arrière (en -) loc. adv. temporelle
◆ (Exprime une vision rétrospective, une durée projetée vers le passé.) Quelques années en arrière, il y a quelques années, quelques années auparavant. Il y a un siècle en arrière, il y a un siècle (de cela). Depuis cinq ans en arrière, il y a (de cela) cinq ans, depuis cinq ans. Un édifice qui date de deux cent cinquante ans en arrière.
1 « Toutes ces histoires […] m’ont fait repenser à notre patinage du Col […] ; ça fait
45 ans en arrière. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 194.
2 « Différentes manifestations sont prévues pour l’occasion dans le but d’illustrer la
propre histoire de la patrie et pour honorer les anciens combattants et leurs chefs,
restés pour témoigner la passion soufferte et qui anima les événements de 25 ans en arrière. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 1er août 1969, p. 17.
3 « Ils reçoivent une formation de base qu’ils n’avaient pas, il y a quinze ans en arrière. » RSR, 3 novembre 1975.
4 « Quelques années en arrière, quand une femme arrivait dans une assemblée on se demandait ce qu’elle faisait là. » RSR, 24 novembre 1975.
5 « Elle seule peut te donner sans risques d’erreurs les filiations et les degrés de parenté
divers entre les membres de la grande tribu des Ardou, et cela, jusqu’à la trois ou
quatrième génération en arrière. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 140-1.
6 « […] la dernière vaccination ne doit pas remonter à plus de deux ans en arrière. » L’Impartial, 14-15 août 1976, p. 23.
7 « Le [prix du] lait a triplé depuis quelques années en arrière. » RSR, 30 septembre 1976.
8 « J’ai eu travaillé à la compagnie, il y a trente ans en arrière. » RSR, 2 octobre 1976.
9 « […] ces gestes nouveaux que sa fille ne reconnaît plus, acquis tout récemment, ou
peut-être retrouvés, comme elle réapprend de semaine en semaine la démarche mal assurée,
les pas incertains du petit enfant qu’elle fut quatre-vingt ans en arrière quand elle montait l’escalier du logis paternel en se traînant sur les genoux . » A. Rivaz, Jette ton pain, 1979, p. 83.
10 « Si quelqu’un vous faisait les petits plats que faisait votre mère, 50 ans en arrière, 60 ans en arrière, vous auriez un tel bonheur que vous guéririez de joie instantanément. » M. Chappaz, Octobre 79, 1986, p. 30.
11 « La monnaie unique est baptisée euro au sommet de Madrid en 1995. Et les Quinze décrètent
le 3 mai dernier que onze pays sont prêts à se lancer dans l’aventure. Qui l’aurait
cru il y a encore deux ans en arrière ? » Le Temps, 31 décembre 1998, p. 25.
↪ V. encore s.v. bricelet.
Remarques. Emploi critiqué (Défense du français ; Adout 1986 ; Hanse 1987, en référence à la
Suisse) mais très répandu dans l’usage oral, et attesté dans la presse et la littérature.
Bien que fustigée comme pléonastique, la locution ne l’est pas dans tous les contextes
et peut parfois équivaloir à auparavant, plus tôt. — Dans les cas où en arrière se rattache à un verbe tel revenir, remonter ou se reporter, l’emploi appartient en fait au français général ; cf. par ex. Si nous nous reportons quelques années en arrière / Si nous remontons quelques années
en arrière (pour un ex. litt., v. TLF 14, 1079a s.v. revenir II B). Il n’y aura donc pas lieu de voir un helvétisme dans des phrases comme : « J’aurais vraiment envie de pouvoir revenir cinq ans en arrière et recommencer toute cette période en connaissance de cause. » (24 Cités, octobre 1976, p. 13) ou « Il faut remonter plus de cinquante ans en arrière pour trouver un président venant de la région. » (Le Pays, 25 avril 1987).
Commentaire. Première attestation : 1854 (v. LengertAmiel). Emploi particulier de la locution du
français général ; très courant en Suisse romande, aussi connu en Haute-Savoie et
en Savoie.
Bibliographie. IttCons 1970, p. 240 ; Défense du français, n° 172 (sept. 1977) ; GR 1985 ; Adout
1986 ; Hanse 1987 ; ChapuisMots 1988 ; GagnySavoie 1993 ; LengertAmiel 1998.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|