les citations
corder v.
1.◆ (v. tr.) Corder quelque chose à quelqu’un loc. verb. Être heureux que quelqu’un obtienne quelque chose, ou qu’il lui arrive quelque chose (de bien ou de mal).
1 « Il a mérité son diplôme par ses efforts : je le lui corde bien. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
2 « Si tu pouvais gagner à la loterie, tout le monde te le corderait bien. » GrafBern 1987, p. 31.
Je vous le corde bien, je suis heureux pour vous, je suis content que cela vous arrive.
2.◆ (v. tr.) Souhaiter.
3 « Je te corde de passer ces trois semaines tranquille. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
Ne pas corder de mal à quelqu’un, ne pas lui souhaiter de mal.
4 « Je ne veux pas lui corder de mal, mais… » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Tavannes).
3.◆ (v. tr.) Accorder.
5 « Mais vous avez des gens qui cordent trop au sentiment. » S. Chevallier, Ces Vaudois, 1966, p. 204.
6 « Cette patronne corde trop peu de loisirs à ses servantes. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
se corder v. pron. S’accorder, se payer. Les seules bonnes choses qu’on a, c’est celles qu’on se corde.
7 « On peut bien se corder un peu de repos. » Enq. CD/II, juillet 1976 (BE Moutier ; le témoin a ajouté « Neuchâtel »).
8 « Il faut bien se corder quelque chose. » Enq. CD/II, juillet 1976 (BE Saint-Imier).
9 « Pendant mes vacances, il m’arrive de me corder une heure de sommeil de plus. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Bassecourt).
10 « Elle ne se corde rien. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy ; le témoin a ajouté « à la campagne, chez les personnes âgées »).
11 « On est allés se corder une après-midi de piscine avec les gamins à Renens. » Att. orale relevée à Yverdon (VD), 5 juillet 1987.
12 « On s’est payé un beau petit voyage. Il faut bien se corder quelque chose. » ChapuisMots 1988, p. 32.
Localisation. Canton de Neuchâtel, Canton de Berne (Jura Sud), Canton du Jura (Jura Nord). Plutôt sporadique ; certains témoins ne connaissent pas ces emplois.
Remarques. Au xixe s., on disait plutôt cordre (v. ci-dessous, bibliographie) ; cette variante est aujourd’hui tombée en désuétude.
Commentaire. Première attestation : 12 avril 1793 (« quelle herbe est-ce ? si elle est bonne je corderois le pré à la sœur de Lucinde bien autant qu’à qui que ce fut [sic] » Isabelle de Charrière, Œuvres complètes, t. IV, p. 29). Forme aphérésée du verbe accorder ; cf. afr. corder “v.a. accorder ; v.r. s’accorder (qch.)” (1273-1331 ; v. FEW). Aussi attesté dans les patois de Suisse romande (type cordre ; v. Bridel ; OdinBlonay). Une forme aphérésée homonyme existe dans plusieurs parlers du Centre et de l’Ouest, mais avec le sens de “vivre en bonne intelligence (avec qn)” (v. FEW et DRF 2001).
Bibliographie. GuilleDial 1825, p. 23 (cordre) ; GuilleNeuch 1829-32, p. 74 (cordre) ; PeterCacol 1842 s.v. corder ; CalletVaud 1861 s.v. heureux (cordre) ; GrangFrib 1864 s.v. cordre ; Bridel, p. 82 et 215 ; BonNeuch 1867 s.v. cordre ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 305a (cordre) ; Pier s.v. corder et cordre ; PierSuppl s.v. cordre ; FEW 24, 85b, *accordare I 1 b ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; GrafBern 1987 ; ChapuisMots 1988.
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