peindre le diable sur la muraille loc. verb.
◆ Insister sur le côté négatif de qch. ; (par ext.) être pessimiste, envisager le pire.
1 « “[…] à Genève, où tout le monde écrit, nous avons conservé de déplorables habitudes
à l’égard du langage.” […] Malheureusement pour Mme Mussard, la phrase que j’ai citée [une phrase contenant un taux caricatural de régionalismes
genevois] n’est qu’un ramassis de mots qui s’accordent entre eux plutôt mal que bien,
qui ont été réunis pour peindre, en quelque sorte, le diable sur la muraille. » SnellGen, 1960, p. III.
2 « Donc j’ai trente-six ans, le bel âge, et en tout ce temps j’ai fait pas mal de choses
diverses, quel bilan […] c’est le chahut de ces trente-six années, ce tournoiement
baroque, ces forcéneries [sic], ces comédies, l’exactitude, la vieille tendresse, la drôlerie. […] Je peins le diable sur la muraille ? Mais oui vous voyez bien je suis rangé, correct, ouvert, parfaitement décidé à
vous convenir, je n’ai pas cessé depuis ces trente ans et davantage de me préparer
à cette minute de nos retrouvailles. » J. Chessex, Carabas, 1971, p. 12.
3 « Le truc de l’environnement est presque toujours placé en exergue par les spéculateurs
pour faire monter le prix des propriétés qu’ils vendent… Le truc de la démagogie,
quoi ! – Il me semble que vous peignez un peu le diable sur la muraille ! » M. Métral, Un jour de votre vie, 1976, p. 72.
4 « [titre] Les USA peignent le diable sur la muraille / Ce serait le démembrement / L’agriculture est la “clef” de la réussite de l’Uruguay Round. Selon les Américains, le groupe de Cairns serait
prêt à se retirer si la “serrure” reste bloquée. » Tribune de Genève, 20 septembre 1990, p. 15.
5 « Les autonomistes ne peignent-ils pas le diable sur la muraille ? Un peu, car même antiséparatistes, les gens du Sud savent se défendre quand on
touche au français. Ils en ont apporté ces derniers temps de multiples preuves, au
travers de fréquents coups de gueule. » Le Quotidien Jurassien, 3 juin 1993, p. 3.
6 « J.-L. N., chef de l’Ofiamt [= Office fédéral de l’industrie, des arts et métiers et
du travail], s’est refusé à peindre le diable sur la muraille. Tous les cantons* ont enregistré une baisse du chômage, à l’exception de Genève et des Grisons, selon
l’Ofiamt. » Le Nouveau Quotidien, 13 juin 1994, p. 18.
7 « Chaque groupe prétendra donc défendre l’intérêt général en masquant ses intérêts particuliers.
La caisse A. peint par exemple le diable sur la muraille en prévoyant une hausse de 40 à 60 % des primes de l’assurance de base en cas d’acceptation
de la loi. » Le Nouveau Quotidien, 4 juillet 1994, p. 9.
8 « L’intégrisme vous inquiète ? Il ne faut pas peindre le diable sur la muraille. Quand les membres d’une secte se suicident, cela fait de l’effet, comme un symbole.
Certaines personnes ont besoin de sécurité affective et, parce que la famille ou le
travail ne leur en fournissent pas, elles cherchent un autre lieu » Le Nouveau Quotidien, 11 avril 1996, p. 18.
9 « Ainsi, il se peut qu’une salariée, qui accouche durant sa deuxième année de service,
doive cesser son activité durant deux mois, mais ne reçoive son salaire que durant
un mois. […] Ne peignons pas le diable sur la muraille. Dans de très nombreux cas, ce régime de base est supplanté par la réglementation
plus favorable d’une convention collective de travail ou d’une assurance collective
perte de gain conclue par le patron pour ses employés. » Construire, 5 février 1997, p. 15.
Remarques. Locution très fréquente aussi bien à l’oral qu’à l’écrit.
Commentaire. Calque, non attesté à date ancienne, de la loc. all. correspondante den Teufel an die Wand malen (v. par ex. DudenUniv 1996 s.v. Teufel). — Manque à FEW 8, 522b, pĬngĔre I 1.
Bibliographie. FichFrBE (fiches vertes) n° 652-653 (mai 1976) ; StRobert 1993 ; Lengert 1994.
Pierre KNECHT
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