les citations
quitte adj.
1.◆ être quitte de (+ infinitif) loc. verb. Ne pas avoir à, ne pas avoir besoin de. Être quitte de faire qch, ne pas avoir à faire qch ; être quitte d’attendre, de parler.
1 « – Compris, mère Lucas, et avec nos cartes postales, on sera quitte de vous téléphoner… » A. Voisard, L’Année des treize lunes, 1984, p. 32.
2 « [Ce qu’on a vu en 1996] Le Clo-Clo dresser son chien pour qu’il fasse lui-même les pronostics du tiercé en regardant la TV. Le Clo-Clo a vraiment toutes les combines pour être quitte de réfléchir. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de Carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 17.
3 « À la fin [du concert], pour être quitte de glisser une piécette dans le panier de la collecte, le Maurice s’est taillé par la porte de côté. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de Carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 39.
2.◆ être quitte de (+ infinitif) loc. verb. Ne pas risquer de. Fais un nœud à ton mouchoir, tu seras quitte d’oublier, tu ne risqueras pas d’oublier, tu n’oublieras pas. Si je bois un grand verre d’eau avant le repas, je serai quitte de trop manger, je ne risquerai pas de trop manger, je ne mangerai pas trop. Donne-moi la main, tu seras quitte de te perdre, tu ne risqueras pas de te perdre, tu ne te perdras pas.
Remarques. Très fréquent dans la langue courante, mais peu repéré. L’emploi rangé sous 1 a été repéré et dénoncé par les puristes (Défense du français).
Commentaire. Première attestation : 1901 (« […] ils seront quitte [sic] de descendre la rue de la Justice » Mardi gras [journal de Carnaval, JU Porrentruy], 1901, p. 2). Attesté en Suisse romande ainsi que çà et là en Franche-Comté (connu entre autres à Ronchamp, J.-P. Chambon, comm. pers.) et en Belgique, cet emploi se rapproche beaucoup de certains emplois du français de référence ; cf. par ex. TLF s.v. quitte C 3, qui glose être quitte de (faire) qch par “avoir fini de ; ne plus avoir à (faire qch) ; en être débarrassé”. L’exemple cité par TLF est toutefois différent de l’emploi romand (« il serait bon d’être quitte avant le 1er juillet »). — Étonnamment considéré comme seulement jurassien dans Pid 1984, alors que plusieurs témoins l’attestent ailleurs en SR ; il figure entre autres dans la métalangue définitionnelle de FollonierOlèïnna, dictionnaire du patois d’Evolène (VS), qui glose kîtho, ‑a par “quitte de faire un travail”. — À ajouter à FEW 2, II, 1472b, qui ?tus II 1 b.
Bibliographie. « j’s’rai quitte d’y aller » BoillotGrCombe 1929, p. 190 ; « Prenez un taxi, vous serez quitte de marcher » Défense du français n° 128, mars 1973 ; Pid 1984, p. 171 ; « on était quitte de s’habiller » DuchetSFrComté 1993 ; « vous serez quitte de leur écrire » Belg 1994.
Simone QUENET
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