les citations
vigousse adj.
(fam.) Vigoureux, vif, plein de vie, alerte (d’une personne) ; vigoureux, fort, robuste, résistant (d’un animal, d’une plante). Pour son âge, mon grand-père est encore bien vigousse. Il est pas très vigousse, ton hibiscus. C’est le nouveau-né le plus vigousse que j’aie jamais vu. T’as pas l’air vigousse pour un sou, t’es malade ou quoi ?
1 « Quand la fièvre baisse, ils [des enfants] sont de nouveau tout vigousses. » Bouchère, env. 40 ans (NE Bevaix), 8 mars 1977.
2 « J’ai dix élèves assez vigousses, je me demandais si j’allais tenir le coup trois quarts d’heure. » Institutrice, 55 ans (NE Neuchâtel), 20 mars 1979.
3 « Le poids des années commence à se faire sentir dans nos rangs. L’équipe d’en face nous a ainsi surpris, avec de jeunes joueurs plus vigousses, qui au lieu d’attaquer sec plaçaient des feintes qui nous ont perturbés. » Journal du Nord vaudois, 23 novembre 1989, p. 15.
4 « Il est assez vigousse pour changer tout seul l’échelle du cerisier. » CuenVaud, 1991, p. 176.
5 « Toute la journée, le gallinacé accompagnera nos pas de ses cris courroucés. Au soir, il partira tout vigousse dans les bras de l’aide-cuisinier pour revenir décapité et déplumé entre les anses d’une casserole. » La Liberté, 7 octobre 1994, p. 23.
6 « Encore vigousse malgré les 3,42 pour mille d’une cuite monumentale, le premier accusé a planté un solide couteau de cuisine dans l’épaule de son adversaire […]. » La Liberté, 1er juin 1995, p. 15.
7 « Me revoici à la tâche, le jarret vigousse, la mine meilleure que certaines photographies. Vous me voyez suffisamment consolidé pour reprendre avec la plus vive impatience le service qu’on attend d’un conseiller* fédéral à plein temps. » Le Matin, 4 septembre 1997, p. 3.
Remarques. Rare dans la langue écrite ; pratiquement inusité dans la langue littéraire.
Commentaire. Première attestation (en SR) : 1887 (v. Pier). On trouve le mot sous la plume de Flaubert dès 1848 (« c’est d’une vigousse et d’une bestialité inouïes » Par champs et par grèves, p. 326, Frantext), puis à nouveau en 1872 et 1878 (dans sa correspondance, Frantext), de même que chez les frères Goncourt (Journal, juillet 1869 et janvier 1889 ; Frantext), mais à chaque fois comme subst. fém., avec le sens de “vigueur”. Dans Les Valseuses de B. Blier (1972), en revanche, on rencontre le mot en fonction d’adjectif : « Et ils trouvaient quand même la force, ces feignants, de nous faire au passage un bras d’honneur vigousse, ou de nous envoyer des baisers sonores. » (p. 95 ; Frantext). Création par substitution de suffixe ; v. SainéanParis 108 sqq. pour de nombreux ex. de ce procédé dans le français populaire. La forme vigousse a aussi été relevée dans le Haut-Jura et à Nancy ; on peut supposer que son extension géographique est plus vaste que ce que les rares relevés permettent d’entrevoir.
Bibliographie. SainéanParis 1920, p. 110 ; Pier ; FEW 14, 446b, vigor 1 ; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud 1991) ; « adj. “vigoureux” » RoquesNancy 1979 ; « n. f. “vigueur, énergie” ; adj. “vigoureux” » DurafHJura 1986 ; PLi 1998.
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