éd. 1999 beûtcher [bø(:)tʃe] 🔊 v. intr., beutcher (plus rarement beucher [bø(:)ʃe] 🔊)
1.◆ (fam.) Brûler. La nuit dernière, une maison a beutché au village. On dirait que ça beutche à la cuisine.
Le gâteau est beutché : il est resté trop longtemps au four.
1 « [Ce qu’on a vu en 1994] Le R. […] ramasser les vieux journaux et les enfouir dans
la décharge, pour éviter la pollution. Voilà qui ne va pas faciliter les relations
avec l’Office des eaux qui fulmine déjà parce que la décharge est toujours en train
de beûtcher. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 29.
2 « [Ce qu’on a vu en 1996] La M.-P. épicière crier “au feu !” et appeler “au secours”, quand ça commence à beutcher dans son échoppe. Ni une, ni deux, la voisine accourt avec son extincteur et maîtrise
le sinistre. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 14.
2.◆ (parfois en emploi tr.) J’ai beutché ma veste avec une cigarette.
Localisation. 〈Canton de Berne (Jura Sud)〉, 〈Canton du Jura (Jura Nord)〉.
Remarques. Emploi courant. La variante beucher, qui est une adaptation directe du patois (v. ci-dessous) est, en tout cas aujourd’hui,
plus rare dans l’usage, v. GPSR 2, 440b bœ̄chè̩ et ChapuisMots 1988 qui donne les deux variantes mais avec beucher comme forme principale). — Cf. encore les dérivés beutche n. f. “pipe” (GrafBern) et “flambée”, beutche n. m. “odeur de brûlé”, beutchon n. m. “odeur de brûlé” (GrafBern) et beutchette n. f. “allumette” (GrafBern).
Commentaire. À la base de cet emploi régional, on trouve le verbe patois beûchaie “flamber” (v. Vatré s.v. beûçhaie et GPSR 2, 440b s.v. bœ̄chè̩, avec plusieurs variantes phonétiques caractéristiques du groupe ‑cl-). Gauchat le rattache à ŪSTŬLARE “brûler”, le b- initial étant dû à un croisement avec l’équivalent brœ̄lè “brûler” (v. GPSR hist.). La forme avec l’affriquée [ʧ] n’étant pas attestée en patois, on ne peut savoir si le français régional la lui
a empruntée. L’affriquée peut être expliquée au niveau du patois par une contamination
de beûtche “fétu de paille” / beûtchie “mesurer avec une tige de paille” correspondant formellement à fr. bûche / bûcher (v. Vatré et GPSR 871b, 874b s.v.) ou en français régional par influence de la fréquence de l’affriquée dans le substrat dialectal. V. également
FEW 14, 81a, ŪSTŬLARE 2 b α b’ pour diverses variantes autour d’un type bucler sur le territoire galloroman.
Bibliographie. GPSR 2, 440b s.v. bœ̄chè̩ ; VatréAjoie ; FEW 14, 81a, ŪSTŬLARE 2 b α b’ ; GrafBern 1987 ; ChapuisMots 1988, p. 18 et 40 ; QuenetJura 1998, p. 26.
Simone QUENET
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