1.♦ Société de tireurs, souvent très ancienne, et dont le concours de tir (normalement annuel ou bisannuel) donne lieu à une fête de village (v. ci-dessous sens 2). Noble abbaye ; abbayes vaudoises, lausannoises ; la Société de l’Abbaye ; l’Abbaye des agriculteurs, des grenadiers, des carabiniers, des fusiliers. ⇒ cibar(r)e ; ciblerie ; roi du tir.
1 « Les principes généraux et fondamentaux de la plupart des abbayes précisent que les membres de la société font profession de patriotisme, d’obéissance aux lois, de respect et d’attachement au gouvernement. » IttCons 1970, p. 17-18.
2 « L’an passé, l’Abbaye des grenadiers des Bioux a fêté son 225e anniversaire, celle des carabiniers de Montreux son 200e anniversaire. 1977 marquera le 450e anniversaire de l’Abbaye des fusiliers de la bourgeoisie* de Moudon et le 350e anniversaire de l’Abbaye des Écharpes Blanches de Montreux. » L’Est Vaudois, 27 février 1977, p. 18.
3 « Vingt-neuf tireurs ont participé à ces joutes pacifiques des deux abbayes de Travers. » L’Express, 8 juin 1977.
4 « M. P. fit l’historique de la société. Le préfet* du district* de Morges, M. J.-J. Gl., souligna l’importance de nos abbayes, véritable coude à coude entre les hommes. » 24 heures, 25 juillet 1977, p. 15.
5 « Une femme passionnée de tir*, Mme M. H.-S., acceptée depuis quatre ans au sein de l’Abbaye des amis de la liberté d’Ollon en a été exclue à cause d’un retour aux anciennes traditions. » Journal d’Yverdon, 20 juin 1986.
6 « Par contre, elle reste une société dont “il faut être” si l’on veut être reconnu dans la région. L’abbaye permet le développement d’un réseau de connaissances, voire d’une “clientèle”, électorale ou commerciale. […] À une époque où beaucoup de gens souffrent de l’anonymat et de la course à l’individualisme, où ils ont parfois le sentiment d’être interchangeables, l’appartenance à l’abbaye offre une reconnaissance de son identité, ce qui fait probablement une partie de son succès. » La Presse, 13 mai 1994, p. 2.
7 « [titre] Yverdon-les-Bains / Après une version 2002 réduite à sa plus simple expression, l’Abbaye des Armes Réunies a pu trouver son cours normal cette année. » 24 heures, 16 juin 2003, p. 23.
↪ V. encore s.v. abbé-président.
2.♦ Fête de village, le plus souvent annuelle ou bisannuelle, organisée par une société de tireurs (v. ci-dessus sens 1).
★ L’événement central de l’abbaye est le concours de tir*, lors duquel les meilleurs tireurs sont couronnés rois* et vice-rois*. Les abbayes durent souvent jusqu’à trois jours, et peuvent comporter une journée spéciale pour les jeunes ; on y danse et l’on s’y restaure sous la cantine*. La veille, le matin, le jour, le soir de l’abbaye ; le bal, la fête, le tir* de l’abbaye ; faire, célébrer, manquer l’abbaye ; courir les abbayes, venir à l’abbaye, aller faire un tour à l’abbaye. ⇒ abbé-président ; bénichon ; Saint-Martin ; tir II ; vogue.
8 « Elle l’entend buter contre les marches d’escaliers quand il va se coucher, et tous les dimanches il court les abbayes. » S. Chevallier, Le Silence de la terre, 1961, p. 29.
9 « Et aux Abbayes, qui sont de très anciennes fêtes de tir*, on danse, on boit, on élit un roi*, on distribue des couronnes, des médailles, des rubans, des assiettes décorées d’arbalètes, de mousquets, de vieilles carabines et de drapeaux flottant sur des faisceaux. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1969, p. 74.
10 « Aux Bayards, on trouvait encore de l’absinthe. On la buvait ouvertement, lors de l’Abbaye [en ital. dans le texte] du village en tous les cas. » M. North, J. Montandon, Neuchâtel à table, 1973, p. 116.
11 « Le matin de l’abbaye on se levait très tôt pour aller mettre des roses aux couronnes. » 1977, RSR (VD Rougemont).
12 « ABBAYE DE ROMANEL-JOUXTENS-VERNAND, ROMANEL-SUR-LAUSANNE. 11, 12, 13 juin 1977. Samedi soir, grand bal […]. Dimanche, venez dîner* sous la cantine*. Lundi, journée des enfants. » 24 Cités, 24 mai 1977, p. 23.
13 « Abbaye estivale / Près d’une soixantaine de tireurs s’étaient donné rendez-vous samedi dès 9 h. au Stand de Bullet pour y disputer les différents challenges et distinctions mis en jeu par la Société de tir* “Aux Armes de guerre” de Bullet. » Journal d’Yverdon, 20 août 1986, p. 12.
14 « Cependant, même si le tir* constitue le fondement de l’Abbaye, la manifestation est avant tout une fête populaire. » 24 heures, 16 juin 2003, p. 23.
↪ V. encore s.v. abbé-président et boutefas 1.
3.♦ Confrérie, corporation laïque. ⇒ confrérie.
15 « L’Abbaye des Maçons de Fribourg, dont la structure et les buts ont évolué au cours des siècles, a marqué de sa puissance et de son efficacité l’histoire des corporations fribourgeoises. C’est ce qui explique qu’elle ait survécu et que ses membres actuels cultivent encore avec bonheur les vertus de leurs ancêtres, celles de l’amitié et de la conscience professionnelle. » M.-Th. Torche-Julmy, H. Foerster, L’Abbaye des Maçons de Fribourg, 1981, p. 3.
16 « La vénérable Abbaye des maçons, Confrérie* de Saint-Théodule, rendra hommage à ses membres décédés durant l’année 1993, lors de la messe célébrée en l’église paroissiale de Neyruz […]. » La Liberté, 23/24 octobre 1993.
Localisation. Essentiellement attesté dans VD et NE (sens 1 et 2). La réalité désignée par abbaye est limitée à ces cantons, mais le mot lui-même est connu au-delà, comme le suggèrent les attestations relevées dans des journaux de Genève et de Fribourg (mais référant à des manifestations vaudoises ou neuchâteloises). Sens 3 : FR.
Remarques. Mot très répandu. Il n’existe pas d’équivalent en français de référence pour abbaye “société de tireurs ; fête de cette société”. — Le sens de “monastère dirigé par un abbé, une abbesse ; bâtiments de ce monastère” a aussi cours en Suisse romande. — On trouve encore dans la documentation le dérivé abbayssann. m. “membre d’une abbaye” (24 Cités, 25 avril 1978, p. 7) ; cf. abayssant “id.” (GPSR 1, 36a s.v.).
Commentaire. Au sens 1, attesté en français régional depuis le xviie siècle (v. Pier). Jean-Jacques Rousseau, dans sa correspondance, mentionne « l’abbaye de l’arquebuse de Couvet » (1765, v. GPSR 1, 36b s.v. abbaye 2 °C). Le sens 2 est attesté depuis 1697 (v. Pier ibid. 2°). Le type abbaye, bien représenté dans les patois de la Suisse romande, a connu plusieurs sens : en plus de celui de “monastère gouverné par un abbé ou une abbesse”, qu’il partage avec le français de référence, on relève entre autres celui de “corporation ou confrérie, association organisée dans un but commun”, qui ne survit aujourd’hui qu’à Fribourg (sens 3). Ce sens laïque (dont le sens plus récent de “société de tir” représente une spécialisation) dériverait du sens religieux (d’après GPSR ; mais cf. J. Ahokas, NphM 63, 100-101 pour une critique de cette hypothèse). Quant au sens de “fête d’une société de tir”, le plus fréquent dans l’usage contemporain, il est aussi le plus récent. Le sens de “local de certaines confréries”, attesté du xve au xixe siècle en Suisse romande (v. Gdf 1, 605c s.v. bay ; GPSR 1, 37a s.v. abbaye 3° ; Pier s.v. abbaye 4°), mais tombé aujourd’hui en désuétude, aurait été connu « dans le Midi » (cf. LittréSuppl s.v. abbé). Cf. encore mfr. abbaye “fête bouffonne organisée annuellement” (Rouen 1587, Lac), frcomt. abbaye “association de plaisir” (xviie s., Monnier). — LittréSuppl 1877 s.v. abbé ; Gdf 1, 605c ; FrançJJRouss ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 1 ; Pier, PierSuppl ; GPSR 1, 36-41 ; J. Ahokas, « De l’emploi des mots abbé et moine pour désigner des personnes et des organisations laïques », NphM 63 (1962), 81-106 ; MeijerEnq 1962, p. 129 ; FEW 24, 16a, abbatia I ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; PledariGrond ; Lengert 1994.
abbayssan→ abbaye Rem.
abbé-présidentn. m. (parfois abbé président ou abbé)
♦ Président d’une abbaye* ou d’une confrérie*, chargé entre autres choses de l’organisation de festivités. L’abbé-président de l’Abbaye*, de la Confrérie* ; devenir abbé-président ; ancien, nouvel abbé-président ⇒ abbaye ; confrérie.
1 « Un nouveau cortège a conduit tout le monde à la grande salle où la distribution des prix a précédé les agapes, suivies de la partie oratoire présidée par M. M. Cl., au cours de laquelle MM. D. Br., abbé-président, B. B., délégué des abbayes* invitées d’Echallens et de Goumoëns, V. Cl., syndic*, et R. D., préfet*, se sont exprimés, le dernier orateur portant le toast à la patrie. » 24 heures, 1er septembre 1976, p. 27.
2 « Roi* du tir il y a dix ans, ancien abbé-président de l’Abbaye* de la Saint-Jacques, il a marié la moitié de la population des communes de Saint-Prex, d’Etoy et de Buchillon, alors qu’il était officier d’état civil. » 24 heures, 15 septembre 1976, p. 3.
3 « C’était la première fois, depuis le décès de l’ancien abbé-président A. L. le 23 mai dernier, que son successeur, le nouvel abbé Ph. D., présidait une assemblée générale. » Tribune-Le Matin, 24 octobre 1976, p. 17.
4 « “La Fête des Vignerons sera célébrée du 30 juillet au 14 août”. Par ces mots, l’abbé-président de la Confrérie* des vignerons a proclamé hier la grande fête que chaque génération consacre à honorer le travail de la vigne sur la Riviera vaudoise. » La Liberté, 20 mai 1977, p. 3.
5 « En qualité d’abbés-présidents de la Société l’Abbaye* d’Yverdon et de la Société l’Abbaye* des Armes réunies, nous avons l’honneur de vous adresser une pétition concernant le retour de la Fête de l’Abbaye* sur la place* d’Armes de notre bonne ville d’Yverdon-les-Bains. » Journal du Nord vaudois, 6 octobre 1990, p. 22.
6 « […] l’abbé président, Chr. P., a lancé un appel aux adhérents afin qu’ils recrutent de nouveaux membres jeunes et motivés. » 24 heures, 25 janvier 1993, p. 21.
7 « L’abbé-président M.H. C. a d’ailleurs rappelé aux jeunes que le tir* devait être considéré comme un sport à part entière, nécessitant investissement et sérieux. » 24 heures, 16 juin 2003, p. 23.
↪ V. encore s.v. confrérie ; major de table.
Localisation. Vaud et Neuchâtel ; à l’occasion, on peut lire le mot dans des journaux genevois et fribourgeois.
Remarques. Lorsqu’il s’agit d’une confrérie*, on rencontre aussi les mots gouverneur ou président.
Commentaire. La première attestation de abbé en français régional avec le sens de “chef d’une corporation de métier ou d’une société de tir” date de 1685 (sous la forme abé, cf. GPSR 1, 41ab s.v. abbé 2°). La forme abbé-président est beaucoup plus récente ; on en trouve une première attestation, de manière indirecte, dans GPSR 1, ibid. : « à Vevey et à Montreux, il [le terme abbé] est souvent modernisé par l’addition du mot président » (1924). Dans l’usage contemporain, le composé est plus fréquent que le simple. — On trouve dans d’autres régions des emplois semblables, cf. LittréSuppl (abbé « nom donné autrefois aux chefs de certaines confréries d’artisans dans le Midi ») et FEW 24, 15a (mfr. abbé “chef élu de la jeunesse organisatrice des fêtes au village” Rouen 1587, Lac ; prov. abbá “prince de la fête” ; mars. abá “chef des danses, celui qui préside aux jeux et qui prie à danser” ; Béziers abat “chef d’une société”). Des emplois semblables ont été relevés dans le nord du domaine italoroman (v. LEI 1, 49-50). — LittréSuppl 1877 ; Pier ; GPSR 1, 41-42 ; J. Ahokas, « De l’emploi des mots abbé et moine pour désigner des personnes et des organisations laïques », NphM 63 (1962), 81-106 ; FEW 24, 15a, abbas,-atis I ; TLF 1, 74b s.v. abbé Hist ; LEI 1, 49-50, abba, abbatis.
abéquage→ abéquer Rem.
abéquerv.
I.♦(v. tr.) Mettre un objet dans une position élevée et souvent instable, précaire ou difficile d’accès ; jucher. ⇒ aguiller.
1 « La cruche est tombée, il l’avaitabéquée au bord du tablard*. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
◇ (en part.) Abéquer des échalas, les planter provisoirement à la main dans la terre, avant de les enfoncer définitivement avec un piochard [= sorte de pioche destinée à cet effet].
II.♦s’abéquerv. pron. Se jucher, grimper, monter.
2 « Les ouvriers se sont abéqués sur le clocher pour en nettoyer les tuiles. » CuenVaud 1991.
III.♦abéqué, ‑éepart. passé-adj. Installé en équilibre instable sur le rebord d’une surface plane. Bouteilles abéquées sur le bord d’une tablette.
3 « Dans le chantier de la voirie, les triangles*, repeints à neuf, semblent tenir séance secrète sur le chômage qui les guette ; “abéqués” au bord du talus, leur nez humant l’herbe jaunie, ils attendent qu’un bon coup de vent leur fasse faire une glissade. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 108.
4 « Avec sa remorque abéquée là, un coup de vent, elle est en bas. » Témoin de 65 ans, installateur à la retraite et vigneron, 19 mars 1978 (NE Bevaix).
◇ Accroché.
5 « Comment, ce jour-là, le bâton du fin haut s’est décroché pour entraîner dans sa chute tous les autres pendus au-dessous ? On ne le saura jamais ; les “chanets” [= chenets] étaient mal “abéqués”, a dit le grand-père ; […]. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 174.
◇ Perché, juché ; assis d’une façon précaire. Gamin abéqué sur un arbre. Être abéqué sur un tabouret, sur un strapontin.
6 « Moi je prie beaucoup, ça me tranquillise. Avec mes hommes toujours abéqués [son mari et son fils sont couvreurs], je serais toujours en déguille*. » Témoin âgé de 60 ans, décembre 1979 (NE Bevaix).
7 « Ils étaient “abéqués” tant bien que mal sur des planches appuyées sur les traverses, ballottés par l’instabilité du triangle*. » M.-F. Schenk, Notre autrefois, 1993, p. 77.
↪ V. encore s.v. groise.
Localisation. Vaud, Neuchâtel ; III est aussi connu à Genève.
Remarques. Mot tendant à vieillir. Dans le même champ sémantique, aguiller est mieux attesté (v. ce mot). — Le dérivé abéquagen. m. “choses appuyées ou juchées plus ou moins en équilibre” est encore connu chez les témoins âgés de plus de soixante ans dans le canton de Neuchâtel (tous les districts sauf Val-de-Ruz ; v. AmezLex 1992). ⇒ aguillage 1.
Commentaire. Première attestation en français régional : 1820 (GaudyGen), sous la forme abéquer ; 1892, sous la forme abecqué (v. PierSuppl). Transposition d’un type connu dans les patois, v. GPSR 1, 45ab. Manque dans FEW 1, 308a, beccus serait à classer auprès de Blon. abẹtsiv. intr. “reposer à peine sur qch. et risquer de tomber”. — GaudyGen 1820, 1827 ; BonNeuch 1867 ; Pier ; GPSR 1, 45ab s.v. abéka̩ ; IttCons 1970 ; AmezLex 1992.
abondance→ carotte rouge Rem.
abord (d’)adv.
1.♦ Immédiatement, tout de suite. Il est arrivé d’abord après.
1 « Lundi matin faut aller au boulot, pasque le patron, i t’a d’abord foutu dehors [sinon le patron te met tout de suite à la porte]. » Témoin âgé de 40 ans, VS Martigny, 29 octobre 1978.
2 « Je me couchais, c’était pas onze heures, il est arrivé d’abord après. » Locutrice âgée de 73 ans (VD Nord), 24 décembre 1986.
2.♦ Bientôt. C’est d’abord trois heures, il est bientôt trois heures.
3 « Cela ne m’ennuie pas du tout, tu sais. Et puis, mon dîner* sera d’abord prêt. » J. Matter, Parsifal, 1969, t. II, p. 192.
4 « Il faut transpirer, ça veut* d’abord passer [ça va bientôt passer], tu sais. Deux trois jours, terminé ! » RSR, 8 mai 1976.
5 « Je porte le fumier à la vigne, c’est encore vite fait, j’ai d’abord fini. » Témoin âgé de 70 ans, NE Bevaix, 22 novembre 1978.
6 « Ce Pernet-là avait un fusil ; il a dit : / – Je vais tuer cet ours, j’en ai d’abord assez. » A. Pernet, Contes et légendes de Fribourg, 1984, p. 49.
7 « On est d’abord à la mi-novembre, il faut rentrer les géraniums. » Émission Monsieur Jardinier, RSR, 9 novembre 1986.
8 « [entendu dans un train sur le point d’arriver à Berne] On va d’abord arriver. » Témoin vaudois dans la soixantaine, 28 juin 1993.
Localisation. VD, VS, NE ; encore d’usage courant au sens 1 à Genève.
Remarques. Tend à vieillir.
Commentaire. Le sens 1 est attesté en fr. class. (1607–1771, v. FEW 15, I, 186a ; v. encore Littré pour de nombreux exemples, et FrêneJourn pour la Suisse romande) et dans plusieurs parlers dialectaux, en particulier dans l’est et le sud du domaine galloroman (wall., SR, sav., lyonn., mars., lim., béarn. ; v. FEW ibid.), mais aussi dans le français de la Charente (ColasBordes 1982). En fr. de Suisse romande, il apparaît chez des écrivains de la première moitié du xxe siècle (C.-F. Ramuz, P. Budry). Le sens 2 s’est développé à partir du sens 1 au xixe siècle ; il est également attesté dans plusieurs parlers dialectaux, du nord au sud de la moitié orientale du domaine galloroman (wall., ard., centr., bourg., SR, sav., lyonn., dauph., lang., auv.), ainsi qu’en fr. rég. de l’Ain, de Poncins (Loire), de Lyon, d’Isère et de Savoie. En Suisse romande, on le trouve depuis 1812 (« Ici ne pâlit pas ensuite d’une gloire d’abord passée la délicatesse de la fleur divine de la belle vie, même sous la main terrible des siècles elle paraît encore fraîche dans ce pays pastoral », H. Schiner, Desc. Dpt du Simplon, p. 220). — La citation n° 28 de l’article abord du TLF, tirée de HumbGen 1852, n’illustre pas exactement le même sens que les autres citations : dans l’usage suisse romand, d’abord “bientôt” ne s’oppose pas à un après, ensuite, puis, enfin, toujours au moins implicite dans l’usage du français général tel qu’illustré par les autres citations. L’exemple tiré de HumbGen serait donc à classer à part, avec une marque régionale (de même que les citations n° 35 et 37, également tirées de HumbGen ; cf. en outre les citations n° 57 et 58, qui illustrent des sens particuliers au français du Québec, et qui sont, elles aussi, données sans marque diatopique). — GuilleDial 1825, p. 88 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; PuitspeluLyon 1894 ; Pier ; PierSuppl ; GPSR 1, 64a-65a ; FEW 15, I, 186a, bord SchüleNendaz 1963 ; TLF 1, 154a-158a s.v. abord ; Alpha 1982 ; ColasBordes 1982 ; GononPoncins 1984 ; GuichSavoy 1986 ; DucMure 1990 ; VurpasLyonnais 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; SalmonLyon 1995 ; FréchetAin 1998.
1 « On fait aussi de remarquables kirschs, d’excellentes prunes, des quetsches délicieuses. On distille l’abricot, qui produit une eau-de-vie fine et délicate. Tout au plus faut-il regretter que, pour certaines de ces spécialités, des commerçants aient semé la confusion dans le public en baptisant du même nom l’alcool et la liqueur issus d’un même fruit. Prenez garde si on vous propose une williamine ou une abricotine : est-ce eau-de-vie ou sirop alcoolisé ? » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 116.
2 « À vendre / abricotine et williamine* de ma production, à 50°. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 24-26 décembre 1976, p. 12.
3 « Loèche-les-Bains, à louer / appartement de 2 1/2 pièces / meublé, 4 lits, TV, balcon, libre tout de suite 50 fr. par jour. / Même adresse : très bonne abricotine paysanne. » Le Pays, 29 mars 1993, p. 22.
4 « Dans cet îlot de fraîcheur, le patron prépare des produits maison alors que son épouse propose pas moins de treize fondues originales : des raisins secs aux herbes de montagne en passant par la tomate, les champignons, les chanterelles, l’abricotine, le whisky, les amandes et les noix. » Le Nouveau Quotidien, 25 mai 1993, p. 32.
Localisation. Le produit est originaire du Valais, mais est aussi connu ailleurs en Suisse romande.
Commentaire. Dérivé fait sur abricot à l’aide du suffixe ‑ine, qui s’applique entre autres à « un produit extrait à partir d’une substance végét. » ; mais il s’agit en général de produits chimiques (caféine, théine, cocaïne, etc. ; v. TLF 9, 1294b, ‑in, ‑ine III A). À aj. à FEW 9, 286b, praecoquum auprès de frm. abricotine f. “esp. de prune”, etc. GR 1985 (et 2001) le donne sans marque régionale, mais ne cite pas ses sources. Le mot a été relevé chez San Antonio (La Matrone des sleepings, Paris, Fleuve noir, 1993, p. 95), mais sans qu’il soit possible de le localiser.
académicien, -ennen. m., f.
♦ (Emploi critiqué) Étudiant(e) diplômé(e), personne ayant une formation universitaire. ⇒ académique ; dies academicus ; universitaire.
1 « Celui qui quitte aujourd’hui une haute* école avec un diplôme dans sa poche avait débuté ses études à une époque où l’on manquait d’académiciens. » 24 heures, 11-12 décembre 1976, p. 6.
2 « […] le chômage des académiciens met aussi un frein à l’entrée dans les universités. » La Liberté, 26/27 novembre 1983.
3 « Aujourd’hui, B. S. s’est retiré de ses occupations d’avocat et il désire, avec son épouse, accorder son soutien à la Faculté de droit et à ses jeunes académiciens. » La Liberté, 11 juillet 1995, p. 9.
◇ (en apposition) Femme académicienne.
4 « Pour ce thème, une exposition illustrant le parcours de femmes académiciennes de l’Université de Fribourg et les photos des femmes en politique aujourd’hui. » Lettre d’information de l’Association des amis de l’Université de Fribourg, décembre 1995, p. 2.
Remarques. Emploi plutôt rare. Le mot évoque d’abord et avant tout, comme dans les autres pays francophones, les membres de l’Académie française. Cf. cependant universitaire (v. ce mot).
Commentaire. Survivance d’un usage antérieur au xxe siècle (⇒ académique), soutenue par l’influence de l’all. Akademikern. m. “personne qui a fait des études universitaires”. Première attestation (avec le sens d’“universitaire”) : 1857, A. Daguet, Revue des principaux écrivains littéraires de la Suisse française, Fribourg, p. 30, cité dans J. Humbert, Louis Bornet (1818-1880) et le patois de la Gruyère, p. 113. On rencontre au Luxembourg académicienn. m. “étudiant diplômé de l’université”, sous l’influence de l’allemand (Hanse 1987). L’italien régional du Tessin connaît accademicon. m. “persona con formazione universitaria, laureato”, de l’all. Akademiker (Lurati 1976 ; Petralli 1990). — Serait à ajouter à FEW 24, 65b, ACADEMICUS 2 a. — Lurati 1976 ; Défense du français n° 156 (janvier 1976) et n° 257 (février 1986) ; Hanse 1987 ; Petralli 1990.
académiqueadj.
♦ Qui concerne l’université et les études universitaires. Carrière académique ; branche* académique ; calendrier académique ; résultats académiques ; le monde académique ; vacances académiques. ⇒ académicien ; dies academicus.
1 « Pour les autres branches* académiques, les universités sont autonomes. » La Liberté, 26-27 novembre 1983.
2 « Et malgré le non cruel à l’EEE [= Espace Économique Européen], la décision n’a nullement signifié l’immobilisme académique, preuves en sont les multiples et récentes conventions signées entre plusieurs universités suisses et étrangères dans le but de faciliter les échanges de professeurs et de susciter la curiosité et la mobilité des étudiants. » L’Impartial, 25 janvier 1993, p. 17.
3 « A.B.D., médecin adjoint en médecine nucléaire au CHUV [= Centre hospitalier universitaire vaudois], déléguée de l’Université aux questions féminines, note que pour une femme mariée il est très difficile de mener une carrière académique, celle-ci comportant recherche, publications, enseignement et activités annexes. » Femina, 31 janvier 1993, p. 16.
4 « La revue qui paraît aux Équinoxes sert de courroie de transmission. Son objectif : diffuser les travaux des jeunes chercheurs romands. La plupart de ces écrits académiques, qui ne sont parfois que des exercices, finissent trop souvent entassés dans les sous-sols des bibliothèques. » La Liberté, 20-21 février 1993, p. 23.
5 « La fauche académique existe. Les hautes* écoles la vivent au quotidien. Meubles, argent, mais surtout matériel informatique et audiovisuel sont la proie des voleurs dans les universités. » Le Nouveau Quotidien, 28 mai 1993, p. 23.
6 « Vous avez interrogé 3200 personnes de six professions […]. Résultat, on ne trouve aucune corrélation entre réussite professionnelle et résultats académiques. » L’Hebdo, 3 juin 1993, p. 51.
↪ V. encore s.v. Alleingang ; Dies academicus ; encouble 1.
◇ « Service académique. Informations sur les inscriptions, règlements, horaires des cours et formulaires administratifs » (Site Internet de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, 2004). ⇒ fédéral I 3.
◇ Année académique, période administrative dans les universités qui s’étend généralement d’octobre à septembre.
7 « Pour l’année académique 1993-94 notre université a déposé 14 demandes à Bruxelles ; le résultat de celles-ci ne sera connu que dans le courant du printemps 1993, vraisemblablement à fin mai. » UniNeInf, février 1993, p. 12.
8 « La Fédération des associations d’étudiants propose d’organiser l’année académique en trois trimestres, dont deux obligatoires, afin d’utiliser les infrastructures aussi en été. » La Liberté, 18 février 1993, p. 11.
9 « D’abord, il paraît que, même avec huit heures d’enseignement, le temps disponible pendant la semaine et pendant les longues vacances académiques reste suffisant pour mener des recherches conséquentes (même dans la perspective d’une année académique à trois trimestres […]). » L’Auditoire, n° 82, avril 1993, p. 6.
↪ V. encore s.v. volée 1.
◇ Liberté académique, droit de l’étudiant de choisir ses cours ; droit de l’étudiant de ne pas assister à ses cours.
10 « Un autre élément qui limite les possibilités d’adaptation est celui des cours obligatoires, principe qui, même s’il est parfois nécessaire, va à l’encontre de la liberté académique et du libre choix de l’étudiant […]. » L’Auditoire, n° 82, avril 1993, p. 7.
11 « Le temps de la liberté académique, que j’ai beaucoup appréciée, est malheureusement terminé. À la manière des écoles polytechniques, les universités vont être beaucoup plus structurées. » L’Hebdo, 28 octobre 1993, p. 54.
◇ Quart d’heure académique, période qui précède le début effectif d’un cours. (Fig.) Répit, sursis :
12 « Mais le soir son adjoint devait, lui, courir à la gare supplier et emberlificoter les contrôleurs afin d’obtenir un sursis d’horaire, un quart d’heure académique du petit train bleu. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1976 (1re éd. 1965), p. 152.
◇ Société académique, dont l’objectif est de récolter des fonds pour une université (cf. all. de Suisse Hochschulverein). Se dit aussi de sociétés qui regroupent des étudiants (cf. all. de Suisse akademische Verbindung) :
13 « La Société académique Fryburgia, une section de la Société des étudiants suisses à l’Université de Fribourg, fête son 75e anniversaire et propose une table ronde […]. » La Liberté, 15 mai 1993, p. 16.
Remarques. Le mot du français commun, universitaire, est aussi employé en Suisse romande (mais comme substantif il a un sens plus large ; v. ce mot à la nomenclature). — Cf. frm. quart-d’heure académiquen. m. “retard” (« d. [= début] xxe » DunetonBouquet, sans références).
Commentaire. Les établissements d’enseignement supérieur s’appelaient autrefois Académie en Suisse romande (1537-1890 à Lausanne, 1550-1873 à Genève ; 1840-1909 à Neuchâtel ; v. GPSR 1, 85b). Le substantif a été remplacé par Université, mais l’adjectif (att. dp. 1839, LengertAmiel ; Ø GPSR, Pier) est resté. Comme cet emploi du mot coïncide avec l’all. akademischadj. “universitaire”, on l’a souvent interprété comme un germanisme ; il est vrai que le contact avec l’allemand a dû contribuer à son maintien. Cf. encore ital. du Tessin accademico “id.” (Lurati 1976), qui participe toutefois de l’usage italien standard. Également en usage au Canada (où il peut avoir en outre le sens de “scolaire” ; DHFQ 1998) et en Belgique (MassionBelg, FuchsBelg), sous l’influence respec-tive de l’anglais et de l’allemand (cf. les syntagmes année, liberté académique DFQMs ; année, liberté, quart d’heure académique MassionBelg ; grades académiques FuchsBelg). Le synt. liberté académique désigne toutefois en Belgique la liberté dont jouissent les enseignants universitaires dans leurs activités d’enseignement et de recherche, et ne se rapporte pas aux étudiants (comm. pers., Michel Francard, 15 août 1997). — Le sens de “relatif à une division territoriale et administrative de l’université” (TLF s.v., sens IVa) est un statalisme français qui n’a pas cours dans les autres pays francophones. — TLF 1, 299a, académique IVc ; FEW 24, 64b-65a, academia Lurati 1976 ; Alpha 1982 ; Hanse 1983, 1987 ; GR 1985 ; MassionBelg 1987 ; FuchsBelg 1988 ; PLi dp. 1989 ; DunetonBouquet 1990 ; Lengert 1994 ; Belg 1994 ; ThibQuébHelv 1996, p. 353 ; DHFQ 1998 ; LengertAmiel 1998 ; GR 2001.
accéléré, -éeadj. et n.
