éd. 1999 gendarme couché n. m.
◆ Obstacle horizontal aménagé sur la chaussée obligeant les véhicules à ralentir. Poser un gendarme couché pour ralentir la circulation ; ralentir devant un gendarme
couché. ⇒ giratoire ; piste ; présélection.
1 « Il lance ensuite une pétition pour que soient posés des gendarmes couchés au Cras, où les bagnoles roulent trop vite et font trop de bruit. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 36.
2 « Il a fallu […] supprimer une bosse malencontreuse qu’on prenait pour un gendarme couché dont les méfaits sont légion. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 19, 1996, p. 29.
3 « Des personnes raisonnables combattent les gendarmes couchés. Avec raison car il se pourrait que ceux-ci mettent en danger les patients pris en
urgence par une ambulance […]. Cette idée imbécile de gendarmes couchés, sur la voie d’accès de l’hôpital, qui peuvent être la cause de lésions aggravées
sur des personnes en danger, doit absolument être combattue. » 24 heures, 29 juin 1998, p. 2.
Remarques. Emploi très courant. Dans la presse, on trouve également comme termes génériques ralentisseur (attesté dans NPR 1993) et modérateur de trafic, ainsi que baignoire, qui désigne une traverse incurvée creusée dans la chaussée.
Commentaire. Dans les dictionnaires français, gendarme est un terme technique, tantôt générique, tantôt précis, désignant un obstacle ;
on n’y trouve cependant aucune attestation de gendarme couché, terme certes récent en français. L’anglais connaît un emploi équivalent, sleeping policeman, qui figure dans OEDSuppl (vol. IV, 1986, p. 250b) avec renvoi s.v. policeman (vol. III, 1982, p. 624b), donné sans restriction de localisation (mais avec deux
exemples tirés de la presse britannique) et une première attestation de 1973. Dans
LarFrAngl 1994, on trouve la précision « anglais britannique ». Pierre Rézeau a soumis à discussion le syntagme gendarme couché lors des 4e Journées scientifiques de l’Aupelf à Québec (mai 1998) ; il est ressorti que cet
emploi est sporadiquement connu en France et en Belgique et qu’il était déjà connu
en Amérique centrale dans les années septante (Mexique et Jamaïque). Les informations
sont donc encore vagues et nécessitent d’être complétées, afin de déterminer la localisation
exacte de cet emploi et, dans la mesure du possible, de le dater ; ceci permettrait
ensuite d’examiner le chemin intéressant de cet emprunt fait vraisemblablement à l’anglais.
À noter que l’allemand désigne ce type d’obstacle par Berliner Kissen n. m. “coussin berlinois” ou (Strassen)schwelle n. f. “seuil ; traverse” et ne semble pas connaître de calque sur le type gendarme couché.
Bibliographie. OEDSuppl s.v. sleeping policeman (t. IV, 1986, p. 250b) et s.v. policeman (vol. III, 1982, p. 624b) ; LarFrAngl 1994 ; QuenetJura 1998, p. 34.
Simone QUENET
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