les citations
trempe adj.
(fam.) Trempé, détrempé, très mouillé ; inondé (de sueur), en nage. Avoir la chemise trempe. Avoir les yeux trempes. Être tout trempe. Être trempe de sueur. ⇒ blec.
1 « Le soleil tapait dur et notre digne ministre était en transpiration. Je lui fis : – Vous me semblez avoir chaud, Monsieur le Pasteur… – J’ai tant trotté, convint-il, que ma chemise est trempe ! – Les visites à vos paroissiens ? – Oui… Ils sont tellement éparpillés. » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 23-24.
2 « Cathy s’épuisait à engranger dans la benne. Ses sandalettes pataugeaient dans le sol gras. Elle était aussi trempe que si elle se fût mise à l’eau. » M. Métral, Un jour de votre vie, 1976, p. 71.
3 « J’aime pas jouer dans l’herbe [quand il y a de la rosée] parce que j’ai les godasses toutes trempes. » Écolier, 26 mars 1977 (NE Bevaix).
4 « Pendant cette période, tout était trempe à bord du bateau. » TSR, Un jour une heure, 29 mars 1978 (VD).
Remarques. Courant à l’oral ; très rare à l’écrit. — Pour d’autres exemples d’adjectifs déverbaux, voir aussi les mots arrête, cote, enfle et gonfle2.
Commentaire. Première attestation : 1808 (DeveleyVaud). Adjectif verbal de tremper. Dans les patois, le mot est très bien attesté au sud d’une ligne passant au nord de la Bretagne, du Nivernais, de la Bourgogne et de la Franche-Comté. En français régional, il est encore usité dans le domaine francoprovençal et régions limitrophes, de même que çà et là dans le domaine d’oc (v. encore DRF 2001). On le rencontre également au Canada, en Louisiane et en Afrique du Nord. — En français régional de France, att. depuis 1756 (Sauvages). Dans la lexicographie générale, on le trouve à deux reprises au xviiie siècle, mais marqué comme régional (« barbarisme provençal » Fér 1788 ; « dans quelques endroits » Gattel 1797) ; il ne réapparaît plus par la suite. GuiraudPop 1973 présente ce mot comme appartenant au français populaire, mais ne cite pas ses sources. S’il est vrai qu’il relève surtout du registre populaire, il n’en est pas moins limité dans son extension géographique.
Bibliographie. Sauvages 1756, 1785 ; DesgrouaisGasc 1768 ; VillaGasc 1802 ; MolardLyon 1803 ; DeveleyVaud 1808 ; Dumaine 1810, p. 266 ; GuilleDial 1825, p. 38 ; GaudyGen 1820, 1827 ; PeterVoc 1828 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; ConnyBourbR 1852 ; CalletVaud 1861 ; MègeClermF 1861 ; BonNeuch 1867 ; ChambonVayssier 1879 ; BeauquierDoubs 1881 ; ConstDésSav 1902 ; VachetLyon 1907 ; OdinBlonay 1910, p. 584a ; Pier ; Mâcon 1926 ; GougDesgr 1929 ; BoillotGrCombe 1929, p. 291 ; GPFC 1930 ; BrunMars 1931 ; DitchyLouisiane 1932 ; PrajouxRoannais 1934 ; MiègeLyon 1937 ; MichelCarcassonne 1949, p. 17 ; ManryClermF 1956, p. 403 ; FEW 13, I, 169b-170a, tĔmpĔrare I 1 ; MassignonAcad 1962, n° 8 ; IttCons 1970 ; LanlyAfrNord 1970 ; Voillat 1971, p. 220 ; GuiraudPop 1973, p. 61 ; BonnaudAuv 1976 ; EscoffStéph 1976, p. 366 ; NouvelAveyr 1978 ; RLiR, t. 42 (1978), p. 157, s.v. arète ; ALEC (v. par ex. n° 694 et n° 1213) ; DoillonComtois 1980 ; ColasBordes 1982 ; TuaillonVourey 1983 ; RouffiangeMagny 1983, p. 476 ; DaigleCajun 1984 ; GononPoncins 1984 ; BourquinPays 1985, p. 51 ; DurafHJura 1986 ; MédélicePrivas 1986, p. 290 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; ChapuisMots 1988 ; MartinPilat 1989 ; DucMure 1990 ; DromardFrComt 1991 ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsRoussillon 1991 ; MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; DQA 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; LagueunièreSéguier (Agde, env. 1770) ; DuclosAlgérie 1993 ; GrevisseGoosse13, § 173 a ; Lengert 1994 ; « globalement usuel » FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon 1995 ; ThibQuébHelv 1996, p. 346 ; GermiChampsaur 1996 ; FréchetAin 1998.
Nathalie BACON
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