bouter v. tr.
◆ Bouter le feu loc. verb. Mettre le feu.
1 « Les rôdeurs essayaient d’entrer de force, au besoin, grimpaient aux fenêtres, secouaient
les poutres, menaçaient de bouter le feu à la maison. » M. Zermatten, Les Sèves d’enfance, 1968, p. 77.
2 « Ce seraient des agriculteurs qui auraient bouté le feu en voulant brûler des herbes. » RSR, 1er avril 1976.
3 « Dès* 19 heures, on boutera le feu à ce qui deviendra rapidement un immense brasier. » Le Pays, 27 février 1982, p. 13.
4 « C’est là en effet qu’était érigé le bûcher auquel on a bouté le feu. » Le Pays, 18 février 1991, p. 6.
5 « Bouter le feu, un sport suisse / La crise et le racisme expliquent la progression des sinistres
dus à la malveillance. » Le Nouveau Quotidien, 26 mai 1993, p. 32.
6 « Les étincelles ont alors provoqué une explosion boutant le feu au garage aménagé dans la ferme. » Le Matin, 28 juin 1993, p. 5.
7 « Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi après-midi à Bâle contre les
massacres survenus dans la ville de Sivas, en Turquie orientale. Des fondamentalistes
musulmans y avaient bouté le feu à un hôtel le 2 juillet, entraînant la mort de 36 personnes […]. » Le Nouveau Quotidien, 12 juillet 1993, p. 24.
8 « La foudre s’est également abattue vers 23h sur une maison familiale de Wettingen (AG),
boutant le feu aux combles de l’habitation. » Le Matin, 19 juillet 1993, p. 5.
9 « Récent immigrant, il aurait bouté le feu en voulant se réchauffer. » Le Matin, 31 octobre 1993, p. 25.
10 « Le feu bouté à des cartons et à des poubelles sur le quai de chargement d’un magasin […] de La
Neuveville a provoqué d’importants dégâts. » Le Matin, 5 décembre 1993, p. 9.
11 « Quatre enfants qui jouaient avec un briquet ont bouté le feu vendredi après-midi à une ferme de Langrickenbach (TG). » Le Nouveau Quotidien, 2 mai 1994, p. 23.
Remarques. Ne semble pas perçu comme régionalisme ; aucune attestation dans les glossaires. Également
répandu dans l’usage oral.
Commentaire. L’emploi du verbe bouter est marqué comme vieux (GR 1985) et régional (GR 1985 et TLF) dans la lexicographie
française. Quant à la locution bouter le feu, elle est plutôt mal documentée : on trouve 5 attestations anciennes, du xiie au xive siècle (v. TL, TLF et FEW), mais plus rien avant le xixe (1841, Frantext) et le xxe s. : 1914, P. Claudel (GR 1985 s.v. canarder cit 2) et 1918, A. Gide (TLF ). En Suisse romande, l’influence des patois aurait
pu contribuer à son succès. Le GPSR l’atteste s.v. feu et s.v. bouter (indirectement) ; ce verbe, lui-même très répandu dans les dialectes (v. GPSR 2,
695b, commentaire), entre dans la composition de plusieurs syntagmes. Mais la locution
est également « très vivante en Belgique et [n’y est pas limitée] au langage écrit » (v. MassionBelg 1987). Elle a en outre donné lieu au substantif fr. boutefeu (depuis 1324, FEW 15, I, 227a). Ces données éparses laissent supposer qu’elle a joui d’une vie propre en dehors
de la lexicographie. On relève en outre, dans l’usage régional de France, Velay bouter v. tr. “mettre” (« forte connotation dialectale », v. FréchetMartVelay) et Ouest bouter v. tr. “soulever (la terre) et former des taupinières (en parlant d’une taupe)”, etc. (« registre fam. », v. RézeauOuest).
Bibliographie. TL 1, 1093 s.v. boter ; GPSR 2, 692a-695b s.v. bouter ; FEW 15, I, 226a, *bŌtan ; TLF 4, 859 s.v. bouter B ; RézeauOuest 1984 ; GR 1985 ; MassionBelg 1987 ; FréchetMartVelay 1993 ; GPSR 7,
352b-353a s.v. feu 2°.
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