♦ (Train) accéléré, (train) qui ne s’arrête pas à chaque gare comme le train régional*, mais qui dessert plus de gares que le train direct*. (Bus, course) accéléré(e), qui ne s’arrête pas à tous les arrêts. ⇒ direct ; régional.
Commentaire. Terminologie officielle des CFF*. L’accéléré est l’équivalent du train express de la SNCF en France. En Suisse, correspond à l’all. Eilzug, à l’ital. treno accelerato et au rom. tren rapid ou tren express. En Italie, on appelait autrefois treno accelerato celui qui s’arrête à toutes les gares (désormais treno locale, v. Petralli, p. 257). — Serait à ajouter à FEW 24, 69b, ACCELERARE 1 a. — Petralli 1990 ; Indicateur officiel 1992-1993 ; PledariGrond 1993.
à chef→ chef (à ‑)
acheminement→ numéro postal d’acheminement
à choix→ choix
achotter→ chotte Rem.
acouetn. m.[akwɛ] (parfois accouet)
♦ (fam.) Courage, énergie, élan. Avoir de l’acouet.
1 « Je me demande si j’avais bien l’acouet pour répondre à vos questions. » 15 novembre 1975, RSR.
2 « Depuis qu’elle est veuve, elle n’a plus tant d’acouet. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
3 « Mais la réflexion du gros Jules m’a rappelé une histoire qui s’est passée dans ma petite pinte* préférée, sous la tonnelle, en plein été, vers les années 60, un soir où il faisait une tiède* telle qu’on n’avait plus l’acouet de parler longtemps. » Lausanne-Informations, 12 janvier 1977, p. 16.
4 « Voilà bientôt cinquante ans que, tous les matins, ma Louise me dit qu’elle n’a pas d’acouet. » Chronique de R. Riesen, La Suisse, 1er décembre 1993, p. 22.
◇ Ne pas être d’acouet, ne pas avoir d’entrain, ne pas être dans son assiette.
5 « Je ne suis pas d’acouet aujourd’hui. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
Localisation. VD, NE.
Remarques. Paraît limité aujourd’hui à l’usage oral ; mais v. WisslerVolk 1909, 104 pour des attestations dans la littérature (1892, 1896, 1903).
Commentaire. Emprunt à la forme dialectale akouè (déverbal de akoulyi au sens de “donner de l’entrain à qn” ⇒ aitieuds ; v. GPSR 1, 253a), de même sens ; doublet du français accueil. Premières attestations en français régional : 1825 sous la forme acout ; 1852 sous les formes acoi, acoué ; 1861 sous la forme accouet ; 1864 sous les formes accuet, acoué. La Savoie connaît aussi acouet “entrain, vogue”, avoir de l’acouet “avoir des amateurs, des acheteurs” (v. FEW). — GuilleDial 1825 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; WisslerVolk 1909 ; Pier ; PierSuppl ; GPSR 1, 248b-249b s.v. akouè̩ ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; IttCons 1970, p. 238 ; FEW 24, 79b, accŎllĬgere ; ArèsParler 1994.
■ [P. K.] Pierre KNECHT
acte d’origine→ origine I
actif→ citoyen actif
actionn. f.
1.♦ Opération commerciale et souvent publicitaire visant à accroître le volume des ventes, à promouvoir un produit. Action spéciale. Action publicitaire. Entreprendre, participer à, organiser, envisager une action.
1 « […] 1200000 kg [d’abricots] attendaient preneur dans les frigos, et l’attente ne peut dépasser quelques jours. Des actions spéciales sont envisagées, notamment quelques exportations. » Le Sillon romand, 6 août 1976, p. 7.
2 « Dans les vitrines des magasins, cette affiche signifie que le propriétaire participe du 13 au 18 septembre à l’action “cadeau-jubilé”. » Journal du Jura, 11-12 septembre 1976, p. 4.
3 « Une action “jus de raisin” va être entreprise. Par le biais du statut du vin, 40000 hectolitres de moût seront subventionnés […]. Les subventions permettront de rendre le jus de raisin suisse concurrentiel. […] D’autres actions de soutien peuvent être envisagées, comme la participation aux frais de stockage ou des facilités pour les achats que doivent effectuer les producteurs. […] Mais il reste la qualité. Et c’est pourquoi, au mois de juin, alors que la récolte était déjà fort prometteuse, la Division fédérale* de l’agriculture a envisagé une action “raisin de table”. » 24 heures, 15 septembre 1976, p. 45.
4 « Cette année, par exemple, la saison a été mauvaise pour le manteau : nous avons donc écoulé certains modèles au cours d’actions qui servent à animer la vente. » Courrier de Genève, 19 janvier 1977, p. 9.
5 « Groupement des commerçants d’Aigle : action pascale ! À l’occasion des fêtes de Pâques, le groupement des commerçants d’Aigle a organisé une action de charme en faveur de ses clients : c’est ainsi qu’aujourd’hui et samedi, une petite maisonnette contenant des œufs-friandises sera remise par les commerces qui ont participé à cette opération. » L’Est Vaudois, 7 avril 1977, p. 16.
2.♦ (en part.) Vente promotionnelle à prix réduit, le plus souvent dans un supermarché ou un grand magasin, de produits d’alimentation et de consommation courante. Action spéciale, limitée, exceptionnelle ; grande, bonne, super action ; action-épargne, action échanges, action prix choc, action vedette ; action de vente, d’ouverture, de reprise ; action fin de semaine, action de la semaine, du samedi ; action vacances, action (de) printemps, d’été, de fête, de Noël ; action alimentaire ; action + nom du produit ; action sur + nom du produit ; action de + nom du produit ; prix action, prix d’action, offres-action ; festival d’actions ; bénéficier, profiter d’une action ; proposer une action.
6 « Action géraniums / La commune de Sierre organise à nouveau cette année une action de vente de géraniums à prix réduit afin de contribuer à la décoration des bâtiments privés. […] Geranienaktion / Zum Ausschmücken der Privathäuser organisiert die Gemeinde Siders dieses Jahr wieder eine Verkaufsaktion […]. » Journal de Sierre, 14 mai 1971, p. 2.
7 « Et oui ! Nous, ménagères, nous nous laissons duper par nombre de maisons qui, sous prétexte de faire des “actions”, haussent le prix tant et plus. […] Nous trouvons beaucoup d’“actions” dans nos achats et de “fameuses actions” qui ne sont autres que des “attrapes-nigaudes”. » La Liberté, 28 mai 1971, p. 21.
8 « C’est la machine qu’il vous faut, Madame ! Durant notre action ce modèle standard, qualité Miele, est vendu à un prix extraordinairement avantageux. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 26 mars 1975.
9 « Différentes actions de ventes furent proposées à l’assemblée qui donna le “feu vert” au comité, afin de s’occuper activement de ces promotions. » Le Pays, 18 mars 1977, p. 5.
10 « Une autre preuve de notre niveau constant d’efficacité est fournie par nos actions qui sont en fait des réductions de prix limitées dans le temps sur des articles d’usage courant. […] Ces annonces, en partie également publiées dans la presse quotidienne, donnent des informations précises sur les articles en action [v. ci-dessous], sur la durée de ces actions et sur le montant effectif des différentes réductions de prix. Ces actions sont de plus signalées clairement et distinctement dans nos magasins et une partie d’entre elles font encore l’objet d’une publicité télévisée. » 24 heures, 18-20 septembre 1977, p. 9.
11 « Les commerçants risquent des amendes, parfois salées, en utilisant pour leur publicité le mot “action”, proscrit par l’ordonnance fédérale* sur les liquidations et opérations analogues pour la vente d’un certain nombre de produits. » Tribune-Le Matin, 11 janvier 1978.
12 « Les actions alimentaires de la publicité JUMBO sont valables jusqu’au samedi de la semaine en cours. Afin que chaque client puisse en profiter, elles ne sont vendues que par quantités ménagères. Pas de vente aux grossistes, ni aux revendeurs. » Publicité, février 1993.
13 « Action, offre exceptionnelle, concours, tout est bon pour accrocher un client. […] Chez Coop, “on met l’accent sur les actions, qui sont plus fréquentes et plus importantes. L’écart entre le prix normal et le prix promotionnel est de 22,3 %.” Migros va dans le même sens : P. D. note un plus grand nombre d’actions en 1993 […]. » Le Nouveau Quotidien, 12 juillet 1993, p. 3.
↪ V. encore s.v. profiter 1, 3 ; ti(p)er 1 ; tout-ménage.
◇ (exemples métalinguistiques)
14 « Mais la loi reste la loi. Et si l’horrible mot “action” est toléré pour certains articles d’alimentation ou de consommation courante, il ne l’est pas lorsqu’il s’agit de vente au détail d’autres biens de consommation. » L’Express, 11 janvier 1978, p. 3.
15 « Légitime satisfaction pour les francophones : ici on parle de “promotions” et non plus d’“actions”. » La Suisse, 1er septembre 1993 [article sur l’implantation d’une grande chaîne de supermarchés suisse en France voisine].
◇ (loc. adv.)En action, en promotion. Être en action ; vendre, acheter en action.
16 « En action à prix INNO : bouteille isolante [= thermos], 1/2 litre, gaine plastique couleur » 24 heures, 31 mai 1976, p. 15.
17 « En action / Bâtonnets Q-TIPS [= cure-oreilles, coton-tiges] » Tribune de Genève, 10 juin 1976, p. 16.
18 « En action d’ouverture, nous vous offrons cette chemise très mode, avec patte de boutonnage et poche de poitrine. » Tribune-Le Matin, 25 novembre 1976, p. 21.
19 « EN ACTION : CHEMISIERS KARTING À Fr. 39.- 4 coloris » Lausanne-Informations, 26 janvier 1977, p. 19.
20 « Côté poissons, du colin norvégien en action, beaucoup de poissons fumés […]. » 24 heures, 12-13 mars 1977, p. 26.
21 « EN ACTION CETTE SEMAINE / Pour votre cave / Rosé LAS ARENAS Rioja » 24 Cités, 21 juin 1977, p. 10.
22 « Le jambon modèle (c’est-à-dire modelé en carré) se vend en action au supermarché. » 24 heures, 22 juillet 1977, p. 26.
23 « […] on oublie un instant la Genève lacustre, avec son Léman d’or blanc, ses banques en forme de temple ou de cercueil, ses magasins où les produits en réclame sont dits “en action” ! [en ital. dans le texte] » Le Monde, 23 octobre 1993, p. 31.
Remarques. 1. Emploi critiqué mais d’usage très fréquent, en particulier dans la langue parlée où il est pratiquement le seul employé. Le terme, qui apparaît parfois entre guillemets, est concurrencé dans la langue écrite par opération, campagne promotionnelle, campagne publicitaire (au sens 1) et (en) promotion, promotion de vente, prix spécial de promotion, offre spéciale, spécial, vente-réclame, etc. (au sens 2). On trouve aussi des cooccurrences : Action : la promotion-fraîcheur ou Action : la super-promotion, etc. — L’emploi de action avec le sens de “campagne” (hors du domaine commercial), souvent considéré en Suisse romande comme un germanisme à proscrire (v. par ex. FichFrBE n° 22), appartient au français général, cf. TLF 1, 603b s.v. action1, C 1, Rem. 1 : « Entreprendre une ou des actions (contre le choléra, le chômage, pour la reconversion professionnelle d’ouvriers ayant perdu leur emploi, etc. Synon. campagne, avec, en plus, l’idée et la quasi certitude d’aboutir à des résultats tangibles et rapides). » Toutefois, l’influence de l’allemand est sans doute responsable de la fréquence particulièrement élevée de cet emploi en Suisse romande ; cf. cet exemple : « Pour M. R. Sch., secrétaire de l’“Action suisse pour l’adoption” (Pflegekinderaktion), les enfants naturels et leurs mères sont encore trop souvent méprisés dans l’actuelle société. » (La Liberté, 6 août 1976, p. 1). — 2. Cf. encore l’adjectif actuel (sans rapport dérivationnel avec action) avec le sens de “en action” : « actuel cette semaine / Choux-fleurs étrangers / kg 2.50 » (Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 28 janvier 1993, p. 24) ; « Actuel : Albums de mariage » (relevé sur la facture d’un magasin spécialisé dans le développement de photos, Neuchâtel, 30 juin 1993) ; cet emploi est également attesté en Suisse alémanique (« Fust / aktuell / Waschen und schrankfertig trocknen in Ihrer Wohnung » Baslerstab, 30 janvier 1993, p. 2), d’où il a dû passer au français de Suisse romande. Il reste toutefois limité à la langue des publicitaires.
Commentaire. Emprunt à l’all. de Suisse Aktionn. f. “vente d’un article à prix réduit” (DudenSchweiz 1989), Verkaufsaktion “vente promotionnelle” (UnserWortschatz 1987), répandus depuis le milieu du xxe siècle ; nous avons aussi relevé Aktion “vente promotionnelle” au Luxembourg, en Allemagne et en Autriche, et aktuell “en promotion” en Autriche. Des syntagmes tels l’action en faveur des conserves (DudanPaille 1948) constituent probablement le chaînon intermédiaire entre le sens général et le sens spécialisé. L’ital. rég. du Tessin connaît le même emprunt, sous la forme azione (depuis env. 1958, Lurati ; cf. encore in azione Petralli). Pour le romanche, on trouve dans PledariGrond acziun da vendita “Verkaufsaktion”. Pour la Belgique, cf. Michel Francard, comm. écrite du 14 août 1996 : « commence à se rencontrer en Belgique, mais pas dans la loc. “produit en action”. Je note, çà et là, le mot “Action !” placé à côté d’un produit en promotion » — Serait à ajouter à FEW 24, 114b, ACTIO 2. — FichFrBE n° 22, novembre 1961 (au sens de “campagne”) ; Corbellari 1968 ; TLF 1, 603b s.v. action1, C 1 ; Défense du français n° 138 (mars 1974), 256 (janvier 1986) et 312 (septembre 1991) ; Lurati 1976 ; SchüleListeLar 1978 ; FichFrBE n° 881, juin 1984 ; GR 1985 ; PLi dp. 1989 ; DudenSchweiz 1989 ; Petralli 1990 ; PledariGrond 1993 ; GR 2001.
actuel→ action Rem.
adieuinterj.
1.♦ Formule de salutation employée en abordant ou en croisant quelqu’un que l’on tutoie, en part. un enfant.
1 « Je lui dis : “Adieu, ça va, la vie ?” » MeijerEnq 1962, p. 68.
2 « Lorsqu’on salue un copain qui vient vous rendre visite, on a coutume de dire, en Suisse romande : “Adieu ! Comment ça va ?” Le mot “adieu” est ainsi utilisé dans un sens d’accueil, et non pas seulement dans une idée de séparation. » La Liberté, 14-15 août 1976, p. 2.
3 « […] le cordial salut genevois : — Adieu técole [= toi], quand repars-tu ? » La Suisse, 20 septembre 1993.
2.♦ Formule de salutation employée en prenant congé de quelqu’un que l’on pense revoir dans un avenir proche (réservé au tutoiement).
4 « Agray n’ouvre pas la bouche. Même pas pour un grognement qui aurait pu passer pour un salut. / – Adieu, Adèle. / Et Cujean sort, cependant que la porte se ferme sèchement sur ses talons. » S. Chevallier, Le Silence de la terre, 1961, p. 98.
5 « Je te dis adieu, à demain. » MeijerEnq 1962, p. 68.
6 « Ducret, ce n’est pas un adieu [v. rem. ci-dessous] que je t’adresse, mais un au revoir. Adieu Ducret ! » IttCons 1970, p. 54.
7 « Sophie au téléphone : – […] Ah ! il pleut, comme c’est triste !… Oui, bien sûr, les communications depuis là-bas ; alors adieu, ma petite Monette, et va bien, oui, oui… je lui dirai, adieu, adieu, adieu… » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche, 1970, p. 100-101.
↪ V. encore s.v. tout de bon.
◇ (Loc. excl.)Adieu je t’ai vu ! Exclamation exprimant la déception, la déconfiture.
8 « Tout de même, le bassin est en place… mais sans le noyer au greffier, adieu, je t’ai vu ! » D. Baud-Bovy, L’Homme à la femme de bois, 1970, p. 133.
9 « Les malheureux migrants, toujours plus interchangeables, ne seront que des matricules, des maillons de la chaîne de production qui doit assurer la prospérité des entreprises. Leur pensum accompli, adieu je t’ai vu ! » La Liberté, 27 janvier 1990.
Localisation. 1 est très courant en Valais, et connu dans VD, NE et BE ; il reste peu connu dans le Jura. 2 est usité un peu partout en Suisse romande.
Remarques. 1 est concurrencé par bonjour, bonsoir et surtout salut (qui, comme adieu, est restreint au tutoiement) ; 2, par au revoir (vouvoiement), salut et ciao (tutoiement). — Le sens de “salutation employée en prenant congé de quelqu’un qu’on ne pense plus revoir” est aussi connu en Suisse romande, cf. citation de IttCons, ci-dessus, qui joue sur les deux emplois du mot.
Commentaire. Les plus anciennes attestations de 1 en Suisse romande remontent à 1808 (DeveleyVaud), 1820 (GaudyGen) et 1825 (GuilleDial). Quant à 2 (attesté indirectement depuis 1808 en Suisse romande, DeveleyVaud), il était non marqué en France jusqu’à la fin du xixe siècle (v. Littré ; cf. TLF 1, 667ab : « Au revoir dont Littré ne parle pas sous adieu, l’a peu à peu supplanté du moins dans l’usage courant, adieu étant réservé à la séparation définitive au ton quelque peu solennel ou d’une intense affectivité ») ; l’emploi suisse romand ne représente donc pas une innovation mais un simple fait de conservation. La locution Adieu je t’ai vu ! apparaît pour la première fois en 1852 (HumbGen) ; elle est également usitée en Savoie (v. ConstDésSav, GuichSavoy), ainsi qu’en Haute-Saône (avec le sens de « Ni vu, ni connu ! » J.-P. Chambon, comm. pers.). V. encore DRF. — L’emploi de adieu pour au revoir et pour bonjour est attesté sur une grande partie du domaine galloroman : en plus de la Suisse romande, on le rencontre dans le Haut-Jura, en Savoie, dans tout le Midi et jusqu’en Charente-Maritime. Le mot est passé à la Suisse alémanique (SteinerLehnw), où on l’emploie couramment pour prendre congé. — DeveleyVaud 1808 n° 391 ; GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleDial 1825, p. 5 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; SteinerLehnw 1921 ; Pier ; GPSR 1, 119 s.v. adieu 1° ; FEW 3, 58a, deus 2 ; BrunMars 1931 ; MiègeLyon 1937 ; MichelCarcassonne 1949, p. 11 ; TLF 1, 667ab ; RLiR 42 (1978), p. 155 ; NouvelAveyr 1978 ; RézeauOuest 1984 ; « rég. (Sud de la France) bonjour ou au revoir » GR 1985 ; BouvierMars 1985 ; TuaillonSurv ; GuichSavoy 1986 ; DurafHJura 1986 ; MartelProv 1988 ; SuireBordeaux 1988 ; CampsLanguedoc 1991 ; BoisgontierAquit 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; « salut, bonjour ; globalement connu » FréchetMartVelay 1993 ; « expression courante autrefois » RobezMorez 1995 ; « employé par tous les informateurs » FréchetAnnonay 1995 ; DRF 2001.
administratif→ conseil, conseiller administratif
adriaux→ atriaux Rem.
à-fondsn. m. pl. (rare : à-fond, à fonds)
♦ Grand nettoyage de printemps. Faire les à-fonds, être à ses à-fonds ; l’époque, le temps des à-fonds ; les à-fonds de printemps. ⇒ ordré ; poutze, poutzer ; propre en ordre ; réduire.
1 « C’est pourtant pas l’époque des à-fonds de printemps. » Restons Vaudois, émission à la RSR 1, 8 août 1976.
2 « Les femmes mariées se divisent en deux catégories. Celle des “ça peut encore servir, on ne sait jamais”… […] Et la race des épouses qui jettent tout, pour faire place nette. Les à-fonds du printemps, pour celles-ci, durent toute l’année. » Bouquet, 4 mai 1977, p. 19.
3 « Les printemps sont le temps des à-fonds et des feux s’allument dans les jardins. » L’Écho, 11 mars 1978, p. 1.
4 « Voici un rite séculaire, durant lequel les maris doivent marcher droit et se faire tout petits, les à fonds qui correspondent aux nettoyages de printemps. » CuenVaud 1991, p. 15.
↪ V. encore s.v. poutzer 1.
◇ (Par ext.) Grand nettoyage, indépendamment de la saison.
5 « Monsieur le Directeur, ma femme vient faire les à-fonds demain. » E. Gardaz, Oin-Oin et ses nouvelles histoires, 1973, p. 145.
6 « À la veille de la session à Berne / On fait les à-fonds. » Tribune-Le Matin, 10 octobre 1976, p. 4.
7 « [le plombier] Attrape un balai et se met, à grands coups, en mesure de “faire les à-fonds”. D’un coup, d’un seul, il donne un coup de balai tellement énergique que le pied du lavabo neuf éclate. » Tribune-Le Matin, 10 octobre 1976, p. 4.
8 « La dernière fois que quelqu’un est passé, c’était dimanche 17 janvier. Mme O. est venue faire les à-fonds. » Le Nouveau Quotidien, 27 janvier 1993, p. 19.
◇ (fig.) Grand ménage dans les affaires d’une entreprise, d’une administration ; (part.) restructuration.
9 « [titre] GRAND* CONSEIL / Impôts : les à-fonds de printemps » Gazette de Lausanne, 29 avril 1986.
10 « [titre] Pour oublier la BVCréd [= Banque Vaudoise de Crédit], les banquiers suisses préparent leurs à-fonds de printemps » Le Nouveau Quotidien, 10 février 1994, p. 11.
11 « [titre] Les à-fonds d’Elvia [compagnie d’assurance] ont coûté 200 emplois en Suisse / L’assureur, repris par le groupe allemand Allianz, fait le point sur sa restructuration. » Le Nouveau Quotidien, 11 août 1995, p. 14.
12 « Du côté des banques, c’est la confusion : l’éminence du Crédit Suisse fait cavalier seul. L’UBS [= Union de Banques Suisses] donne l’impression de faire des à-fonds ménagers intempestifs. Et le soupçon naît : d’autres établissements moins prestigieux pourraient être tentés de mettre discrètement de l’ordre dans leurs vieux dossiers soudain sulfureux. » Le Nouveau Quotidien, 27 janvier 1997, p. 2.
Localisation. VD, VS, NE, JU.
Commentaire. Sans doute formé à partir d’emplois courants en français général, tels (laver, nettoyer) à fond “entièrement”, de fond en comble “id.” (cf. FEW 3, 873ab). En Belgique, on relève aussi la forme à-fond, mais avec un tout autre sens : “action de faire cul sec en buvant, spécialement un verre de bière” (Belg 1994). — FEW 3, 873ab, fŬndus I 2 f ; IttCons 1970 ; ChuardVaud 1979 ; PLi dp. 1989.
agencé, -éeadj.
♦ Cuisine agencée, cuisine préfabriquée et entièrement équipée dont tous les éléments (armoires, surface de travail, évier, lave-vaisselle, réfrigérateur, cuisinière, hotte, etc.) forment un ensemble homogène. ⇒ agencement.
1 « À vendre à MASE / chalet* de vacances de 3 pièces plus cuisine agencée, construction récente, avec 800 m2 de terrain attenant. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15-16 mai 1971, p. 14.
2 « À louer, à la Coudre, dès le 24 juin, appartement de 3 1/2 pièces, 110 m2, y compris balcon avec bac à fleurs, vue, tranquillité, cuisine spécialement agencée, […]. » L’Express, 17 mai 1973, p. 4.
3 « À louer près du centre, quartier tranquille, pour cause imprévue, date à convenir, magnifique appartement de 4 1/2 pièces plus grande cuisine entièrement agencée, salle de bains, WC, plus WC séparés, grand galetas*. » 24 heures, 19 février 1976, p. 26.
4 « Super-rabais exceptionnel / Sur une foule de cuisines agencées, salles de bains et appareils électroménagers de toutes les marques ! Apportez-nous vos plans, nous créerons avec vous la cuisine ou la salle de bains de vos rêves. » Bulletin officiel de la Ville de Neuchâtel, 28 janvier 1993, p. 7.
↪ V. encore s.v. chambre 1, 3 ; cuisinette ; habitable.
◇ (Peut également se dire d’un studio, d’un appartement ou d’un local commercial entièrement aménagé :)
5 « Dame retraitée, valide, cherche home* ou pension ou studio agencé, en ville, avec ascenseur. » L’Express, 19 février 1976, p. 18.
6 « […] à louer 3 1/2 pièces neuf, agencé, balcon, ensoleillé, parc enfants, […]. » 24 heures, 17 février 1993, p. 33.
7 « […] nous louons des appartements de 2 1/2 et 3 1/2 pièces, entièrement agencés, dans un immeuble situé près des transports publics […]. » Ibid.
↪ V. encore s.v. arcade ; bar à café ; carnotzet.
Remarques. Concurrencé par (cuisine) aménagé(e), équipé(e), encastrable. Les syntagmes cuisine aménagée, cuisine équipée ont aussi été relevés dans la presse française (Le Monde, 11 février 1993, p. 22) ; cf. encore cuisine intégrée “dont les éléments sont conçus pour former un ensemble homogène” NPR 1993 s.v. intégré. — On trouve également (Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 19-20 décembre 1992) l’adjectif semi-agencé, qui désigne des cuisines préfabriquées ne comprenant pas certains éléments (en général le réfrigérateur, la cuisinière et le lave-vaisselle).
Commentaire. Innovation sémantique particulière à la Suisse romande. Correspond à l’all. Einbauküchen. f. (LangenscheidtGroß 1993). — Serait à ajouter à FEW 24, 259a, AGĔRE 3.
agencementn. m.
♦ Installation de meubles et d’appareils, dans un salon, une cuisine, un bureau ou un magasin, formant un ensemble organique et fonctionnel. Agencement de cuisine. ⇒ agencé.
1 « À vendre / agencement de magasin / état de neuf. Conviendrait pour boulangerie-épicerie ou autre commerce. Bois traité fond formica. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 13 mai 1971, p. 18.
2 « Nicole et Maurice ont tellement tout fait dans cette maison qu’il est même, lui tout seul, l’artisan – sur bois et sur fer – de l’agencement en chêne massif de la cuisine. » Femina, 29 septembre 1976, p. 121.
3 « Appartement à vendre à Crans-sur-Sierre, dans chalet* avec agencement tout confort, vue imprenable. » Tribune de Genève, 16 novembre 1979, p. 51.
4 « L’ambiance intérieure de la plus belle exposition d’agencement de Bienne vous permet d’assembler la plus fascinante collection d’idées d’ameublement que vous n’aurez probablement jamais réalisée. » Publicité, Bienne, 8-17 février 1980.
5 « […] à louer magnifique 3 pièces lumineux, grand living, 2 salles d’eau, superbe agencement incluant machine à laver le linge et séchoir. » 24 heures, 17 février 1993, p. 33.
6 « AGENCEMENT DE CUISINE, portes chêne massif, équipement haut de gamme, colonne lave-sèche [= machine à laver et sèche-linge superposés] “Bosch”. » Courrier Neuchâtelois, 24 février 1993, p. 9.
↪ V. encore s.v. banque ; bar à café.
Remarques. Concurrencé par aménagement.
Commentaire. Cf. frm. agencement “action d’organiser les divers éléments d’un ensemble, de les adapter, de les combiner en vue de la commodité ou de l’agrément ; résultat de cette action : L’agencement d’une boutique, d’un appartement”, ainsi que “ensemble du mobilier et des accessoires professionnels d’un artisan ou d’un commerçant”, ce dernier sens donné comme vieux et familier, avec un exemple de Zola (v. GLLF s.v. agencement 1 et 3). L’emploi suisse romand, contemporain et d’usage courant, ne renvoie pas à l’action mais à son résultat ; en outre, il ne se limite pas à l’ameublement professionnel, mais désigne en fait le plus souvent l’ameublement domestique. — Serait à ajouter à FEW 24, 259a, AGĔRE 3. — Alpha 1982.
agender[aʒɛ̃de], [aʒɑ̃de]v. tr.
1.♦ Noter dans son agenda, dans son calendrier personnel. Agender un rendez-vous, une séance.
1 « Agendez dès aujourd’hui un rendez-vous avec nous pour une consultation gratuite. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 6 décembre 1977, p. 10.
2 « Mieux connaître le vignoble / Trois journées à agender / Pour la première fois depuis bientôt vingt-cinq ans, les vignerons-encaveurs* de la Riviera vont organiser des journées de rencontres et de dégustations, au début du mois de juin, à La Tour-de-Peilz. » Vevey Riviera, 7 avril 1986.
3 « Ces deux dates sont à agender par toutes les personnes passionnées par l’art, l’histoire et l’horlogerie. » Le Démocrate, 18 février 1993, p. 9.
4 « Au-delà des frustrations sur les dossiers, il y a aussi le découragement devant l’agenda. Tout le monde veut un petit bout de conseillère* fédérale, pour taper dans un ballon, couper un ruban, assister à un concert, donner une conférence ou visiter un home. Entre ce qu’agendent ses collaborateurs et ce qu’elle promet elle-même, plus de place pour les respirations. » L’Hebdo, 18 novembre 1993, p. 14.
5 « Le sauteur à la perche ukrainien est le seul au monde à ridiculiser des barres posées à plus de six mètres. Il en profite pour construire sa carrière sur cette réputation, lui qui agende ses tentatives de record du monde et empoche régulièrement et sûrement le pactole. » Le Nouveau Quotidien, 20 avril 1994, p. 29.
2.♦agendé, ‑éepart. passé-adj. Prévu, fixé, noté ; à l’ordre du jour. Avoir plusieurs rendez-vous d’agendés.Être agendé à, pour + date.
6 « Ce biathlon populaire est agendé pour le 24 juin dans la région de Gland. » Construire, 25 avril 1984.
7 « La soirée du 29 mai 1985, agendée chez moi comme une date sportivement [sic] historique, restera celle d’un holocauste insoutenable […]. » La Suisse, 13 août 1985.
8 « Le numéro zéro est agendé pour le 30 juillet. » La Liberté, 20 août 1987.
9 « Vingt-trois séances ont été agendées d’ici la fin du semestre d’été 1988. » La Liberté, 24/25 octobre 1987.
10 « La valse des tarifs CFF* est agendée à samedi, avec comme objectif le renflouage de la régie (136 millions de déficit l’an passé). » Le Matin, 27 avril 1993, p. 5.
