les citations
ordré, -ée adj.
◆ Qui a de l’ordre (d’une personne), ordonné ; où règne l’ordre (d’une armoire, d’une pièce, d’un quartier, d’une ville, d’un pays, d’une société, etc.). Cette secrétaire n’est pas assez ordrée. Un enfant, un élève ordré. Une ville bien ordrée. ⇒ propre en ordre.
1 « Propre, travailleuse, ordrée – sans bon ami – cette fille avait toutes les qualités. Elle te poutzait* l’appartement avec une ardeur qui faisait plaisir à voir, ou ne lâchait le torchon que pour vaquer, à la cuisine, à la préparation de merveilleux repas. » A. Belperroud, Les toutes bonnes du syndic, 1973, p. 83.
2 « Les murs étaient nus et elle se demandait où il mettait ses livres. Peut-être n’en avait-il pas. Il menait une vie très minutée, ce qui le rendait, comme sa chambre, précis, correct, ordré. » C. Bille, Le Salon ovale, 1976, p. 153-154.
3 « Ses qualités [de bureaucrate] sont évidentes : il est ordré, fidèle, on peut compter sur lui. Il vit dans un univers réglé, qu’il domine parfaitement. » Flair, 7 juillet 1976, p. 9.
4 « L’argent facile, les bagnoles, l’air “pas comme il faut”, les ragots qui sentent le soufre […], toutes ces vétilles le mettent en marge d’une société bien ordrée, […] économe et coiffée court. » 24 heures, 24 février 1977, p. 3.
5 « […] ce reportage risque fort de faire grincer des dents bon nombre de nos concitoyens qui se reconnaîtront dans le portrait au vitriol que le journaliste brosse du Suisse moyen, méticuleux, discipliné et ordré. » Tribune de Genève, 11 novembre 1982.
6 « […] leur belle petite fille docile ! Pour qui ils ont inlassablement tracé un beau sillon de vie bien droit, la préparant dès la première tétée à ce quelque chose de propre, d’ordré, de sucré […]. » A.-L. Grobéty, Infiniment plus, 1989, p. 219.
◇ Rangé, à sa place (en parlant d’un objet).
7 « La Suisse, d’une certaine façon, donne une idée plus exacte de ce que sera le monde de demain, un peu aseptisé, trop bien huilé dans ses rapports sociaux, mécanico-humains. N’est-elle pas déjà une belle mécanique, rutilante, au fonctionnement impeccable ? Les gens y sont bien en place, les objets ordrés, astiqués, la nature domestiquée. » Cl. Frochaux, Heidi ou le défi suisse, 1969, p. 54.
Remarques. Emploi critiqué. — L’équivalent du français de référence, ordonné, est aussi usité en Suisse romande. — Cf. encore le dér. désordré adj. “qui manque d’ordre (d’une personne) ; où règne le désordre (d’un lieu)” (« Il est plutôt désordré de nature. » Enq. CD/II, 1975-1981, NE Cortaillod ; « Avec une armoire ainsi désordrée vous ne trouvez plus rien. » Enq. CD/II, 1975-1981, NE Le Landeron). Selon les résultats des enquêtes CD, ce mot est connu sporadiquement dans VD, FR, NE, BE et JU.
Commentaire. Première attestation : 1917 (C.-F. Ramuz) ; v. Lengert dans VoxRom 59 (2000), p. 303. Innovation suisse romande, indépendante semble-t-il de Anet, Nantes, hmanc. bgât. Niort ordré adj. “soigneux, qui a de l’ordre” (v. FEW ; BrasseurNantes ; encore vivant en français régional de la Sarthe, de la Mayenne et du Maine-et-Loire, comm. pers. de J.-P. Chauveau) ; dér. sur ordre.
Bibliographie. FEW 7, 405b, Ōrdo II 1 a ; FichierFrBE n° 265, avril 1966 ; Défense du français n° 132, septembre 1973 ; GuiraudPop 1973, p. 26 (sans références ni considérations diatopiques) ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi depuis 1980 ; BourquinPays 1985, p. 51 ; BrasseurNantes 1993 ; Lengert 1994 ; ArèsParler 1994 ; OffScrabble 1995.
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