gringe adj., grinche
◆ (fam.) De mauvaise humeur. Avoir l’air gringe.
1 « Je ne continue pas la discussion avec toi, tu es vraiment trop gringe ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
2 « Voilà qu’il est gringe depuis une semaine. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
3 « Le petit a des dents qui poussent, il est tout gringe. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
4 « Qu’est-ce que tu as à être pareillement grinche ? » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
5 « Mais qu’est-ce que t’as aujourd’hui ? T’es tout grinche ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Tavannes).
6 « Je ne sais pas s’il est malade, mais il est tout grinche aujourd’hui. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
7 « Restaurateurs grinches ? Le président de l’Office du tourisme tessinois et administrateur délégué de M. propose
de réintroduire le pourboire. » Construire, 14 août 1996, p. 3.
◇ (plais., en parlant d’un inanimé)
8 « Pour que ça tire il faut : fermer la porte d’entrée, ouvrir celle qui donne sur la
grange et lever le couvercle de la grande cheminée de trois tours, ni plus ni moins ;
ne jamais toucher aux fenêtres, pas même au guichet, et voilà, c’est tout simple ;
si vous ne vous prêtez pas à ces préliminaires, le fourneau sera “grinche”, d’une humeur épouvantable et il vous enverra des paquets de fumée à la figure. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 74.
9 « Un défilé qui s’est terminé sous une pluie battante par une débandade générale. Le
soleil était grinche. » La Liberté, 27 septembre 1993, p. 15.
Localisation. La forme gringe domine largement dans 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton du Valais〉, 〈Canton de Genève〉, et 〈Canton de Neuchâtel〉 ; grinche est la forme la plus fréquente dans 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉 et 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉, mais on la relève aussi sporad. dans 〈Canton de Vaud〉, 〈Canton de Fribourg〉 et 〈Canton de Neuchâtel〉.
Remarques. Mot limité au registre oral, très rare à l’écrit dans les sources récentes. — Dans
la même famille, cf. engringer v. tr. “rendre de mauvaise humeur”, s’engringer v. pron. “s’irriter, se fâcher” (« Sans parler des petites affaires de ménage, perdues ou cassées, que l’on pouvait remplacer
en évitant d’engringer un mari toujours un peu méfiant… » Coopération, 13 mars 1975 ; v. Pier et FEW 16, 394a, *krîsan II 2 b β) et grincher v. intr. “faire preuve de mauvaise humeur, se plaindre de tout et de rien” (courant dans JU ; sans tradition lexicographique).
Commentaire. Première attestation : 1784 (« j’avais bien souci de mes maîtresses, qui sont déjà souvent assez gringes » Isabelle de Charrière, Lettres, p. 10). Dialectalisme (v. FEW pour attestations dialectales) appartenant à la même
famille que frm. grincheux. En français régional de France, on relève grinche à Pontarlier et en Savoie, et gringe en Savoie seulement.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808, n° 205 ; Dumaine 1810, p. 241 ; GaudyGen 1820, 1827 ; GuilleDial
1825, p. 60 ; PeterVoc 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ;
CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 s.v. grigne ; BonNeuch 1867 ; GrangFrib 1868 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 235ab ;
Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; FEW 16, 394a, *krîsan II 2 b α et β ; MüllerMarécottes 1961, p. 101 ; ZumthorGingolph 1962, p. 244 ; IttCons 1970 (> DFV
1972) ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; « Jura et Alpes du Nord » RézeauBibl 1986 ; GuichSavoy 1986 ; GrafBern 1987 ; « bien répandu en Savoie » BessatGMtBl ; NPR 1993 ; GagnySavoie 1993 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
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