’installe : au ruclon, il trouve un fourneau, une télé, des matelas. Alentour, il entasse du bois de chauffage et du matériel de récupération pour agrandir sa baraque. » L’Illustré, 7 juillet 1999, Archives (Internet).
Localisation. Canton de Vaud, Canton du Valais, Canton de Genève, Canton de Fribourg, Canton de Neuchâtel (rare).
Remarques. Encore bien connu. — Cf. encore les dér. ruclonner v. intr. “fouiller dans la poubelle, fouiller dans les gadoues” (IttCons 1970 ; DumontGen 1983 ; Had 1983 ; ChevalleyListe 1990 ; StRobert 1993) et ruclonneur n. m. “personne qui récupère des objets pour les recycler” (StRobert 1993). — Pour le t. raclon n. m. (v. GR 2001), considéré à tort comme variante de ruclon, v. le commentaire ci-dessous.
Commentaire. À partir d’un adj. RUSCEUS “sale, crasseux” attesté dans des gloses du IXe s., v.Wartburg postule l’existence d’un vb. *RUSCULARE “racler, enlever la saleté”, dont serait issu, au moyen du suff. ‑ŪMEN (> ‑on en frpr.) le type dialectal rukl(y)on, répandu dans le sud-ouest de la SR et en Savoie et à l’origine du français régional ruclon. La première attestation est de 1711 : « […] sera tenu de mener toutes les terres, fumier et ruclons aux lieux plus nécessaires desd. biens » (Genève, Archives cantonales, Jean Fornet not., t. 34, f° 296 r° ; fichier GPSR). Au sens étendu de “décharge, dépotoir”, le terme ne paraît pas attesté avant le milieu du xxe s. : « […] il ramassa cette tête de chat à yeux bridés et sourcils hérissés qu’on vit longtemps sur le ruclon d’Élise entre une serpillière encore toute bonne, car Élise était dépensière, le seau à confiture qui servait de semoir, et les tiges vertes qu’il suffit qu’un enfant cueille pour qu’elle devienne une trompette, mais s’il la jette et qu’un adulte la ramasse, ce qu’il tient dans sa main gonflée par l’âge ce n’est qu’une tige de courge potiron. » (C. Colomb, Les Esprits de la terre, 1953, p. 107). — Sous l’influence de la lexicographie générale qui a introduit en 1842 (D. J. Mozin, Dictionnaire) le t. raclon n. m. « engrais préparé avec du gazon pourri » et « boue ramassée dans les villes ou sur les routes » (v. FEW 10, 81b, *RASCLARE), ruclon est souvent interprété, à partir de GenHumb 1852 (v. CalletVaud, GrangFrib, PludFranç, OdinBlon, Nic 1990), comme une var. de raclon. Une supposition contredite non seulement par la chronologie, mais aussi par l’impossibilité d’expliquer la variation au de la voy. du radical. Bien que sémantiquement similaires, il s’agit donc bien de deux mots différents. — Le terme est également signalé en français régional de Hte-Savoie (DeprazChablais).
Bibliographie. « sorte d’engrais » GaudyGen 1820, 1827 ; « fumier des rues, boue, immondices ramassées dans les rues pour servir d’engrais » HumbGen 1852 ; « boue ramassée dans les villes ou sur les routes » CalletVaud 1861 ; « boue ramassée dans les villes et sur les routes » GrangFrib 1864 ; « raclon, terreau » PludFranç 1890 (p. 14), 1918 ; « raclure de fumier » OdinBlon 1910 (p. 453b) ; FEW 10, 586a, *RUSCUS ; « tas de déchets ; parfois équivalent de fumier » ZumthorGingolph 1963 ; « gadoue, dépôt d’ordure » IttCons 1970 ; « tas de compost » ChuardVaud 1979 ; « fumier des rues, boue, immondices ramassées dans les rues pour servir d’engrais » DumontGen 1983 ; « ordures ménagères, tas d’immondices, fumier, compost » Had 1983 ; « dépotoir dans un jardin » Pid 1983 ; « décharge publique. Dépotoir dans un jardin. Ce qu’on y dépose » Pid 1984 ; « compost » Nic 1987 ; « déblai proche d’une maison dans lequel on jette des déchets végétaux qui deviennent un engrais » Nic 1990 ; Lengert 1994 ; « compost, d’où décharge, dépotoir » ArèsParler 1994 ; « dépotoir de jardin » PLi 1997 ; « décharge sauvage, amas de détritus pas très éloigné de la masion » DeprazChablais 1998 ; OffScrabble 2001 ;
Gisèle BOERI et Pierre KNECHT
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