bizingue (de) [bizɛ̃:g] 🔊 loc. adv. (aussi bisingue)
◆ De travers, de biais. Tout de bizingue. Marcher, aller de bizingue. Être assis de bizingue. Avoir le nez
tout de bizingue.
1 « Les piquets de la barrière sont de bizingue. » Enq. CD/I, 1974 (BE Diesse).
2 « Ta jupe est de bizingue. » Enq. CD/I, 1974 (NE Bevaix).
3 « Déplace-moi ce meuble ! Il est tout de bizingue. » Enq. CD/I, 1974 (VD Lausanne).
4 « Ton chapeau est tout de bizingue. » Enq. CD/I, 1974 (FR La Roche).
5 « Ce tableau est de bizingue. » Enq. CD/I, 1974 (VS Sion).
6 « Sa voiture était garée tout de bisingue. » Tribune de Genève, 26 mai 1978.
7 « Comme il était éméché, il allait tout de bizingue. » F. Sallin, Sourire des âges tendres, 1985, p. 161.
Remarques. La graphie (‑z- ou ‑s-) n’est pas fixée. — Emploi bien connu (cf. résultats d’enquête et glossaires contemporains), mais plutôt limité à la langue
parlée.
Commentaire. Premières attestations : 1820 (GaudyGen) ; 1844 (R. Töpffer, Voyages en zigzag ou excursions d’un pensionnat en vacances dans les cantons suisses
et sur le revers italien des Alpes, p. 18). Forme apocopée du type de bisingoin “de travers, irrégulièrement”, attesté en Franche-Comté (FEW 2, 1537a, où l’on trouvera également Auberson dẹ bẹzagwẽ, Pailly dę bẹtsǝgwẽgwẹ). Cf. encore dans le patois de la Broye la forme de besingoué (GPSR 2, 407a s.v. bisingue). En français régional de France, on relève Haut-Doubs de bisengois “de travers, obliquement”, Morbier de bizingois “de guingois”, Ain en, de bisangoin “de travers”, Mure de bisangoin “de travers”, Savoie de bizingue “en biais, de travers”, Villeneuve de Marc (Isère) de bisangoin “de travers”, Meyrieu id., Lyon id. (VurpasLyonnais 1993, SalmonLyon 1995 ; v. en outre RézeauBibl pour un exemple dû
à Exbrayat, originaire de Saint-Etienne), Poncins de bisengouin “de travers”, Saint-Étienne de bizangoin “de travers”, Pilat de bisengoin “de travers”, Beaujolais en bisangoin “de travers”, Roanne de bisengoin “de travers”. — Sainéan (cité par PierSuppl et suivi par GPSR et GR 1985) veut rattacher ce mot
à la famille de fr. pop. brindezingue (FEW 15, I, 288a) ; ce rattachement, qui présente des difficultés formelles et sémantiques, ne peut
expliquer à lui seul notre mot ; mais l’influence du type brindezingue a peut-être favorisé l’apocope de la forme bisingoin.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; LittréSuppl 1877 ; ConstDésSav
1902 ; WisslerVolk 1909 ; SainéanParis 1920 ; Pier, PierSuppl ; PrajouxRoannais 1934 ;
GPSR 2, 369a s.v. béts(ǝ)gou̯ingou̯é̩ (dè), 378b s.v. bézagou̯i̩n (dé), et 407a s.v. bisingue ; FEW 2, 1537a, cŬnĔus I 2 a β et 15, I, 288a, bring dirs I 2 ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; ZumthorGingolph 1962, p. 241 ; EscoffStéph 1976,
p. 370 ; Alpha 1982 ; Pid 1983, 1984 ; GononPoncins 1984 ; GR 1985 ; DurafHJura 1986 ;
GuichSavoy 1986 ; RézeauBibl 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; MartinPilat 1989 ; DucMure
1990 ; ColinParlComt 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; VurpasLyonnais 1993 ; Lengert
1994 ; « très courant » Robez-Morez 1995 s.v. bizengois (de) ; SalmonLyon 1995 ; « bisingue » OffScrabble 1995 ; FréchetAin 1998 ; GR 2001.
Copyright © 2022, tous droits réservés
|