canon n. m.
◆ Jambe de pantalon. Des canons de pantalon.
1 « Un soir que j’allais moi aussi lui demander de remplir ma tasse, en lui recommandant
bien de faire beaucoup d’écume, comme nous aimions, il tira le canon de ses cuissettes* et, au lieu de traire, il pissa dans ma tasse, puis il me tendit le breuvage avec
cette déclaration furibarde : […]. » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 121.
2 « La guêpe lui était montée par le canon du pantalon et l’avait piqué juste au bout du… Vous pensez si ça devait lui faire
du bien, juste là, à la bonne place ! » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche, 1970, p. 197.
3 « Il était habillé comme un sauvage […] : aux jambes, un peu d’étoffe distribuée en
deux canons, et moulant son torse, une cotte de mailles en laine même pas synthétique. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 58.
4 « Je cherche pantalon trop court, si possible avec canons étroits, pantalon militaire râpé accepté. » La Terreur (journal de Carnaval, Valais), édition jaune, 1976, p. 7.
5 « Nous aimerions offrir une ceinture dorée ou une paire de bretelles d’honneur au génie
qui, le premier, a imaginé ce vêtement aux canons séparés. […] Oui, gloire au pantalon, cette invention canon ! » Publicité, 24 heures, 11-12 mai 1994, p. 15.
Commentaire. Première attestation de ce sens : 1913, C.-F. Ramuz (« mais des glaçons pendent à vos moustaches et les canons de votre pantalon sont comme deux tuyaux de tôle », Guerre dans le Haut-Pays, p. 131 [éd. de 1967]). En français classique, le mot canon désignait différents accessoires vestimentaires de forme cylindrique couvrant partiellement
la jambe ou la cuisse (“demi-bas de soie couvrant le genou et se joignant à mi-jambe à un autre bas” ; “partie supérieure du bas, qui s’élargissait pour envelopper la cuisse” ; “partie de la culotte qui enveloppait la cuisse” GLLF) ; on le relève déjà à Genève en 1581 (« Est desormais defendu à tous citoyens… canons aux chausses », v. GPSR, qui ne semble pas conscient du caractère régional du syntagme canon de pantalon dans sa métalangue définitionnelle). L’emploi suisse romand contemporain est l’aboutissement
moderne de cette série d’emplois de la langue classique, série qui ne semble guère
s’être perpétuée hors de Suisse (v. TLF pour une dernière attestation chez Hugo, 1838 ;
DondaineMadProust et ColinParlComt l’attestent pour le Doubs).
Bibliographie. GPSR 3, 63a ; GLLF 1971 ; TLF 5, 114b ; Pid 1983, 1984 ; DondaineMadProust 1991, p. 70 ;
ColinParlComt 1992.
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