11 « BERNE / Nouvelle session des jeunes agendée en décembre / En jeans sous la coupole [= dans les salles du Conseil* national et du Conseil* des États] » L’Express, 17 août 1993, p. 7.
12 « La Cour de cassation discutera lundi de nouvelles pièces apportées au dossier par le procureur. Ce dernier s’est dit “surpris” que la séance soit agendée si tôt. » Teletext de la TSR, 14 novembre 1993, 17h25, p. 106.
13 « Tous trois sont à l’origine d’un show des plus torride – une première en Suisse romande – agendé ces prochains jours dans la même boîte […]. » Le Nouveau Quotidien, 14 février 1994, p. 20.
14 « Il y a quelques jours, négociateurs suisses et européens qui traitent du dossier de la libre circulation des personnes avaient agendé une rencontre, finalement renvoyée, officiellement “pour raisons techniques” […]. » Le Nouveau Quotidien, 26 juin 1995, p. 3.
Remarques. Emplois guère sentis comme helvétismes, si l’on en juge par leur absence de presque tous les glossaires consultés. — Cf. encore préagendé “prévu” : « Leur suppression a même été préagendée pour 1992. » (La Suisse, 22 avril 1991).
Commentaire. Première attestation : 26 janvier 1919, Gazette de Lausanne, chronique de langue de Philippe Godet. Dérivé original formé sur agendan. m. “carnet où l’on inscrit ce que l’on doit faire, ses rendez-vous, etc.”. Création suisse romande. — Serait à ajouter à FEW 24, 258a, AGĔRE 2 b. — Nic 1987, 1990 ; OffScrabble 1995 ; PLi 1998.
agente de circulationn. f.
♦ Femme policier, chargée entre autres des contraventions et de la circulation routière ; femme gendarme. Devenir agente de circulation.
1 « RÉPUBLIQUE ET CANTON* DE GENÈVE / Jeunes gens de 20 à 27 ans / LA GENDARMERIE GENEVOISE vous offre un emploi stable / […] / devenez GENDARMES / AGENTES DE CIRCULATION. » Le Pays, 2-3 octobre 1976, p. 3.
2 « RÉPUBLIQUE ET CANTON* DE GENÈVE / Jeunes gens / au terme de votre scolarité obligatoire une voie nouvelle s’offre à vous / apprenti(e)s policiers (gendarmes et agentes de circulation). » La Suisse, 8 février 1980, p. 15.
Localisation. Canton de Genève. Dans les autres cantons, il n’y a pas de terme fixe ou officiel ; l’Institut suisse de police nous a communiqué les termes suivants : auxiliaire de police, assistante de police, inspectrice de police (pour ces deux derniers, v. encore DictFémMasc 1991), qui désignent différentes fonctions des femmes policiers.
Remarques. Cf. Paris auberginen. f. “auxiliaire féminine de la police parisienne, vêtue d’un uniforme aubergine” (« fam. », 1977-1978, GR 1985) et pervenchen. f. “auxiliaire féminine de la police municipale parisienne, chargée du contrôle du stationnement des véhicules” (« fam. », après 1978, GR 1985).
Commentaire. Création ad hoc pour féminiser gendarme. Le féminin agente est usité au Canada et recommandé en Belgique, mais le syntagme agente de circulation ne semble pas y être attesté. — Serait à ajouter à FEW 24, 258a, AGĔRE 3. —DFPlus 1988 ; DictFémMasc 1991 ; DQA 1992 ; FémBelg 1994.
agrédirv. tr. (parfois aggrédir)
♦ Attaquer, assaillir, provoquer. Se faire agrédir.
1 « L’exposition [consacrée au Jura] agrédie par les Sangliers [= groupement antiséparatiste]. » Le Pays, 30 janvier 1978.
Remarques. Rare.
Commentaire. Latinisme propre au français de la Suisse romande, où il est attesté de manière espacée mais régulière depuis 1534. Aux attestations de Pier et GPSR, on peut ajouter celle-ci : « […] ces brigands m’ont alors gravement aggrédi » (C.-F. Ramuz, La Guerre aux papiers, 1968, p. 232 [éd. originale 1942]). — Pier ; GPSR 1, 190 ; FichFrBE ; FEW 24, 261a, aggredi ; ArèsParler 1994.
aguillagen. m.
1.♦ Amoncellement d’objets superposés, en équilibre plus ou moins instable. Aguillage d’assiettes, de boîtes ; tout un aguillage. ⇒ abéquage ; aguiller ; déguiller ; raguiller.
1 « Nous étions tous repus avant que l’aguillage [de crêpes] atteigne les hauteurs souhaitées. » IttÇà 1975, p. 47.
2 « Il avait fait tout un aguillage de meubles au galetas*. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
3 « Nous vivons une période fertile en miracles, du moins en apparence, car on voit de braves gens croire à des théories qui ne sont que de vulgaires “aguillages de noix sur un bâton”, expression bien vaudoise qui rend parfaitement compte de la valeur de certaines théories où l’on fait davantage appel à la sentimentalité qu’à la raison. » Gazette de Lausanne, 8 juillet 1983.
4 « As-tu vu l’aguillage du feu de 1er août ? » CuenVaud 1991, p. 16.
2.♦ Assemblage d’objets fixés de façon peu soignée ; réparation de fortune, rafistolage mal fait.
5 « Il a perdu un boulon à son vélo, il a dû faire un aguillage pour rentrer. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
6 « Quel aguillage ! C’est pas du boulot. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Tavannes).
◇ (Fig.) Mise en scène, histoire invraisemblable, affaire suspecte. Monter un aguillage pour cacher ses difficultés.
7 « Ils ont dû faire un sacré aguillage pour terminer ce remaniement. » CuenVaud 1991, p. 16.
8 « Ce genre de “contrat”, passé implicitement dans la plupart des cas, produit des effets désastreux sur le peuple souverain, qui en flaire la teneur. Loin de s’en accommoder, il déteste ce genre d’“aguillage”, sans pour autant toujours le sanctionner par un vote contraire. » Domaine public, 8 décembre 1994, p. 45.
Localisation. Au sens 1, surtout Vaud et Neuchâtel ; le sens 2 est attesté dans Vaud, Neuchâtel et le Jura Sud.
Commentaire. Déverbal de aguiller (v. ce mot) ; type aussi connu dans les patois (v. GPSR 1, 176a s.v. agǝlya̩dzo). Attesté pour la première fois en 1852. — HumbGen 1852 ; BonNeuch 1867 ; Pier ; GPSR 1, 176a ; IttCons 1970 ; Alpha 1982.
aguillée→ aguiller Rem.
aguillerv.
I.♦
1.♦(v. tr.) Mettre un objet dans une position élevée et souvent instable, précaire ou difficile d’accès ; jucher. Aguiller un vase sur le bord de l’armoire. ⇒ aguillage ; déguiller ; raguiller ; abéquer.
1 « On avait été aguiller nos flambeaux dans les rochers. » MeijerEnq 1962, p. 82.
2 « Les paysans aguillaient des petits autels sur une souche, ils clouaient la Vierge et l’Enfant sur les sapins et un jeune homme plantait une plume de coq de bruyère dans l’écorce sous les saintes faces pour conjurer la foudre et la peste noire. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1972 (1re éd. 1969), p. 121.
3 « Aguiller un pot à fleur sur le bord de la fenêtre (lequel pot ne tarde pas à déguiller*). » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
4 « Adroit comme un singe, il avait été chargé d’aguiller le coq sur le clocher. » CuenVaud 1991, p. 16.
↪ V. encore s.v. déguiller 2.
I. 2.♦(v. tr.) Empiler des objets dans un équilibre instable ; mettre en tas. Aguiller des assiettes, des boîtes.
5 « Les plus grands tirent le fumier dans la rigole, le chargent sur des brouettes et prenant de loin leur élan vont péniblement l’aguiller sur la courtine*. » IttÇà 1975, p. 239.
6 « Il a aguillé ces gros morceaux de bois au bûcher. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
7 « J’avais mal aguillé des pots dans l’armoire, il y en a trois qui se sont cassés. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
9 « […] un monsieur qui essayait d’aguiller les unes sur les autres seize coupes de champagne. » TSR, émission Sur un plateau, 11 janvier 1982.
10 « C’est donc en volant une chaise au public, en “aguillant” sur ses genoux l’ordre du jour, les préavis et son bloc-notes, tout en louchant sur le rapport que possède un voisin plus ou moins éloigné, que le plumitif de service suit les (longs) débats du législatif nyonnais. Dur, dur… » Gazette de Lausanne, 28 mai 1986.
11 « Il pose, dépose, aguille, déguille* ses carreaux et soudain ils ne sont plus là ! » La Suisse, 16 octobre 1993, p. 20.
◇ Iron., en parlant d’êtres animés que l’on entasse comme des objets :
12 « Pour tester la résistance de ce pont, l’armée étant en manœuvres du côté de la Gruyère, me disait un rigolo de l’endroit, il n’y a qu’à faire descendre tous les Ormonans*, des plus petits jusqu’aux plus gros, les aguiller tous ensemble sur ce pont. Si le pont tient, c’est une belle œuvre ; si le pont passe en bas [= s’écroule], c’est une bonne œuvre. » IttCons 1970, p. 152.
13 « Puis, avant les aubes [= l’aube], on aguillera une trentaine de caïons* sur d’autres chars à caisses [= sorte de benne en bois pour le transport des porcs], ce qui n’est pas une petite affaire. » IttÇà 1975, p. 138.
II.♦s’aguillerv. pron. Se jucher, grimper, monter. S’aguiller sur un arbre, dans un arbre.
14 « Alors, les plus délurés grimpaient à califourchon sur les bossettes* ; les autres s’aguillaient sur les deux troncs grossièrement équarris du char. » R. Molliex, Chantevin, 1973, p. 138.
15 « Le lundi de Pâques, grand-mère, grand-père, endimanchés […], s’aguillaient dans la cacarde [= vieille voiture] du docteur et départ direction Lausanne. » IttÇà 1975, p. 98.
16 « C’est plein de troncs d’arbre ; je m’“aguille” sur un tronc. Qu’est-ce que je risque ? » J.-P. Moulin, L’Humour des Suisses, 1975, p. 53.
17 « Le chat s’est aguillé sur un arbre, ou tout en haut du tas de bois. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Chézard).
18 « Le père et le fils cueillent des cerises au verger. Le père crie au fils qui est aguillé au fin coutzet [= cime] d’un cerisier : […]. » IttCons 1970, p. 227.
19 « […] il descendait le raidillon de la Tillette à tombeau ouvert, aguillé sur un vieux vélo […]. » IttÇà 1975, p. 86.
20 « On nous ficelle ; on nous met du persil dans les oreilles ; on nous mène devant le grand chef, une espèce de gorille “aguillé” sur un trône. » J.-P. Moulin, L’Humour des Suisses, 1975, p. 55.
21 « Elle était aguillée à une échelle pour cueillir des cerises. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
22 « “Aguillés” entre vingt et trente mètres au-dessus de la place du village à l’extrémité d’un bras télescopique, les deux funambules ont donné le torticolis aux badauds venus les regarder. » Le Matin, 6 mars 1986, p. 9.
23 « T’as vu cette manif devant le Palais, avec ces deux gueïupes [= femme légère] aguillées sur le toit du camion ? On se serait dit en plein Paris en 68. » Bloc-notes veveysan (organe officiel du Parti Socialiste Veveysan), 1er mai 1993, p. 7.
24 « Un beau matin, ils ont dévalé les collines en pétaradant avec leurs longs rifles, fusils de chasse et mitraillettes aguillés sur des vieilles voitures. » F. Clément, Les vaches enragées, 1993, p. 211.
↪ V. encore s.v. ruclon.
◇ (En parlant d’inanimés) Déposé, installé sur le sommet de, sur la surface de.
25 « Aguillé sur le trabetzet [= tréteau de boucher] ou accroché tête en bas, le cochon est vidé et découpé avec art en jambons, lards, rôtis et autres morceaux portés à la cuisine ou à la chambre* à lessive… » IttÇà 1975, p. 55.
◇ Qui surplombe.
26 « Produit sur cette pente aride, il [le vin de Lavaux] prend parfois un goût de brûlon* dans ses charmus* minuscules aguillés [en ital. dans le texte] au-dessus du lac depuis des siècles. » E. Gardaz et al., Le Vin Vaudois, 1975, p. 125.
Localisation. Attesté surtout dans VD et NE (dans toutes les acceptions) ; I et III sont aussi connus dans GE.
Remarques. Cf. encore le dérivé aguilléen. f. “amoncellement” (IttÇà 1975, p. 263 ; cf. déguillée ⇒ déguiller et raguillée ⇒ raguiller).
Commentaire. Représentant en français régional d’un type dialectal bien documenté (v. GPSR). Attesté en français de Suisse romande pour la première fois en 1820 (GaudyGen ; mais voir Gdf s.v. aguillier pour des exemples de 1497 à Abbeville [Somme]). À l’époque contemporaine, des emplois semblables ont été relevés en Savoie (patois aguelli “jucher qch. à un endroit élevé”, fr. rég. de Juvigny aguiller “id. ; v.r. se jucher quelque part” ; v. ConstDésSav) ainsi qu’en fr. rég. du Haut-Jura (RobezMorez), de l’Ain et de Savoie (v. GuichSavoy). — GaudyGen 1820, 1827 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; Gdf 1, 171b ; « s’aguiller “monter au sommet” » CarrezHJura 1906 ; ConstDésSav 1902 ; WisslerVolk 1909 ; OdinBlonay 1910, p. 6 ; Pier ; GPSR 1, 176a-177a s.v. agǝlyi̩ ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; MeijerEnq 1962, p. 82, 130 ; ZumthorGingolph 1962, p. 246 ; FEW 16, 307a, kegil I 1 ; IttCons 1970 (> DFV 1972) ; Alpha 1982 ; GuichSavoy 1986 ; Lengert 1994 ; « couramment employé partout, dans le Haut-Jura » RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995 ; FréchetAin 1998.
AI[ɑi]n. f. (sigle de assurance invalidité ; aussi assurance-invalidité)
♦ Organisme fédéral* qui verse des rentes d’invalidité ; rentes versées par cet organisme. Toucher l’AI ; être à l’AI ; cotisation AI, rente AI, prestations AI, attestation AI, recours AI, loi AI (LAI), commission AI (CAI).J’ai pas encore reçu mon AI ! ⇒ AVS.
1 « Dans le rapport de la commission cantonale* de recours, aucune distinction n’est malheureusement faite entre le sort des recours AVS* et des recours AI. Nous le regrettons, mais nous sommes certain que l’application de la loi AVS* présente de loin moins de difficultés que l’application de la loi AI […]. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 17 mai 1972, p. 231.
2 « Nous croyons savoir qu’ainsi, un certain nombre d’agriculteurs sont devenus bénéficiaires des prestations de l’assurance-invalidité parce qu’ils ne peuvent plus fournir les efforts physiques liés au métier d’agriculteur. » Bulletin officiel des délibérations du Grand Conseil, Neuchâtel, 21 novembre 1972, p. 893.
3 « Il y a bien quelques-uns de ces types de droite qui mériteraient d’être à l’assurance invalidité… » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 177.
4 « Toutes les personnes qui exercent en Suisse une activité lucrative dépendante ou indépendante ou qui y ont leur domicile civil sont tenues de payer des cotisations AVS* / AI / APG [= allocations pour perte de gain] ; seules les épouses et les veuves sans activité lucrative en sont dispensées. » Le Démocrate, 9 février 1993, p. 8.
5 « […] la commission du feu* de Cressier avise toutes les personnes qui ne peuvent faire partie du corps des sapeurs-pompiers, pour des raisons de santé ou d’invalidité, de se présenter jusqu’au 15 février 1993 au bureau communal munis de leur certificat médical ou de leur attestation AI, afin de faire valoir leur droit d’exemption de la taxe du service du feu*. » Bulletin des communes du district de Neuchâtel, 12 février 1993, p. 3.
6 « La jeune femme allait découvrir un peu plus tard, lors de discussions avec l’Assurance invalidité pour l’obtention d’une prothèse pour sa jambe, que le médecin avait annoncé sa séropositivité. » L’Express, 14 avril 1993, p. 13.
↪ V. encore s.v. feu I 1.
◇ n. m., f. Personne touchant l’AI. Un, une AI.
Commentaire. Statalisme. La Loi fédérale sur l’assurance-invalidité (LAI) du 19 juin 1959 est entrée en vigueur le 15 octobre 1959. Correspond à l’all. Invalidenversicherung (IV), à l’ital. Assicurazione per l’invalidità (AI) et au rom. Assicuranza d’invaliditad (AI). — PledariGrond 1993.
♦ Terrain qui se trouve autour d’un bâtiment, comprenant souvent verger, jardin, etc. et s’opposant à assise [= surface utilisée par le bâtiment]. À louer, maison familiale, grande aisance. Aisance d’une contenance [= superficie] de 11 ares. Vente d’une maison avec aisance, jardin, verger et remise.
1 « Quatre demandes d’achats de terrain furent favorablement examinées. La première émanait de M. R. B., pour la construction d’une maison familiale, la seconde de M. D. D., pour la construction de trois garages, tandis que les deux autres concernaient des améliorations d’aisance. » Le Démocrate, 26 mai 1973, p. 4.
2 « Vente aux enchères d’un immeuble locatif […] Commune de Tavannes […] Chemin des Roses, habitation assurée sous No 4 pour 560280 francs, assise [v. ci-dessus], aisance d’une contenance [= superficie] de 11 a [= ares] 50 ca [= centiares]. » Feuille officielle du Jura bernois, 15 mai 1974, p. 380.
3 « Vente aux enchères d’une ancienne ferme […]. Ban* de Muriaux, Les Emibois, Les Loviats, habitation – grange — écurie assurée sous No 47, assise [v. ci-dessus], aisance, champ. » Feuille officielle du Jura bernois, 12 juin 1974, p. 458.
4 « L’assemblée décida ensuite la vente de 150 m2 de terrain à M. J. A., à titre d’aisance en vue de l’agrandissement de son bâtiment. » Le Journal du Jura, 11-12 septembre 1976.
5 « À vendre à BONCOURT / magnifique maison familiale / situation ensoleillée et tranquille, avec aisance. » Le Pays, 17 avril 1993, p. 18.
6 « À louer au centre de PORRENTRUY, dans immeuble complètement rénové, […] appartements […] y compris petite aisance et caves. » Le Pays, 21 avril 1993, p. 8.
7 « À vendre à BOÉCOURT […] maison familiale comprenant : 5 chambres, cuisine, deux salles d’eau, W.-C. séparés, cuisinette*, garage, aisance 900 m2 arborisés*. » Le Pays, 30 avril 1993, p. 30.
◇ (Rare, au pl.)
8 « À louer à ALLE / maison familiale / ancienne, avec aisances. » Le Pays, 24 mars 1993, p. 22.
9 « La valeur officielle de ce bâtiment [à La Roche, JU] qui comprend notamment la discothèque, l’hôtel, l’habitation et une annexe est estimée à 991000 francs. S’ajoutent à l’immeuble toute une série d’aisances et de terrains, le plus grand étant de 32233 m2. » L’Impartial, 3 mars 1995, p. 25.
Localisation. JU ; BE. À date ancienne, le mot fut aussi attesté dans VD, FR et NE (v. Pier, GPSR).
Remarques. Les syntagmes du français général (lieu, cabinet, fosse d’) aisances “lieu aménagé pour la satisfaction des besoins naturels” sont aussi connus, ce qui explique peut-être la rareté de l’emploi au pluriel. — Dans les autres cantons, on ne trouve pas d’équivalent fixe pour ce terme. Cf. toutefois, dans des contextes semblables, terrain (alentour), surface (alentour), place(s)-jardin(s). La présentation est parfois formulée de manière tout à fait différente (surface totale, etc.).
Commentaire. Première attestation : aysance “alentours, abords d’une maison, place libre autour d’un bâtiment” (1524, canton de Fribourg, v. GPSR). Évolution sémantique à partir de fr. aisances f. pl. “dépendances d’une propriété” (1284–1771, v. FEW). Le mot est aussi attesté en Suisse romande avec les sens de “dépendances d’une propriété” et de “dégagements commodes à l’intérieur d’une maison” (v. FEW), mais ces emplois sont aujourd’hui désuets. Pour le français régional de France, cf. Quatre-Champs (Ardennes) aisance “abords d’une maison ; place libre autour d’une maison” (FEW), Pontarlier aisances “tout ce qui est autour d’une maison et qui rend l’immeuble aisé (ex. la cour, le hangar, un terrain vague, etc.)”, frcomt. aisances “dégagement près d’une maison”. Les parlers wallons de Bastogne connaissent aussi êzancen. f. “espace autour d’un bâtiment, qui est nécessaire pour le charroi, pour les allées et venues des personnes et des animaux, etc.” FrancardBastogne 1994. — CollinetPontarlier 1925 ; Pier ; GPSR 1, 229b-230a ; FEW 24, 156b-157a, adjacentia I 1 a ; DuchetSFrComt 1993.
■ [S. Q.] Simone Quenet
aitieuds ![ɛtjœ]loc. excl.
♦ (Sert à exhorter un animal ou une personne à avancer, ou à accélérer l’exécution d’une tâche.) Hue ! Avance ! Allez ! Vas-y ! Allez, aitieuds ! On va s’endormir à ce rythme-là ! Aitieuds, un peu d’entrain ! Aitieuds ! Il y a encore un bout à marcher !
Localisation. JU.
Remarques. Les patoisants reconnaissent encore un impératif dans cette forme (v. ci-dessous) ; pour les autres il ne s’agit plus que d’une simple interjection. Encore bien vivant, y compris chez les jeunes. Appartient au registre familier et, de ce fait, n’apparaît qu’exceptionnellement à l’écrit. S’accompagne souvent d’autres formes telles que Allez !, Hue ! pour souligner avec expressivité l’exhortation à accélérer.
Commentaire. Deuxième personne du singulier de l’impératif du verbe aitieudre “accélérer, faire avancer (en particulier un troupeau de bétail)”, variante jurassienne correspondant à l’ancien français acueudre (v. GPSR 1, 256a), lui-même issu d’une forme romane *akólyere, avec déplacement de l’accent par rapport au doublet accueillir issu de *accŎLlĬgere (v. FEW). L’équivalent de aitieudre en zone franco-provençale de Suisse romande, akoulyi̩, est attesté avec les même sens que aitieudre, mais il signifie encore “donner de l’entrain à quelqu’un” (⇒ acouet). De l’idée fondamentale de “rassembler, réunir (p. ex. du bétail)”, on est passé à l’acception “chasser le bétail devant soi”, d’où “faire avancer un attelage, le stimuler”, puis plus généralement “encourager, presser, talonner”, “faire accélérer l’allure, avancer” (v. GPSR 1, 256). Vatré consacre à la forme impérative une entrée indépendante de celle du vb. à l’infinitif dans sa nomenclature (aitieuds ! “avance ! accélère !”). En France, cf. Vauvillers (Haute-Saône) accueille !interj. “(ordre au chien de rassembler les bêtes et de les pousser devant lui)”. — GPSR 1, 251b s.v. akoulyi̩ ; VatréAjoie, p. 10a ; FEW 24, 80b, *accŎLlĬgere 2 b ; DoillonComtois 1980 ; ChapuisMots 1988, p. 18.
♦ Ajout, partie ajoutée, rallonge (par ex. à un vêtement). Faire une ajouture à une robe. ⇒ apponse ; rapponse.
1 « Quand il manque un bout d’étoffe, de papier, on fait une ajouture. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Chézard).
2 « Ta ceinture a une ajouture. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Bôle).
3 « La couturière a mis une ajouture au col. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Courtelary).
4 « Autrefois, les mères économes mettaient des ajoutures aux robes devenues trop courtes ou trop étroites. » Témoin âgé de 65 ans, institutrice (JU Porrentruy), 1992.
◇ (Fig.) Tout ce qui est considéré comme superflu ; fioritures.
5 « Il faut bien écrire mais en cherchant justement la simplicité, en ne cherchant pas les ajoutures. Je crois que là d’ajoutures, il n’y en a plus. » Interview avec M. Zermatten, Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 1er mars 1978, p. 6.
Remarques. Plutôt rare dans la langue écrite. Tend à vieillir. — On trouve aussi rajouturen. f. “rajout ; couture” (« Chaque fois que vous passerez d’un sac à l’autre, faites deux mailles avec la bande double pour que la rajouture soit plus solide. » Lausanne-Informations, 23 mars 1977, p. 4) ; cf. FEW 5, 98a où le mot est donné comme « frm. » par Wartburg, sur la foi d’un témoin suisse romand (Bossard).
Commentaire. Plus ancienne attestation : 1827 (GaudyGen). Dérivé original sur ajouter, cf. apr. ajostadura, Savoie ajoutiura, ajoutura (v. GPSR, FEW) et le français régional de Mâcon ajouture. — GaudyGen 1827 ; HumbGen 1852 ; BonNeuch 1867 ; Mâcon 1926 ; GPSR 1, 237a s.v. ajoutyū̩ra ; FEW 5, 98a, jŬxtare I 1 b β.
Alleingang[alajngɑ̃ŋ(g)], [alajngaŋ]n. m.
♦ Littér. « voie solitaire », « voie isolée ».
★ S’emploie pour évoquer la tendance marquée de la Suisse à ne pas vouloir se joindre aux grandes organisations internationales. Un chaud partisan de l’Alleingang. Les adversaires de l’Alleingang. ⇒ Neinsager ; Sonderfall.
1 « Pour la Suisse où l’euro-compatibilité se fait de plus en plus sentir la solution de l’“Alleingang” n’est plus plausible. Il faut donc activer les démarches des négociations en cours et abandonner l’idée d’une position insulaire en recherchant à tout prix des prétextes. » La Liberté, 7 mai 1991.
2 « Dans son allocution d’ouverture, R. D. a adressé une mise en garde contre les dangers de l’Alleingang. “Le retrait de la Suisse face à ses responsabilités internationales n’est sûrement pas le meilleur moyen d’assurer à notre pays un avenir de sécurité […] ; de nombreux problèmes ne peuvent être résolus qu’à l’échelon européen ou mondial”, a-t-elle ajouté. » Le Nouveau Quotidien, 24 juin 1993, p. 10.
3 « Bien sûr, il faudra d’abord faire un premier bilan des négociations bilatérales. On peut ainsi montrer au public ce que le Conseil* fédéral et les diplomates savent déjà : le prix de l’Alleingang sera élevé, très élevé […]. » Le Nouveau Quotidien, 4 octobre 1993, p. 2.
4 « L’EEE [= Espace Économique Européen] sera-t-il encore une alternative à l’“Alleingang”, quand il ne sera plus porté que par l’Islande et le Liechtenstein, le cas échéant par la Norvège ? » Le Nouveau Quotidien, 31 octobre 1994, p. 2.
5 « Elle a notamment cité la question de l’Europe, comparant un lutteur* seul dans le rond [de sciure] à un “Alleingang” de la Suisse, ce qui a suscité des sifflets dans la foule. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 21 août 1995, p. 9.
6 « N’en déplaise aux partisans de l’“Alleingang”, la frilosité suisse envers l’étranger s’affiche au passif sur le tableau général de la compétitivité. » Le Nouveau Quotidien, 6 septembre 1995, p. 10.
↪ V. encore s.v. monter aux barricades ; Natel.
◇ (s’emploie aussi à l’occasion en dehors du contexte international)
7 « Zurich se transforme en adepte de l’“Alleingang” universitaire et brouille les cartes de la politique académique* nationale. » Le Nouveau Quotidien, 26 juillet 1995, p. 6.
Commentaire. Emprunt à l’allemand ; fréquent dans la langue journalistique et parlementaire. Le Fichier français de Berne propose de nombreux équivalents français : « voie solitaire, voie isolée, cavalier seul ; parfois : solitarisme (état d’isolement volontaire pathologique) ; repli sur soi, isolationnisme. Formes verbales : agir en solitaire, agir seul, en isolé, isolément ; se mettre, se tenir à l’écart ; faire cavalier seul ; parfois : faire bande à part ». Le fait que l’on emploie un mot allemand et non français pour exprimer ce concept trahit peut-être l’opinion, partagée par plusieurs Romands, voulant que les Suisses alémaniques aient des tendances isolationnistes plus affirmées. — Non attesté à date ancienne au fichier CD ; sans tradition lexicographique. — FichFrBE n° 1141-1144 (mai 1994).
allemand (bon -)→ bon allemand
Allemandsn. m. pl.
♦ (Aller, envoyer, être) aux Allemands, en Suisse alémanique.
★ Se disait des élèves romands qui, à la fin de leur scolarité obligatoire, allaient faire un séjour dans une famille de Suisse alémanique pour y apprendre la langue. Revenir des Allemands. ⇒ confédéré II 3 ; outre-Sarine ; rösti 2 ; Röstigraben ; Toto ; Welsch(e).
1 « Après sa neuvième ses parents l’enverront auxAllemands à Gampelen. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
2 « Mon fils revient desAllemands après un stage de deux ans. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
3 « Il n’est sorti de la maison que pour aller aux Allemands. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Bienne).
4 « Mon père a été envoyé aux Allemands pour faire sa dernière année scolaire. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Courtelary).
5 « Les bilingues comme elles n’étaient alors pas rares dans nos villages […]. Non seulement par suite d’un certain afflux d’allogènes, mais en vertu de la coutume, pour lors vivace, d’envoyer filles et garçons “aux Allemands” accomplir leur dernière année de scolarité. » BourquinPays 1985, p. 66.
6 « Quand j’étais aux Allemands, j’avais les bleus*. » Le Démocrate, 3 août 1987.
7 « Il s’en alla “aux Allemands” à Sissach. » Le Pays, 21 septembre 1989, p. 10.
↪ V. encore s.v. rösti(s) 1.
Localisation. Surtout NE, BE et JU, mais des témoins de FR, VD et GE connaissent cet emploi.
Remarques. Vieilli. — Le séjour linguistique annuel que les jeunes suisses alémaniques font (ou surtout faisaient) en Suisse romande s’appelle Welschlandjahr n. n. (v. DudenSchweiz 1989) ; ⇒ Welsch(e).
Commentaire. Depuis les plus anciennes attestations (v. GPSR), le nom d’Allemand désigne tous les habitants des pays de langue allemande ; chez les Suisses romands, le mot réfère le plus souvent aux Suisses alémaniques (sinon, on spécifie : un Allemand d’Allemagne). Cet usage tend cependant à vieillir, au profit de Suisse allemand. On observe une situation parallèle au Canada francophone, où le nom d’Anglais désigne normalement les Canadiens anglais (autrement, on précise : un Anglais d’Angleterre). — TappoletAlem I, 17 ; Pier ; GPSR 1, 281a ; FEW 15, I, 11, alamannus I 1 b.
allerv. intr.
♦ Y aller, s’en aller, partir. Il faut que j’aille. Tu peux aller, tu dois aller. Il faut aller.
