nilles n. f. pl. (exceptionnellement nies)
◆ Articulations des doigts, jointures. Avoir les nilles enflées. Se masser les nilles.
• « Les nies blanchissaient dans l’effort du doigt pour enfoncer le petit dard dans la paroi. » J. Chessex, L’Ogre, 1973, p. 108.
Remarques. Très rare dans la langue écrite. — La graphie de J. Chessex reflète la prononciation
vaudoise de la terminaison ‑ie, pratiquement identique à celle des mots en ‑ille. Pour un autre exemple de ce phénomène, v. ici s.v. crousille, orthographié crousie dans l’une des citations.
Commentaire. Premières attestations : Vevey 1593, la nillye du bras (v. Pier) ; Morges 1740, un chandelier de fer ayant 4 bras à nilles (ibid.) ; Vaud 1808, “jointure” (Develey). Type appartenant à la même famille que le français de référence nille n. f. “manchon mobile autour du manche d’une manivelle” ; cette famille, dont les représentants désignent une grande variété de pièces techniques,
remonte à lt. anatĬcŬla. Le rattachement à *nŌdĪcŬlus pour le type nilles “jointures”, proposé dans un premier temps par W. von Wartburg dans FEW 7, a été corrigé avec vraisemblance par Michel Thom dans FEW 24. Ce type est attesté dans
les patois romands et savoyards, ainsi qu’en français régional du Jura (fr.), de Suisse romande et de Savoie.
Bibliographie. « jointures des doigts » DeveleyVaud 1808, n° 140 ; GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824 ; HumbGen 1852
(ainsi que « nille d’aloyau » > ConstDésSav 1902, qui appartient peut-être à un autre étymon ; v. FEW 24, 531b-532a, note 27) ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910,
p. 373a ; Pier ; FEW 7, 170a, *nŌdĪcŬlus 1 a (à tort) et 24, 530a, anatĬcŬla I 5 b ; ZumthorGingolph 1962, p. 253 ; IttCons 1970 (> DFV 1972, CuenVaud 1991) ;
DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; PLi depuis 1989 (l’étym. est à corriger) ; Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 (l’étym. est à corriger).
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