les citations
dévaloir n. m.
1.◆ Couloir dans les forêts de montagne, naturel ou aménagé, utilisé pour faire descendre les billes de bois. L’entrée du dévaloir. Au pied d’un dévaloir. Dévaloir de billons. ⇒ châble.
1 « Tel est ce bisse* du Levron, fort peu connu dans sa partie inférieure du moins, car qui donc osait s’aventurer dans ces affreux dévaloirs, le long de ces parois vertigineuses où l’on risquait à chaque instant de se faire mitrailler par une avalanche de pierres passant en sifflant sur la tête. Les chamois ont aujourd’hui pris possession de ces lieux sinistres où ils vivent en paix, protégés par la loi. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976, p. 92 (1re éd. 1963).
2 « Puis elle rejoignit les deux garçons qui se disputaient encore, faisant rouler dans les dévaloirs des masses de pommes de pin, rondes comme des billes. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 74.
3 « Ceux-ci [les gardiens de bisse*] étaient surpris par des orages qui, en quelques minutes, transformaient les dévaloirs en cascades de terre, de pierres et, suivant où ils se trouvaient, ils n’avaient aucun endroit où se réfugier pour se mettre à l’abri. » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 257.
4 « La tâche de ces nouveaux arbres était d’être le masque de l’assez barbare route mijotée, projetée, qui devait raser tous les bosquets le long de l’eau, envahir les prés, érafler mes caves sous mes fenêtres, trouer l’arche du pont, s’étaler monstrueusement en passant et repassant la rivière. Et, en tournant vers la gare pour s’atteler à trois autres routes, rendre ainsi “commercial” le Châble avant de ramasser, de “châbler”* le trafic pour Verbier. Le village tire son nom d’un grand dévaloir à billons. » M. Chappaz, La Mort s’est posée comme un oiseau, 1993, p. 89.
↪ V. encore s.v. verne 1.
(emplois fig.)
5 « La rue de la Prairie s’incline doucement vers le sud, dévaloir gris au bout duquel les maisons sont alignées comme les éléments d’une maquette. » J. Vuilleumier, L’Écorchement, 1972, p. 99.
6 « Sur cette piste impitoyable quant à sa longueur et à la nature des éléments, les spécialistes suisses du géant ont prouvé qu’ils étaient capables de s’affirmer aussi sur la glace. […] La trace du géant d’hier représentait en réalité un affreux et interminable dévaloir qui a causé des difficultés à tous les skieurs d’élite […]. » L’Express, 10 février 1976, p. 11.
Remarques. Cf. aussi dans la même famille dévaler v. tr. “faire descendre (par ex. des billes de bois)”, encore assez bien connu dans NE selon les enq. CD (v. TLF pour un ex. chez Ramuz, marqué à tort comme un technicisme et non comme un régionalisme). Ce verbe a donné lieu au dér. dévalage n. m. “descente des billes de bois dans les dévaloirs” (v. Pier s.v. châblage pour une attestation de 1900) ; des témoins de Moutier (BE) l’attestent encore dans la signalisation routière (panneaux Attention ! Dévalage de bois !) ; v. encore GrafBern 1987 s.v. châblage.
2.◆ Vide-ordures, dans un immeuble. Jeter ses déchets dans le dévaloir.
7 « J’avais observé que chaque corps de bâtiment disposait d’un dévaloir de grand format et l’idée me vint de répartir mes sacs dans ces différents conduits. » M.-G. Prêtre, La Culotte des anges, 1964, p. 41.
8 « Il savait qu’au-delà d’une certaine déchéance […] un homme n’a pas le droit de dormir, sauf en fraude, se cachant de tous, sous le toit d’un immeuble à confort moderne où sa présence est un défi non seulement aux ascenseurs fréquentés par des locataires bien baignés, lavés, vêtus et parfumés, mais aussi aux radiateurs, aux réfrigérateurs, aux dévaloirs pour ordures ménagères, tous signes de vie décente et civilisée. » A. Rivaz, De mémoire et d’oubli, 1973, p. 47.
9 « Ad offrit de nettoyer. Il jeta les débris dans le dévaloir. Pendant qu’on en voit la plaque, on entend les éclats de verre cliqueter, ding ding dong, plus faiblement. » Y. Velan, Soft Goulag, 1977, p. 84.
10 « Lorsque le concierge se plaint parce que les locataires manquent de précautions, la gérance ferme le dévaloir sans tambour ni trompette. Très souvent les locataires nous demandent alors d’intervenir pour faire ouvrir le dévaloir. Ce que la gérance fait en rappelant aux habitants de l’immeuble les règles élémentaires d’hygiène. […] Tant qu’on n’aura pas posé clairement le principe d’une désinfection périodique de ces gaines, de nouveaux désagréments surgiront. » Coopération, 14 juillet 1977.
11 « L’introduction du tri à la source ne va cependant pas de soi, a-t-on précisé au CHUV [= Centre Hospitalier Universitaire Vaudois]. Elle implique une formation du personnel, toujours difficile dans une entreprise de plus de 4000 personnes, dont un quart se renouvelle chaque année. Par ailleurs, le système n’a pas été prévu lors de la construction, l’évacuation étant conçue par dévaloirs. » Journal du Nord vaudois, 5 février 1991, p. 16.
Remarques. Vieilli ; ce dispositif n’existe plus (il a été interdit pour des raisons d’hygiène).
Commentaire. Dér. de dévaler (v. rem. ci-dessus), suff. ‑oir (< ‑atoriu). Création suisse romande. Première att. au sens 1 : 1809 ; au sens 2 : 1932 (v. GPSR).
Bibliographie. WisslerVolk 1909 ; Pier ; FEW 14, 148a et 148b-149a (double classement), vallis 3 b α et 3 b β ; MeijerEnq 1962, p. 173 ; SchüleNendaz 1963 ; GPSR 5, 561 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; TLF s.v. dévaler ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; Lexis 1992 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
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