deux adj. num.
I.◆ les deux (loc. pronominale anaphorique explicitant le sujet). Tous (les) deux ; nous deux ;
vous deux. Ils sont partis les deux. Vous n’êtes pas commodes les deux. On n’est pas contents
les deux.
1 « – Seule ? s’étonna le pasteur en fronçant le sourcil. Tu veux dire que vous ne serez
que les deux ? » J. Matter, Parsifal ou le pays romand, 1969, t. I, p. 93.
2 « [. ..] j’ai eu peur, nous n’étions que les deux, les deux toutes seules en face de tous. » A.-L. Grobéty, Mourir en février, 1970, p. 27.
3 « Tant qu’ils sont les deux, [ils] se sont toujours bien entendus comme tu dis […]. » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche , 1970, p. 28.
4 « […] on a eu la scarlatine ensemble, on jouait à nager sur le terrain de football,
on est tombé malades les deux d’avoir passé un après-midi couchées sur un tas de neige à regarder danser les nuages. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 97.
5 « Il dit que c’est lui qui a organisé le spectacle, pour Johanna, alors qu’il y avait
longtemps, lui et moi, que nous tournions autour de cette idée de galetas* sans oser passer aux actes. Mais on a tout fait les deux, quand l’occasion a été bonne, et je ne vois pas ce qu’il se reproche. » J. Chessex, Judas le transparent, 1982, p. 60.
6 « Ils sont allongés les deux sur moi, j’étouffe presque. » A.-L. Grobéty, Infiniment plus, 1989, p. 214.
↪ V. encore s.v. musique à bouche.
II.◆ deux-trois (var. deux trois ; deux, trois) adj. indéf. composé. Deux ou trois, quelques. Deux-trois jours, deux-trois fois.
7 « Vous me rendriez service, parce que sans ça, j’en aurais pour deux-trois jours. » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 139.
8 « Le Bar Rilke ? Ah ! celui-là je vais le ressusciter aussi, le ressortir du fournil,
il y a deux, trois pains encore que j’ai oubliés […]. Rilke, je pourrais l’employer à la poste pour
écrire des lettres aux faux prophètes et aux nouveaux patrons de bistrot. Il rédige
avec du miel. » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 50.
9 « Il avait changé depuis ce temps-là. Il avait pris du coffre. Pourtant, ce n’était
pas bien vieux, deux, trois ans, même pas. » J. Mercanton, L’Été des Sept-Dormants, 1974, p. 301.
10 « […] cette douleur qui s’agrippait de plus en plus fortement dans mon ventre comme
deux trois mois auparavant. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 54.
11 « J’ai mis une bouteille au frais et pis j’ai préparé deux trois sandwiches. » RSR, 29 mai 1976.
12 « Hier il a laissé le litre d’Algérie au pied de l’arbre, elle ne descend jamais au
jardin, elle ne risque pas de le découvrir. Il prend le litre, il boit deux, trois grandes gorgées, il revisse soigneusement le bouchon. » J. Chessex, Où vont mourir les oiseaux, 1980, p. 101.
13 « Il a besoin parfois deux, trois fois par jour de rester en contact par téléphone avec la résidence natale, l’Abbaye
que gardent ses sœurs. » M. Chappaz, La Veillée des Vikings, 1990, p. 14.
◇ (emploi pronominal) J’en ai vu deux-trois.
14 « On était deux-trois de nous, on était monté aux Charmettes boire un verre. » Témoin âgé d’env. 50 ans (VS Fully), 1979.
Remarques. Aussi bien I que II sont très courants dans l’ensemble de la SR.
Commentaire. I. Première att. en SR : 1829-32 (GuilleNeuch) ; dans le Jura français : 1838 (comm. pers., P. Rézeau). Il est plutôt rare dans les patois, ce qui laisse penser que ceux-ci
l’ont emprunté au français régional Dans la plus grande partie de l’est de la France, c’est le tour nous deux + subst. qui règne ; « la variante les deux appartient à la frange sud-est de cette zone » (RézeauChiffres). V. encore DRF s.v. deux 2. – Manque à FEW 3, 181a, dŬo. – GuilleNeuch 1829-32 ; BonNeuch 1867 ; GrangFrib 1868 ; PludFranç 1890, p. 22 ;
Pier ; GPSR 5, 557a s.v. deux I 2° 3 ; DondaineMadProust 1991, p. 75 ; DuchetSFrComté 1993 ; « comme attribut ou comme redondance explicitant le sujet ou un complément […], les deux est surtout du français de l’Est et de la Suisse » GrevisseGoosse13 § 660 bis c (qui cite des écrivains français originaires de l’Est et des auteurs
romands) ; RézeauChiffres 1993, p. 82.
— Le comp. sous II a une aire de répartition semblable (l’ensemble de la SR et la Franche-Comté) ; cf. « Tu sors avec moi, deux, trois fois et je te revois galoper d’aplomb » (M. Aymé, Gustalin, 1937 ; cité dans RouffiangeAymé [Jura], p. 78) ; v. encore DondaineAuth 1976, p. 55
[Haute-Saône]. Au niveau dialectal, on le trouve surtout dans VS et l’arc jurassien,
ainsi que dans l’Est de la France (Champagne et domaine francoprovençal). En français régional, il apparaît aussi ailleurs en France, de façon sporadique (v. RézeauChiffres p. 66
et 82 pour des att. de M. Clément-Mainard et de A. Gerber). Il est en outre d’un emploi très courant
au Québec dans la langue parlée.
Bibliographie. FEW 3, 181a, dŬo et note 3 ; DondaineAuth 1976 (> DuchetSFrComté 1993) ; GPSR 5, 558 s.v. deux II 2 ; RézeauChiffres 1993, p. 66 ; DRF 2001.
Pierre KNECHT
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