doubler v. tr. (abs.)
◆ Doubler une classe, une année, reprendre une année scolaire pour cause d’échec. Doubler sa cinquième année.
1 « Il semble, d’après certains, que ce système renvoie les échecs à plus tard, à la fin
de la troisième année, où souvent ils sont plus graves parce que devenus irréversibles.
Doubler une première année pourrait permettre à certains élèves d’acquérir les bases et nous
aimerions savoir quelle est sur ce point la politique du département* de l’Instruction publique ? » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 20 mai 1974, p. 123.
2 « Les systèmes scolaires ne lui ont pas permis de surmonter sa dyslexie. Il était considéré
comme “bête”, a doublé plusieurs classes et perdu confiance en lui. » Le Nouveau Quotidien, 16 novembre 1995, p. 21.
◇ (fréquent en emploi absolu) Il va doubler, il a échoué aux examens.
Localisation. 〈Canton de Neuchâtel〉, 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉.
Remarques. Cf. encore les dér. doubleur, ‑euse n. m., f. “celui, celle qui reprend une année scolaire” (GE, NE, BE, JU), doublard “id.” (GE), doublon “id.” (VD) et redoublard “id.” (VS), ce dernier formé sur redoubler. — En France, on dit redoubler (une classe) et redoublant (v. par ex. NPR 1993 ; mais doubleur est attesté dans l’argot scolaire de plusieurs villes de l’Hexagone, v. KnoppSchülArg).
De nombreux témoins (VD, NE, BE) affirment employer de préférence redoubler (on a en outre relevé redoubleur chez un témoin de BE).
Commentaire. Archaïsme (« dans le langage scolaire, vieilli » TLF ; « vieilli ou régional (Belgique) » GR 1985, 2001) qui se maintient en Belgique, en Suisse, au Canada et en Afrique noire
(Bénin, Côte-d’Ivoire, Haute-Volta, Sénégal, Tchad, Togo, Zaïre). GrevisseGoosse13, §172, 8 c donne quatre exemples contemporains en français de France, et note : « resté vivant en Belgique […], est presque évincé en France par redoubler ». Le dér. doubleur serait plutôt une innovation, qui semble être apparue dans plusieurs pays en même
temps : en plus de la Suisse, il est attesté en Belgique (d’où il est passé au Zaïre),
au Canada et même en France, dans l’argot scolaire. — À ajouter à FEW 3, 183a, dŬplare I.
Bibliographie. Pier ; GottschalkSchülSpr 1931 ; HanseNChasse 1974 ; TLF ; KnoppSchülArg 1979 ; Hanse
1983 ; Bélisle 1979 ; IFA 1983 ; PR 1984 (sans marque) ; GR 1985 ; Hanse 1987 ; MassionBelg
1987 ; GPSR 5, 888b s.v. doublard, 894a s.v. doubler 9°, 895a s.v. doubleur et 897a s.v. doublon ; FuchsBelg 1988 ; PLi 1989 (sans marque) ; DQA 1992 ; « vieilli ou région. (Belgique) » NPR 1993 ; Belg 1994 ; DictUniv 1995 ; « vieilli ou région. » PLi 1998 ; GR 2001.
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