les citations
malhonnête adj. ; n. m., f.
◆ Impoli, impertinent, mal élevé. Un enfant malhonnête.
1 « – Tu as de la chance, mon ami, d’être tombé sur une femme comme Thérèse et sur le père qu’elle a, dit Gindroz. Tu as de la chance, parce que quelqu’un d’autre t’aurait déjà donné un coup de pied au derrière pour t’apprendre à vivre et à te bien conduire ! / – Je n’ai jamais été malhonnête avec elle, riposte Aloïs, choqué par cette accusation brutale. » A.-L. Chappuis, La Moisson sans grain, 1961, p. 87.
2 « Non, Bertrand, j’espère que tu seras pas malhonnête avec l’oncle Alfred […]. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 284.
3 « Bref, toute la journée, cela n’arrête pas : et tu devrais faire ceci, et tu ne devrais pas faire cela, et moi à ta place, etc., etc. Je vous l’ai dit, au bout de trois jours, je n’en puis plus, j’explose et ce sont les scènes qui commencent. Alors, elle [ma mère] pleure, me reproche d’être malhonnête avec elle, se pose en martyre, ce qui m’exaspère davantage encore. » Bouquet, 24 novembre 1976, p. 35.
4 « Qu’il est difficile de dire non dans la société d’aujourd’hui où les valeurs sont plutôt axées sur les bonnes manières, le savoir-vivre, la serviabilité. Un non est souvent perçu comme malhonnête, voire insultant. » La Liberté, 14 mai 1997, p. 27.
(en emploi subst.) Il ne s’est même pas excusé, quel malhonnête !
5 « Ils allèrent seuls à la salle à manger où eut lieu une longue et secrète conversation. Helena, Elisa-beth, la petite bonne et les deux garçons, restés dans le hall avec leurs sacs de couchage, surprirent quelques phrases de Mme Cline : – C’est une malhonnête ! Elle répond. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 66.
Remarques. Le mot est bien sûr aussi très courant en Suisse romande avec le sens qu’il a en français de référence (“qui manque à la probité”).
Commentaire. Archaïsme ; le sens de “qui manque à la bienséance (de personnes)” est attesté depuis 1674 (v. FEW s.v. hŎnĔstus I 3), mais ce n’est que depuis peu que les dictionnaires français le donnent comme marqué (« vx ou pop. » PR 1972 ; « vieilli » GLLF 1975 ; « vx » GR 1985, 2001, NPR 1993). TLF le donne sans marque, mais avec des exemples de 1831, 1851, 1880 et 1939 ; de même Rob 1958, qui fournit des citations de Furetière, Molière et Marivaux. Le caractère tardif du marquage diachronique s’explique peut-être davantage par la conception éditoriale de dictionnaires à large synchronie que par l’usage réel du mot ; en effet, Félix Boillot ressent déjà le besoin, en 1929, de relever le sens de “grossier, mal élevé” dans son dictionnaire différentiel du français de la Grand’Combe (Doubs). Cet emploi archaïque a aussi été relevé, plus récemment, dans le français d’Auvergne (Bonnaud), et serait également connu en Allier, en français régional (France Lagueunière, comm. pers.) comme dans les parlers (Gagnon) ; Michel Francard le donne comme « connu sporadiquement en français régional de Wallonie » (comm. pers., 15 août 1997). — L’emploi en fonction substantive (et avec le sens de “personne impolie, impertinente”, en particulier en parlant d’un enfant) est donné comme familier par Littré 1867 et Lar 1873, 1902, 1931, et vieilli par GR 1985 (Lengert 1994 croit à tort que ces marques concernent le sens, mais elles se rapportent plutôt au fonctionnement syntaxique). En Suisse romande, l’emploi du mot comme substantif, attesté depuis HumbGen 1852 (qui le critique), est encore courant.
Bibliographie. OdinBlonay 1910, p. 357b (dans la métalangue définitionnelle) ; BoillotGrCombe 1929, p. 212 ; « “impoli” Vaud, Genève » FEW 4, 462ab, hŎnĔstus I 3, 4 (où la structuration sémantique, qui distingue la bienséance [3] et la politesse [4], ne convainc pas toujours) ; MeijerEnq 1962, p. 176 ; GagnonBourb 1972 ; BonnaudAuv 1976 ; Lengert 1994.
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