éd. 1999 bragueur n. m.
◆ Personne qui se vante facilement. Quel bragueur, ne l’écoute pas !
• « Le M. P., gros bragueur, vante les mérites de sa nouvelle moto : confort, vitesse, aisance, etc. Tout juste
si elle n’a pas la climatisation. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 19, 1996, p. 5.
Localisation. 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉.
Commentaire. Adaptation en français régional du patois jurassien bragou (brag- + suff. ‑ŌREM). En SR, le type brag- est attesté dans les patois de VD, VS, FR, NE, JU. De nombreux dérivés de ce type
sont attestés dans les patois jurassiens (v. Vatré). L’exemple ci-dessus constitue
dans nos sources la seule attestation à époque moderne pour le fr. de SR, mais brag- est attesté en SR dès le xvie siècle (bragarre NE 1543 et bragard VD 1547) ; la non-correspondance formelle à l’évolution locale de BRACA laisse envisager un emprunt au français. Le développement sémantique du type brag- a dû être le suivant : “s’habiller” > “porter des habits élégants” > “faire l’élégant” > “se vanter” et chacune de ces notions apparaît à divers endroits du domaine galloroman : l’idée
de vantardise se retrouve dans le Nord, le Centre, l’Anjou, la Loire, la Suisse romande,
la Provence, la région gasconne et le Béarn (v. FEW). Braguer et ses dérivés sont également attestés en mfr. et en frm. jusqu’au xviie siècle. Cotgr 1611 cite la forme bragueur comme variante de bragard avec des sens tournant autour de “vaniteux, vantard, fier”.
Bibliographie. Cotgr 1611 ; FEW 1, 480b, BRACA I 6 ; GPSR 2, 410b-411a s.v. blagueur ; VatréAjoie ; QuenetJura 1998, p. 47.
Simone QUENET
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