les citations
éd. 1999 scier du bois loc. verb.
◆ Ronfler. Il a scié du bois toute la nuit.
1 « [Ce qu’on a vu en 1996] Lors de la sortie du Groupe des coutumes en Bourgogne, le P. O. sortir le soir en oubliant la clé du mini-bar, tout en laissant celle de la chambre sur sa table. / Quelle surprise, à 4 heures du mat’, pas moyen d’entrer chez soi. Notre P. a dû ronfler dans la chambre des copains d’à côté, où le P. D. sciait déjà du bois pour trois. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 37.
(var. hyperbolique expressive) Scier un stère de bois.
2 « [légende d’une photo montrant un homme dormant, son chien à ses côtés] Le J., pris par une folle envie de travailler, achète une hache à Maison & Jardin. A la caisse, il n’a pas de fric. L’élan est coupé. Il remet la hache à sa place. Seule consolation : scier un stère de bois, allongé à côté de son toutou. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 37.
Remarques. Locution absente des dictionnaires de référence et qui, d’après une petite enquête, semble bien connue dans toute la Suisse romande.
Commentaire. Reposant sur le verbe scier, cette locution connaît plusieurs variations : scier un nœud dans Monsieur Potterat se marie (1917), de Benjamin Vallotton, p. 180 ; Pier donne les variantes scier des billons [= billes de bois], avec un exemple tiré de Sac à douilles (1904) de René Morax, scier des plateaux (de chêne) [= planches épaisses], avec un exemple de l’œuvre de Pierre d’Antan, Les ambitions de Fanchette (s. d.), et scier un nœud. Pier les localise dans toute la Suisse romande. FEW ne cite que scier des nœuds, sur un témoignage de M. Bossard (FEW 7, 172b, NŌDUS 2a). Aucun autre glossaire de régionalismes, à notre connaissance, ne signale l’une de ces locutions. Les patois romands ne semblent pas non plus les connaître : le Jura dit rontchie ou ronfyaie (Vatré) ; c’est ce dernier type qu’on trouve dans les autres patois romands. Toutefois une image semblable à la nôtre se retrouve dans les patois fribourgeois où l’on peut dire tronchenå, littéralement “tronçonner” (L’HommeHGlâne 1987, p. 265 et CurratSudFrib 1992). Le type scier résulte selon toute vraisemblance d’un calque sémantique de l’allemand sägen dont le sens premier est “scier” et qui a développé par métaphore le sens de “ronfler” (v. Duden), attesté dès 1879 (v. Paul). En ce qui concerne les dialectes alémaniques, l’expression est absente de SchwId, mais nombre de dictionnaires dialectaux témoignent de sa vitalité. Au contraire du français de Suisse romande, où scier ne s’emploie guère sans complément, l’allemand sägen est fréquent en construction absolue ; toutefois, on peut également dire eine Menge Holz sägen ou filer la métaphore différemment. En Suisse romande, la locution est elle aussi sujette à des variations syntagmatiques (v. ci-dessus).
Bibliographie. Paul9 1992 ; DudenUniv1996 ; QuenetJura 1998, p. 73.
Simone QUENET
Copyright © 2022, tous droits réservés