fenasse n. f.
1.◆ (terme collectif) Graminées fourragères, herbes hautes et sèches entrant dans la composition du foin ;
(en particulier) herbes de qualité médiocre. Marcher dans la fenasse. Semer de la fenasse.
1 « Le terrain de cette parcelle est trop sec : il n’y pousse que de la fenasse. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
2 « La fenasse est belle cette année. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
3 « Il fallait suivre la machine pour épandre l’herbe fraîchement fauchée. Cela lui permettait
de sécher rapidement sous les rayons du soleil. La scène évoquait un tableau de Millet :
faneurs et faneuses, abrités sous de larges chapeaux de paille, la fourche à la main,
secouant “cutches” [= ombellifères] et fenasses dans la lumière du matin. » La Gruyère, 22 juin 1995, p. 10.
◇ (exceptionnellement, en emploi non collectif) Brin de foin.
4 « Je mâchonne une fenasse. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
◇ (emploi fig. non lexicalisé) Poils.
5 « Et peut-être était-ce une bien grande erreur à son âge… toute cette fenasse [en italique dans le texte] dans son oreille et ces poils gris sur sa poitrine… ! » A. Rivaz, Sans alcool, 1961, p. 90.
2.◆ (péj.) Personne grande et maigre. T’as vu cette longue fenasse ?
Localisation. 1 : Spor. 〈Suisse romande〉. 2 : Spor. 〈Canton de Neuchâtel〉.
Remarques. Vieilli, rural. — En français de référence, le mot est très rare et les dictionnaires ne semblent guère s’accorder sur sa définition :
on le trouve avec le sens de “sainfoin” (Cotgr 1611 ; Voltaire ; Littré ; v. FEW), “débris végétaux que le foin laisse sur le plancher des fenils” (Lar 1877 – Lar 1982 ; GLLF 1973), “fromental, avoine élevée” (Lar 1901 – Lar 1961 ; Alpha 1982), “nom donné dans les Alpes à des graines de prairies fournies par les herbes les plus
élevées, dont on coupe les panicules avant la fenaison” LittréSuppl (> Lar 1901, sans marque topolectale), “mélange de graines servant à l’ensemencement des prairies artificielles” Rob 1955, “id. (rég.)” GR 1985. Le mot est absent du TLF.
Commentaire. Première attestation : 1762 (v. GPSR) ; déjà 1589 avec le sens de “prairie à foin” (v. Pier). Le sens de “graminées” est très bien attesté dans plusieurs parlers galloromans, en particulier dans l’est
du domaine d’oïl et en francoprovençal (v. FEW). En français régional de France, on retrouve le mot en Champagne, en Franche-Comté, dans le Beaujolais
et dans les Hautes-Alpes (v. bibliographie ci-dessous).
Bibliographie. SchneiderRézDoubs 1786, p. 254 ; BonNeuch 1867 ; OdinBlonay 1910, p. 194a ; « hôtel de la fenasse “local d’arrêt” » RouxArgSold 1921 ; Pier ; FEW 3, 455b, fenum I et 456b, fenum II ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; « graminée légère » DurafHJura 1986 ; GrafBern 1987 ; GPSR 7, 267a-268b ; « grandes herbes de peu de valeur nutri-tive pour le bétail » ColinParlComt 1992 ; « graminée qui se mêle aux céréales et étouffe les récoltes (très peu vivant) » VurpasMichelBeauj 1992, p. 188 ; « foin de médiocre qualité » TamineChampagne 1993 ; Lengert 1994 ; « tige trop dure pour les vaches ; mot des villages, connu partout » RobezMorez 1995 ; GermiChampsaur 1996.
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