1 « Un lointain tonnerre gronda. Il fallait aller. » M. Zermatten, L’Été de la Saint-Martin, 1962, p. 34.
2 « Mais il faut que j’aille maintenant, si je veux prendre quelque chose. » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche, 1970, p. 204.
3 « – Il faut que j’aille… / Mais elle ne part pas. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 64.
4 « Il faut que tu ailles, tu vas être en retard […]. » A.-L. Grobéty, Zéro positif, 1975, p. 236.
Remarques. Très fréquent dans l’usage oral ; s’observe occasionnellement dans la littérature. Ne semble pas perçu comme un écart à la norme.
Commentaire. Premières attestations : 1891 (« J’ai pas le temps, il faut que j’aille… » L. Monnet, Favey, Grognuz et l’assesseur, p. 29 ; v. encore p. 31) ; 1941 (Dudan). Attesté indirectement (et inconsciemment) chez Adout 1986 et Nic 1987, qui corrigent Il faut que j’alle / qu’il alle en Il faut que j’aille / qu’il aille. On rencontre des constructions semblables dans les patois. En France, attesté isolément à Villeneuve de Marc, dans l’Isère, ainsi qu’à Saint-Pierre et Miquelon. — Manque à FEW 24, 414a, AMBŬLARE. — GPSR 1, 284b s.v. aller 1° ; DudanFranç2 ; BrassChauvSPM 1990 ; BlancRouatVill 1993 ; Lengert 1994.
aller au feu→ feu I 2 ; III
alma matern. f. inv. (var. graph. Alma Mater,Alma mater)
♦ Établissement universitaire ; (en part.) l’université où l’on a fait ses études. ⇒ haute école ; Uni.
1 « Le 8 mai 1945, à la nouvelle de la fin des hostilités, ils [les membres d’une association d’étudiants de Fribourg] descendent dans la rue avec leurs camarades de l’Alma mater [en ital. dans le texte] et toute la jeunesse de la capitale ; ils y manifestent leur joie à leur manière. » Sarinia, 1970, p. 10.
2 « [titre] Un précieux service social de notre Alma mater / Le conseiller des étudiants de l’université » Bulletin officiel de la Ville de Neuchâtel, 18 avril 1985.
3 « Alerte et fière centenaire, l’Université de Fribourg a pu voir œuvrer en ses murs toute une cohorte de brillants pédagogues, de chercheurs éminents et de gestionnaires efficaces, auxquels un juste hommage est rendu. On parle moins de certains travailleurs de l’ombre, occupés à des tâches ingrates et mal connues ; eux aussi, pourtant, ont aimé et servi notre Alma Mater [en ital. dans le texte], à leur manière, sans compter ni leur temps ni leur énergie, et sans attendre de récompense. » Histoire de l’Université de Fribourg, 1991, vol. 1, p. 346.
4 « L’Université de Neuchâtel profite de l’installation de l’Office fédéral* de la statistique pour muscler sa fibre statistique. En vue : des synergies et la volonté de faire de l’Alma mater un centre de compétence en matière de statistique appliquée et statistique publique. » L’Express, 11 février 1998, p. 2.
5 « Une étude d’impact commandée l’année passée au cabinet de consultants A. A. aboutit à une conclusion sans surprise : l’Uni* doit améliorer son efficacité. Révolution à l’Alma Mater ? Résistance plutôt. » Le Nouveau Quotidien, 18 février 1998, p. 15.
6 « [titre] L’Alma mater a décerné des diplômes à tour de bras » La Liberté, 26 février 1998, p. 17.
↪ V. encore s.v. sous toit 2.
◇ (au pluriel)
7 « Pour éviter le numerus clausus, les associations d’étudiants proposent des réformes profondes d’un autre type du système universitaire. Objectifs prioritaires : préserver la formation et maintenir l’ouverture des alma mater [en ital. dans le texte] au plus grand nombre. » Le Nouveau Quotidien, 24 novembre 1993, p. 3.
◇ (avec adj. ethnique latin) Alma Mater friburgensis, Université de Fribourg.
8 « Au semestre d’été 1914, qui marque une fréquentation record depuis les débuts, l’Alma Mater friburgensis [en ital. dans le texte] compte 673 étudiants et étudiantes (inclus 59 auditeurs). » Histoire de l’Université de Fribourg, 1991, vol. 1, p. 156.
Remarques. Contrairement à ce que laisse entendre la marque « par plaisanterie » que donnent certains dictionnaires (v. bibliographie ci-dessous), en SR ce latinisme n’est pas marqué.
Commentaire. Première att. en France : 1801 (M. Crèvecœur, Voyage dans la Haute Pensylvanie [sic] p. 292 ; att. tirée de Frantext) ; selon Lar 1866, aurait déjà été employé par Ch. Rollin (1661-1741), recteur de l’Université de Paris. Emploi plutôt rare en France, où il semble restreint à une valeur plaisante (v. cit. dans GR 1985) ou de xénisme : des cinq attestations (1801 à 1930) relevées dans Frantext, aucune ne renvoie à une université française. LarFrAngl 1994 ne donne pas, sous angl. Alma mater, son équivalent littéral, mais seulement une glose explicative (« école ou université où l’on a fait ses études »), ce qui semble confirmer la rareté du mot en France. Dans le monde anglo-saxon (dp. 1803, v. OED2) et germanique (dp. 1945, Duden 1993-1995 ; « bildungsspr. ; oft scherzh. »), en revanche, il est courant, ce qui explique peut-être sa fréquence dans le français canadien, belge et romand. — « Rollin ne manquait jamais, dans ses discours, de donner à l’Université de Paris ce surnom maternel [alma mater] » Lar 1866 s.v. alma parens ; « Alma parens et alma mater désignent aussi l’Université de Paris » Lar 1897 ; « alma mater ou alma parens, mots lat. signif. Mère nourricière, employés […] quelquefois par les écrivains de nos jours pour désigner l’Université » Lar 1928-1960 ; « de nos jours » Rob 1951 ; FEW 24, 345a, ALMUS 1 b ; GLLF 1971 ; « par plaisanterie » Quillet 1975 ; Lexis 1975, 1992 ; Alpha 1982 ; Hachette 1987, 1993 ; « souvent par plais. » GR 1985 ; StRobert 1993 ; « expression latine par laquelle on désigne parfois l’Université » NPR 1993 ; « Belgique, Canada, Suisse » PLi 1997.
■ [M. H.] Michaela HEINZ
alpagen. m.
♦ Pâturage de haute montagne (Alpes, chaîne du Jura), où les troupeaux de bovins (évent. d’ovins et de caprins) séjournent à la belle saison. Mise en alpage, montée à l’alpage, descente de l’alpage. Plusieurs saisons d’alpage. Lait, crème, beurre, fromage, fromager, fromagerie d’al-page ; chaudière d’alpage. Tenir un alpage. Comité d’alpage, personnel d’alpage, teneur d’alpage, bâtiment d’alpage. Chalet*, café, buvette d’alpage. ⇒ alpe, alpée, alper ; mayen 1 ; montagne.Vacher d’alpage ⇒ armailli.
1 « En 1854, le système des alpages communaux fut institué après une lutte terrible. Une partie des femmes, en effet, saluaient cette modernisation, tandis que les “fruitières”* convaincues ne voulaient pas abandonner leurs alpages. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 8 juillet 1965.
2 « La montée à l’alpage demeure toutefois, pour les bêtes, un moment de grande excitation. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 132.
3 « Dans le décor rustique du chalet* d’alpage, les gestes rituels du maître fromager prennent une plus noble dimension. […] Châtel-Saint-Denis a la chance, mieux, le privilège, de compter encore sur son territoire l’une des rares chaudières d’alpage du canton de Fribourg […]. » Le Sillon romand, 6 août 1976, p. 3.
4 « Un alpage qui boit le soleil, à 1700 mètres d’altitude ! Des pâturages bien verts, piqués de sapins et de rocailles étincelantes, au pied de la Tour de Famelon et du Moëlle de Bryon. » L’Est Vaudois, 7 août 1976, p. 4.
5 « Le Groupement suisse pour la population de montagne a exprimé sa surprise et son inquiétude après la décision du Conseil* fédéral de diminuer de 25 millions l’aide aux investissements dans les régions de montagne, d’autant plus que 10 millions des contributions pour la mise en alpage des vaches avaient déjà été supprimés. » Tribune-Le Matin, 4 novembre 1976, p. 3.
6 « On a l’occasion de les conduire dans un chalet* d’alpage pour y déguster de la crème. » Rougemont, Fête à chez vous, RSR I, 20 janvier 1977.
7 « En raison des montées à l’alpage, la circulation sera perturbée. » RSR I, 28 juin 1977.
8 « Avec une production annuelle de 600 tonnes, le Valais est de loin le premier producteur de fromages d’alpage de Suisse romande. […] Essentiellement limitée dans la région du Pays-d’Enhaut, la fabrication de fromage d’alpage vaudois représente 200 tonnes par an. » Coopération, 27 octobre 1977, p. 3.
9 « Ce n’est qu’hier matin que J.-P. Ph., teneur de l’alpage touché, a découvert l’ampleur de l’éboulement. » La Liberté, 15 mai 1992.
10 « Rien ne prédestine ce film à attirer la grande foule. Pour autant, il ne mériterait pas de passer inaperçu. C’est l’œuvre intime d’un homme, M. S., qui l’a “porté” en lui des années durant ; il est un hommage rendu à l’alpage et aux caractères que celui-ci forge, à des métiers menacés, à une philosophie de vie simple et puissante. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 24-25 avril 1993, p. 29.
11 « Cet ancien café d’alpage s’est mué en véritable pôle gastronomique de la Gruyère. » Le Nouveau Quotidien, 4 octobre 1993, p. 36.
Remarques. On dit aussi montagne (« qui reste le vrai terme populaire », GPSR 1, 312a ; v. ce mot) ou alpe (plus rare ; v. ce mot).
Commentaire. Première attestation (avec ce sens) en français de Suisse romande : 1762 (mais déjà 1661-1672 en Dauphiné, v. FEW 24, 347a et TLF 2, 612a). Le mot résulterait d’un « croisement relativement récent de alpe, peu usité, avec pâturage » (GPSR 1, 312a). Les sens “droit de pâturage” et “estivage, transfert et séjour du bétail dans les pâturages” (dérivés de alper et à distinguer du sens illustré ici) ne semblent plus attestés dans l’usage contemporain. Dans le sens qui nous occupe, le mot est passé dans la lexicographie générale du français depuis Trév 1752, le plus souvent sans marque régionale (mais cf. Littré : « en Suisse, tout pâturage de montagne »). La fréquence du mot est certainement plus élevée en Suisse romande et dans les Alpes françaises que dans le reste de la francophonie (fréquence littéraire absolue dans TLF : 8, dont au moins une attestation provient d’un auteur suisse, H.-F. Amiel), et sa syntagmatique, plus développée ; en outre, sa valeur y est plus neutre que pour les autres francophones, pour qui le mot est vaguement littéraire (cf. citations de H. Bosco dans TLF, ou de R. Frison-Roche dans GLLF, référant toutes deux aux Alpes françaises). — Littré 1863 ; LittréSuppl 1877 ; GPSR 1, 311b-312a ; FEW 24, 346b-348a, Alpes ; GLLF 1971 ; TLF 2, 612ab ; GR 1985, 2001.
alpant→ alper IV
alpateur→ alpéateur Rem.
alpen. f. (parfois Alpe)
1.♦ Montée des troupeaux de bovins (évent. d’ovins et de caprins) dans les pâturages de haute montagne, au début de la belle saison ; période durant laquelle les troupeaux séjournent dans les pâturages de haute montagne. La saison de l’alpe. ⇒ alpée, alper ; désalpe, désalper ; inalpe.
1 « À la saison de l’alpe et à celle de la désalpe*, le premier [spectacle] était le passage des grands troupeaux, le défilé des vaches noires et blanches, les mêmes couleurs que celles de la République. » G. de Reynold, Mes Mémoires, 1960, t. II, p. 104.
2.♦ Pâturage de haute montagne, où les troupeaux séjournent à la belle saison. Monter à, sur l’alpe, descendre de l’alpe. ⇒ alpage ; mayen 1 ; montagne.Montée à l’alpe (⇒ alpée ; inalpe). Alpe à génisses.
2 « Sur l’alpe, me dit un jour une jeune fille, les fleurs repoussent comme au printemps. C’est rempli de dents-de-lion, on a même vu des anémones. » C. Bille, La Fraise noire, 1968, p. 62.
3 « Les rares jeunes qui séjournent encore à l’alpage* entrent fréquemment en conflit avec les vieux bergers qu’ils indisposent par leur style de vie. […] Cela irrite les vieux qui, respectueux de la tradition, ne quittent pas leur alpe de tout l’été. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 213.
4 « Mais l’on y apprend aussi que, sur l’alpe, quelques chaudières subsistent encore, l’armailli* devant alors joindre à son amour du bétail les qualités d’un bon fromager. » Le Sillon romand, 6 août 1976, p. 3.
5 « Inlassablement, il [le maître fromager] donne dix fois, cent fois les mêmes explications, […], lui qui, âgé de 55 ans, est monté cet été pour la 50e fois sur l’alpe. » Ibid.
6 « C’est dans cet alpage* communal qu’on a construit, en 1948, un grand chalet*, avec toit en tavillons*, abritant les étables et les granges, mais aussi une buvette, qui donne à… manger aux promeneurs de l’alpe. » L’Est Vaudois, 7 août 1976, p. 4.
7 « […] la foire aux moutons qui a lieu chaque année, dès que les troupeaux sont redescendus de l’alpe. » Femina, 1er septembre 1977, p. 89.
8 « Une fête toute simple et populaire, avec la traditionnelle soupe à l’orge saviésanne*, a permis de rappeler non sans quelque émotion les moments forts de la mémorable rencontre sur l’alpe. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 3 août 1992, p. 1.
↪ V. encore s.v. raclette.
3.♦ (poét., litt.) Haute montagne.
9 « L’Alpe où l’aigle construit son aire, / L’Alpe où libre vit le chamois, / L’Alpe majestueuse et fière / A ses bruits et ses mille voix. » V. Darbellay et al., Liddes, 1976, p. 121.
10 « Odeur âpre et doucereuse de l’alpe, ciel bleu ponctué très loin, très haut, de cirrus blancs qui sont comme une toile d’araignée, fraîcheur de l’herbe que nous foulons, de l’air qui balaie la combe*. » Coopération, 27 octobre 1977, p. 3.
11 « Pour que toute une vie à la montagne ne soit pas oubliée. Mais que ceux de la plaine oublient tout en s’abandonnant sur l’alpe. » La Liberté, 31 août 1993, p. 9.
12 « Le Suisse allemand en lui roule en train, s’isole sur une alpe pour écrire et rêve de faire du fromage de chèvre, défend les droits des femmes et ne mange que végétarien. » Le Nouveau Quotidien, 6 décembre 1993, p. 20.
Remarques. Terme plutôt rare ; on lui préfère inalpe (au sens 1 ; v. ce mot), alpage (au sens 2 ; v. ce mot) ou simplement montagne (au sens 2) : « Grâce à cela, la chose est devenue réalité et, à partir de l’hiver dernier, on n’a plus dans cette région qu’une seule et unique montagne qui est déjà maintenant en exploitation. C’est l’alpage de Scex-Mille, nom de bonne consonnance, qui se retient bien. » (Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 23 juin 1976, p. 17). — Le sens 3 est donné comme « vx ou littér. » (sans marque régionale) dans GR 1985.
Commentaire. Attesté indirectement par le latin médiéval depuis le xiie s. et jusqu’au début du xviiie ; la plus ancienne attestation en français remonte à 1760 (GPSR 1, 312b). Dans l’usage contemporain, il pourrait s’agir d’un emprunt à l’all. Alpn. f. “alpage” (v. LittréSuppl 1877 s.v. alpestre ; GPSR 1, 312a ; GR 1985 s.v. alpe, cit. 3). Mais le type est très bien attesté dans les parlers dialectaux du Val d’Aoste, du Dauphiné, du Piémont, des Basses-Alpes et des Alpes-Maritimes ; c’est à ces matériaux que Wartburg rattache frm. alp [sic] m. “pâturage des Alpes” (Lar 1898–1948), et non à l’allemand (v. FEW 24, 347a, Alpes). Le mot appartient en outre au français régional de la Savoie. — Littré 1863 s.v. alpage ; LittréSuppl 1877 s.v. alpestre ; GPSR 1, 312b-314a ; FEW 24, 346b-347a, Alpes ; TuaillonSurv ; GR 1985 ; Lengert 1994 ; GR 2001.
alpé→ alper III
alpéateurn. m.
♦ Chacun des propriétaires particuliers dont le bétail réuni constitue le troupeau d’un alpage. ⇒ alpage, alpant ; consort.
1 « Le fait d’alper* du bétail donne au consort* un statut particulier, celui d’aluì (en français régional, consort alpéateur). L’aluì a un rôle actif à jouer. Il participe aux travaux, aux frais d’entretien de l’alpage* et aux décisions y relatives. Le consort* non-alpéateur ne participe qu’aux décisions touchant son état de propriétaire. » Évolène. Suisse. Ses traditions et ses coutumes, 2004 (Internet).
Localisation. Encore très vivant de nos jours à Évolène [VS]. Dans le bas de la vallée d’Hérens, on dit plutôt alpateur (témoin originaire de Vex, mai 1993).
Remarques. Cf. encore alpant (s.v. alper IV).
Commentaire. Français régional des textes juridiques valaisans. Première attestation : 1848 (GPSR). Cf. ital. régional du Tessin alpatore, de même sens. — GPSR 1, 314a, s.v. alpéateur et 305a, s.v. alou̯è̩ ; FEW 24, 347b, Alpes ; Petralli 1990.
alpéen. f.
♦ Montée des troupeaux de bovins (évent. d’ovins et de caprins) dans les pâturages de haute montagne, au début de la belle saison. L’alpée est prochaine, le printemps est là (refrain populaire). ⇒ alpe, alper ; désalpe, désalper ; inalpe.
1 « Pas très loin, les clarines des génisses à l’alpée ponctuent l’air. » Tribune-Le Matin, 4 juillet 1976, p. 11.
2 « Là aussi, la tradition fait que les porteurs de meules de fromages, le troupeau en grand appareil d’alpée, pénètrent sur la place du Marché, à Vevey. » 24 heures, 22 avril 1977.
3 « L’alpée sera retardée ; il a fait trop longtemps mauvais. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
4 « Les prés sont beaux cette année… c’est qu’on n’a pas fait pacager les vatsés [= forme patoise pour vaches] avant l’alpée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
Localisation. FR. Le mot est également connu par des témoins neuchâtelois ou vaudois.
Remarques. Le synonyme inalpe (v. ce mot) est plus répandu en Valais ; on dit aussi la montée à l’alpe* (témoin NE Cernier), la montée à l’alpage* (P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 125 ; Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 25 juin 1976, p. 31) ou simplement la montée (P. Hugger ibid. p. 127 et passim ; témoin VD Arnex). — « L’alpée » est le titre d’une chanson populaire composée en 1911 par l’Abbé Joseph Bovet sur des paroles de Fernand Ruffieux (v. Nos chansons : chants populaires anciens et nouveaux / recueillis, composés ou harmonisés pour chœur d’hommes par Joseph Bovet, 1911, Hauterive, p. 230-231).
Commentaire. Forme substantivée du part. passé de alper (v. ce mot). — GPSR 1, 312b s.v. alpā̩yǝ.
alperv.
I.♦
1.♦(v. intr.) Mener des troupeaux de bovins (évent. d’ovins, de caprins) dans les pâturages de haute montagne, au début de la belle saison. Alper en juin. Alper plus tôt, plus tard. ⇒ alpe, alpée ; désalpe, désalper ; inalpe.
1 « Au début de la saison, un propriétaire de bétail fribourgeois avait alpé à Bovinette. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 10 novembre 1975, p. 7.
2 « On a alpé. Et puisque nous parlons alpages*, parlons aussi reines*. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 23 juin 1976, p. 17.
I. 2.♦(v. intr.) Passer la belle saison dans les pâturages de haute montagne. Alper avec son troupeau.
3 « Mon domaine, l’été, nous raconte l’armailli*, c’est les hauts pâturages de la Cuvaz, à 1300 mètres d’altitude, au pied de la Dent-de-Lys. L’été dernier encore, j’ai alpé avec un troupeau de 22 vaches et trente génisses. » Tribune-Le Matin, 16 mars 1975.
4 « Nous félicitons chaleureusement ces fidèles serviteurs de la montagne qui alpent notamment avec un troupeau de vaches et sont restés fabricants de gruyère*. » La Gruyère, 21 mai 1977, p. 2.
II.♦(v. tr.) Mener dans les pâturages de haute montagne (des troupeaux de bovins, d’ovins). Alper ses vaches ; alper des moutons ; alper son bétail.
5 « Dès la Deuxième Guerre mondiale, l’antique village [de Vichères] se dépeuplait. À jamais révolue l’époque où les Vicherands* alpaient trente vaches à Bavon et prenaient sur eux l’initiative de construire four banal et laiterie. » V. Darbellay et al., Liddes, 1976, p. 56.
6 « Roland n’a pas la place pour l’héberger chez lui. Aussi l’a-t-il confiée à un ami, M. F., de Lourtier. On l’alpera cet été à La Chaux et nul doute qu’elle [une reine* à cornes] se distinguera lors des combats. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 17-18-19 avril 1976, p. 19.
7 « Il faut avoir trois cuillerées [= mesure de compte, droit d’alpage] pour alper une vache. » Riddes, RSR I, 10 février 1977.
8 « C’était une copropriété sur laquelle les bourgeois* de Salvan alpaient leur bétail. » RSR I, 23 juin 1977.
9 « Ce syndicat est au bénéfice d’un bail de 6 ans dont le terme arrivera en 1995. Il y alpe une soixantaine de génisses qui séjournent d’abord sur les pâturages de Lyte-Marie et des Murs-Blancs dont il est propriétaire. Un judicieux voisinage qui permet au bétail de passer tout l’été sur les hauteurs d’Estavannens. » La Liberté, 23 septembre 1992.
↪ V. encore s.v. alpéateur.
III.♦alpé, ‑éepart. passé-adj. Qui a déjà été mené à l’alpage, qui a l’expérience de la haute montagne (en parlant d’animaux domestiques).
10 « À vendre / 2 vaches portantes [= gravides] pour novembre et décembre, ainsi qu’un veau d’une année, alpé. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 27 décembre 1976, p. 24.
IV.♦alpantpart. prés. substantivé. Personne qui mène son bétail à l’alpage et qui l’y fait séjourner. ⇒ alpéateur.
11 « Tous les alpants de la montagne de La Crettaz-Lee sont priés d’inscrire leur droit auprès du président du comité, M. J. Tr., à Ormône, et ce dans les trente jours qui suivront la présente publication, pour la sauvegarde de leurs droits. » Bulletin officiel du Valais, 12 octobre 1973, p. 893.
12 « Les consorts* et les alpants de la montagne de Combatseline sont convoqués en assemblée ordinaire, le jeudi 22 avril 1993, à 20 h 15 à la salle communale habituelle à Beuson. » Bulletin officiel du Valais, 26 mars 1993, p. 526.
Localisation. VS ; FR (Gruyère).
Remarques. Le synonyme inalper (v. Pier) n’est plus attesté dans l’usage contemporain (contrairement au dérivé substantival correspondant, inalpe ; v. ce mot).
Commentaire. Dérivé de alpe (v. ce mot). Première attestation : 1659, sous la forme du participe présent arpant “qui passe l’été dans l’alpage (bétail)” (GPSR 1, 314b) ; première attestation sous la forme moderne : 1789 (v. PierSuppl). Au part. passé (ci-dessus III), attesté en 1933 et 1966 (v. FEW 24, 347a, Alpes). Pour IV, v. GPSR 1, 632a s.v. arpin. Cf. Val d’Aoste alper v. “mener les vaches en montagne”. — Pier ; GPSR 1, 314ab et 632a ; FEW 24, 346b-348a, Alpes ; MartinAost 1984 ; GR 2001.
amendableadj.
♦ Passible d’une amende (d’une personne ou d’une action). Faute amendable. ⇒ amender.
1 « Cyclistes et cyclomotoristes sans vignette sont amendables dès* juin. » La Liberté, 12 mai 1993, p. 44.
2 « Attention ! Nous vous rappelons que vous êtes amendable si vous roulez avec la vitre arrière ne présentant aucune visibilité. » Contact week-end, 13 janvier 1994.
3 « Les lois et règlements pour la protection des animaux vont trop loin actuellement, selon M. E. Alors qu’un particulier peut lâcher son chien dans la nature, le chasseur, qui a un permis, est amendable dans le canton* de Fribourg si le garde-chasse le contrôle. » La Gruyère, 11 avril 1995, p. 7.
4 « Quant aux bars de nuit, le juge précise que l’employeur occupant des clandestines (ou des clandestins), est amendable au sens de la LSEE [= Loi fédérale sur le séjour et l’établissement des étrangers], mais aussi qu’il est en infraction avec toutes les lois d’assurances sociales et avec les règlements fiscaux. » Domaine Public, 25 mai 1995, p. 8.
Commentaire. Archaïsme ; type aussi connu dans les patois (GPSR 1, 340b-341a), par emprunt à « la langue juridique de France » (ibid.). On trouve dans l’ancien usage régional (xve et xvie s.) la forme e(s)mendable (Pier), aussi attestée en France aux xvie et xviie s. (v. Gdf 3, 493c). L’emploi suisse romand est marqué comme « classique » dans GLLF et « vieux ou régional » dans TLF et GR. — Manque à FEW 3, 218a, EMENDARE II, 2 b. — Gdf 3, 493c s.v. esmendable ; Pier s.v. émendable ; GPSR 1, 340b-341a ; TLF ; GLLF ; GR ; PLi dp. 1989.
amenderv. tr.
♦ Infliger une amende. Être amendé, se faire amender. ⇒ amendable.
1 « La décharge du Cerneux sera interdite tout prochainement aux personnes extérieures à la localité, ceci par suite du manque de place. La mise à ban* fera l’objet d’une sanction par le juge. Les contrevenants seront amendés. » Le Pays, 2 juillet 1976, p. 9.
2 « Hausse de loyer litigieuse à Vevey / Professionnels amendés / Décision exceptionnelle du Tribunal des baux : deux promoteurs sont condamnés à payer des dépens. » Le Matin, 4 décembre 1988.
3 « Un prévenu a assommé le juge qui l’“amendait” / Le magistrat souffre d’une commotion cérébrale et de bleus au visage. » La Liberté, 15 mars 1993, p. 15.
4 « Quant à savoir, si lui réagirait mal en voyant un civil l’amender, le porte-parole de la police avoue que oui ! » Le Nouveau Quotidien, 21 juillet 1993, p. 13.
5 « Attention : il faut absolument éviter de jeter une enveloppe ou tout matériel pouvant révéler votre identité, sous peine d’être amendé. » Le Nouveau Quotidien, 1er décembre 1993, p. 19.
6 « Il y a quelques semaines, un inspecteur m’a amendé parce que je vendais des plantes naturelles en gélules. » Le Nouveau Quotidien, 5 mars 1996, p. 15.
Remarques. L’équivalent du français standard, infliger une amende, est aussi usité en Suisse romande (« Le juge avait infligé une amende à un jeune Fribourgeois […] » La Liberté, 15 mars 1993, p. 15).
Commentaire. Type également connu dans les patois (GPSR 1, 341b s.v. amender sens 3°). Première attestation en français régional : 1910, OdinBlonay, p. 12b. Ce dér. de amende existe aussi, de manière indépendante, dans plusieurs pays d’Afrique francophone. — Manque à FEW 3, 218a, EMENDARE II, 2 b. — OdinBlonay 1910 ; GPSR 1, 341b ; IFA 1983 ; Adout 1986.
ami(e) de nocen. m. (f.)
♦ Garçon, demoiselle d’honneur, ami(e) proche des nouveaux mariés, qui doit remplir certaines fonctions lors du mariage. Demander, choisir quelqu’un comme ami(e) de noce. ⇒ major de table.
1 « La mariée est prête à embrasser les amis de noce. » E. Gardaz et al., Le Vin Vaudois, 1975, p. 32.
2 « Mais c’est Ignace qui devrait être son ami de noce, c’est avec lui qu’il a toujours été ami, au collège et partout […]. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 402.
3 « […] l’ami de noce devait avoir préparé son petit laïus, car il est d’usage de retracer sur un mode humoristique la vie de vieux garçon du marié. » Ibid., p. 415.
4 « L’ami de noce a lu toute la série des télégrammes adressée aux époux. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
5 « L’amie de noce est encore en train de coiffer la mariée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
Remarques. L’ami de noce est souvent aussi témoin et major* de table, mais il s’agit de fonctions distinctes.
Commentaire. Innovation suisse romande ; aussi connu dans les dialectes, par emprunt au français régional (VD, VS, GE, NE ; v. GPSR 1, 346a s.v. ami 2°). Première attestation en français régional : 1903 (PludFranç). — Manque à FEW 24, 446a, AMICUS I, 1 a. — PludFranç 1903 ; GPSR 1, 346a s.v. ami 2°.
amignen. f. (parfois écrit avec une majuscule)
1.♦ Cépage du Valais, donnant un raisin blanc à grosses grappes et un vin très capiteux (v. ci-dessous 2). ⇒ arvine ; fendant ; humagne ; johannis(berg) ; païen ; rèze.
1 « […] les rouges dits “du Valais”, la rèze* ou l’humagne* auraient déjà été plantés avant que les envahisseurs ne nous apportent l’amigne, l’arvine* et le muscat. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 82.
2 « La liste des spécialités valaisannes de vins blancs est longue. Il faut d’abord citer les cépages authentiquement locaux, et qu’on ne trouve que dans cette région : l’humagne* d’abord, qui existait, semble-t-il, avant la conquête romaine, et dont l’origine est inconnue ; l’arvine* et l’amigne ensuite, […]. » J. Montandon, La Cuisine au fil du Rhône, 1977, p. 44.
3 « Par eux [les Romains] furent plantés l’amigne, l’arvine* et le muscat délicieux qui merveilleusement s’acclimatèrent sur les coteaux rocheux de la vallée du Rhône. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 63.
4 « Officiellement, l’amigne apparaît pour la première fois à l’Exposition ampélographique internationale de Genève en 1878. En 1881, elle se trouve à l’Exposition de Lucerne accompagnée d’échantillons de vins analysés par Jean-Marie Kohler. Enfin, en 1903 elle obtient le premier prix de la viticulture à l’Exposition nationale suisse de Frauenfeld. » Cl.-H. Carruzzo, Cépages du Valais, 1991, p. 59.
