glisse n. f.
1.◆ Traîneau d’attelage, plat ou à bords, faisant office de char dans les campagnes durant
l’hiver. Le cheval tire la glisse lourdement chargée sur la neige durcie.
1 « L’hiver, une seule corvée lui incombait : conduire les quatre marmots à l’école ;
il lui fallait une heure pour les trois kilomètres de voyage. On fourrait tout ce
petit monde dans la “glisse” couché sur de la paille fraîche, la mère recouvrait le tout d’une couverture exactement
comme on le fait pour mener une nichée de petits porcs à la foire… » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 199.
2 « À la première neige il l’avait redescendu [un tronc de hêtre] sur sa glisse. Puis il l’avait écorcé et séché lentement, à feu doux, dans l’ancien four à pain. » D. Baud-Bovy, L’Homme à la femme de bois, 1970, p. 83.
3 « Les “saisons” de la terre correspondent à un certain cycle de la vie paysanne. Ainsi de la “journée du fumier” qui prend pour repère le jour où la neige est encore suffisamment présente pour permettre
un transport relativement facile, mais point trop haute dans les champs pour ne pas
gêner le parcours du cheval. Pour ce travail-là, on utilise la “glisse” des temps anciens, cette forte luge à laquelle on attelle le fidèle cheval de la
ferme – là où l’on conserve encore un cheval. » Le Sillon romand, 12 mars 1976, p. 11.
4 « Il aimait aussi fabriquer les grosses “glisses”, luges ordinaires, “bonnes à tout faire”, destinées à transporter surtout de lourdes charges. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 49.
◇ (par ext.) Luge, petit traîneau bas pour s’amuser à glisser sur la neige. Ils descendent la rue enneigée à toute vitesse sur leurs glisses de bois.
2.◆ Glissoire ; chemin de neige durcie où l’on peut glisser. Ils ont bâti une glisse dans la colline.
5 « Près de la passerelle, des gamins de Chardonnier ont bâti une “glisse” qui s’allonge un peu plus à chacun de leurs passages. » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 202.
6 « Il y a une “glisse”, une raie de neige dure tracée par les talons de souliers sous l’école […]. » M. Chappaz, La haute route, 1974, p. 20.
7 « On a fait une belle glisse près de l’école. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VS Sion).
3.◆ Glissade.
8 « Pendant tout l’hiver, on ne pouvait plus se voir que le jeudi et le dimanche pour
aller faire de la luge dans le “Chemin-de-la-Guérite”, ou des “glisses” sur les bords de la Douraine […]. » G. Clavien, Châtaignerouge, 1977, p. 91.
Remarques. Vieilli (en particulier au sens 1, le référent ne se rencontrant plus guère). — Le français de référence glisse n. f. “aptitude d’un ski, d’un skieur à glisser sur la neige” (v. par ex. NPR 1993) et sports de glisse “ensemble des sports où l’on glisse” (ibid.) sont tout à fait courants en Suisse romande.
Commentaire. Première attestation : 1793 (v. Pier). Déverbal de glisser ; type attesté dans quelques dialectes de l’est galloroman (Wallonie, Moselle, Vosges,
Doubs, Haute-Savoie ; v. FEW), ainsi qu’en français régional du Doubs et de la Savoie.
Bibliographie. DeveleyVaud 1808, n° 448 ; Dumaine 1810, p. 241 ; GaudyGen 1820, 1827 ; GuilleDial
1825 ; PeterVoc 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud
1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; Pier ;
BoillotGrCombe 1929, p. 175 ; FEW 16, 45a, *glĪdan I 2 ; IttCons 1970 ; TLF ; Pid 1984, p. 169 ; PR depuis 1984 ; GR 1985 ; GrafBern 1987 ; NPR 1993 ; GagnySavoie 1993 ; Lengert 1994 ; GR 2001.
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