peller v. tr. (abs.)
◆ Déplacer, transporter (une substance, le plus souvent de la neige) à l’aide d’une
pelle. Peller la neige devant son entrée. Qu’est-ce qu’on a pu peller, cet hiver !
1 « Demain, […] il faudra drôlement “peller” pour dégager la porte en sortant. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 37.
2 « Cependant, une fois dehors, il commence à conseiller à Bertrand de mettre de la paille
plutôt que du foin, lui soutenant que c’est assez bon pour les bourriques, qu’on donne
bien de la paille au cheval, puis il trouble l’eau que l’autre va chercher à la fontaine,
ricane quand il se met à peller la neige […]. » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 207-8.
3 « Effectivement il faisait un temps à ne pas mettre un chien dehors et le nègre, par
bravade, par gentillesse, continuait à couper le bois, à porter le panier, à rendre
cent petits services en plein vent qui le laissaient glacé et toussant. Qui mourut
cet hiver-là ? C’est le nègre, d’une congestion pulmonaire qu’il avait attrapée en
pellant la neige sur la route communale, toute une terrible journée de bise* où le thermomètre était descendu à moins vingt. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 94-5.
4 « Deux hommes piochaient un toit, ils pellaient les mottes d’herbe ; au pied de l’échelle un paquet de tuiles nouvelles. » M. Chappaz, J.-M. Lovay, La Tentation de l’Orient, 1970, p. 97.
5 « Il avait passablement neigé pendant la nuit et le cantonnier, un brave Ormonan*, pellait gentiment* la neige dans un contour*, surtout sans trop se presser. » IttCons, 1970, p. 150.
6 « Ma mère, raconte G. M., a passé toute sa vie à peller la neige devant la maison pour dégager. Après, on allait à pied. » Le Nouvel Illustré, 26 janvier 1977, p. 16.
◇ (en emploi métaphorique)
7 « Peller le brouillard est une tâche ingrate, un effort de longue haleine. On a tellement
l’impression que chaque coup de pelle dans le brouillard est un coup pour rien ! » A.-L. Grobéty, Contes-Gouttes, 1986, p. 61.
Remarques. L’équivalent du français de référence, pelleter, est aussi connu en Suisse romande.
Commentaire. Première attestation en Suisse romande : 1895 (v. Pier). Type attesté sur une très
large étendue dans les parlers galloromans ; en plus de la Suisse romande, on le relève
dans le Pas-de-Calais, le Nord, la Haute-Normandie, l’Anjou, le Centre, la Bourgogne,
la Champagne, la Lorraine, la Franche-Comté, le Val d’Aoste, la Savoie, l’Ain, le
Rhône, les Hautes-Alpes, l’Aveyron, le Puy-de-Dôme et le Béarn (v. FEW). En français,
le mot est toutefois pratiquement limité à la Suisse romande et à la Franche-Comté
voisine (mais cf. une att. de M. Genevoix, originaire de la Nièvre, dans TLF) ; v. encore DRF. TLF et GR ont
tort de le présenter comme vieilli ou archaïque, ce qui laisse sous-entendre qu’il
aurait été plus fréquent jadis ; à part une certaine postérité lexicographique essentiellement
due à un hapax de 1868 dans Littré (que l’on ne peut malheureusement pas localiser),
le mot semble ne jamais avoir fait partie du français commun.
Bibliographie. Littré 1868 ; « peu us. » Lar 1874, 1903, 1932 ; Pier ; FEW 7, 480b, pala I 1 ; « aujourd’hui à peu près disparu [renvoie à l’att. de 1868 dans Littré] » GLLF 1976 s.v. pelleter ; « archaïque » GR 1985, 2001 s.v. pelleter ; « vieilli ou région. (Centre) » TLF s.v. pelleter ; « très usuel » DurafHJura 1986 s.v. pêller ; « Suisse » PLi depuis 1989 ; DromardFrComté 1991 s.v. pèler ; « région. (Suisse) » NPR 1993 ; Lengert 1994 ; « helv. » OffScrabble 1995 ; DRF 2001.
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