5 « Sur la fiche signalétique de l’amigne : un bourgeonnement blanc verdâtre et tomenteux, des rameaux moyens, striés, un peu grêles et souples, des feuilles adultes grandes, épaisses, orbiculaires et peu découpées, à face externe glabre légèrement parcheminée d’un vert clair qui jaunit à l’approche de la maturité et face interne couverte de poils qui, mêlés à un feutrage aranéeux, composent une apparence grisâtre et rugueuse. Les grappes sont moyennes à grandes, rameuses, lâches, avec un pédoncule très long, les baies moyennes, légèrement elliptiques, vert-jaune intense, à pellicule fine et saveur neutre. » Le Sillon romand, 15 septembre 1994, p. 31.
↪ V. encore s.v. arvine 1.
2.♦ Vin blanc que l’on tire de ce cépage. Une bonne bouteille d’amigne.
6 « Le prieur va chercher une carafe d’Amigne. On trinque, on en raconte de bonnes, on devise. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1976 (1re éd. 1965), p. 103.
7 « Ce pays [le Valais] est, de très loin, le plus riche de Suisse en spécialités vinicoles. Ses caves contiennent d’extraordinaires richesses, et son sol est le seul à produire ces crus somptueux qui ont nom : petite arvine*, amigne, humagne*, païen*. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 87.
8 « Claquetez votre langue au palais, saisissez le terroir, ce sera du fendant* de tel et tel endroit, fendant* des murailles de Sion, fendant* des bonnes et des moins bonnes années, dôle* de Salquenen, johannisberg* de Chamoson, petite arvine* ou vin fruité de Fully, amigne de Vétroz, […]. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 126.
9 « Sont cités en petite quantité dans l’ordre décroissant : parmi les blancs, l’ermitage, la malvoisie, le muscat, l’arvine*, le riesling, le riesling-sylvaner, l’amigne, le païen* ou heida, le chardonnay, l’humagne*, autres blancs ; […]. » J. Nicollier, Les propos de l’Ordre de la Channe, 1985, p. 7.
↪ V. encore s.v. giclée I.
Localisation. Réalité originaire du Valais, peu diffusée dans le reste de la Suisse romande.
Commentaire. Transposition en français régional d’un type attesté dans les patois valaisans, v. GPSR 1, 348a, qui n’atteste le mot du français régional que comme mot-entrée. Première attestation (sous la forme dialectale amini) : H. Schiner, Descr. Dpt du Simplon, 1812, p. 286. Première attestation sous la forme francisée : 1878. — Micheli 1878, p. 202 ; GPSR 1, 348a, amigne ; Aebischer, VoxRom 2 (1937), 355 ; P. Aebischer, “Élucubrations bachiques et étymologiques sur les noms des vieux cépages valaisans”, dans Les Propos de l’Ordre de la Channe, 2, Savièse, 1959, p. 3-5 ; FEW 24, 452a, amin(n)eus ; OffScrabble 1995 ; PLi 1998.
amoder→ emmoder Rem.
amourettesn. f. pl.
1.♦ Testicules d’animaux (bœuf, porc, mouton, etc.), constituant un mets apprécié des gourmets. Servir, acheter, cuisiner des amourettes de bœuf.
1 « [Ce qu’on a vu en 1996] Pour récompenser ses clients, le Jipé de la boucherie leur offrir un petit cadeau. La M. P. frétille en rentrant chez elle, espérant une saucisse ou un fumé [= morceau de porc fumé]. Surprise, en ces temps de bouchoyade* : le J. lui fait don d’une carotte et de deux amourettes de veau. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 13.
2.♦ (par ext.) Testicules.
2 « [Ce qu’on a vu en 1996] En faisant du ski nautique, le J. P. […], à la suite d’une brusque secousse, recevoir l’archet dans les amourettes. / La Michèle n’a jamais passé des vacances aussi paisibles. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 21, 1997, p. 23.
Localisation. JU.
Remarques. Encore bien connu des témoins jurassiens qui connaissent ce mets ; le deuxième sens semble peu usité.
Commentaire. Première attestation pour la région jurassienne : v. ci-dessus. Première attestation absolue du sens 1 : Jaubert 1864 (v. FEW). Le sens 2, extension du premier, n’a jamais été repéré. Au Québec (v. Clapin, GPFC, TLF), amourettes est attesté au sens 1 ci-dessus comme terme de boucherie et d’art culinaire, à côté du synonyme animelles. Quant au FEW, outre pour le Canada, il atteste le sens 1 également pour le Centre et l’Aube. AcC 1836 répertoriait le sens de “ovaires des mammifères domestiques” attestation isolée. Les dictionnaires français dans leur ensemble ne connaissent que le sens de “moelle épinière d’animal servie comme garniture culinaire” ; seul DHLF indique le sens de “testicules (des animaux)”, sans autre précision que la date de 1836 (mais ce n’est pas le sens attesté par AcC). GR 1985 s.v. abat donne dans la liste des abats blancs l’indication suivante : « testicules (rognons blancs, amourettes) ». L’origine donnée par les dictionnaires est souvent celle d’apr. amoretas “testicules du coq”, bien que nuancée dans TLF par un « peut-être » ; or, la note 21 du FEW (p. 470a) réduit cette étymologie à néant en affirmant qu’il s’agit d’un mot-fantôme, né d’une mauvaise lecture. DHLF penche quant à lui pour un emploi figuré relié à amourette “amour léger”, tout en suggérant une éventuelle homonymie avec les résultats de *AMŌR “liquide”, remontant à un croisement entre (H)ŪMŌR et AMŌR, où l’attraction sémantique de AMŌR a joué un rôle important. Avec *AMŌR comme étymon, plutôt que de supposer une extension sémantique de “aventure sentimentale passagère”, comme le fait Ac 1986, il faudrait plutôt voir une dérivation métaphorique hypocoristique ou plaisante de amour, au moyen du suffixe ‑ette, avec l’idée de “goût très vif pour quelque chose” en référence au caractère recherché de certains abats en cuisine. Il est en outre plus aisé de partir du sens de “testicules” comme base pour un déplacement sémantique par métonymie vers les autres sens, avec maintien comme archaïsme dans certaines régions. — AcC 1836 ; Clapin 1894 ; GPFC 1930 ; TLF ; FEW 24, 466b, AMŌR ; Ac 1986 ; DHLF 1992 ; QuenetJura 1998, p. 45.
■ [S. Q.] Simone Quenet
amoursn. f. pl.
♦ Dernières gouttes d’une bouteille de vin. À toi les amours ! Laisse-moi te verser les amours.
1 « Comme le disait un ami en éclusant les amours d’une bouteille de rouge : “Tu n’imagines pas la catastrophe si mes collègues savaient combien je gagne pour la quantité de travail que j’abats […].” » L’Hebdo, 20 juin 1996.
Remarques. N’est guère senti comme helvétisme, si l’on en juge par son absence de tous les glossaires consultés.
Commentaire. Création suisse romande d’origine obscure, à rattacher peut-être à la formule À tes (vos) amours, souhait adressé au moment de trinquer (TLF 1, 828b) ; cf. encore la formule Tu te marieras à la fin de l’année, adressée à une personne à qui on verse le fond d’une bouteille (ReyChantreau). — ReyChantreau 1979 ; PLi dp. 1989.
amuse-bouchen. m.
♦ Petit mets salé (canapé, biscuit salé, olive, cube de fromage fondu, etc.) servi avec l’apéritif ou au cours d’une réception (par ex. une verrée*, un vin d’honneur). Servir des amuse-bouches ou des amuse-bouche. ⇒ salée ; sèche.
1 « C’est dans une telle promenade [en parlant d’une dégustation de vins] qu’on apprécie la compagnie de quelques-uns de ces amuse-bouches de cave que dégustateurs et vignerons savent diversifier, en choisissant quelques mets simples dont l’ingestion ne nuira pas à l’opération principale, qui reste le jugement des vins. Le pain est toujours là, ainsi que les noix en automne. Mais un vieux fromage coupé en petits cubes ou en fines lamelles, une assiette de viande séchée ou un peu de lard sec sont, eux-aussi [sic], des hôtes appréciés et des compagnons fort bienvenus. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 92-93.
2 « L’horizon était obscur, le chemin sans mystère. Une proie facile çà et là ne pouvait qu’entretenir en lui le dégoût des bestioles et des amuse-bouche. Il en appelait à de fortes nourritures, cuisses d’ours, poitrine de cheval, fricassées de marcassin, testicules de taureau. » A. Voisard, Je ne sais pas si vous savez…, 1975, p. 10.
3 « [Mme Oin-Oin prépare l’apéro avec son mari] ‑ Dis donc, tu mets sur la table les amuse-bouche ? » RSR I, 5 mars 1977.
4 « Dans son restaurant de Crissier, le cuisinier aimait à confectionner le papet* en amuse-bouche, parmi d’autres “vaudoiseries” […]. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 24-25 janvier 1998, p. 12.
◇ (en emploi fig.)
5 « Mais ces choix, qui se portent obligatoirement sur des textes courts, n’ont pas l’arbitraire des morceaux choisis ou des anthologies. Ce sont des textes représentatifs. Plus que des amuse-bouche, des mises en bouche [v. rem. ci-dessous]. » Domaine Public, 26 février 1998, p. 8.
Remarques. Euphémisme créé par analogie avec amuse-gueule, lui aussi connu et employé en SR. Il semble s’agir d’un phénomène d’hypercorrection, amuse-gueule n’étant pas considéré comme populaire en français de France. — Le néologisme mise en bouche [v. dernière citation ci-dessus] semble désigner une entrée un peu plus substantielle que l’amuse-bouche.
Commentaire. Régionalisme de fréquence ; mot pris en charge par la lexicographie française depuis 1992 seulement (v. DHLF s.v. muser, qui dit l’avoir observé en 1987) ; NPR 1993 le date « v. 1980 », sans référence. En Suisse, il est bien implanté et attesté dp. 1975 (Lengert donne 1962 comme première attestation, lui aussi sans référence). — À aj. à FEW 6, III, 281b, MŪSUS auprès de amuse-gueule. — « certains restaurants soucieux de bien dire le remplacent [amuse-gueule] par amuse-bouche » DHLF 1992 ; « au restaurant » NPR 1993 ; Lengert 1994 ; « terme utilisé dans les restaurants » PLi 1997.
■ [M. H.] Michaela HEINZ
andainerv. intr.
♦ Mettre en andains le fourrage fauché, à l’aide d’une machine agricole attachée à un tracteur. Appareil à andainer, appareil de machinerie agricole servant à mettre en andains le fourrage fauché. ⇒ andaineur ; désandagner ; giro-andaineur.
1 « À vendre motofaucheuse [= faucheuse à moteur] avec remorque, barre de coupe 1,90 m. et appareil à andainer. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 29 [BE].
Commentaire. Technicisme récent (agriculture). Dérivé sur mfr. frm. andain “rangée d’herbe fauchée” (dp. xvie s., v. FEW 24, 403b). Le français régional de Suisse romande a connu andanerv. tr. “mettre le fourrage coupé en longs tas ou raies”, ainsi qu’un type andagner de même sens mais de formation plus ancienne (v. GPSR) ; ces deux types, aussi présents dans les patois suisses romands, ont des correspondants dans plusieurs points de l’espace galloroman, avec des sens apparentés (v. FEW). Quant à andainer, il commence à apparaître aussi bien en France (publicité Internet pour les agriculteurs), en Wallonie, dans le fr. rég. de la province de Luxembourg (comm. pers., Michel Francard, 15 août 1997), ainsi qu’au Canada, où l’on trouve aussi le dér. andainagen. m. (Internet). — Pier s.v. andagner ; GPSR 1, 395a s.v. andanyī̩ et 395b s.v. andǝnā̩ ; FEW 24, 403b-407b s.v. ambĬtus.
andaineurn. m.
♦ Machine agricole munie d’éléments rotatifs servant à rassembler en andains le fourrage fauché. Andaineur traîné ; andaineur porté. Andaineur à fourrage. Attacher l’andaineur au tracteur. ⇒ andainer ; désandagneuse ; giro-andaineur.
1 « Pour cause de cessation d’exploitation, à vendre à bas prix et au plus offrant […] ANDAINEUR À FOURRAGES STOLL, 1 saison ; […]. » Le Sillon romand, 31 janvier 1975, p. 17 [VD].
2 « Nouveau : Girostar […] de France qui se métamorphose en un tour de main en un excellent andaineur ou une faneuse parfaite. » Le Sillon romand, 7 février 1975, p. 24.
3 « À vendre / andaineur Kuhn / traîné, 2,80 m. ; / andaineur Fahr / porté, 2,80 m. ; […]. » Le Pays, 3 juin 1976, p. 17 [JU].
4 « À vendre 1 ANDAINEUR pour la montagne, moteur révisé, prix à discuter. » Le Sillon romand, 24 juin 1993, p. 25 [FR].
Remarques. Cf. encore andaineur, ‑euseadj. dans les syntagmes pirouette andaineuse (Le Sillon romand, 31 janvier 1975, p. 17 et 7 février 1975, p. 29) et boîtier andaineur (Le Sillon romand, 24 juin 1993, p. 25), qui désignent divers éléments de machines agricoles servant à mettre le foin en andains. — Cf. appareil à andainer (s.v. andainer) et giro-andaineur (v. ce mot).
Commentaire. Technicisme récent (agriculture) formé sur andainer (v. ce mot). La lexicographie française connaît andaineusen. f. “machine servant à couper et à rassembler en andains les céréales” (dp. Lar 1960, v. FEW 24, 405a, ambĬtus I 1 a).
1.♦ Se présenter, s’adresser. Annoncez-vous au guichet n° 4. Il faut s’annoncer à telle adresse. S’annoncer à un supérieur, au capitaine.
1 « Ainsi, les femmes divorcées, les bénéficiaires de retraite anticipée, les étudiants, les malades et les invalides qui n’exercent pas d’activité lucrative doivent s’annoncer sans tarder à l’agence communale AVS* de leur domicile, […]. » Le Démocrate, 9 février 1993, p. 8.
2 « Ainsi, un inconnu qui avait gagné 1,9 million de francs au concours du “Joker” en novembre dernier ne s’est pas annoncé pour récupérer son gain à l’échéance du délai le 24 mai. » Le Nouveau Quotidien, 8 juin 1993, p. 32.
3 « Nous n’avons pas su pendant plus d’une heure si des vies étaient en danger sur cette pente. Le groupe ne s’est annoncé qu’après que nous les avons appelé pendant une heure au restaurant d’altitude. » Le Nouveau Quotidien, 17 janvier 1994, p. 28.
4 « La majorité des personnes qui s’annoncent à la réception des hôtels lausannois appartiennent cependant à une catégorie plus diffuse, celle des voyageurs d’affaire. » Le Nouveau Quotidien, 20 mars 1995, p. 15.
2.♦ Se porter volontaire. Il manque un joueur, qui s’annonce ?
5 « Ils cherchaient quelqu’un pour faire une partie de cartes. Le patron m’a demandé si je m’annonçais. » J.-P. Monnier, L’Arbre un jour, 1971, p. 193.
3.♦ S’inscrire.
6 « En plus, il y aura à Conthey la gymnastique à deux où huit couples se sont déjà annoncés. Du beau travail en libre, ou avec engins à mains (balle, corde, cerceau) sera présenté en vue des championnats de Suisse. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 15 avril 1993, p. 28.
7 « Encouragé par sa mère, le jeune Zurichois s’est annoncé pour faire du service agricole dans une ferme à la montagne durant ses vacances de Pâques. » Construire, 8 juin 1994, p. 12.
Remarques. N’est guère senti comme helvétisme, si l’on en juge par son absence de presque tous les glossaires consultés. — L’équivalent du français général (au sens 1), se présenter, est aussi usité en Suisse romande : « […] la commission […] avise toutes les personnes […] de se présenter […] au bureau communal […]. » Bulletin des communes du district de Neuchâtel, 12 février 1993, p. 3. — Cf. encore le déverbal annoncen. f. : « L’inscription préalable devra se faire, comme pour les autres voies d’études, au moyen du formulaire “annonce et demande d’immatriculation”, lequel peut être obtenu auprès du service d’admission et d’inscription de l’Université de Fribourg […] » (La Liberté, 9 février 1993, p. 15).
Commentaire. Emploi déjà attesté indirectement dans les définitions du GPSR (s’annoncer à un supérieur « t. militaire », s’annoncer au capitaine ; v. GPSR 1, 438a, annoncer). Ce sens semble apparenté à celui de “prévenir de son arrivée, survenir (de qn)”, relevé dans la lexicographie générale (dp. Lar 1960 ; « pop. » Lar 1960 ; « fam. » Lar 1982 ; v. FEW 24, 619a, annuntiare) ; cf. par exemple Victor s’annonce (Lar 1960). L’emploi suisse romand, toutefois, n’est pas senti comme familier ni populaire. L’italien régional du Tessin connaît annunciarsi avec le même sémantisme qu’en SR, par emprunt à la langue militaire selon Petralli. — GPSR 1, 438a, annoncer ; FEW 24, 619a, annuntiare Pid 1984 ; Petralli 1990.
appareilleurn. m.
♦ Personne qui effectue des installations sanitaires, plombier.
1 « Seul l’appareilleur concessionnaire de la Commune peut effectuer les branchements. Il est interdit aux appareilleurs de faire ou de modifier des installations quelconques, sans que le propriétaire de l’immeuble lui transmette l’autorisation écrite du service des eaux. » Commune de Nax [VS], Règlement des eaux potables et d’irrigation, art. 24, 10 mai 1982 (Internet).
2 « Son épouse […] ; ses enfants et petits enfants […], ont le regret de faire part du décès de Monsieur M.D., appareilleur retraité. » La Liberté, 22 février 1999, p. 4.
3 « Art. 3 / Pour faire partie de l’association, les membres doivent faire preuve d’une activité dans les secteurs de l’architecture, de la planification ou de l’ingénierie, de la protection de l’environnement, du génie civil et de la construction, de la construction de façades, ou être des professionnels du bâtiment, tels que couvreurs, appareilleurs, isoleurs et jardiniers-paysagistes. » Association suisse des spécialistes du verdissement des édifices, Statuts, 4 mai 2000, Archives (Internet).
4 « Il est strictement interdit aux abonnés, aux appareilleurs et au public en général, de manipuler les robinets d’arrêt, les vannes ou les bornes hydrantes*, […], sans avoir au préalable reçu une autorisation expresse du Conseil communal*. » Commune de Boudevilliers [NE], Règlement du Service des eaux, art. 12.3, 7 mai 2001 (Internet).
5 « Le tissu économique villageois est composé de quelques entreprises et artisans (peintres, appareilleurs, menuisiers, tapissier décorateur, imprimeurs, garagistes, céramiste et carrossier) qui ont pieds au village et emploient quelques ouvriers. Comme il n’y a pas de grosse industrie et peu de commerce la majorité des habitants travaille à l’extérieur. » Commune de Concise [VD], 23 octobre 2002 (Internet).
6 « […] il faut distinguer les dossiers relatifs à une branche du tissu économique, telle que l’industrie du bâtiment, des dossiers spécifiques au monde de l’installation électrique. Dans le premier cas de figure, les problèmes traités de part et d’autre sont souvent les mêmes, qu’ils concernent des maçons, des menuisiers, des appareilleurs ou des électriciens. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont de plus en plus traités en commun, mais en réseau. Dans le deuxième cas, défendre les intérêts spécifiques à un seul corps de métier dans le cadre d’une association professionnelle permet une meilleure écoute des membres et un travail en profondeur mieux personnalisé. » Association cantonale vaudoise des Installateurs-Électriciens, 8 juillet 2003 (Internet).
7 « L’Association suisse des maîtres ferblantiers et appareilleurs (ASMFA) est une importante association patronale et professionnelle du second œuvre. Elle regroupe, en chiffres ronds, 3100 membres actifs — entreprises d’exécution et projeteurs — appartenant aux branches de la ferblanterie, du sanitaire et du chauffage. » Campagne éliminateurs de CO2, août 2003 (Internet).
◇ (fréquent dans le composé) Ferblantier (-) appareilleur.
8 « Et pourtant, le secteur horloger n’est de loin pas le plus mal loti. Le phénomène prend en effet une ampleur plus inquiétante dans la métallurgie, l’industrie des machines, et dans tout l’artisanat du métal, du garagiste au ferblantier-appareilleur. » L’Hebdo, 3 avril 1997, Archives (Internet).
9 « Par décision du […] l’Office cantonal AI* du Valais a accordé à […] une rente entière d’invalidité pour la période […]. L’office se fondait notamment sur deux rapports d’expertise […] pour admettre que l’assuré eût été en mesure de reprendre, dès […] son activité antérieure de ferblantier / appareilleur, à raison de 100%. » Tribunal fédéral des assurances, 22 juillet 2002 (Internet).
10 « L’entreprise fut fondée dans les années 1940 par la famille M., établie à Lausanne. Le 1er mai 1971, B. B. au bénéfice d’un CFC [= certificat fédéral de capacité] de couvreur et de ferblantier appareilleur, reprend l’entreprise […]. » Site Internet publicitaire, 17 août 2003.
Remarques. Le terme plombier est également connu et employé en SR.
Commentaire. Attesté en France dp. 1292 avec le sens d’“ouvrier qui prépare le travail dans divers métiers” (TLF). Au xixe s., on désignait par ce terme l’“installateur des appareils de distribution du gaz” (Lar 1866), sens qui a pu, par ext., être à l’origine de l’emploi SR. Pour ce dernier, nous n’avons pas de documentation antérieure à 1962. Lengert donne 1896 comme première attestation, mais sans référence textuelle. — À aj. à FEW 25, 26ab, APPARĬCŬLARE. — Meijer- Enq 1962, p. 27 ; ZumthorGingolph 1962, p. 258 ; ChevalleyListe 1990 ; Lengert 1994.
1.♦ (t. milit.) Soldat de première classe, s’étant distingué par son comportement exemplaire. ⇒ lieutenant ; major ; premier-lieutenant.
1 « Je te fais remarquer que je suis appointé. Appointé de cuisine. Un poste-clef dans l’armée. De ce fait, tout soldat ou soldate – ce que tu pourrais être – me doit le respect ; en-dessous de mon grade, bien sûr. » J. Follonier, La Sommelière, 1971, p. 47.
2 « Tu ne dois pas rester à ce stade inférieur de l’armée. Tu as de l’étoffe. Appointé, c’est honorable, certes, mais tu peux aller plus haut dans la belle hiérarchie militaire. » Ibid., p. 99.
3 « Il vit passer son régiment, lui tout petit, l’arme à l’épaule… François Pralong, appointé de la première guerre… » M. Zermatten, La Porte blanche, 1973, p. 159.
4 « Le caporal L. Fr. et l’appointé E. H., faisant équipe avec deux agents de Bâle, le caporal W. et l’appointé K., ont brillamment remporté le championnat d’hiver d’armée de la Ve division à Kandersteg, en catégorie lourde. » Le Pays, 10 février 1977, p. 5.
5 « […] l’Association […] s’est donné un nouveau président en la personne de l’armurier N. Sch., de Neuchâtel. Il remplacera l’appointé A. H. qui était en place depuis plus d’une vingtaine d’années. » L’Express, 14 avril 1993, p. 19.
◇ (En apostrophe).
6 « Le capitaine venait de pousser la porte de la cuisine : – Tout est prêt, appointé ? – Prêt, mon capitaine ! » J. Follonier, La Sommelière, 1971, p. 85.
2.♦ Dans la police, grade supérieur à celui de simple agent mais inférieur à celui de caporal. Appointé de police, de gendarmerie ; appointé garde-frontière*.
7 « À cette sympathique occasion, M. L. Th., syndic*, accompagné de M. P. P., secrétaire municipal et de l’appointé de police J. E., lui a rendu visite pour lui apporter le cadeau traditionnel, […]. » Nouvelle Revue de Lausanne, 14 août 1976, p. 3.
8 « Avec ces nouvelles arrivées, le corps de police a un effectif, encore incomplet, de vingt et un membres. Ses cadres en sont […]. Il compte également cinq appointés, cinq agents, deux aspirants et deux gardes municipaux. » 24 heures, 12 janvier 1977, p. 17.
9 « Il y avait, mardi 1er février, 25 ans que le sgt H.-R. G., de la police cantonale* terminait son école de recrues à Berne. Immédiatement déplacé à Bienne, il obtint le grade d’appointé en 1962, celui de caporal en 1967 et celui de sergent en 1972. » Le Pays, 3 février 1977, p. 5.
10 « La direction de la police, le corps de police ont la tristesse de faire part du décès de Monsieur X. Br. / appointé de police » L’Express, 10 décembre 1985.
11 « Avec ses camarades bergers allemands et malinois, le superbe “Mirco” fait partie des plus précieux auxiliaires de la gendarmerie vaudoise. Âgé de 9 ans et fidèle compagnon de l’appointé Ch. N., il est même reconnu comme le roi dans la recherche d’armes et d’explosifs. » Le Matin, 8 novembre 1993, p. 11.
Remarques. Au féminin, on trouve la forme appointée (DictFémMasc 1991). — En France, correspond (au sens 1) à soldat de première classe (FEW 9, 596a, note 25).
Commentaire. Archaïsme ; maintien en français régional de fr. class. appointén. m. “sous-caporal” (Cotgr 1611–Rich 1759), v. FEW 9, 591b, pŬnctum I 1 c et 596a note 25 Statalisme ; dans l’armée suisse, correspond à l’all. Gefreiter, à l’ital. appuntato et au rom. appuntà. — FEW 9, 585-596, pŬnctum Pid 1983 ; GR 1985 ; PLi dp. 1989 ; PledariGrond 1993 ; OffScrabble 1995.
appointée→ appointé Rem.
appondrev. (aussi apondre)
I.♦
1.♦(v. tr.) Joindre, fixer bout à bout ; attacher, unir. Appondre des brins de laine, des cordages ; appondre un char au tracteur, un wagon à la locomotive ; écrire en appondant les lettres d’un mot. ⇒ apponse ; dépondre ; rappondre ; crocher 1.
1 « Comme il est seul avec Thérèse, il espère que des bras viendront à son secours. Il les attend tout en travaillant, regarde sur la route lorsqu’il “appond” ses chars, […]. » A.-L. Chappuis, La Moisson sans Grain, 1961 (2e éd. ; 1re éd. 1955), p. 38.
2 « Ce sont [les célébrités du jazz] les locomotives ; ensuite, on appond les wagons les moins connus. » TSR, Téléjournal, 19h40, 6 juillet 1976 (interview avec l’organisateur du Festival de Jazz de Montreux).
3 « J’apponds les bouts de pellicule les uns aux autres. » Témoin âgé de 30 ans, 18 février 1985 (NE La Chaux-de-Fonds).
I. 2.♦(v. intr.) Prolonger une discussion en répliquant.
4 « Dans les discussions, c’est toujours ce même bavard qui appond. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
◇ (Dicton) Qui répond appond, en répliquant sans cesse, on éternise la discussion, on avive la dispute.
5 « Qui répond appond. Tant pis. J’avais failli réagir à l’article de M. le Procureur général de Genève […]. Le courrier de M. E. M. m’y oblige. » Domaine Public, 5 septembre 1991.
II.♦s’appondrev. pron. Se joindre, s’unir, s’assembler, s’accrocher.
6 « Le camarade me dit : “Viens, on s’appond derrière le camion”. » MeijerEnq 1962, p. 64.
7 « Parfois les festivités se prolongeaient pendant huit jours et s’appondaient aux Rois. » IttÇà, 1975, p. 25.
8 « Ensuite se produit l’emboîtement, le baiser des tuyaux. Ils s’appondent en laissant échapper une salive jaunâtre […] et le ciment est soufflé là-dedans […]. » M. Chappaz, Chant de la Grande Dixence, 1975 (1re éd. 1965), p. 49.
9 « Les gamins s’appondent aux autos. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
10 « Il y a des chars qui sont appondus aux tracteurs. » MeijerEnq 1962, p. 90.
11 « Là-bas deux papillons qui dansent appondus d’une aile […]. » M. Chappaz, Le Match Valais-Judée, 1968, p. 43.
12 « Montherod n’est pas resté “apondu derrière le char”, avec les petits coups de pouce de l’État. L’évolution a suivi son cours, comme l’a également affirmé un fameux jour de fête, M. E. Ch., syndic*, à son homonyme le conseiller* fédéral frais émoulu […]. » Tribune-Le Matin, 23 février 1975, p. 19.
13 « […] l’association des commerçants zurichois du centre ville a décidé de contribuer à l’animation des rues : la Bahnhofstrasse, par exemple, sera entièrement recouverte par un toit flottant de tissus appondus à la façon japonaise. » Le Nouveau Quotidien, 1er mai 1993, p. 25.
14 « Pour “Liberation”, leurs visages ont été complètement recréés sur ordinateur, avant d’être appondus à des corps d’oiseaux dorés, tout aussi synthétiques. » Le Nouveau Quotidien, 20-23 mai 1994, p. V.
Localisation. Dans JU, on dit plutôt rappondre (v. ce mot).
Commentaire. Première attestation en Suisse romande : 1408 (sous la forme du part. passé apondue), 1666 (sous la forme de l’infinitif appondre) ; v. Pier et PierSuppl. Type très bien attesté en ancien et en moyen français (v. FEW 25, 43b-46a, appŎnĔre) ; dans les parlers dialectaux modernes, son extension couvre un territoire très vaste : il a été relevé en Bourgogne, en Franche-Comté, dans toute la Suisse romande, en Savoie, dans le Lyonnais, ainsi que dans quelques points occitans, du Dauphiné à la Dordogne (v. FEW ibid.). En français régional de France, il est attesté en Bourgogne, dans le Doubs, dans le Haut-Jura, dans l’Ain et en Savoie (où l’on relève aussi le dicton Qui répond appond), en Isère, à Lyon, à Roanne (Loire) et dans le Dauphiné. V. encore DRF. — MolardLyon 1803 ; GaudyGen 1820, 1827 ; DeveleyVaud 1824 ; GuilleDial 1825, p. 81 ; PeterVoc 1828 ; GuilleNeuch 1829-32 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ; OffnerGrenoble 1894 ; PuitspeluLyon 1894 ; CarrezHJura 1901, 1906 ; ConstDésSav 1902 ; VachetLyon 1907 ; WisslerVolk 1909 ; Pier ; PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; Mâcon 1926 ; GPSR 1, 506a-508b s.v. apo̩ndrǝ ; PrajouxRoannais 1934 ; Schoell 1936, p. 90 ; MiègeLyon 1937 ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; ZumthorGingolph 1962, p. 258 ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991) ; FEW 25, 43b-46a, appŎnĔre RLiR 42 (1978), 156 ; Alpha 1982 ; ManteIzeron 1982 ; TuaillonVourey 1983 ; MalapRég 1983, 137 ; DurafHJura 1986 ; GuichSavoy 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; MartinPilat 1989 ; DucMure 1990 ; ColinParlComt 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; VurpasLyonnais 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; « extrêmement vivant » RobezMorez 1995 ; « [emplois] globalement attestés » FréchetAnnonay 1995 ; SalmonLyon 1995 ; OffScrabble 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; PLi 1998 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001.
apponsen. f.
