les citations
rebuse n. f.
◆ Retour du froid, surtout au printemps. Rebuse d’avril, de juin. ⇒ cramine ; cru ; fricasse.
1 « Plus éloignées, les prairies et les semées [= terrains ensemencés] elles aussi se laissaient attendrir par le vent printanier après s’être raidies sous les dures attaques des bises* hivernales, des traîtres rebuses de mars et d’avril. » A.-L. Chappuis, Le Toupeau errant, 1972, p. 21.
2 « Avril peut amener des chutes de température. Le baromètre [sic] frise le zéro, et, par forte bise*, il descend même au-dessous. La vigne supporte facilement quelques jours ces rebuses, mais guère plus. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 111.
3 « Le service météo de l’aéroport de Cointrin [GE] explique ces “rebuses” comme on dit en vaudois, ces retours inhabituels du froid, comme la conséquence du temps qu’il fait dans un autre hémisphère. » L’Illustré, 18 mai 1977, p. 15.
4 « Nous étions encore éloignés en nous-mêmes par le froid, le vent, la neige en masse d’une insolite rebuse d’avril qui assombrissait et blanchissait les fenêtres. » M. Chappaz, À rire et à mourir, 1983, p. 199.
rebuse du coucou.
5 « Supersaxo et Théodule secouent la tête. Ils empoignent le bâton et la crosse. Le vent caille la neige sur la barbe et égratigne les yeux. Ils s’enfoncent dans la tempête. Elle griffe, la rebuse du coucou ! » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 141.
rebuse de l’épine noire.
6 « […] il se réveille dans sa prison glacée tout courbatu par la torture, on est en avril, c’est la rebuse de l’épine noire, “nos pauvres vignerons” dit-il […]. » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 67-68.
7 « […] il s’avançait seul et frissonnant, c’était le retour de froid de juin, la rebuse de l’épine noire […]. » C. Colomb, Le Temps des anges, 1962, p. 205.
Localisation. Surtout Canton de Vaud et Canton de Neuchâtel, mais sporadiquement connu dans les autres cantons.
Remarques. On trouve encore dans la documentation les expressions synonymes rebuse au coucou (Pier), rebuse de l’épine blanche (CalletVaud 1861).
Commentaire. Première attestation : 1789 (v. Pier). Dialectalisme. Probablement dér. d’un type verbal correspondant à l’apr. rebuzar, prov. rebusá, non attesté en Suisse, mais bien enraciné depuis le xiiie siècle dans le Midi de la France avec des sens comme “reculer, décliner ; empirer” (v. FEW). L’origine méridionale est rendue plus vraisemblable encore par l’existence, dans le patois de VD Blonay, d’une variante rabü̩za, avec un changement de préfixe que l’on retrouve dans les formes occitanes du type rabusá. — Les différents compléments déterminatifs marquent la coïncidence des retours du froid avec le premier chant du coucou ou la floraison du prunellier (épine noire) ou de l’aubépine (épine blanche).
Bibliographie. CalletVaud 1861 ; ConstDésSav 1902 (att. dialectale) ; BGPSR 1 (1902), p. 6, note 1 (att. dialectale) ; OdinBlonay 1910, p. 452a (fr. vaud. rabuse ou rebuse) ; Pier ; FEW 10, 200a, *refusare 2 a β ; GPSR 4, 369b s.v. coucou 2° ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; DuprazSaxel 1975 (att. dialectale) ; PLi 1998.
Pierre KNECHT
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