les citations
donner v.
I.◆ v. intr. (impers.) Ça donne, ça a donné loc. verb.
1.◆ (exprime le rendement). On peut dire que les inscriptions aux cours d’informatique, ça donne ! (ChevalleyListe 1990).
(en tournure personnelle) Produire.
1 « Ces deux dernières années la féra* a bien donné l’été aussi, ça m’a sauvé la mise. » RSR, 14 août 1976.
2 « Il y a la montagne qui donne passablement de chevaux [en parlant de l’élevage de chevaux à la montagne]. » RSR, 25 novembre 1976.
3 « Ailleurs, les écriteaux “Filets de perche maison” continuent à se balancer avec une fausse innocence. On ne dit pas que, quand les lacs suisses ne “donnent” pas, on a recours aux perches parquées dans les canaux, en Hollande, voire beaucoup plus loin, en Russie. » 24 Cités, 24 mai 1977, p. 1.
4 « Un de mes confrères, voué à l’information, rendait compte des accidents avec une certaine désinvolture et résumait en une phrase la situation générale à la fin de la saison : “La montagne a bien donné cette année !…” » 24 heures, 14 juillet 1977, p. 2.
Remarques. Se dit aussi en Suisse romande en parlant du sol ou de cultures (blé, vigne, arbres fruitiers, etc.), mais cet emploi est général en français (v. TLF 7, 421b s.v. donner I C 2 a).
I. 2.◆ (en parlant de phénomènes atmosphériques, exprime l’intensité : vent, pluie, tonnerre, grêle, neige, etc.). Tu as vu ces grêlons, ça donne ! (ChevalleyListe 1990).
Remarques. Se dit aussi couramment en Suisse romande en parlant du soleil, mais cet emploi est général en français (v. TLF 7, 422a s.v. donner II A 1).
I. 3.◆ (exprime l’animation). Aujourd’hui, c’est calme mais hier, avec la soirée des officiers, ça a donné ! (ChevalleyListe 1990).
(en tournure négative)
5 « L’Escalade [= fête genevoise], ça ne donne plus rien maintenant, il n’y a plus de bal masqué. » 9 janvier 1976, RSR.
II.◆ se donner v. pron. Avoir lieu, se réaliser, se faire, se passer. Les réunions se donnaient le soir, les comités l’après-midi.
6 « J’ai continué. J’ai découvert le bâtiment où se donne l’école. Mon père ne m’avait jamais conduit de ce côté. » J.-P. Monnier, L’Arbre un jour, 1971, p. 181.
Remarques. Se dit aussi en Suisse romande en parlant de manifestations artistiques, mais cet emploi est général en français (v. TLF 7, 417b s.v. donner I A 2 a δ). — La loc. donner l’école n’est pas attestée en français de référence (contrairement à donner un cours) ; mais cf. faire l’école « vieilli » (TLF 7, 675b s.v. école I A 3).
III.◆ se donner v. pron. (impers.). Ça s’est (déjà) donné, c’est (déjà) arrivé. Ça ne s’est pas donné, les circonstances n’ont pas été favorables (pour pouvoir faire qch.), l’occasion ne s’est pas présentée.
7 « Je pensais venir hier soir, mais ça ne s’est pas donné. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
8 « Jusqu’à maintenant, ça s’est jamais donné [que la neige enfonce les fenêtres]. » Interview d’un paysan jurassien, 17 janvier 1977, TSR.
Commentaire. Emplois mal recensés à date ancienne dans la lexicographie. I 1, 2 et II sont des calques de constructions patoises équivalentes formées avec le verbe synonyme bailler (v. GPSR 2, 195 sqq.) ; I 3 se rattache à I 1 et 2. III pourrait être le calque d’une construction équivalente en suisse alémanique (v. SchwId 2, 76 s.v. gëben II 6 a ; la vitalité de cet emploi nous a été confirmée par des témoins bâlois et zurichois, avril 1995). Le français régional de la Savoie et de la Vallée d’Aoste connaissent l’emploi du mot donner pour référer au vent qui souffle en tempête (cf. ci-dessus I 2). L’emploi classé ci-dessus sous I 3 a aussi été relevé dans le français régional du Pilat et du Velay (« au mariage de Petrus, ça a donné » MartinPilat ; « ça va donner pour sa fête » FréchetMartVelay) ; v. aussi DRF s.v. donner III. — Ces emplois manquent à FEW 3, 136a, donare.
Bibliographie. « il en donne “il pleut” » MüllerMarécottes 1961, p. 15 ; GPSR 5, 864ab-865a s.v. donner II, III et IV ; MartinPilat 1989 ; BessatGMtBl 1991 ; FréchetMartVelay 1993 ; DRF 2001.
Pierre KNECHT
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