1.♦ Endroit où deux choses se joignent, point de rencontre. ⇒ appondre ; rapponse ; ajouture.
1 « Il vous faut la faire tout d’une fois [la peinture d’un plafond] sinon on voit l’apponse. » Témoin âgé d’env. 35 ans, Neuchâtel, 17 mars 1978.
2.♦ Rallonge (d’une ficelle ; d’une table). (Enquêtes, 1975-1981, NE).
3.♦ Annexe d’un bâtiment. (Témoin vaudois, avril 1993).
4.♦Apponse de char, pièce destinée à joindre un char à un autre. (Enq. CD/II, 1975-1981, VD Arnex).
Commentaire. Ancienne forme participiale du verbe appondre, v. ci-dessus (GPSR 1, 509a). Déjà attesté dans la Dombes (Ain) en 1449 (v. FEW) ; première attestation en Suisse romande (avec la graphie aponce) : 1743 (GPSR ibid.). Type attesté dans les parlers dialectaux de Bourgogne, du Doubs, de Savoie, du Lyonnais et du Dauphiné (v. FEW), et dans le français régional de Franche-Comté, de Savoie, de l’Ain, du Lyonnais et du Dauphiné (v. encore DRF). — MolardLyon 1803 ; GaudyGen 1820, 1827 ; PeterCacol 1842 ; CalletVaud 1861 ; PuitspeluLyon 1894 ; VachetLyon 1907 ; OdinBlonay 1910 ; Pier ; PierSuppl ; Mâcon 1926 ; GPSR 1, 509a s.v. aponsa ; MiègeLyon 1937 ; FEW 25, 44a, appŎnĔre RLiR 42 (1978), 156 ; ManteIzeron 1982 ; TuaillonVourey 1983 ; GuichSavoy 1986 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; MartinPilat 1989 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; VurpasLyonnais 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; « courant » RobezMorez 1995 ; SalmonLyon 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; PLi 1998 ; FréchetAin 1998 ; drf 2001.
apprendrev. tr.
♦ Apprendre (+ nom de métier, de profession), faire un apprentissage, faire des études dans le but d’exercer (un métier, une profession). Il apprend infirmier. Elle apprend architecte. Je veux apprendre pilote, je veux devenir, je veux être pilote.
1 « Quand une mère dit : mon fils “apprend médecin”, ça la gonfle tant qu’elle commence à parler pointu. » G. Duttweiler, Joyeusetés du Pays de Vaud, 1972, p. 190.
2 « Lorsque je dis que j’apprends cordonnier, on rigole et on se moque de moi. Ce n’est pas facile de tenir le coup ! » 24 heures, 11 mars 1976, p. 2.
3 « Après une enfance plutôt malheureuse […], il apprend cuisinier, mais doit arrêter à plusieurs reprises, à la suite d’accidents. » Le Pays, 24 février 1977, p. 5.
4 « Votre fils vient vers vous et vous dit : “Je veux apprendre architecte.” » RSR I, 23 avril 1977.
5 « Voulant être utile à son prochain, elle apprend infirmière et part pour un petit village des Andes où règne une misère inimaginable pour une Européenne. » Coopération, 22 septembre 1977.
↪ V. encore s.v. depuis.
◇ (Rare) Apprendre pour :
6 « […] mais tu la connais, toi, cette fille, pas une d’ici, ça, d’où est-ce qu’elle sort, la fille à qui, on dit qu’elle apprend pour régente* ? » G. Clavien, Le bel aujourd’hui, 1978, p. 13.
Commentaire. Première attestation en français régional : 1754 (PierSuppl) ; courant dans les patois (v. GPSR 1, 527a). La tournure avec pour n’était jusqu’à maintenant attestée que dans les patois (v. GPSR 1, 527b). Cf. encore apprendre à (+ nom de métier) (1733, 1770, PierSuppl ; 1787, FrêneJournal), aujourd’hui inusité. Le wallon et le français régional de Belgique connaissent une tournure semblable, avec l’article défini (apprendre la couturière, apprendre le peintre, etc.), v. GPSR 1, 527a et HanseNChasse ; apprendre pour est aussi connu à Bruxelles et en Wallonie (« selon les régions », v. Belg 1994). Ces emplois manquent dans FEW 25, 49ab, apprĔhĔndĔre — PludFranç 1890, p. 25 ; Pier ; PierSuppl ; GPSR 1, 527ab ; HanseNChasse 1974 ; Belg 1994.
approchantpart. prés.
1.♦ (en emploi prépositionnel) Vers, aux environs de, autour de. Avoir approchant (les) vingt ans, la vingtaine ; gagner approchant (les) quatre mille francs ; être approchant midi ; avoir approchant trois heures de route à faire.
1 « Il doit être approchant trois heures. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
3 « Il a approchant ton âge. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Bienne).
4 « Après la gare, il y a approchant cent mètres jusque chez moi. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Courtelary).
5 « Cette maison vaut approchant deux cent mille francs. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
6 « Il y avait approchant 2000 personnes. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
2.♦ (en emploi adverbial) Environ, à peu près. Avoir (les) vingt ans / la vingtaine approchant ; gagner (les) quatre mille francs approchant ; être midi approchant ; avoir trois heures de route à faire ou approchant ; ne faire que discuter ou approchant ; c’est approchant ça !
7 « […] et il me coûte trois fois rien… un peu de “dard” [sic ; = dare*] et un dazon [= branche de sapin] approchant droit. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 129.
8 « Dans le journal, il ne lisait que les incendies ou approchant. » S. Chevallier, Ces Vaudois !, 1966, p. 130.
9 « C’est approchant la même chose. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cernier).
10 « Ce que tu me racontes est approchant juste. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
11 « Le Chemin du Signal ? C’est approchant vers le stand de tir*. » Témoin âgé de 50 ans, 4 novembre 1978 (NE Bevaix).
Localisation. Essentiellement vivant dans NE, BE et JU. Quelques attestations sporadiques ou témoignages flous dans les autres régions, où approchant semble aujourd’hui vieilli ou sorti de l’usage en emploi prépositionnel ou adverbial.
Remarques. Archaïsme du français de référence, encore attesté sans marque au xixe siècle et même parfois (en emploi adverbial uniquement) jusqu’au milieu du xxe siècle (par inertie éditoriale, v. par ex. PLi 1952) ; aujourd’hui, s’il n’est pas absent des nomenclatures, il est considéré comme « vieux » (v. TLF), « vieilli » (v. GR 1985) ou « classique » (v. GLLF). — La préposition, qui introduit normalement une notion quantitative, ne correspond pas à presque mais bien à environ ; par ex., approchanthuit heures peut équivaloir à un peu moins, mais aussi à un peu plus de huit heures.
Commentaire. Première attestation en français en fonction adverbiale avec le sens de “à peu près” : 1668 (v. FEW) ; le part. prés. est attesté dès 1538 (ibid.). Première attestation en Suisse romande : 1673, NE Verrières (v. GPSR). Les formes et sens ci-dessus se retrouvent, en emploi tantôt adverbial, tantôt prépositionnel, dans les fr. rég., au tournant du siècle (Havre, Lille, Bourbonnais, Lyon ; v. FEW). Les dict. de l’Académie (suivis par les Furetière et les Trévoux) connaissent approchant de “environ, à peu près” (1694-1878), donné comme appartenant au style familier. Toutefois, selon Littré, « Approchant préposition ne se construit pas avec de : nous partîmes approchant six heures, et non, approchant de six heures. C’est comme si on disait : six heures approchant. » (Littré 1863 s.v.). En 1930, le GPFC donne pour le Canada les loc. en approchant, aux/dans les approchants de “environ”, aujourd’hui désuètes ; cf. encore norm. dans les appréchants de (v. FEW). — Acad 1694–1878 ; Fur 1708 ; Trév 1704–1771 ; Littré 1863 ; PuitspeluLyon 1894 ; GPFC ; GPSR 1, 531a s.v. approchant ; PLi 1952 ; FEW 25, 54a, appropiare ; GLLF 1971 ; TLF ; GR 1985 ; « sens 1 : veilli » GR 2001.
1 « À vendre au Bouveret (VS) […] / Terrain de 2 700 m2 très bien arborisé. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 19-20 mai 1973, p. 19.
2 « À louer / 5-7 pièces dans villas jumelles, garage, jardin richement arborisé, droit d’emption [= d’achat] éventuel. » 24 heures, 11 juin 1976, p. 34.
3 « Une porte cochère passée et nous voilà dans une cour arborisée, qui doit être fort agréable en été. » Journal du Jura, 11-12 septembre 1976, p. 16.
4 « Au milieu d’une vaste propriété magnifiquement arborisée, dans le calme des hauts du village de Bex, l’hôtel n’était plus de la première jeunesse, […]. » L’Est Vaudois, 19 mars 1977, p. 5.
5 « Elle [la piscine de Monthey] présente également quelques nouveautés, […] et surtout, une parcelle arborisée mise à la disposition de la piscine par la commune […]. » L’Est Vaudois, 14 mai 1977, p. 5.
6 « Comme accoudée au parapet muré des rives de son lac, notre Zougoise* contemple l’harmonieux paysage qui monte en ondes arborisées vers un ciel tout proche. » La Liberté, 3 juin 1977, p. 21.
7 « Superbe propriété début xviiie, rive gauche, à 10 minutes du centre. Composée d’une quinzaine de pièces superbes, réceptions, en très bon état, dans un parc superbement arborisé de 13000 m2. » Tribune de Genève, 18 juin 1977, p. 10.
8 « Villa locative* des années 1930 distribuée en 3 appartements de 4 pièces – Entièrement rénovée en 1988 – Entourée d’un jardin arborisé – Belle vue sur le lac et les Alpes – 3 places* de parc extérieures. » L’Est Vaudois, 9 mars 1993, p. 10.
9 « Offre exceptionnelle / À vendre / superbe propriété avec beau chalet* résidentiel / ayant du cachet, ensoleillement maximal, 2000 m2 terrain arborisé. Vue imprenable sur la vallée du Rhône et les Alpes. » Le Nouveau Quotidien, 13 mai 1993, p. 8.
↪ V. encore s.v. aisance ; chambre 1 ; habitable ; locatif I 2, II.
Remarques. Mot très fréquent dans les petites annonces. Contrairement à boisé,arborisé évoque l’intervention humaine. — Cf. encore arboré, ‑éeadj. “id.” (Le Nouveau Quotidien, 31 mars 1993, p. 24 ; v. ci-dessous), arboriserv. tr. “planter d’arbres (un lieu)” (24 heures, 22 juillet 1977, p. 17 ; v. encore TLF s.v. arboriser I) et arborisationn. f. “action d’arboriser” (La Liberté, 13 mai 1977, p. 21) ; “résultat de cette action” (Le Démocrate, 10 février 1993, p. 16).
Commentaire. Type connu dans les dialectes (v. GPSR 1, 569b s.v. arboriser) mais comme emprunt au mot du français régional ; ce dernier semble être une création indépendante de frm. arboriserv. tr. et abs. “planter et cultiver les arbres” (Lar 1866–1928 ; 1946, v. TLF 3, 397b s.v. arboriser I ; Rob 1951 ; « vx. » Lar 1928–Rob 1951) et “doter (une région) d’arbres” (hap. 1969, v. TLF ibid). Première attestation en français régional de Suisse romande : H. Schiner, Descr. Dpt du Simplon, 1812, p. 398. La forme arborisé a également existé, avec le même sens qu’en Suisse, en français régional de Belgique (1644-1691, v. Lechanteur DialWall 3, 108-109). — En France, dans des contextes similaires, on a relevé avec arbres (Le Monde, 26 mai 1973, p. 38) ou arboré (Le Monde, 5 août 1965, v. GilbertDictNouv 1971 ; Le Monde, 11 février 1993, p. 22 ; v. encore GR). Ce mot est également attesté en Suisse romande (v. Le Nouveau Quotidien, 31 mars 1993 p. 24 et 20 avril 1993 p. 14). En Belgique, arboré est très fréquent, et autochtone en français régional (1re att. 1613, Lechanteur DialWall 3, 106 ; v. encore TLF et GR s.v. arboré, et bibl. ci-dessous). — Lar 1866–1928 ; GPSR 1, 569b s.v. arboriser ; Rob 1951 ; FEW 25, 90a, arbor II 1 ; GilbertDictNouv 1971 ; BeatensBruxelles 1971 ; DupréEnc 1972 ; TLF 3, 397b s.v. arboriser et 5, 1417a ; DialWall 3, 91-111 ; Hanse 1983, 1987 ; GR 1985 ; MassionBelg 1987 ; PLi dp. 1989 ; Lexis 1992 (avec une définition inappropriée) ; Belg 1994 ; GR 2001.
arboriser→ arborisé Rem.
arcaden. f.
♦ Local commercial, de surface réduite, servant à abriter des commerces divers tels boutiques de vêtements, kiosques à journaux, salons de coiffure, pharmacies, pâtisseries, boulangeries, cordonneries, etc. Arcade à louer ; arcade commerciale ; arcade divisible ; arcade sur deux niveaux, de plain-pied.
1 « À louer / dans immeuble neuf, à la route des Acacias / avec parking / 1 ou 2 arcades de 120 m2 environ avec sous-sol. » Feuille d’Avis officielle du canton de Genève, 10 janvier 1973, p. 23.
2 « À Genève / grande arcade / boutique prêt-à-porter féminin connue près du centre, sur très bon passage […], bel agencement*, 4 cabines essayage, […]. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 19 novembre 1976, p. 22.
3 « ARCADE à remettre*, vieille ville, bon passage, prêt-à-porter masculin, féminin. 60 m2 environ sur 2 niveaux. » La Suisse, 29 mars 1977, p. 22.
4 « Lundi matin vers 10 heures, la voirie finissait de balayer les morceaux de verre qui jonchaient la place. Dans l’arcade calcinée, on distinguait quelques ananas, des oranges, des boîtes de foie gras défoncées, […]. Elle [la maison Fauchon] a également une pâtisserie-confiserie, avec bar, située à quelques pas de l’épicerie. Cette seconde arcade n’a été que superficiellement touchée par la déflagration. » Tribune de Genève, 20 décembre 1977.
5 « À louer / plein centre de Genève / arcade d’angle / rue du Rhône / environ 200 m2, sur 2 niveaux, donnant sur une des rues les plus commerçantes de Genève. » Tribune de Genève, 15 novembre 1979, p. 14.
6 « À remettre* / Acacias-Carouge / arcade agencée* 75 m2. » Tribune de Genève, 5 mars 1982, p. 61.
7 « À louerDANS / CENTRE COMMERCIAL DE SION / – une arcade de 75 m2 / libre dès le 1.7.1993 » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 24 mai 1993, p. 13.
Localisation. Essentiellement attesté à Genève ; attestations sporadiques dans des journaux vaudois, valaisans, jurassiens, etc.
Remarques. Dans les autres cantons, on dit plutôt local commercial. — Les arcades disposent souvent d’un dépôt au sous-sol. Dans les petites annonces, les immeubles commerciaux sont en général décrits comme comportant des arcades et des bureaux.
Commentaire. Métonymie à partir du sens du français général arcades pl. “galerie ouverte servant de passage et bordant les rues de certaines villes” (TLF 3, 406b s.v. arcade A 3). Ces galeries ouvertes sont normalement bordées de boutiques, cf. par exemple les arcades de la rue de Rivoli, à Paris. — TLF 3, 406b s.v. arcade A 3 ; SchüleListeLar 1978 ; Had 1983 ; FEW 25, 130b, arcus I 2 ; PLi dp. 1989.
♦ Vacher, homme chargé de garder, de traire et de soigner les vaches (et évent. les veaux, les génisses et les chèvres) dans les alpages* où les troupeaux passent la belle saison.
★ L’armailli s’occupe également de la production du fromage. De nos jours, les armaillis accueillent parfois des touristes de passage en haute montagne. Ils participent à certaines fêtes folkloriques, vêtus du costume traditionnel (⇒ bredzon ; capet, capette). Costume, veston d’armailli ; la société des armaillis, le chœur des armaillis ; un armailli fribourgeois, gruérien*.Beurre, lait, crème, fromage, recette d’armailli. ⇒ alpage, alpe, alper ; désalpe ; inalpe ; montagne.
1 « Les reines* à corne seront conduites par le premier vacher, en veston d’armailli […]. » Journal de Sierre, 30 septembre 1966.
2 « Le lendemain, dans un café, on a vu un horrible automate grandeur nature, c’est un orchestre d’armaillis qui roulent de gros yeux en verre comme des singes empaillés, […]. » J. Chessex, Carabas, 1971, p. 162.
3 « L’autre jour, un Parisien ingénu s’aventure dans un pâturage à génisses. / Ô miracle ! Ô merveille ! là, près de la grange, un armailli, un vrai, un représentant typique de la faune locale. » G. Duttweiler, Joyeusetés de Romandie et d’alentour, 1973, p. 169.
4 « Cependant, ceux d’entre les paysans et les vachers qui accordent encore une valeur particulière aux traditions, revêtent le véritable costume des armaillis, que ce soit celui de la Gruyère, ou l’habit noir aux manches blanches, courtes et bouffantes, des Alpes vaudoises. » P. Hugger, Le Jura vaudois, 1975, p. 134.
5 « Nous étions une bonne cinquantaine, de tous âges, parlant plusieurs langues, mais vouant tous une égale admiration à cet armailli qui acceptait sans manière de mettre à nu, devant nous, tous ses secrets de fabrication. » Le Sillon romand, 6 août 1976, p. 3.
6 « Tout à la fois armailli, berger et gérant, M. M. T., agriculteur à Leysin et instructeur de ski dès les premiers frimas, est monté pour la deuxième fois consécutive dans cet alpage* soumissionné pour six ans. » L’Est Vaudois, 7 août 1976, p. 4.
7 « Habitué des pâturages, avec plus de 20 ans d’expérience, cet armailli s’occupe de 6 vaches, 36 génisses et 4 veaux, que son fils resté en plaine lui a confiés. […] Certains ne résistent pas à l’envie de séjourner quelque temps chez cet armailli internationaliste, qui a hébergé, l’an passé, entre autres, des Français, des Allemands, des Canadiens et des Anglais. » La Gruyère, 14 août 1976, p. 2.
8 « On demande un armailli pour belle montagne* en Gruyère. » La Gruyère, 26 février 1977, p. 11.
9 « […] B. R., 30 ans, la barbe de circonstance, tirant sur le roux, vit sa vie d’armailli. Un armailli un peu particulier, tout de même, et qui, avec son frère Daniel, 14 ans, ne soigne que des génisses : quarante-cinq. Le Gruérien* chantera, ténor tout seul dans les arènes veveysannes, le “Ranz des vaches”, lors de la Fête des vignerons. » 24 heures, 14 juillet 1977, p. 24.
10 « En intermède, le préfet* de la Gruyère se fit l’interprète du “pays des armaillis” pour saluer les gens du vignoble. » Tribune-Le Matin, 14 août 1977, p. 16.
11 « Le fameux Chœur des Armaillis de la Gruyère chante, sous la direction de son chef M. C., des œuvres classiques et populaires, ce soir vendredi 20 h à la Salle de spectacle de Renens. » Le Nouveau Quotidien, 29 avril 1994, p. 25.
12 « Les babas cool fumeurs de joints ont fait place à un personnel d’alpage tout aussi motivé, mais souvent venu d’ailleurs. Les nouveaux armaillis viennent du Portugal, de Yougoslavie, de France mais aussi du Cap-Vert ou d’Australie, apportant une note exotique à travers les pâturages. » Coopération, 24 août 1995, p. 8.
↪ V. encore s.v. alpe 2 ; alper I 2 ; bredzon ; capet ; capette ; chalet 1 ; contre I 1 ; youtzée.
◇ Maître(-)armailli, chef d’un alpage*, qui dirige le personnel et fabrique le fromage.
13 « Chez les armaillis aussi, la joie du retour était, on le pense bien, ombragée par la tristesse de cette ultime désalpe*, surtout chez le maître-armailli, R. G. : pensez donc, douze saisons d’alpage* sur la même montagne*, d’abord comme garçon de chalet*, puis comme armailli et, enfin, comme fromager. » La Liberté, 20 septembre 1958.
14 « L’enfant s’étant abrité dans un chalet* pendant un orage, un jour où il était allé cueillir des framboises, le maître armailli lui fit voir la chambre* du lait. » Coopération, 12 mai 1977, p. 7.
◇ Armailli(-)chanteur, armailli qui chante lors des fêtes de village.
15 « Une mention particulière aux armaillis-chanteurs dont chaque exécution est racée. » La Gruyère, 21 mai 1977, p. 5.
16 « Vous indiquez que Romanens (l’armailli chanteur) est allé aux USA en 1977 avec une fanfare pour vendre des billets. » L’Illustré, 9 juin 1993, p. 86.
Localisation. Surtout FR, en particulier la Gruyère ; mais le mot est bien connu dans toute la Suisse romande.
Remarques. Le mot vacher (d’alpage) (⇒ alpage) s’emploie aussi en Suisse romande, mais ce terme n’implique pas la responsabilité de la fabrication du fromage. L’équivalent d’armailli serait donc plutôt vacher-fromager ; mais ce dernier n’a pas la connotation légèrement folklorique d’armailli.
Commentaire. Emprunt du français régional au dialecte (le mot français correspondant serait *animalier). La plus vieille attestation dialectale remonte à 1497 (ancien fribourgeois armallie, v. GPSR 1, 616b) ; la première attestation en français régional de Suisse romande date de 1538, sous la forme semi-francisée armallier (ibid.), et de 1804, sous la forme empruntée au patois armailli (ibid. 617a). Le français régional du sud de la Franche-Comté connaît aussi (ou a connu) les types armaillé, armailli (v. GPSR 1, 617b-618a ; FEW 24, 590b), importés de Suisse. — Correspond à l’all. Sennn. m. (v. par ex. DudenSchweiz 1989). — Landais 1834 s.v. ermailli ; GrangFrib 1864 ; Littré 1864 s.v. ermaillé ; Lar 1866 s.v. armaillier ; LittréSuppl 1877 s.v. armailli ; OdinBlonay 29a ; Pier, PierSuppl ; CollinetPontarlier 1925 ; Lar 1928 ; BoillotGrCombe 1929 ; GPSR 1, 616-618 s.v. armalyi̩ ; MüllerMarécottes 1961, p. 213 ; FEW 6, I, 37b, magister I et 24, 590ab, anĬmal I 2 ; GLLF 1971 ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi dp. 1980 ; Alpha 1982 ; Lexis 1992 ; ColinParlComt 1992 ; DuchetSFrComté 1993 ; Lengert 1994 ; « resté vivant dans tout le Haut-Jura pour parler des bergers suisses » RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995.
armailli-chanteur→ armailli
armée de milice→ milice 1
armes→ place d’armes I
arollen. m. (parfois f.), arole
1.♦ Espèce de pin (Pinus Cembra) qui croît entre 1200 et 2500 mètres d’altitude. Arolle centenaire ; forêt d’arolles ; aiguilles, graines, cônes, pives*, branches d’arolle.S’asseoir, dormir sous un arolle, au pied d’un arolle, à l’abri d’un arolle. ⇒ pive ; foyard ; verne.
1 « Puis tombaient, jusqu’au lit invisible de l’Allaine, les pentes boisées, ces épaisses forêts de mélèzes et d’arolles que coupaient, çà et là, des laies de roche grise. » M. Zermatten, Le Cancer des Solitudes, 1964, p. 83.
2 « Quelques aroles isolés, ouverts jusqu’au cœur par les feux de pâtres, montraient leurs troncs évidés qui servaient de cheminées par temps de pluie. » C. Bille, Juliette éternelle, 1971, p. 70.
3 « La forêt d’arolles n’est pas loin. Une fois sous les arbres, tout ira mieux. Ces arbres épais brisent le vent. » M. Zermatten, La Porte blanche, 1973, p. 64.
4 « J’attachai donc celle-ci [la corde] au tronc d’un arole poussant au bord de la paroi et, mon cheminement une fois établi, tout me parut extrêmement facile. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 44.
5 « Un peu partout sont nées des écoles d’alpinisme. Mais si l’on parle du centre alpin pour les jeunes, en Suisse romande et qu’en plus on dit que ce centre est situé à la limite supérieure des arolles, alors on pense immédiatement à Arolla. » 24 heures, 7-8 août 1976, p. 2.
↪ V. encore s.v. cacolet ; pive 1.
2.♦ Bois de cet arbre, très aromatique, destiné entre autres au chauffage et à la menuiserie. Planche d’arolle, en arolle.Meuble d’arolle. Parois, plafonds, murs d’arolle. Chambre boisée, plafond lambrissé d’arolle.
6 « Il a tiré quelques bûches ; il les sent légères. L’arolle sec brûle comme des copeaux. » M. Zermatten, La Porte blanche, 1973, p. 68.
7 « Elle s’agenouille, serrant dans ses paumes le rebord du banc d’arole pour se donner du courage. » J. Montandon, Le Valais à table, 1975, p. 50.
8 « Je me suis entretenu plus tard avec le propriétaire d’une villa moderne aux intérieurs lambrissés d’arolle et aux moulures saillantes assurées par de vieilles poutres apparentes et convulsionnées par l’âge. » Trente Jours, 3 mars 1976, p. 10.
9 « Pourtant, que peut-il y avoir de meilleur, pour le véritable gastronome amateur de mets simples et naturels, qu’une raclette* cuite au feu d’arole ou de mélèze […] ? » J. Montandon, La Cuisine au fil du Rhône, 1977, p. 21.
↪ V. encore s.v. bourgeoisial ; rèze ; tavillon.
◇ (En apposition) Pin arolle.
10 « Jusqu’ici, quatre programmes complets d’ameublement ont été réalisés, en faisant appel à sept essences : pin, pin arole, mélèze, hêtre, cerisier, poirier, marronnier. » L’Ordre Professionnel, 28 avril 1977, p. 5.
Remarques. Le mot du « français local » serait en fait féminin selon GPSR, en accord avec la forme dialectale. Des emplois du mot au féminin sont effectivement relevés sporadiquement dans la langue écrite (cf. « arolle pourpre incrustée de nœuds sombres » C. Bille, Le Sabot de Vénus, 1952, p. 95), mais les dictionnaires ne le donnent que comme masculin. — Le mot est présent dans la lexicographie française depuis LittréSuppl 1877, mais la réalité qu’il désigne est limitée (en Europe) au domaine des Alpes. Pour le français régional de Savoie, cf. TuaillonSurv p. 18 : « Un beau conifère des hautes altitudes ensoleillées porte officiellement le nom de pin cembro. Les Savoyards lui donnent d’autres noms : un arole surtout, un pigner près de Modane, un alève dans certains villages de Haute-Maurienne. Arole est largement majoritaire, c’est le nom officiel [sic] en Suisse romande, où il est interdit d’abattre cet arbre. »
Commentaire. Du patois aròlan. f. ; attesté en français depuis 1760 sous la forme arole (GPSR 1, 626b ; déjà att. en 1731 sous une forme patoise) et depuis 1874 sous la forme arolle (v. LittréSuppl). Correspond à l’all. Zirbelkiefern. f. — LittréSuppl 1877 ; ConstDésSav 1902, p. 23a s.v. arala (cite Genève arole) ; WisslerVolk 1909 ; GPSR 1, 626-628 ; TLF ; FEW 25, 84b-86b, *arawo- II ; Langenscheidt7 ; TuaillonSurv ; Pid 1983, 1984 ; PR dp. 1984 ; GR 1985 ; GagnySavoie 1993 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
arrêteadj.
♦ Arrêté, immobilisé. Il était arrête au passage à niveau.
◇ Qui a cessé de fonctionner. Ma montre est arrête.
Remarques. Limité à la langue parlée (aucune attestation n’a été relevée dans la littérature ni dans la presse). N’apparaît qu’en emploi prédicatif. — Un sens “arriéré, attardé mental” a déjà eu cours (BE, v. Pier), mais il est tombé en désuétude. — Pour d’autres exemples d’adjectifs déverbaux, voir aussi les mots cote, enfle, gonfle2 et trempe.
Localisation. JU.
Commentaire. Première attestation (en SR) : 1921 (1er fasc. de Pier). Adjectif verbal de arrêter. Dans les dialectes, le FEW atteste ce type pour les départements de la Meuse, de la Haute-Saône, du Doubs, de Saône-et-Loire, du Rhône, de la Loire, de l’Isère et de la Haute-Savoie ; en fr. rég. de France, on le trouve dans les Vosges, en Franche-Comté, dans l’Ain, le Rhône, la Loire et l’Isère (v. encore DRF). — BeauquierDoubs 1881 ; PuitspeluLyon 1894 ; Pier, PierSuppl ; GPSR 2, 10b s.v. arrête 2. ; DoillonComtois 1980 ; TuaillonVourey 1983 ; GononPoncins 1984 ; DurafHJura 1986 ; FEW 25, 309a, *arrĔstare 2 b α ; MartinPellMeyrieu 1987 ; ChapuisMots 1988 ; MartinPilat 1989 ; DromardFrComt 1991 ; VurpasMichelBeauj 1992 ; MartinVosges 1993 ; VurpasLyonnais 1993 ; BlancRouatVill 1993 ; SalmonLyon 1995 ; FréchetAin 1998 ; DRF 2001.
arrière (en -)loc. adv. temporelle
♦ (Exprime une vision rétrospective, une durée projetée vers le passé.) Quelques années en arrière, il y a quelques années, quelques années auparavant. Il y a un siècle en arrière, il y a un siècle (de cela). Depuis cinq ans en arrière, il y a (de cela) cinq ans, depuis cinq ans. Un édifice qui date de deux cent cinquante ans en arrière.
1 « Toutes ces histoires […] m’ont fait repenser à notre patinage du Col […] ; ça fait 45 ans en arrière. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 194.
2 « Différentes manifestations sont prévues pour l’occasion dans le but d’illustrer la propre histoire de la patrie et pour honorer les anciens combattants et leurs chefs, restés pour témoigner la passion soufferte et qui anima les événements de 25 ans en arrière. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 1er août 1969, p. 17.
3 « Ils reçoivent une formation de base qu’ils n’avaient pas, il y a quinze ans en arrière. » RSR, 3 novembre 1975.
4 « Quelques années en arrière, quand une femme arrivait dans une assemblée on se demandait ce qu’elle faisait là. » RSR, 24 novembre 1975.
5 « Elle seule peut te donner sans risques d’erreurs les filiations et les degrés de parenté divers entre les membres de la grande tribu des Ardou, et cela, jusqu’à la trois ou quatrième génération en arrière. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 140-1.
