cicler v. intr. (aussi sicler)
◆ Crier d’une voix aiguë, pousser des cris perçants. Arrête de cicler ! ⇒ ciclée.
1 « […] le chahut monstre continuait et tout à coup elle a ôté sa jupe, nom de Dieu, on
a eu cette fille en slip rebondie et potelée comme une poupée avec des rides aux joues
et des cheveux gris qui se trémoussait en siclant au milieu de la salle. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 227.
2 « […] nous suivons la berge du lac, il fait très beau, presque chaud, nous nous sommes
arrêtées, il y a toute une gerbe de mouettes qui s’agitent et qui ciclent, […]. » A.-L. Grobéty, Pour mourir en février, 1970, p. 114.
Remarques. Comme le mot est très fréquent en France dans certaines régions, en particulier dans
l’Est (v. commentaire ci-dessous), on le trouve parfois sous la plume de journalistes
de la presse nationale comme régionalisme inconscient : « Elles [trois vieilles femmes] continuent à sicler en mettant la main devant la bouche […]. » Le Monde, 23 novembre 1994, p. 16 (chronique de théâtre, Brigitte Salino).
Commentaire. Première attestation : 1820 (GaudyGen). Représentant local d’un type largement diffusé
dans les parlers dialectaux de toute la Galloromania, remontant selon Wartburg à un
latin vulgaire *cĪscŬlare (v. FEW). En France, dans l’usage régional contemporain, on relève encore plusieurs
reflets de cet étymon : Ouest siler “pousser un cri aigu, un sifflement strident ; produire un sifflement”, Touraine, Berry-Bourbonnais siler “siffler (par ex. d’un serpent, d’une oie)”, Poncins (Loire) sicler “crier d’une voix suraiguë”, Morez (Haut-Jura) cicler “pousser des cris aigus”, Savoie, Drôme, sicler “parler d’une voix perçante ; pousser des cris aigus”, Vourey (Isère) “crier d’une voix très aiguë”, Villeneuve sur Marc (Isère) “pousser un (ou des) cri(s) strident(s)”, Izeron (Isère) “pleurer, crier d’une voix perçante”, Grenoble sicler “crier d’une façon très aiguë”, Gap ciscler “crier aigu”, Auvergne chicler “pousser des cris aigus et forts”, Annonay (Ardèche) sicler “crier d’une voix aiguë”, Champsaur (Hautes-Alpes) ciscler “crier aigu” ; cf. encore Québec siler “respirer difficilement, en faisant entendre un sifflement ; produire un son aigu”.
Bibliographie. GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ;
OffnerGrenoble 1894 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 531b ; Pier, PierSuppl ;
GPFC 1930 ; RougéTouraine ; FEW 2, 711b, *cĪscŬlare I 1 ; BiseHBroye 1939 ; ZumthorGingolph 1962, p. 249 ; RLiR 42 (1978), p. 184 ; ColasBordes
1982 s.v. siller ; Pid 1983, 1984 ; « usuel » TuaillonVourey 1983 ; RézeauOuest 1984 ; GononPoncins 1984 ; GermiLucciGap 1985 ;
GuichSavoy 1986 ; DQA 1992 ; « très peu vivant » FréchetMartVelay 1993 ; PotteAuvergne 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; DubuissBonBerryB
1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 (s.v. cicler et sicler, sans renvois réciproques) ; « usuel à partir de 40 ans » FréchetAnnonay 1995 ; OffScrabble 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; PLi 1998.
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