Staufifre [ʃto(:)fifʀ] n. m. var. Staufiffre
◆ (moqueur) Surnom donné aux Suisses alémaniques et autrefois aussi aux Allemands. ⇒ Toto.
1 « On nous rabâchait que la bataille entre concitoyens, c’est honteux. Qu’on était pareils,
faits de la même matière, du même sang, les Staufifres et nous. Que les communautés, ça s’additionne, ça ne se soustrait pas. » Domaine Public, 7 avril 2000, Archives (Internet).
◇ (ex. métalinguistique)
2 « L’auteur y recense, par exemple, les sobriquets dont les Romands ont toujours affublé
leurs chers compatriotes : Staufifres, Staubirnes, Köbis, Totos*, Bourbines*, Bourdons. C’est intelligent comme une corvée de patates dans une cour de caserne,
ces mots-là, lumineux comme une gamache, mais enfin, il y a bien eu des gens pour
les inventer, des milliers d’autres pour leur donner vie. » L’Hebdo, 14 octobre 1999, Archives (Internet).
Remarques. Encore très connu, mais peu employé. — On rencontre aussi les graphies chtaufif(f)re, stofif(f)re. — Cf. encore la variante synon. staubirn(e) [ʃto(:)biʀn], n. m.
Commentaire. Attesté depuis 1907 (chez B. Vallotton, v. Pier), mais généralement considéré comme
bien plus ancien. L’origine de ce sobriquet a été très discutée au début du xxe s. (pour un résumé, v. TappoletAlem) : trois bases étymologiques furent proposées,
suissal. Stadtpfifer, n. m. “fifre municipal”, une combinaison du n. de fam. Stauffer + Pfifer et suissal. Stockpfifer, all. Stockpfeifer, jugée la plus vraisemblable. Selon cette dernière hypothèse, des cannes de promenade
à la mode en Allemagne à l’époque romantique et appelées Stockpfeife ou Stockflöte (parce qu’elles étaient transformables en instruments à vent), étaient utilisées
par des Allemands (et non pas par des Suisses alémaniques) en stage commercial à Genève.
Cette pratique expliquerait l’appellation Stockpfeifer “utilisateur de la Stockpfeife” donnée aux Allemands et qui serait à la base de staufifre. Le point faible de cette théorie est l’impossibilité d’attribuer la création du dérivé
Stockpfeifer aux Allemands eux-mêmes et encore moins aux Romands. En dépit de la difficulté phonétique
(a > o) dans le passage de Stadtpfifer à staufifre (difficulté que l’on peut aplanir quelque peu en admettant une prononciation vélarisée
du a [ɑ]), un tel rapprochement repose sur des bases historiquement plus solides, les Stadtpfifer étant une institution européenne largement répandue. — L’origine de la variante staubirne, attestée depuis 1913 (Pier) est inconnue.
Bibliographie. TappoletAlem ; Pier s.v. staubirne et staufifre ; FEW 17, 237b, STOCKPFEIFER ; IttCons 1970 ; Had 1983 ; Nic 1987, 1990 s.v. staubirne et staufiffre ; ListeChevalley 1990 s.v. staubirn et staufifre ; Lengert 1994 s.v. staubirn.
Pierre KNECHT
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