6 « […] la dernière vaccination ne doit pas remonter à plus de deux ans en arrière. » L’Impartial, 14-15 août 1976, p. 23.
7 « Le [prix du] lait a triplé depuis quelques années en arrière. » RSR, 30 septembre 1976.
8 « J’ai eu travaillé à la compagnie, il y a trente ans en arrière. » RSR, 2 octobre 1976.
9 « […] ces gestes nouveaux que sa fille ne reconnaît plus, acquis tout récemment, ou peut-être retrouvés, comme elle réapprend de semaine en semaine la démarche mal assurée, les pas incertains du petit enfant qu’elle fut quatre-vingt ans en arrière quand elle montait l’escalier du logis paternel en se traînant sur les genoux . » A. Rivaz, Jette ton pain, 1979, p. 83.
10 « Si quelqu’un vous faisait les petits plats que faisait votre mère, 50 ans en arrière, 60 ans en arrière, vous auriez un tel bonheur que vous guéririez de joie instantanément. » M. Chappaz, Octobre 79, 1986, p. 30.
11 « La monnaie unique est baptisée euro au sommet de Madrid en 1995. Et les Quinze décrètent le 3 mai dernier que onze pays sont prêts à se lancer dans l’aventure. Qui l’aurait cru il y a encore deux ans en arrière ? » Le Temps, 31 décembre 1998, p. 25.
↪ V. encore s.v. bricelet.
Remarques. Emploi critiqué (Défense du français ; Adout 1986 ; Hanse 1987, en référence à la Suisse) mais très répandu dans l’usage oral, et attesté dans la presse et la littérature. Bien que fustigée comme pléonastique, la locution ne l’est pas dans tous les contextes et peut parfois équivaloir à auparavant, plus tôt. — Dans les cas où en arrière se rattache à un verbe tel revenir, remonter ou se reporter, l’emploi appartient en fait au français général ; cf. par ex. Si nous nous reportons quelques années en arrière / Si nous remontons quelques années en arrière (pour un ex. litt., v. TLF 14, 1079a s.v. revenir II B). Il n’y aura donc pas lieu de voir un helvétisme dans des phrases comme : « J’aurais vraiment envie de pouvoir revenir cinq ans en arrière et recommencer toute cette période en connaissance de cause. » (24 Cités, octobre 1976, p. 13) ou « Il faut remonter plus de cinquante ans en arrière pour trouver un président venant de la région. » (Le Pays, 25 avril 1987).
Commentaire. Première attestation : 1854 (v. LengertAmiel). Emploi particulier de la locution du français général ; très courant en Suisse romande, aussi connu en Haute-Savoie et en Savoie. — IttCons 1970, p. 240 ; Défense du français, n° 172 (sept. 1977) ; GR 1985 ; Adout 1986 ; Hanse 1987 ; ChapuisMots 1988 ; GagnySavoie 1993 ; LengertAmiel 1998.
arrière-grand-maman→ grand-maman Rem.
arrière-grand-papa→ grand-papa Rem.
arriver en bas→ bas (en ‑)
arsouillerv. tr.
♦ (fam.) Gronder, réprimander. Il s’est fait arsouiller par son père. ⇒ avoiner 2 ; azorer.
1 « – S’il y avait un homme dans cette maison, ça se saurait. / Les poings sur les hanches, Léone arsouillait son mari. / – Un homme, ça ? Un feignant, oui, un pourri… » B. Chapuis, Une de Bonfol, 1985, p. 32.
Remarques. Très rare à l’écrit.
Localisation. Courant dans les districts de Porrentruy et des Franches-Montagnes (JU). Plutôt inusité ailleurs (mais dans les patois, on l’a relevé avec le même sens dans VD, NE, GE, FR et JU ; v. GPSR 2, 24a).
Commentaire. Première attestation en français régional de Suisse romande : 1867 (“réprimander grossièrement” BonNeuch). Mot d’origine discutée, attesté dès 1795 comme intransitif en français argotique avec le sens de “massacrer” (v. LittréSuppl, Brunot, FEW), puis “se conduire en canaille” (dp. 1877, LittréSuppl ; v. FEW), et finalement comme transitif avec le sens de “injurier, engueuler” (Delv 1867, v. FEW). Dans les dialectes et français régionaux de France, avec le sens qui nous intéresse, cf. encore Le Havre arsouiller “maltraiter, injurier ; harceler ?”, Uriménil (Vosges) arsouyé “gronder grossièrement”, Grand’Combe (Doubs) “ennuyer, insulter, réprimander”, Ruffieu (Ain) id. ; bas manceau et haut manceau arsouiller “rosser”. Le mot est encore employé dans d’autres points avec les sens de “s’enivrer”, “mener une vie de débauche”, etc. En français régional contemporain, attesté en emploi transitif avec le sens de “disputer violemment” en Franche-Comté. — BonNeuch 1867 ; LittréSuppl 1877 ; Pier ; GPSR 2, 24a s.v. arsoulyi̩ ; FEW 12, 64b-65a, sŎlium 2 b ; Brunot 10, 224 ; IttCons 1970 ; TLF s.v. arsouiller B ; DoillonComtois 1980 ; DromardFrComt 1991.
arvinen. f. (parfois écrit avec une majuscule)
1.♦ Cépage du Valais, donnant un raisin blanc ou brun à petits grains et un vin capiteux (voir ci-dessous 2). Petite arvine, variété qui ne produit que très peu de vin mais se cultive aujourd’hui de façon quasi exclusive, contrairement à la grande ou grosse arvine qui a presque disparu ; arvine brune, qui donne un raisin brun. ⇒ amigne ; fendant ; humagne ; johannis(berg) ; païen ; rèze.
1 « […] les avocats et notaires veulent posséder leurs vignes et faire encore leur propre vin, même si cela devient un luxe. Car les collections de tableaux ou les écuries de course ne coûteront bientôt pas tant plus que trois ou quatre parchets* d’Arvine ou de Dôle* menue à piocher et à encaver. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1976 (1re éd. 1965), p. 31.
2 « L’arvine et l’amigne*, qui sont deux cépages autochtones, viennent du fond des temps. » J. Follonier et al., Vins du Valais, 1977, p. 131.
3 « […] une petite arvine, le cépage valaisan par excellence, le plus digne de représenter les spécialités blanches de cette vallée pennine parce qu’elle produit “le roi des vins et le vin des rois” selon l’affirmation de l’éminent professeur Jean Branas, de la chaire de viticulture et d’œnologie de l’Université de Montpellier. » Cl.-H. Carruzzo, Cépages du Valais, 1991, p. 55.
4 « La petite arvine est passée quant à elle de 350000 m2 environ à quelque 431500 m2 ces deux dernières années. » Le Nouveau Vendredi (cahier suppl. du Nouveau Quotidien), 1er octobre 1993, p. II.
↪ V. encore s.v. amigne 1 ; humagne Rem.
2.♦ Vin blanc capiteux que l’on tire de ce cépage, et qui atteint sa maturité en cinq ou six ans. Un verre, une carafe d’arvine.
5 « Il s’agissait que l’on ne s’aperçoive pas trop vite que le Capitaine était tombé dans la béatitude grâce à l’Arvine et au Fendant*. » M. Chappaz, Portrait des Valaisans, 1976 (1re éd. 1965), p. 47.
6 « Cependant le gâteau aux noix et au miel avec l’Arvine de l’année de la sécheresse, réservée aux évêques, qu’il est bon ! » Ibid., p. 102.
7 « La malvoisie, le muscat, l’arvine sont les vins de dessert les plus recherchés. » J. Montandon, La cuisine au fil du Rhône, 1977, p. 44.
8 « […] ils ont tous emporté dans leur mémoire conviviale les goûts uniques et de reviens-y [= revenez-y] de l’arvine, de l’humagne*, blanche et rouge, du johannisberg* et, évidemment, du fendant* qui porte la marque indélébile de son terroir. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 24 mai 1993, p. 9.
9 « Une erreur de transcription a déformé l’énoncé du cru suisse sélectionné par M. Br. […]. Nos lecteurs valaisans s’en sont vivement émus. Il fallait lire : Petite Arvine des caves Orsat à Martigny. » Le Monde, 30 octobre 1993, p. 36.
↪ V. encore s.v. amigne 2 ; giclée I.
Localisation. Réalité originaire du Valais, mais connue ailleurs en Suisse romande.
Remarques. Cf. encore l’adjectif arvineux “de la famille de l’arvine (plant)” (1904, v. Aebischer VoxRom 2, 354).
Commentaire. Transposition en français régional d’un type attesté dans les patois valaisans, v. GPSR 2, 27b, qui n’atteste le mot du français régional que comme mot-entrée. Première attestation (sous la forme dialectale arvina) : H. Schiner, Desc. Dpt du Simplon, 1812, p. 286, 395, 451 ; première attestation sous la forme francisée arvine : 1878. — Micheli 1878, p. 203 ; GPSR 2, 27b ; Aebischer, VoxRom 2, 353-360 ; FEW 4, 400b, helvinus ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; PLi 1998 ; Chevalley dans VoxRom 59 (2000), p. 283.
arvineux→ arvine Rem.
ascenderv. intr.
♦ Ascender à, s’élever à, se monter à, atteindre une certaine somme (d’un prix, d’une dépense).
1 « Le devis présenté ascende à 463000 francs. » Le Pays, 3 juin 1976, p. 4.
2 « L’assemblée accepta ensuite le compte de la Communauté scolaire du Bas-Vallon dont la part communale ascende à 21000 francs, soit 28 pour cent des dépenses totales, […]. » Le Pays, 16 juin 1976, p. 5.
3 « La bienvenue est adressée par M. P. G., syndic* d’Enney qui à son tour salue avec joie et fierté la réussite du magnifique ouvrage – dont le coût total ascende à 2 millions – grâce auquel les alpages de la commune seront mis en valeur. » La Liberté, 11-12 septembre 1976, p. 19.
4 « Enfin, comme déjà indiqué dans une récente réponse à M. P. Chr., les travaux de pose de câbles et de conduites de gaz par les Services industriels, dont le coût ascendait à 260000 francs, ont également été mis au bénéfice d’un taux privilégié de 3,5 %. » Le Pays, 21 octobre 1976, p. 4.
5 « Les frais pour l’élaboration du projet de poste de commandement prévu initialement derrière le hangar du feu, à la route de Vicques, frais qui ascendent à 12350,00 fr, seront subventionnés à 83% par la Confédération et le canton, […]. » Le Pays, 17 novembre 1976, p. 4.
6 « La fortune nette du syndicat chevalin ascende à 7000 fr. » Le Pays, 5 avril 1977, p. 4.
7 « L’inflation est retombée de 17 % à 7 %, le déficit budgétaire aminci malgré la baisse des impôts douaniers, et n’ascende plus qu’à 4,5 % du PNB. » Le Nouveau Quotidien, 6 septembre 1993, p. 13.
8 « Le budget moyen que l’Association des amis de la Part-Dieu met à disposition* des propriétaires de l’ancien couvent pour sa restauration ascende à quelque 30000 francs. » La Liberté, 10 mai 1995, p. 19.
Remarques. Emploi critiqué.
Commentaire. Latinisme propre à la Suisse romande. Première attestation : 1556 (sous la forme du participe présent ascendant), v. Pier s.v. ascender (Hist). La variante ascendre, bien documentée dans Pier, est aujourd’hui inusitée. On la retrouve de façon très sporadique en français de référence (v. TLF, qui malgré la réf. bibl. à Pier ne relève pas la spécificité de l’emploi romand, et GR 1985), mais avec le sens de “monter (dans)”. Cf. en outre agasc. ascender “monter, s’élever, en parlant d’une somme” (1552, LespyR ; v. FEW25, 414b). — GuilleNeuch 1829-1832 ; BonNeuch 1867 ; Pier ; GPSR 2, 35b ; FichFrBE n° 19, juillet 1961 ; FEW 25, 414-416, ascendere ; Adout 1986 ; Défense du français n° 361, juin 1996.
assemblée bourgeoise→ bourgeois II 1
assemblée bourgeoisiale→ bourgeoisial
assemblée communalen. f.
♦ Corps législatif formé de l’ensemble des citoyens d’une petite commune (BE et JU) ; d’une commune de moins de 3000 habitants (FR). Assemblée communale ordinaire, extraordinaire. ⇒ assemblée primaire ; conseil général.
1 « Plainte contre l’assemblée communale [de BE Crémines]. L’assemblée municipale du 1er juillet avait notamment autorisé le Conseil* communal à contracter un emprunt de […]. Une plainte a été déposée à la Préfecture contre cette décision pour vice de forme. » Le Pays, 8 juillet 1976, p. 5.
2 « Courtemaîche [JU] : assemblée communale. L’assemblée communale d’hier soir n’avait attiré que 45 personnes, dont cinq dames seulement. » Le Pays, 16 décembre 1976, p. 16.
3 « Le corps électoral exprime sa volonté en assemblée communale ou par voie de scrutin. / Les compétences du corps électoral, l’organisation et le fonctionnement de l’assemblée communale, les scrutins et le droit d’initiative* sont réglés par la loi, qui peut renvoyer au règlement communal. […] L’assemblée communale peut être remplacée par un conseil* général. » Constitution de la République et Canton du Jura, 3 février 1977, art. 117, 118.
4 « Le mardi 24 mai, à 20h30, à l’hôtel du Gibloux, se tiendra l’assemblée communale de Villaz-Saint-Pierre [FR]. » La Gruyère, 21 mai 1977, p. 3.
5 « Dans les communes [fribourgeoises] qui comptent plus de 3000 habitants, l’assemblée communale est remplacée par un Conseil* général […]. » Weibel 1990, p. 20.
6 « Il existe dans chaque commune [du Jura bernois] une Assemblée communale (Gemeindeversammlung). Celle-ci comprend tous les électeurs. Elle peut aussi, le cas échéant, s’exprimer par un vote aux urnes. » Ibid., p. 153.
7 « Les Bois / Assemblée communale extraordinaire / lundi 8 février 1993, à 20 heures, à la halle* de gymnastique. » Journal officiel de la République et Canton du Jura, 27 janvier 1993, p. 41.
↪ V. encore s.v. batoiller ; boucler ; bourgeois I 2 ; Conseil général 2 ; enquête (publique) ; halle II 1 ; indigénat 3 ; pilier public.
1 « Les assemblées de commune sont convoquées pour le samedi 8 et le dimanche 9 septembre 1973 […], à l’effet de répondre à la question suivante : […] » Feuille des avis officiels du canton de Vaud, 27 juillet 1973, p. 1808.
2 « Il est précisé, d’autre part, que les assemblées de commune élisent d’abord les membres de la municipalité, et choisissent ensuite le syndic* entre ceux-ci […]. » Weibel 1990, p. 304.
3 « La souveraineté est exercée par les citoyens* actifs réunis en assemblée de commune et, en leur nom, par les autorités constitutionnelles. […] Les assemblées de commune sont composées des citoyens* actifs qui ont leur domicile civil dans la commune. […] Les assemblées de commune élisent les députés du canton au Conseil des États en même temps que les députés au Conseil national et pour la même durée. » Constitution du 1er mars 1885 du canton de Vaud (Mise à jour : 1er novembre 1990), art. 221, 251, 26 bis1.
↪ V. encore s.v. Conseil général 1 ; Grand Conseil.
♦ Corps législatif fédéral* suprême qui réunit la chambre du peuple (⇒ Conseil national) et la chambre des États (⇒ Conseil des États).
1 « […] l’autorité suprême de la Confédération est exercée par l’Assemblée fédérale, qui se compose de deux sections ou conseils, savoir : / A. Le Conseil* national ; / B. Le Conseil* des États. » Constitution fédérale 1992, art. 71.
2 « L’Assemblée fédérale a élu mercredi matin Mme C. G.-W. juge* suppléante extraordinaire au Tribunal fédéral*. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 17 juin 1993, p. 17.
↪ V. encore s.v. chancellerie fédérale ; Conseil Fédéral ; juge.
Commentaire. Statalisme. Correspond à l’all. Bundesversammlung, à l’ital. Assemblea federale, et au rom. Assamblea federala. — Constitution fédérale 1992 / Costituzione federale 1992 / Bundesverfassung 1992 (art. 71) ; PledariGrond 1993.
■ [P. K.] Pierre KNECHT
assemblée primairen. f.
♦ Corps législatif formé de l’ensemble des citoyens d’une commune valaisanne de moins de 700 habitants. ⇒ assemblée communale ; conseil général.
1 « Saxon. L’Assemblée primaire est convoquée le jeudi 16 octobre 1975, à 20 heures, à la maison d’école [= dans le bâtiment de l’école], avec l’ordre du jour suivant : […] » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 10 octobre 1975.
2 « Si l’on déplore l’absentéisme des citoyens, lorsqu’il s’agit de prendre des décisions sur le plan fédéral* ou cantonal*, il n’en va pas de même au niveau communal. Preuve en soit l’assemblée primaire de Lens, convoquée en ce dimanche 7 février pour la présentation du budget 1982. » Journal de Sierre, 9 février 1982, p. 9.
3 « L’assemblée primaire est composée des citoyens habiles à voter dans la commune. / Elle élit un conseil municipal de trois à quinze membres, le président* ainsi que le vice-président* et, le cas échéant, le conseil* général. » Constitution du Canton du Valais du 8 mars 1907 avec les modifications survenues jusqu’au 1er janvier 1987, art. 78.
4 « Le président* représente la commune et a le droit de surveillance et de contrôle sur l’ensemble des branches de l’administration communale. Il préside l’assemblée primaire ainsi que le Conseil municipal. » Weibel 1990, p. 247.
5 « La présidente* a bien passé l’examen de sa première assemblée primaire. Les investissements communaux – pour un budget de 240000 francs – vont à la construction d’un parking et de paravalanches, vitaux pour Steinhaus [VS]. » Le Nouveau Quotidien, 2 août 1995, p. 8.
↪ V. encore s.v. bourgeoisial ; Conseil municipal 2.
Localisation. VS.
Commentaire. Statalisme cantonal. Terme issu de la Révolution française, forgé en 1789 et tombé en désuétude, en France, avec la Restauration. — Correspond à l’all. Urversammlung. — FEW 9, 379a, prĪmarius II ; Weibel 1990.
■ [P. K.] Pierre KNECHT
assermentationn. f.
♦ Action de faire prêter ou de prêter serment ; son résultat. L’assermentation des élus, des gendarmes. Procéder à, célébrer l’assermentation des conseillers.Jour, cérémonie d’assermentation.
1 « Elle eut beaucoup de grandeur, samedi matin, la cérémonie d’assermentation des 165 conseillers des 33 paroisses de la Gruyère, à Bulle. » La Gruyère, 15 avril 1986, p. 7.
2 « Après l’appel, le président H. procéda à l’assermentation de 3 nouveaux conseillers […]. » Journal d’Yverdon, 19 juin 1986.
3 « En Veveyse, pas de consignes préfectorales* en ce jour d’assermentation des élus communaux. » La Liberté, 8 avril 1991, p. 13.
4 « Le périple quadriennal d’A. B. touche à sa fin. Hier, c’est à Roche que le préfet du Grand District* a fait halte pour procéder à l’assermentation des nouvelles autorités communales. » La Presse, 15 décembre 1993, p. 13.
Remarques. L’équivalent du français de référence, prestation de (du) serment, est aussi usité en Suisse romande : « À l’école secondaire la cérémonie de la prestation du serment a été d’un bout à l’autre empreinte de l’humour du magistrat. » (La Liberté, 8 avril 1991, p. 13).
Commentaire. Première attestation : 1847 (« Admission et assermentation des députés », titre V [art. 89 sqq.] du Règlement du 14 décembre 1847 pour le Grand Conseil du canton de Fribourg, Bull. Off. 1848, p. 93). Dérivé d’assermenter, attesté également en Saintonge (v. FEW 11, 35b), au Canada (déjà 1909, Dionne) ainsi qu’au Luxembourg (comm. pers., Michel Francard, 15 août 1997). — GPSR 2, 62a ; FEW 11, 35b, sacrĀmentum I 1 ; DFV 1972 ; Alpha 1982 ; DFPlus 1988 ; PLi dp. 1989 ; DQA 1992 ; OffScrabble 1995 ; ThibQuébHelv 1996, p. 354.
assezadv.
♦ (Pour appuyer une affirmation.) Bien, sûrement.
1 « Mais si, tu te fais un souci fou, je vois assez… » G. Clavien, Un Hiver en Arvèche, 1970, p. 170.
2 « – Alors, ce garçon, c’est pour bientôt ? – Ça veut* assez venir, répondait Sébastien avec un sourire forcé. » A.-L. Chappuis, L’Enfant d’une autre, 1975, p. 32.
3 « Tu veux* assez te débrouiller même [tu te débrouilleras bien toi-même] sans que j’aille avec [= que je t’accompagne]. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
4 « – Veux-tu que je téléphone au médecin ? – Ouais, il faudrait assez, parce que… ça doit pas être la grippe. » 8 mai 1977, RSR.
↪ V. encore s.v. carnet I 1.
◇ Volontiers.
5 « […] je vais assez à la source, moi, si tu fais la vaisselle à ma place ?… » G. Clavien, Les Moineaux de l’Arvèche, 1974 (1re éd. 1962), p. 119.
6 « “Si je pouvais prendre le train de 13 heures”, qu’elle m’a dit… “Pensez-voir”, que je lui ai répondu, “vous n’avez que de tout laisser et partir ; je veux* assez relaver*”. » W. Dubois, En poussant nos clédars, 1959, p. 92.
7 « Je viendrais assez, ça m’intéresse. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VS Sion).
◇ Je verrais assez, j’imaginerais bien.
8 « Je verrais assez un renard et un chat se tenant par la main, […]. » J. Chessex, Carabas, 1971, p. 60.
9 « Je vous verrais assez commencer cet apprentissage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Corcelles-le Jorat).
10 « Je verrais assez mon ami promu au grade de chef de bureau. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
11 « Je verrais assez un rideau à fleurs dans cette chambre. » Enq. CD/II, 1975-1981 (JU Porrentruy).
Commentaire. Première attestation : 1834, R. Töpffer, L’Héritage, dans Nouvelles, éd. 1974, p. 85 (« – Je cherche ma fille. […] – Elle se veut*, lui ai-je fait, assez retrouver [= on la retrouvera bien]. Une fille ne se perd pas comme une épingle, bonne dame. ») Il s’agit d’un calque du type dialectal prao « adv. de renforcement correspondant au fr. bien dans des phrases comme nous savions bien » (GPSR 2, 63a > FEW 9, 418, prŌde), très fréquent dans les patois suisses romands, et qui signifie également “assez”. Cf. Haut-Jura assezadv. “bien”, Savoie assezadv. “très, beaucoup ; bien, avec facilité, parfaitement, tout à fait [pour appuyer l’affirmation]”. La loc. je verrais assez est aussi connue dans l’Allier (comm. pers., France Lagueunière, 11 juin 1997). — Pier ; GPSR 2, 63a ; FEW 9, 418b, prŌde et 24, 184b, adsatis 2 ; GuichSavoy 1986 ; GagnySavoie 1993 ; Lengert 1994 ; « très fréquent » RobezMorez 1995.
■ [P. K.] Pierre KNECHT
assistante de police→ agente de circulation Local.
assommé, -éen. m./f.→ assommée Rem.
assomméen. f.
1.♦ (fam.) Volée de coups, correction ; coup donné exprès. Prendre, recevoir une assommée ; administrer, flanquer, foutre une assommée. ⇒ astiquée ; épéclée 2.
1 « Sale bête de chien, je vais lui foutre une assommée ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Courtelary).
2 « Quand il a passé l’angle de la rue, je lui ai administré une belle assommée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
◇ (Fig.) Défaite humiliante. Notre équipe de foot a reçu une véritable assommée.
3 « Je l’ai battu trois fois aux cartes. Une vraie assommée ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
2.♦ (fam.) Coup violent à la tête ; coup reçu par maladresse, par accident. Se flanquer, se foutre une assommée.
4 « Le plafond était très bas, en me relevant je me suis flanqué une assommée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
5 « Je suis tombée la tête la première ; j’ai pris une de ces assommées ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
6 « Il a reçu une assommée sur la tête, ça lui a fait une grosse bosse. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
7 « L’assommée qu’il a reçue aurait pu avoir des suites graves. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
8 « Il s’est foutu une assommée contre le poteau. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
9 « Je me suis flanqué une assommée en passant la porte. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Tavannes).
◇ (Sens figurés.) Accablement moral ; épreuve qui frappe subitement.
10 « Quelle assommée il a reçu avec cette facture ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (VS Sion).
11 « Cette nouvelle m’a donné une rude assommée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Bienne).
12 « Il a reçu une drôle d’assommée avec sa feuille d’impôts. » Témoin dans la soixantaine, ancien instituteur, juillet 1993 (JU Porrentruy).
◇ Fatigue, épuisement.
13 « Après une après-midi chargée, j’en avais une assommée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
14 « J’avais une bonne assommée [j’étais très abattue après cette opération]. » Vendeuse, 1977.
15 « Il en a pris une terrible assommée à la dégustation des vins de la Cave. » CuenVaud 1991, p. 18.
Remarques. Inusité dans la langue écrite. — Ce mot partage plusieurs de ses sens avec astiquée*, mais ce dernier réfère aussi, au sens figuré, à une violente correction verbale, alors que les emplois figurés de assommée évoquent plutôt une épreuve accablante ou une grande fatigue. — Cf. encore assommé, ‑en. m./f. “(fam.) abruti, ahuri, hébété” : « Quelle assommée, cette fille ; quand on lui parle elle ne répond pas ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
Commentaire. Première attestation : 1861. Dérivé original du verbe assommer ; aussi attesté dans les patois (v. GPSR 2, 68a). — CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; Pier, PierSuppl ; GPSR 2, 68a ; FEW 12, 94a, sŎmnus I ; IttCons 1970 ; Voillat 1971, 221-222 ; DFV 1972 ; CuenVaud 1991.
4 « Quelle astiquée il a prise lors de la séance du Conseil ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
5 « Après une telle astiquée, il était à court d’arguments. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Bienne).
6 « Il a pris une belle astiquée quand il est allé voir le patron. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
◇ Défaite humiliante, échec cuisant. ⇒ assommée.
7 « On dira d’une personne qui n’a eu que peu de suffrage au cours d’une élection, qu’elle a pris une astiquée. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
2.♦ (fam.) Coup reçu par maladresse, par accident. Prendre une astiquée en glissant sur le sol. ⇒ assommée.
8 « Il est tombé de vélo, l’astiquée qu’il en a ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
3.♦ (fam.) État d’ivresse. Il a pris une de ces astiquées ! ⇒ assommée 2.
Remarques. Inusité dans la langue écrite. — Pour les rapports avec assommée, v. ce mot (rem.).
Commentaire. Première attestation : 1867. Dérivé original sur frm. astiquerv. tr. “agacer” (1853, Flaubert ; dp. 1867, v. FEW), “battre, frapper” (« pop. » dp. 1878, v. FEW). Ce verbe est attesté dans plusieurs dialectes d’oïl, et a vécu (par emprunt) dans les dialectes francoprovençaux de Suisse romande (v. GPSR 2, 74ab), mais le dérivé en ‑ée se fait beaucoup plus rare ; en dehors de la Suisse romande, on le trouve dans le français régional de la Grand’Combe (Doubs). — BonNeuch 1867 ; Pier ; BoillotGrCombe 1929, p. 315 ; GPSR 2, 74 s.v. astiquée, astiquer ; FEW 17, 234a, *stikkan 2 a β b’ IttCons 1970 ; Voillat 1971, 221-222 ; CuenVaud 1991 ; DromardFrComt 1991 ; Manno 1994, p. 219.
à tout bientôt→ tout bientôt (à ‑)
atriaun. m. (plus rarement attriau) ; pl. at(t)riaux
♦ Viande hachée, essentiellement de foie de porc, enveloppée d’un morceau de crépine, assaisonnée de persil et de fines herbes, se présentant sous la forme d’une boulette aplatie, et que l’on fait frire au beurre dans la poêle. Une boulette d’atriaux. La recette des atriaux. Préparer, cuire, frire, rôtir les atriaux. Un bon plat d’atriaux. ⇒ boule de Bâle ; boutefas ; longeole ; saucisse ; schüblig.
1 « L’hiver on frira les atriaux dans leur coiffe transparente qui saute à la chaleur du fourneau. » J. Chessex, Portrait des Vaudois, 1972 (1re éd. 1969), p. 109.
2 « Par ailleurs, et puisque nous sommes dans le domaine des boucheries* de campagne, on prépare aussi dans cette région des sortes d’attriaux qu’on appelle les “bouchées”. » J. Montandon, Le Jura à table, 1975, p. 124.
3 « Le 1er mars aux Plans-sur-Bex / Pour la première fois on fait boucherie* ! Venez déguster nos atriaux et notre saucisse* à rôtir, avec de véritables röstis* de campagne. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 28 février 1975.
4 « En Suisse romande on appelle “atriau” une sorte de steak haché, de 100 à 125 gr. enveloppé d’une crépine de porc. La chair de l’atriau est assez semblable à celle de la saucisse* à rôtir, mais elle comprend en plus du foie de porc. On rôtit les atriaux à la poêle (comme la saucisse* à rôtir) ou au four (enveloppés de feuilles d’aluminium). » M. Vidoudez, J. Grangier, À la mode de chez nous, 1976, p. 97.
5 « De quels plats peut bien s’enorgueillir la gastronomie vaudoise ? Force est d’avouer qu’à part les poireaux et la saucisse* aux choux et au foie, […], les saucisses* à rôtir au goût agréable que leur donnent les épices, […], sans oublier les atriaux jolis comme des cœurs, nos mets régionaux ne pèsent pas lourd dans la balance de la gastronomie mondiale. » Eve chez elle, n° 18, mai 1977, p. 7.
6 « Il n’aimait pas les atriaux. […] Le malheureux, tâchant de limiter les dégâts, s’en servit une boulette. Puis, héroïque, la mit dans sa bouche et, se retranchant derrière sa serviette, les yeux exorbités, l’avala rond [= tout rond], en offrant mentalement ce sacrifice pour le salut de son âme. » Tribune-Le Matin, 5 septembre 1977, p. 2.
7 « Le folklore de la boucherie*, c’est aussi un chapelet d’histoires cochonnes, plaisanteries et witz* bien connus. Le moule à atriaux que l’on envoie chercher d’une ferme à l’autre, ainsi que la craie bleue pour marquer le milieu du porc. » 24 heures, 14 janvier 1987.
8 « L’atriau est acheté par des gens de plus de 35 ans qui l’ont goûté chez leurs parents, confie un boucher de 26 ans qui le prépare le jour du marché. Il est délicieux mijoté dans une sauce à l’oignon. » Le Nouveau Vendredi (cahier suppl. du Nouveau Quotidien), 12 novembre 1993, p. II.
