Dictionnaire suisse romand

les citations

servir v. tr.

◆ Se servir de, utiliser, employer. Je ne le sers plus, je ne m’en sers plus. Du bois sec qu’on sert pour la cheminée. De vieilles fringues qu’on ne sert plus. Quand j’ai acheté mon ordinateur, je n’aurais jamais pensé que je le servirais autant (ChevalleyListe 1990). Il y a longtemps que je n’ai plus servi mon aspirateur (ibid.)

1 « Nous, le citron, on le sert beaucoup. » Entendu au supermarché, Lausanne, 1976.

2 « [légende] Garniture de 3 cuillères en étain (que l’on sert aujourd’hui pour goûter le vin) sur planchette décorative : 44.50. » Bulletin de publicité du magasin “Les Armourins”, Neuchâtel, printemps 1976.

◇ servi part. passé-adj. Ayant déjà servi ; usagé. Une voiture peu servie.

3 « À vendre / une épandeuse à fumier surbaissée, 3,5 m3, dispositif étandage vertical, servie 2 ans, très bon état, avec garantie. » La Liberté, 17 septembre 1976, p. 19.

Remarques. Fréquent à l’oral mais très rare à l’écrit, l’emploi étant senti comme fautif. Critiqué par certains (v. SkupienPurisme ; mais Ø Défense du français, FichFrBE).

Commentaire. Première attestation : 1746 (v. Pier) ; 1771 pour le part. passé-adj. (ibid.). Malgré deux attestations en ancien français (Roland et Adam de la Halle, v. FEW), il s’agit sans doute d’une création du français local, aussi répandue en Franche-Comté.

Bibliographie. GuilleDial 1825, p. 10 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; « surtout en usage dans les endroits frontières du canton de Neuchâtel, où tout le monde l’emploie » CalletVaud 1861 ; « Depuis un certain nombre d’années, on imite à Blonay ce qui est très en usage dans d’autres localités et l’on dit, par exemple : sèrvi õ kutéi : servir un couteau, pour se servir d’un couteau » OdinBlonay 1910, p. 522a ; Pier ; FEW 538a, servĪre I 1 ; PLi depuis 1989 (Ø PLi 1998) ; DromardFrComt 1991 ; « elle le sert pas son vélo » DondaineMadProust 1991, p. 76 ; ColinParlComt 1992 ; GrevisseGoosse13, p. 1684, add. au § 749 ; SkupienPurisme 1994 (cite Ph. Godet, 16 février 1919, et J. Nicollier, 3 février 1937, tous les deux dans Gazette de Lausanne).