les citations
fôle [fo:l] 🔊 n. f.
◆ Conte, récit traditionnel, propre au folklore jurassien. Raconter des fôles lors d’une veillée.
1 « Donc, avec les publications d’Arthur Rossat, pas de préoccupations littéraires. Néanmoins, aussi précis que soit le document écrit, il manque la… “musique” : la voix, les gestes, les regards, l’ambiance de la cuisine ou de la salle d’auberge, les réactions de l’auditoire “font” aussi une “fôle”. » G. Lovis, Contes fantastiques du Jura, 1987, p. 19.
2 « Vous entendrez, ce faisant, un gai luron comparer l’épaisseur de la crème à la générosité de la cuisinière ; des histoires drôles, parfois un peu lestes, agrémenteront cette fin d’après-midi passée à boire et à manger. Mais rares sont vos chances d’ouïr conter des “fôles”, les contes fantastiques, pas plus que les vieilles légendes n’étant (habituellement, du moins), de circonstance. » G. Lovis, “La Saint-Martin dans le Jura”, dans Présences, Pully 1988, p. 57.
3 « Au début du siècle, la veillée constitue la principale occasion conviviale, surtout pour les jeunes gens. Les conteurs de fôles (histoires amusantes ou légendaires), le jeu de cartes (jass*) servent de toiles de fond à des amitiés, voir[e] des amours débutantes. » Le Pays, 26 février 1993, p. 9.
Localisation. Canton du Jura (Jura Nord).
Commentaire. Première attestation : 1918 (« Le Jura bernois catholique possède des récits particuliers, appelés “fôles” […], qui sont l’équivalent des contes fantastiques dont on a bercé notre enfance, histoires merveilleuses uniquement destinées, dans l’esprit du narrateur, à égayer son auditoire. Bien différentes en cela de la fable ou apologue qui se propose avant tout de moraliser, les “fôles” n’ont aucune portée morale […]. » Article d’Arthur Rossat, cité dans Lovis, G., Contes fantastiques du Jura, 1987, p. 18). Emprunt du français régional au patois jurassien fôle n. f. “histoire, conte, légende, conte fantastique” (VatréAjoie). Issu du lat. fabula, son évolution phonétique est celle de l’est du domaine comtois ; il s’agit du doublet dialectal de fr. fable (cf. fr. table / tôle, tous deux issus de tabula). L’ancien et le moyen français connaissent le type sous la forme graphique faule “récit ; tradition fictive ou mensongère ; apologue” (Gdf 9, 589a ; Renart, v. FEW). En français régional de France, on a relevé dans le Haut-Jura folerie n. f. “badinage, propos léger” (« usuel » DurafHJura 1986), qui se rattache probablement au même étymon.
Bibliographie. TablGl, p. 175 ; FEW 3, 345a, fabula 1 ; VatréAjoie ; BourquinPays 1985, p. 24, 30 ; GPSR 7, 618b-619a, s.v. fōl.
Simone QUENET
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