sautier n. m.
◆ Secrétaire administratif du Grand Conseil de Genève.
★ Une tradition datant de 1818 veut que le sautier surveille l’éclosion de la première
feuille d’un marronnier de La Treille, dans la vieille ville, pour annoncer l’arrivée
du printemps. Les charges du sautier. Le sautier de la République. Madame le sautier (v. rem. ci-dessous). ⇒ Conseil d’État ; Grand conseil.
1 « 1 Le sautier organise le travail et dirige le service du Grand* Conseil. 2 Le sautier est le secrétaire permanent du Grand* Conseil. Il dépend directement du président pour tous les travaux relatifs au Grand* Conseil. 3 Le bureau et les chefs de groupe sont consultés et donnent un préavis au Conseil* d’État pour la nomination du sautier et celle de son adjoint. 4 Le sautier est spécialement chargé : a) de la garde et de l’apposition du sceau ; b) de la tenue
des registres ; c) de la conservation des archives ; d) de la rédaction du procès-verbal
des séances du Grand* Conseil qu’il contresigne ; e) de l’établissement du projet de budget et de la préparation
du compte rendu pour les dépenses inhérentes au Grand* Conseil ; f) de la réception des textes déposés par les députés ; g) de la correspondance
et de la convocation des commissions. » Dispositions du règlement du Grand Conseil du 13 septembre 1985 concernant le sautier
(cité dans P. Stoller, Le Sautier de la République de Genève, 1986, p. 48).
2 « Le cahier des charges établi pour la recherche du 57e sautier […] maintient la plupart des fonctions […] avec un nouveau critère déterminant :
de solides connaissances en informatique. La feuille du marronnier apparaît dans la
description du poste, quand bien même elle ne figure dans aucun texte légal. Le sautier, est-il précisé, “surveille l’éclosion de la première feuille d’un marronnier de La Treille”. Le jour J, il “communique sa constatation aux médias ainsi qu’à l’Institut météorologique de Zurich”. Enfin, il inscrit la date de l’éclosion sur une planche qui trône en bonne place
dans la salle du Conseil* d’État. Cette tradition datant de 1818 montre qu’à Genève le printemps commence de plus
en plus tôt. À cause du réchauffement urbain, paraît-il. » Le Nouveau Quotidien, 19 août 1996, p. 9.
3 « Le sautier est en quelque sorte le secrétaire général du Grand* Conseil. Il traite la correspondance, établit l’ordre du jour des sessions, assure la bonne
organisation et le bon déroulement des séances, tient le procès-verbal des décisions
parlementaires. Il dirige une quinzaine de collaborateurs qui sont au service des
députés et qui réalisent par ailleurs le Mémorial du Grand* Conseil. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 30 nov.-1er déc. 1996, p. 3.
↪ V. encore s.v. combourgeoisie.
Localisation. 〈Canton de Genève〉.
Remarques. Cf. encore le dér. saltariat n. m. “fonction de sautier” (« c’est pendant ce siècle que John-Pierre Isaac Ruff bat tous les records du saltariat » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 30 nov.-1er déc. 1996, p. 3). — PLi 1998 prétend qu’on « rencontre le fém. sautière » ; or, on ne le rencontre guère que dans DictFémMasc 1991, comme forme féminisée virtuelle.
La femme qui exerce la fonction de sautier à Genève depuis décembre 1996 rejette cette
forme et désire être appelée Madame le sautier (v. interview dans Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 30 nov.-1er déc. 1996, p. 3). Il existe des attestations anciennes de sautière avec le sens de “femme du sautier”, mais ce titre est « tout à fait vieilli » depuis 1848 (v. Pier).
Commentaire. La plus ancienne attestation du mot date de 1192 (« Ulricus li sautiers », NE ; v. Pier) ; il était encore courant au xixe siècle dans plusieurs cantons avec le sens de “huissier” (v. GuilleDial, GuilleNeuch, PeterCacol, GrangFrib, BonNeuch), mais il ne s’est maintenu
jusqu’à nos jours que dans le canton de Genève, avec un sens particulier. La fonction
de sautier y a été créée en 1483, mais le terme n’y est attesté pour la première fois
qu’en 1528 ; v. P. Stoller, Le Sautier…, p. 9. Cet auteur cite malheureusement le passage dans une langue modernisée ; pour
une attestation ancienne non retouchée, cf. Fr. Bonivard (GE, 1493-1570), Advis et devis de l’ancienne et nouvelle Police de Genève, Genève 1865, p. 26-27 : « Tout le Conseil a seize Seruiteurs quils appellent Guets, pource que au temps passe,
nul faisoit le guet de nuict, sinon eux. Telle sorte de gens lon appelle Weibel en
Allemaigne, ou lon len vse, & se disent par les Romans ou Gaulois Souttiers, & se
deuroient bien ainsy appeler a Geneue, mais il nen y a que vn qui est leur maistre
& hussier du Conseil, que lon appelle Monsieur le Souttier. ».
Bibliographie. GuilleDial 1825, p. 86b ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; “chef des huissiers ; le sautier loge à l’hôtel de ville et a l’intendance de tout
le matériel du bâtiment” HumbGen 1852 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; GrangFrib 1868 ; DuCange s.v. saltarius ; “garde-forestier” Gdf 7, 331bc (att. de Neuchâtel et de Fribourg) ; LittréSuppl 1877 (en réf. à Neuchâtel) ; Pier ; FEW 11, 122a, saltuarius I ; “marguillier, huissier, gardien des sceaux” IttCons 1970 (> DFV 1972) ; Pierre Stoller, Le Sautier de la République de Genève, Annexe au Mémorial des séances du Grand Conseil, 1986 ; PLi depuis 1989 ; Lengert 1994.
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