rapercher v. tr., tr. abs. (plus rarement rappercher)
1.◆ Rassembler, réunir (des personnes séparées, éloignées, ou des bêtes dispersées) ;
ramasser, mettre ensemble (des objets épars, disséminés). Rapercher le bétail. Rapercher ses affaires avant de partir.
1 « Raperchez les Prophètes ! Les sacs, les bidons, les gamelles ! » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 152.
2 « Une grande merveille pour nous, ce village de cases où des artisans travaillaient
avec beaucoup d’adresse. Les petits négrillons plongeaient dans une pièce d’eau pour
rapercher [en italique dans le texte] la monnaie que leur lançaient les riches Lausannois venus, eux aussi en foule, voir
ce spectacle insolite pour eux et surtout pour les petits paysans sauvages que nous
étions. » IttÇà, 1975, p. 209.
◇ Aller rapercher, aller chercher, partir à la recherche de (une personne qui s’attarde) ; dénicher,
trouver après quelques recherches (un objet éloigné, égaré ou oublié). Va rapercher ton père à la pinte* ! Où est-il bien allé rapercher ce machin ?
3 « La Françoise ! Vous savez pas quoi ? Elle est venue “rapercher” son homme. À deux heures du matin. » A.-L. Chappuis, Le Troupeau errant, 1972 (1re éd. 1962), p. 208.
4 « Ce jour-là, elle avait pressenti la catastrophe, et si elle était venue nous “rappercher”, c’était pour la prévenir. » A. Peiry, L’Or du pauvre, 1968, p. 50.
5 « L’an dernier, les radicaux [= centre droit] ont dû aller “rapercher” J. M., homme d’envergure […], pour succéder à R. J. au Gouvernement. » La Liberté, 10 février 1989.
◇ (en contexte métaphorique) Rejoindre, atteindre.
6 « Un ourlet forestier égratigne le vide, s’insinue, raperche la pente ; des sentinelles avancées présentent leurs ramures. » M. Chappaz, La Haute route, 1974, p. 157.
2.◆ (en emploi tr. abs. ; rural) Ramener le bétail à l’écurie. Aller rapercher pour la traite du soir.
Remarques. Tous les emplois du mot sont familiers. — Il n’existe guère d’équivalent de ce mot
en français de référence, mais cf. rapailler v. tr. “ramasser des objets ici et là ; rassembler des personnes” (« région. (notamment Canada) » TLF).
Commentaire. Première attestation : 26 mai 1801 (« Voilà toutes les nouvelles que j’ai pu rapercher dans ma tête. Avouez que rapercher vaut presque rapondre ! » Isabelle de Charrière, Œuvres complètes, t. VI, p. 334). Transposition en français régional du type patois rapèrtsi̩ (v. par ex. Bridel, Blonay), correspondant au fr. rapprocher. Le rapport entre les deux mots semble d’ailleurs conscient chez certains locuteurs :
« Vers le soir, il fallait “rapprocher” le troupeau épars aux quatre coins du pâturage et le ramener au chalet. » (A. Peiry, Or, 1968, p. 277 [cité dans Lengert 1994]). D’autres locuteurs sentent plutôt un rapport
avec perche, qui est certainement aussi valable en synchronie. Le mot a d’ailleurs été classé
sous deux étymons (pĔrtĬca et appropiare) dans le FEW, mais on ne voit guère comment on pourrait le séparer de Vaudioux [Jura]
rappretsi “rapprocher”, Montbéliard [Doubs] raipretchie “id.”, etc.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; GuilleDial 1825, p. 58 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud
1861 ; GrangFrib 1864 ; « rappertzi » Bridel 1866 (att. patoise) ; BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 456ab ; Pier ; BiseHBroye 1939, p. 301 ;
FEW 8, 281ab, pĔrtĬca 1 a et 25, 54b, appropiare (double classement sans renvois réciproques) ; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud
1991) ; PLi depuis 1989 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995.
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