coussin n. m.
◆ Oreiller. Fourre* de coussin, taie d’oreiller. ⇒ duvet.
1 « Son lit se trouve dans une alcôve peinte en violet, à filets or, un lit premier Empire,
presque aussi large que long, c’est-à-dire court, mais elle est de petite taille et
d’habitude elle y dort fort bien. Elle sourit d’avoir lu dans un journal qu’en Amérique
on fabriquait, pour les insomniaques, des coussins qui imitent à la perfection le ronronnement. Il vaut mieux avoir de vrais chats,
conclut-elle. » C. Bille, La Fraise noire, 1968, p. 212.
2 « L’histoire dit encore que la demoiselle est enfin raisonnable. Elle ne s’est pas tournée,
pour autant, vers les greffiers ou les tailleurs. Mais fini les semelles de vent,
elle a compris, quand passe l’aiguiseur elle ferme sa fenêtre et se met au lit avec
deux coussins sur la tête. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 97.
3 « Au dernier étage d’un bâtiment adjacent, elle voyait un lit devant une baie et, dedans,
deux mains et leur avant-bras agitant sans cesse les angles d’un coussin blanc. Ce battement d’ailes d’ange prisonnier (de folle, pensa Berthine) était pénible
à regarder longtemps. » C. Bille, Le Bal double, 1980, p. 144.
4 « Laurent le convoquait à son chevet de plus en plus souvent, mais lui parlait de moins
en moins. Il le regardait, tentant de lui insuffler par le regard ce que la parole
était impuissante à transmettre. Devant les paroles, Pierre pouvait se défendre en
multipliant les “oui” et les “certainement”. Devant le silence, il était mal à l’aise ; au bout de quelques secondes, il proposait
au malade de lui arranger les coussins. Laurent remuait la tête de droite et de gauche, et maintenait son regard noir. » E. Barilier, Le Dixième ciel, 1986, p. 396.
Remarques. On employait anciennement le syntagme long coussin avec le sens de “traversin” (v. Pier, GPSR), mais il est tombé en désuétude dans l’usage contemporain. — Le mot
coussin est bien sûr aussi employé en Suisse romande avec le sens qu’il a en français général ;
en outre, oreiller s’emploie concurrement avec coussin.
Commentaire. Premières attestations : 1359 (cuissin), 1546 (cussin), 1577 (cuissin), coissin (1755) ; v. GPSR. Dialectalisme ; le mot est attesté avec ce sens dans les dialectes
romands, ainsi que dans un grand nombre de dialectes de l’est et du sud galloromans
(où l’on relève aussi le sens de “traversin” ; v. FEW). En français régional toutefois, c’est en Belgique que coussin est le mieux attesté avec le sens de “oreiller” ; il serait aussi connu dans les Ardennes, en Savoie ainsi qu’en Provence.
Bibliographie. FEW 2, 1262b-1263a, cŎxa II ; GPSR 4, 466b-467a s.v. coussin 2° ; « parfois » BeatensBruxelles 1971 ; « Ard., Prov., Sav. » RLiR 42 (1978), p. 166 ; HanseChasse 1980 ; Hanse 1983, 1987 ; « régional (Belgique) » GR 1985, 2001 ; MassionBelg 1987 ; FuchsBelg 1988 ; « traversin » TavBourg 1991 ; ArèsParler 1994 ; Belg 1994 ; DictUniv 1995.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|