décevoir en bien loc. verb.
◆ Surprendre agréablement. Sa performance exceptionnelle nous a déçus en bien, on s’attendait à pire.
1 « Ce 65 nous a joliment déçu [sic] en bien. Il vaut mieux que son renom. » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 131.
2 « Heureusement, car après le petit millésime 1977 en blanc surtout – le rouge ayant “déçu en bien”, comme disent nos amis vaudois – il aurait été décevant d’avoir des “1978” qui leur ressemblent […]. » L’Express, 21/22 octobre 1978.
3 « Le comportement routier [d’un nouveau modèle de voiture] nous a “déçu [sic] en bien”, comme disent les Vaudois. » La Liberté, 23 octobre 1985.
4 « C’est précisément avec lui que je désire terminer et dire que M. G. nous a prouvé
au moins une chose, c’est qu’il aime beaucoup la Suisse et ses habitants, là franchement
il m’a déçu en bien […]. » L’Est Vaudois, 17 avril 1991, p. 9.
5 « [titre] À Computer 93 la stagnation a déçu en bien [on s’attendait à une chute de la fréquentation] / La foire romande d’informatique
s’est achevée sans que l’on constate de grande variation dans le nombre de visiteurs
par rapport à l’an dernier. » Le Nouveau Quotidien, 1er mai 1993, p. 13.
◇ (très fréquent en tournure passive) Ce film était pas si mauvais finalement, j’ai été déçu en bien. Elle croyait que ça
coûterait plus cher, elle a été déçue en bien.
6 « Au Clos des Abbayes, il serait faux de déclarer, à la vaudoise, que les dégustateurs
furent déçus en bien. Ils furent, carrément, on peut le dire, agréablement surpris. » Tribune-Le Matin, 12 décembre 1974.
7 « [titre] M. Cl. B., directeur des Finances, répond à nos questions / Serons-nous déçus… en bien ? » Bulletin officiel de la Ville de Neuchâtel, 4 juin 1981, p. 5.
◇ déçu en bien loc. part. Agréablement surpris, satisfait contre toute attente.
8 « Si de manière très générale la vendange 77 laissait songeur, le dégustateur vaudois
s’avoue “déçu en bien” par le millésime. » 24 heures, 31 mai 1978, p. 21.
9 « À l’occasion de la prochaine visite de François Mitterrand à Berne, l’hebdomadaire
français “Le Point” présente la Suisse à ses lecteurs, dans son dernier numéro. Comme diraient les Vaudois,
on est “déçu en bien”. On découvre en effet avec plaisir que l’auteur a fait l’effort de sortir des clichés
usés jusqu’à la corde […]. » La Suisse, 6 avril 1983.
10 « Le paysan est généralement “déçu en bien”. Le printemps pluvieux laissait craindre le pire et, finalement, la récolte est satisfaisante. » Tribune-Le Matin, 30 juillet 1983.
11 « Elle [la gagnante d’un concours de beauté] avait un peu peur que le concours soit
du genre “foire aux bestiaux”. Déçue en bien, donc, comme disent les Vaudois. » Le Matin, 10 novembre 1984, p. 15.
12 « Leurs efforts ont finalement été récompensés, puisque, à défaut d’être une grande
année, le millésime 1993 s’avère être une bonne année. C’est donc “déçus en bien” que 15 vignerons de l’appellation Villette ont présenté, au Caveau des vignerons
d’Aran, les chasselas, pinots et gamays de la cuvée 1993. » 24 heures, 18 mai 1994, p. 31.
13 « [titre] Les Vaudois déçus en bien / Dans le canton* de Vaud aussi, on prévoit des récoltes inférieures de 5 à 10 % aux prévisions, soit
36 à 38 millions de litres. Pourtant, quantité et qualité devraient dépasser celles
de 1993. » La Presse, 15 novembre 1994, p. 3.
Localisation. 〈Canton de Vaud〉 ; bien connu (et généralement employé plaisamment) dans les autres cantons, mais
perçu comme typiquement vaudois.
Remarques. On trouve aussi parfois surprendre en bien, de même sens mais plus rare (« Je me suis même plutôt surpris en bien. » J.-L. Benoziglio, Cabinet portrait, 1980, p. 128 ; « La première Face nord de Saillon a surpris en bien même les plus optimistes. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 1er juin 1993, p. 13 ; v. encore s.v. gerle 2).
Commentaire. Innovation suisse romande mal répertoriée dans la lexicographie. Première attestation :
1866 (« J’ai été surpris en bien. » H.-F. Amiel, Journal intime de l’année 1866, p. 275) ; cf. encore cette attestation du xixe s. avec le verbe tromper : « Le blé trompait en bien [en italique dans le texte] pour la quantité et la qualité » (Jean Des Roches [pseud. de Hélène Dufour Monnier], Silhouettes genevoises, 1887, p. 251) ; quant à décevoir en bien, il n’est pas attesté avant 1966 au fichier CD, mais il est sans doute plus ancien. On trouve déçu en mal en 1876 chez Amiel. — À ajouter à FEW 3, 25a, decĬpere.
Bibliographie. IttCons 1970, p. 237 (> CuenVaud 1991) ; Had 1983 ; Nic 1987, 1990 ; LengertAmiel
1998.
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