mômier, -ière adj. et n. m., f. (aussi momier, -ière)
◆ (surtout péjor.) Membre d’un groupe religieux protestant et puritain dissident des Églises d’État ;
(en particulier) membre de l’Église libre, par opp. à l’Église nationale ; (par ext.) dévot, bigot, puritain ; personne faisant preuve d’un zèle excessif dans l’exercice
de sa religion. Devenir mômier ; être un vrai mômier. Il n’aime pas les mômières. Un discours mômier.
1 « […] il prenait feu, déversait sur moi un flot de propos méprisants, injurieux. Il
ne m’épargnait pas le pire, m’englobait dans la société des “momiers”. » J. Matter, Parsifal ou le pays romand, 1969, t. I, p. 173.
2 « Baptistes musclés et jargonnants, mômiers de La Vallée, pentecôtistes fanatisés, lecteurs et lectrices de la Bible, frères
extatiques, mormons barbus et butés, scientistes babolants* laissant mourir leur progéniture plutôt que d’appeler le médecin […], les voilà les
Vaudois des sociétés du Ciel ! Grimpez dans la machine divine ! En route pour le Paradis
et le Salut ! » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 171.
3 « Ma tante Lorette m’emmenait parfois à l’église. / “Tu ne vas pas en faire une mômière de cette gamine…” / Mon père grognait, mais laissait faire. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 266.
4 « Je ne suis ni bigot ni momier, mais néanmoins fidèle. » Le Nouvel Illustré, 16 mars 1977, p. 6.
◇ (en fonction adj.)
5 « O. S. a fustigé ceux qui, dans les jeunes démocraties d’Europe centrale et orientale,
ne songent qu’à s’enrichir rapidement, sans égard pour la “nouvelle pauvreté”. Dans ce prêche un peu momier, on ne sait trop ce qui perce le plus, l’idéologie égalitaire du socialiste ou la
suffisance du créancier. » L’Express, 26 mai 1994, p. 3.
Remarques. Très fréquent encore dans la première moitié du xxe siècle, le mot se fait plus rare de nos jours. — La graphie dominante en Suisse romande
est mômier ; dans des sources françaises, en revanche, on trouve surtout momier (GLLF ; Lexis ; TLF ; GR ; OffScrabble). — Montbél. momiere f. “sac à ouvrage en forme de grande bourse”, aussi attesté en SR (v. Pier s.v. mômier Rem.), interprété à tort par Wartburg comme « wohl übertragen aus “femme dévote” » (FEW s.v. momm- note 2), représente en fait une altération de frm. aumônière, que l’on trouvera dans FEW 3, 212a, eleemosyna 1, où la forme de Montbéliard a aussi été classée (double classement sans renvois
réciproques).
Commentaire. Dér. de frm. momerie n. f. “bigoterie, affectation de pratiques religieuses” (depuis 1673, v. TLF). Ce terme de moquerie désigna d’abord, à la fin du xviiie (depuis 1793, v. TLF) puis au xixe s., des dissidents religieux protestants aux rites ostentatoires et au puritanisme
marqué. Au sens plus général de “bigot, puritain”, le mot est déjà attesté en 1842 chez Stendhal et Balzac (chez ce dernier, en référence
à la Suisse) ; aujourd’hui donné comme « littér. » (GLLF) ou « vx » (GR) dans la lexicographie française, il est encore assez courant en Suisse romande.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; Littré 1868 ;
Pier, PierSuppl ; FEW 6, III, 63a, momm- et note 1 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; GLLF 1975 ; Lexis 1975 ; TLF ; GR 1985 ;
GrafBern 1987 ; Lexis 1992 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
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