9 « […] la crépinette de volaille au xérès affiche une classe réelle, richement fourrée, chair ferme, crépine de qualité pour tenir le tout, à la manière d’un atriau. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 9 février 1994, p. 20.
↪ V. encore s.v. boucherie ; miser 1 ; propre en ordre 1 ; ruper 1.
Remarques. Seul mot usité en Suisse romande pour désigner ce référent. Cf. France crépinetten. f. “petite saucisse plate composée d’une farce à base de viande de porc, d’agneau ou de volaille, etc., hachée et enveloppée d’une crépine” (TLF 6, 463b s.v. crépine1). — Le singulier atriau, bien qu’attesté, est plutôt rare ; pour référer à une unité, on utilise plutôt le substantif boulette. — On trouve encore la forme adriaux (« Les adriaux aux choux de Bruxelles façon hollandaise », Bon Appétit n° 9, 1983), par emprunt à la prononciation du mot atriaux par les Suisses allemands (v. ci-dessous).
Commentaire. Emprunt du français régional à une forme provinciale en ‑iau du type mfr. hastereau (Rabelais ; Cotgr 1611), frm. hâtereau (Trév 1721—Lar 1873), v. FEW 4, 391b-392a, hasta I 1 b La plus ancienne attestation de ce type (le Mystère de St-Bernard de Menthon, début xve s., v. FEW ibid.), qui se présente sous la forme hasteriau, est due à un auteur du Val d’Aoste (v. AebischerThéâtreMéd, 95-174). La première attestation en français régional sous la forme atriaux remonte à 1820 (GaudyGen). Dans les dialectes, la répartition du type est compacte : en plus de la Suisse romande (v. GPSR 2, 85b-86a), on le trouve en Bourgogne, Lorraine, Franche-Comté et Savoie (v. FEW ibid.). Pour le français régional de France, cf. Mâcon atreaun. m. “escalope de veau roulée, contenant à l’intérieur un hachis”, Doubs atraun. m. “saucisson plat au foie de cochon, cuit dans une coiffe”, Haut-Jura atriôsn. m. pl. “abats de porc servant à faire des boulettes de viande (peu usuel)”, Morez atriauxn. m. pl. “saucisse de foie de porc”, Savoie atriauxn. m. pl. “boulette d’abats de cochon hachés, enveloppée dans la « toile » (péritoine de l’animal), cuite à la poêle” et Magny-lès-Aubigny (Côte-d’Or) âtreauxn. m. pl. “boulettes de hachis de porc, enveloppées dans un morceau de coiffe”. Le mot suisse romand a été l’objet d’emprunts dans les dialectes suisses alémaniques, en particulier sous la forme adrio (cf. SchwId 1, 91 ; SteinerLehnw s.v. hâtereau ; DudenSchweiz 89) ; cf. en outre le composé Kalbsadrio “atriaux de bœuf”. — GaudyGen 1820, 1827 ; PeterCacol 1842 ; HumbGen 1852 ; BonNeuch 1867 ; GrangFrib 1868 ; BeauquierDoubs 1881 ; Gdf 4, 433b s.v. hasterel ; SchwId 1, 91 ; WisslerVolk 1909 ; SteinerLehnw 1921 ; Pier, PierSuppl ; Mâcon 1926 ; GPSR 2, 85b-86a ; BiseHBroye 1939, p. 304 ; FEW 4, 391b-392a, hasta I 1 b MüllerMarécottes 1961, p. 190 ; AebischerThéâtreMéd ; SchüleListeLar 1978 ; Lar 1979 ; PLi dp. 1980 ; Alpha 1982 ; Had 1983 ; RouffiangeMagny 1983 ; GR 1985 ; DurafHJura ; GuichSavoy ; DudenSchweiz 1989 ; Lexis 1992 (sans marque régionale – à tort) ; GagnySavoie 1993 ; Lengert 1994 ; RobezMorez 1995 ; OffScrabble 1995 ; GR 2001.
attendre (sur)v.
♦ Attendre sur quelqu’un, sur quelque chose, attendre quelqu’un, quelque chose.
1 « Il y a un quart d’heure que j’attends sur toi. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
2 « J’ai dû attendre sur lui toute une demi-heure. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Tavannes).
3 « Il ressent le besoin de s’échapper, il attend sur les vacances. » Radio SR, 17 juillet 1976.
4 « Rock’n Roll / Messieurs ! / Filles cherchent partenaires, elles attendent sur vous. / Vendredi : avancés 20h30 / Vendredi : débutants 19 heures. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 24 janvier 1978, p. 25.
5 « Nous n’avions pas besoin d’attendre sur le choix de la Suisse pour nous rassurer. » Le Matin, 2 juillet 1992, p. 21.
6 « J’attends là-dessus [en parlant d’un objet dont on a un urgent besoin]. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Moutier).
7 « Mme X. attend dessus [attend cette commande]. » Vendeuse de grand magasin, 1977 (VD Lausanne).
Remarques. L’emploi du français général attendre qn, qch. est plus fréquent en Suisse romande, mais le recours à la préposition marque, selon plusieurs témoins, une nuance d’impatience. Il permet en outre de mettre l’accent sur l’objet à l’aide de la forme forte du pronom (cf. « j’attends sur lui » vs. « je l’attends ») ; ce procédé rappelle la tournure du français populaire j’attends après lui, après ça, etc. (v. GPSR 2, 93a).
Commentaire. Attesté depuis 1747 (NE La Chaux-de-Fonds, v. Pier ; aussi relevé dans FrêneJournal, 1789, dans une traduction de l’allemand) ; généralement tenu pour germanisme, calqué sur l’all. warten auf et darauf warten (suissal. warten uf et druf warte) ; v. GPSR 2, 93b et Redard 1954. La tournure attendre là-dessus pourrait en outre avoir subi l’influence du fr. compter là-dessus, qui apparaît dans des contextes similaires. Le français d’Alsace connaît (ou a connu) les mêmes emplois, par calque des constructions correspondantes en dialecte alsacien et en allemand (attesté dp. mil. xixe s., v. WolfFischerAlsace). La construction attendre sur s’est étendue au français régional de Franche-Comté (« courant à Ronchamp » J.-P. Chambon, comm. pers.) ; on la relève aussi à Metz, en 1936, comme héritage de l’allemand. — PludFranç 1890, p. 25 ; Pier ; « extrêmement fréquent » RobillotMetz 1936, p. 54 ; GPSR 2, 93a s.v. attendre 3° 3 ; Redard 1954 ; IttCons 1970, p. 240 ; WolfFischerAlsace 1983 ; Adout 1986 ; DromardFrComt 1991 ; FEW 25, 704b, attĔndĔre 2.
attendre (qn) au contour→ contour
attigu, -uëadj.
♦ Contigu, voisin. Terrain attigu (à un autre), maison attiguë.
1 « Si la prétention des Bagnards* en 1607 d’étendre leur territoire jusqu’au torrent du Levron […] avait été agréée, la forêt des Bagnards* eut [sic] été attiguë à ce territoire en partie désertique. » Cl. Bérard, Bataille pour l’eau, 1976 (1re éd. 1963), p. 188.
2 « Faudrait écrire les noms [des lieux de Lourtier] et mettre sur la carte les numéros attigus. » Témoin âgé d’env. 60 ans, VS Lourtier, 20 novembre 1977.
3 « Ce terrain, il allait avec la maison attiguë. » Témoin âgé d’env. 80 ans, VS Liddes, février 1979.
4 « J’ai payé cette vigne 60 francs le mètre. C’est beaucoup trop, mais c’était un terrain attigu au mazot*. » VS Martigny, 6 avril 1980.
Localisation. VS.
Commentaire. Première attestation : 1812 (H. Schiner, Desc. Dpt du Simplon, p. 235 et passim). Il pourrait s’agir d’un latinisme (cf. lat. class. et méd. attiguus, v. ThesLL et MltWb ; les documents légaux en Valais ont été rédigés en latin jusqu’au xviiie s.) ; mais une origine ou une influence italienne (cf. ital. attiguo, attesté depuis 1729) ne sont pas à exclure. L’adaptation en ‑gu d’un mot latin en ‑guus est la solution qui s’est imposée en français (cf. ambigu, exigu, et surtout contigu, de même sens, et qui peut avoir servi de modèle à attigu) ; v. RLiR 53 (1989), 88. L’emploi du mot n’est pas limité à la langue des textes juridiques et semble faire partie du vocabulaire courant des Valaisans. — A. Thibault, “La terminaison lat. ‑uus dans les emprunts savants en français : un problème d’adaptation morpholexicale”, RLiR 53 (1989), 85-110 ; LEI 3, 2087.
attiquen. m.
1.♦En attique, au dernier étage d’un immeuble (d’une pièce, d’un studio, d’un appartement). Appartement en attique à louer.
1 « À vendre à Sion [VS] magnifique appartement en attique / 7 – 8 chambres*, dernier confort. » Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais, 10 mai 1971, p. 20.
2 « À louer / 18, rue Amat / studio en attique / cuisine séparée. Tout confort. Libre tout de suite. » Tribune de Genève, 16 novembre 1979, p. 53.
3 « 4 1/2 pces en attique / À vendre à Payerne [VD]. » Journal du Nord vaudois, 17 février 1995, p. 4.
2.♦ (en apposition) Appartement quatre pièces attique.
4 « À louer pour tout de suite […] appartement attique luxueux […]. Cuisine moderne avec machine à laver la vaisselle et four séparé avec gril. Chambre* de bain et douche séparée. » Journal du Jura, 12 décembre 1968.
5 « Moudon [VD], appartement 4 1/2 pièces attique, Fr. 1500.– par mois + charges. » 24 heures, 17 février 1993, p. 33.
3.♦ (par ellipse) attiquen. m. Appartement luxueux, situé au dernier étage d’un immeuble, généralement pourvu d’une grande terrasse. Ils ont emménagé dans un splendide attique avec vue sur le lac.
6 « La villa comprend un étage sur rez-de-chaussée et un attique. Le Dr Feld l’a achetée il y a une vingtaine d’années, quand il est venu s’établir à C. » J. Chessex, Où vont mourir les oiseaux, 1980, p. 160.
7 « Comme nous sortions de l’ascenseur sur le palier du troisième étage, un chien surpris dans son sommeil a aboyé dans l’attique, juste au-dessus, et j’ai pensé à cette anecdote […]. » J. Chessex, Morgane Madrigal, 1990, p. 66.
8 « À vendre à Payerne [VD], magnifique attique de 95 m2 avec grande terrasse de 32 m2. Situation intéressante à 2 pas du centre. » Journal du Nord vaudois, 17 février 1995, p. 4.
Commentaire. Innovation romande non attestée à date ancienne au fichier CD. On rencontre sporadiquement en France les termes d’architecture étage en attique, étage d’attique et étage attique pour désigner un petit étage situé entre deux autres plus grands ou qui termine le haut d’une façade pour dissimuler le toit (v. FEW). L’emploi romand est parallèle à l’expression équivalente de l’all. de Suisse Attikawohnungn. f. “Penthaus (exklusives Apartment auf dem Flachdach eines Etagenhauses oder Hochhauses)” (DudenSchweiz 1989). S’il y a eu emprunt, on ne saurait toutefois déterminer, faute d’attestations anciennes, dans quel sens il s’est produit. — StRobert 1993 ; FEW 25, 721a, atticus 2 b.
auditoiren. m.
♦ Grande salle de cours ou de conférences, en particulier à l’université, le plus souvent aménagée en gradins. Un grand auditoire. Les auditoires de l’université. ⇒ aula.
1 « Le bâtiment inauguré hier, en plus d’un grand auditoire et d’une halle* pour la pratique de la gymnastique et pour des démonstrations, abrite des ateliers de maçonnerie, de menuiserie, de mécanique et de machinisme agricole. » Tribune-Le Matin, 1er octobre 1976, p. 7.
2 « Cependant, les locaux à forte concentration de personnes tels que les auditoires, certains laboratoires exigeant des caractéristiques climatiques constantes […] ou présentant de forts dégagements de chaleur, nécessitent une installation de climatisation. » 24 heures, 20 octobre 1976, p. 14.
3 « Jeudi dernier, notre ministre des Finances était l’hôte du Cercle libéral genevois qui, pour la circonstance, avait réussi à presque remplir le grand auditoire d’Uni II. » L’Ordre Professionnel, 24 mars 1977, p. 1.
4 « Le nouveau bâtiment comprend notamment quatre auditoires de 300, 200, 120 et 60 places, des salles de séminaires, une bibliothèque libre accès de 50000 livres, un réfectoire et un bar* à café, ainsi que des bureaux. » L’Ordre Professionnel, 24 novembre 1977, p. 7.
5 « Le problème des locaux se manifeste de manière toujours plus aiguë, les auditoires surchargés et le rapt de chaises de la cafet [= cafétéria] continuent. » L’Auditoire, n° 82, avril 1993, p. 6.
6 « Si nous persistons par exemple à privilégier le cours magistral où le professeur présente des informations dans de grands auditoires et où l’étudiant prend des notes et les reproduit à l’examen, nous ne développerons pas les qualités personnelles […]. » L’Hebdo, 3 juin 1993, p. 51.
Remarques. Le sens français “ensemble des auditeurs” est aussi connu et usité en Suisse romande (« Mué en colporteur, il sillonne le pays et déballe son fameux “paquet” devant les auditoires les plus divers, […]. » L’Ordre Professionnel, 24 mars 1977, p. 1), mais l’on trouve également dans ce contexte le mot assemblée (« La cérémonie s’est déroulée […] en présence d’une nombreuse assemblée. » Tribune-Le Matin, 4 novembre 1976, p. 7.) ; assistance serait aussi possible. Le nom du journal des étudiants de l’Université de Lausanne (v. ci-dessus, cinquième exemple) joue peut-être sur les deux sens du mot. — Les équivalents du français de référence, auditorium ou amphithéâtre, sont mal connus ou sentis comme français. — À la différence de l’aula (v. ce mot), les auditoires servent essentiellement à la tenue des cours et des conférences ; on peut en compter plusieurs dans un établissement, alors qu’en général il n’y a qu’une seule aula.
Commentaire. Sens déjà connu aux xvie-XVIIe s., v. PierSuppl ; premières attestations : 1747, FrêneJournal ; 1750, v. PierSuppl. Archaïsme ; le sens “endroit où l’on se réunit pour écouter un discours, une lecture, etc.” est encore attesté dans Lar 1897, mais est absent de Lar 1907 ; dans Lar 1928 apparaît le sens spécialisé “endroit où se font les plaidoiries”, encore attesté de nos jours (TLF). Le français de Belgique connaît également auditoire dans le sens de “salle de cours ou de conférences”. — FrêneJournal ; Pier ; Lar 1897, 1907, 1928 ; TLF ; DFV 1972 ; HanseChasse 1980 ; GR 1985 ; MassionBelg 1987 ; PLi dp. 1989 ; Belg 1994 ; GR 2001.
aula[o(:)la]n. f. (parfois Aula)
♦ Grande salle où ont lieu concerts, conférences, cérémonies officielles et autres représentations, dans un établissement d’enseignement (ou, plus rarement, dans un musée). L’aula de l’école secondaire, du collège, du gymnase*, de l’université. À l’aula, dans l’aula. Une aula polyvalente. ⇒ auditoire.
1 « Afin de mieux éclairer cet important problème, la Ligue neuchâteloise d’hygiène mentale, […] accueillera samedi prochain, à l’aula du nouveau gymnase*, le Dr Bader […]. » Bulletin officiel de la Ville de Neuchâtel, 14 novembre 1973, p. 3.
2 « Le premier festival Jazz-Nyon se déroulera du lundi 14 au vendredi 18 juin, à l’aula du collège secondaire de cette ville. » Coopération, 10 juin 1976, p. 2.
3 « […] le bâtiment actuel sera bientôt pourvu d’une aula comprenant un foyer, dans laquelle pas moins de 130 personnes pourront trouver place. Cette aula disposera d’installations les plus modernes dans le domaine audio-visuel. » Coopération, 2 septembre 1976, p. 2.
4 « Choisi entre 28 projets présentés, le projet […] permettra d’accueillir 700 à 800 élèves dans un bâtiment sobre qui […] abritera une aula incorporée, les salles de classe, de laboratoire […]. » Tribune-Le Matin, 18 septembre 1976, p. 9.
5 « Hier soir, à l’aula de l’Êcole cantonale*, un public clairsemé assistait à une représentation théâtrale donnée par le “Théâtre de l’Escalier”, de Delémont. » Le Pays, 18-19 septembre 1976, p. 12.
6 « Cette exposition sera officiellement inaugurée le 13 novembre à l’aula de l’Êcole polytechnique de Lausanne. » Tribune-Le Matin, 23 octobre 1976, p. 9.
7 « Ce soir, jeudi 28 octobre, aura lieu à l’aula et non à la halle* de gymnastique comme à l’accoutumée, une assemblée communale extraordinaire. » Le Pays, 28 octobre 1976, p. 5.
8 « La cérémonie [de remise des diplômes] s’est déroulée à l’aula du collège de Sion en présence d’une nombreuse assemblée. » Tribune-Le Matin, 4 novembre 1976, p. 7.
9 « Samedi prochain 11 décembre à 16 heures, à l’aula de l’école primaire, se dérouleront les traditionnelles promotions* civiques organisées à l’intention des jeunes gens et jeunes filles atteignant leur majorité. » Le Pays, 8 décembre 1976, p. 4.
10 « Il y avait fête, vendredi 4 décembre dernier, à la Faculté de droit. Plusieurs centaines d’auditeurs s’étaient rassemblés dans l’Aula des Jeunes Rives pour témoigner leur admiration et leur amitié au Professeur J.-M. Gr., qui donnait ce soir-là sa leçon d’adieu. » UniNeInf, février 1993, p. 35.
↪ V. encore s.v. bourgeois I 2 ; maturité ; promotions.
Remarques. Seul mot employé en Suisse romande pour désigner ce référent. À la différence de l’auditoire (v. ce mot), l’aula a des fonctions assez variées, et se prête mieux à des cérémonies à caractère officiel. En général, on ne compte qu’une aula par établissement, mais plusieurs auditoires.
Commentaire. Première attestations : 1846, Amiel, en référence à Berlin ; 1873, Amiel, en référence à Genève (v. LengertAmiel). Latinisme universitaire (cf. all. Aulan. f. “grande salle des actes et des fêtes dans une université”). Le TLF (suivi par GR 1985) donne ce sens comme français (« dans certaines universités », v. TLF 3, 928a s.v. aula B), mais les citations de Barrès réfèrent à l’Université de Strasbourg ; il s’agit d’un emprunt à l’allemand. La date de 1866 (Larousse xixe) donnée par PR dp. 1984, GR 1985 et NPR 1993 comme première attestation de l’emploi suisse romand réfère en fait au sens A de l’article du TLF (terme d’antiquité romaine) ; mais cf. Lar 1897 et 1907 : “dans les universités allemandes et américaines, Salle des actes et des fêtes scolaires” et surtout Lar 1922, 1928 : “dans les universités allemandes, américaines, suisses, Salle des actes et des fêtes scolaires”. — Lar 1897, 1907, 1922, 1928 ; TLF 3, 928a ; PR dp. 1984 ; GR 1985 ; PLi dp. 1989 ; NPR 1993 ; Lengert 1994 ; OffScrabble 1995 ; FEW 25, 928b aula3 ; LengertAmiel 1998 ; GR 2001.
au monde→ monde
auteur(e)n. f.
♦ Femme auteur. Une auteur(e) à succès. ⇒ écrivaine.
1 « Cette auteure démontre que la place des femmes dans les récits des Évangiles est extraordinaire. » Le Matin, 30 mai 1993, p. 37.
2 « Par ailleurs, samedi, une autre œuvre de M. L., “Raspoutine”, a vécu sa “première” – en russe – dans la capitale de Georgie. Un double honneur pour une auteur romande. » La Suisse, 15 novembre 1993, p. 21.
3 « L’auteure, écrit-elle, “voudrait être à la fois biographe, philosophe, psychanalyste, historienne, polémiste, etc.” » L’Impartial, 8 décembre 1993, p. 32.
4 « Ce merveilleux document vient de recevoir le Prix de la Berner Stiftung : Un honneur et une joie pour leurs auteur(e)s et pour ESPACE 2. » L’Espace d’une semaine (journal hebd. de la RSR Espace 2), 7 au 13 mai 1994, p. 11.
5 « Une étude récente montre que si le patois perd ses plumes, c’est en quelque sorte pour mieux gagner ses lettres de noblesse. Entretien avec la linguiste S. L., auteure de l’étude. » Le Quotidien jurassien, 20 août 1994, p. 27.
6 « “Les hommes et les femmes s’y prennent différemment pour décoder un mot”, constate S. S., de l’Université de Yale, auteure principale de l’étude parue dans la revue scientifique N. » Le Nouveau Quotidien, 18 février 1995, p. 18.
7 « C’est une chercheuse tessinoise, R. B., auteure d’un livre sur les réfugiés italiens en Suisse, qui a mis en lumière des documents riches en renseignements sur la vie familiale du Duce. » Le Nouveau Quotidien, 6 août 1996, p. 13.
8 « On regrettera seulement que l’auteure n’ait pas poursuivi son raisonnement jusqu’au bout, en rédigeant sa communication en portugais… » Vox romanica 55 (1996), p. 233.
Remarques. Formes plutôt rares ; on trouve encore très souvent auteurn. m. en Suisse romande pour désigner une femme auteur. L’hésitation dans l’usage s’exprime parfois de façon typographique : « Pour V., qui confond de toute évidence la voix narrative de la mémorialiste et celle de l’auteur(e), cette dernière […] » (J.-M. Adam, Études de lettres [revue de la Fac. des Lettres de l’Univ. de Lausanne], janvier-mars 1994, p. 11). — On a relevé, à la radio, des occurrences du mot où on faisait légèrement sentir le ‑e final dans la prononciation. — Cf. encore coauteure : « La pression est terrible pour qui n’a pas un teint net, souligne A.-M. C., coauteure du guide […]. » Le Nouveau Quotidien, 25 mars 1994, p. 24.
Commentaire. En France, « Le féminin autrice est de plus en plus employé, parfois par ironie […]. Auteure, attesté en français québécois n’est pas en usage en français de France » (GR 2001, s.v. auteur 3). La forme auteure est d’un emploi courant au Québec depuis 1981, où elle fait l’objet d’une recommandation officielle de l’OLF. En Belgique, le Guide de féminisation signale son existence, mais recommande une auteur. Sur le même mode de formation, cf. encore ingénieure, pasteure, procureure, professeure (v. ces mots). Quant à la forme auteur employée au féminin, elle est attestée sporadiquement en français depuis le début du xviiie siècle (v. FEW 25, 807b, auctor II 2 b). En Suisse romande, on trouve déjà la forme autheur employée au féminin en 1765 (v. FrêneJournal). — DFPlus 1988 ; DQA 1992 ; DHLF 1992 ; FrêneJournal ; FémBelg 1994 ; « Québ. » OffScrabble 1995 ; FEW 25, 808a, auctor II 2 b.
autobus postal→ car postal Rem.
autobut→ autogoal Rem.
autogoal[ɔtɔgo :l], [otɔgo :l]n. m.,auto-goal
♦ But qu’une équipe marque dans ses propres filets. Marquer un auto(-)goal.
1 « Les supporters écossais ont dû attendre un autogoal d’A. B. à la fin de la première prolongation pour voir le Celtic de Glasgow se qualifier péniblement au détriment des Young Boys de Berne. » La Liberté, 30 septembre 1993, p. 45.
2 « Sans les remèdes de cheval administrés à Hardturm (qui reverdit à vue d’œil, paraît-il) et sans les mesures draconiennes prises pour préserver la pelouse, le stade zurichois se serait battu lui-même. En football, cela s’appelle un autogoal. » La Presse, 1er octobre 1993, p. 25.
3 « Un autogoal de Sch. […] a précipité la défaite des Servettiens [= joueurs de l’équipe Servette de Genève]. » La Suisse, 4 novembre 1993, p. 1.
4 « Un autogoal signé E. a empêché la troupe d’H. de battre les États-Unis. » Le Nouveau Quotidien, 24 janvier 1994, p. 20.
5 « Douze balles dans la peau pour avoir marqué un autogoal, le 22 juin, dans le match contre les États-Unis, perdu par la sélection colombienne, avec pour conséquence son élimination du Mondial : l’assassinat, samedi à Medellín, du défenseur A. E., 27 ans, est un événement et une première sanglante dans l’histoire de la Coupe du monde. » Le Nouveau Quotidien, 4 juillet 1994, p. 1.
◇ (fig.) Action dommageable à son (ses) auteur(s).
6 « […] le peuple jurassien s’inflige un auto-goal [à propos du rejet du projet de liaison ferroviaire]. » F. Mertenat, RSR I, 18 mai 1992.
7 « Autogoal paysan / Ils ont combattu l’Espace économique européen parce qu’ils se méfiaient de la politique agricole européenne et parce qu’ils s’opposaient à la légère ouverture à certaines importations qu’impliquait l’EEE. Aujourd’hui, les paysans s’en mordent les doigts, car tant à Bruxelles que dans les négociations du GATT, la Suisse est sèchement invitée à revoir son protectionnisme agraire. » Construire, 12 février 1993, p. 12.
8 « AUTOGOAL / Le recours est admis, mais la peine restera inchangée / L’avocat qui recourait contre sa condamnation obtient gain de cause, mais tout se passera comme s’il avait perdu. » La Liberté, 6 juillet 1993.
9 « Les personnes qui ne sont pas d’accord avec ces 10 francs sont obligées de refuser l’arrêté fédéral* urgent, et par conséquent toutes les autres dispositions qu’il contient. Il en résulterait une augmentation massive des coûts et des primes. C’est ce qui s’appelle un auto-goal. » Helvetia Caisse maladie (bulletin mensuel de la Caisse maladie Helvetia), août-septembre 1993, p. 4.
10 « Interdire la publicité, c’est marquer un auto-goal. Pour le sport, précisément. […] Interdire la publicité, c’est lancer un boomerang qui nous reviendra en pleine figure. » Le Quotidien jurassien, 15 septembre 1993, p. 3.
11 « B. G. évoque le domaine de la santé, où les coupes dans le personnel entraînent une déshumanisation des soins : autogoal sur toute la ligne, et coûts accrus au bout du compte. Autogoal aussi dans l’enseignement. Accroître encore les effectifs par classe ? Couper dans les services auxiliaires […] ? » La Liberté, 12 octobre 1993, p. 15.
12 « […] aujourd’hui, l’administration marque un autogoal et met l’esprit créatif hors jeu. » Le Matin, 31 octobre 1993, p. 2.
13 « [titre] Élection à l’Exécutif lausannois : l’Entente bourgeoise* battue sur autogoal / Les électeurs de droite n’ont pas su s’unir derrière leurs quatre candidats à la Municipalité. » 24 heures, 15 novembre 1993, p. 15.
14 « En tout cas la droite s’est brillamment remise de l’autogoal qu’avait marqué une partie de sa base en ajoutant le nom de P. A. » La Presse, 15 novembre 1993, p. 3.
15 « Reste que, deux ans après le refus de l’EEE, les responsables de l’usine d’Orbe n’ont encore rien vu venir de Bruxelles. Aujourd’hui, le temps presse. Et le mot de Jean-Pascal Delamuraz au lendemain du 6 décembre prend désormais tout son sens : le non du peuple et des cantons à l’EEE était bien un “autogoal”. » Le Nouveau Quotidien, 8 décembre 1994, p. 3.
Remarques. Cf. encore autobutn. m., beaucoup plus rare, attesté au sens propre : « Bordeaux élimine le club genevois grâce à un autobut de S. / Servette marque contre son camp » (La Suisse, 4 novembre 1993, p. 1) ; « Sans l’autobut malheureux d’E. […], l’équipe nationale suisse aurait même signé un succès de prestige » (Le Nouveau Quotidien, 24 janvier 1994, p. 20) ; v. encore DictFrSuisal. Le Guide du typographe romand (éd. 1993, p. 126) glose autogoal par autobut. — En France, comme équivalent, on a relevé but contre son camp : « Un coup du sort en forme de but contre son camp à la 65e a eu raison de la résistance suisse. » (Libération, 4 novembre 1993, p. 37) et le sigle c.s.c. (« contre son camp » ; L’Équipe, 8 novembre 1993, p. 14). Cf. encore « Les Normands ont tiré deux fois sur le poteau et ont marqué pratiquement contre leur camp. » (L’Équipe, 8 novembre 1993, p. 12).
Commentaire. Première attestation : 1963 (Guide du typographe romand, Lausanne, 1963, p. 85). Il semble s’agir d’un calque de l’all. Eigentor n. n. “but tiré dans ses propres filets”, aussi attesté au sens figuré (« Selbstverschulden eines schweren Schadens. Dem Ballsport entlehnt. » KüpperUmgangssprache ; connu depuis env. 1955), et très fréquent dans la presse de Suisse allemande. La forme des dialectes suisses alémaniques, aigegool (DictFrSuisal), est encore plus proche de la forme suisse romande et pourrait bien avoir contribué à sa formation, par le détour de l’oral. Cf. encore all. d’Autriche Eigengoal (DudenÖsterreich ; attesté au sens propre et figuré depuis 1969). Toutefois, l’hypothèse d’un italianisme n’est pas à écarter ; en effet, ital. auto-goal est déjà attesté en 1908, et autogoal en 1935 (DELI ; SchweickardFußball 1987, p. 69 et 98), tous les deux dans le domaine des sports ; on l’atteste aussi dans l’usage contemporain au sens figuré (1990, v. LebetGoal 1992, p. 35-36 et 58). Battaglia le rattache, à tort, à l’angl. *autogoal, qui n’existe pas (Ø OED2) ; mais cf. own goal (att. dp. 1947 ; fig. dp. 1976 ; v. OED2). En espagnol, autogol est attesté dès 1951, en Amérique latine tout comme en Espagne, mais seulement, semble-t-il, dans le domaine sportif (PfändlerSport ; VoxRom 1987). D’après nos témoins lusophones, autogoal s’emploierait aussi au Portugal, mais le terme officiel au Brésil serait goal contra. Le français de référence ne connaît pas de tournure synthétique, à notre connaissance, pour exprimer le concept de “but marqué contre son camp”, mais autogoal serait aussi connu et employé en Belgique (Michel Francard, comm. pers., 14 août 1996). — PfändlerSport 1954 ; Duden 1976 ; KüpperUmgangssprache ; Langenscheidt7 ; DudenÖsterreich 1980 ; BrockhausWahrig 1981 ; SchweickardFußball 1987 ; OED2 ; DictFrSuisal 1991 ; LebetGoal 1992.
automaten. m.
♦ Appareil public qui distribue des denrées, des objets ou des tickets après introduction de pièces de monnaie (ou éventuellement de billets, d’une carte magnétique) dans une fente. Acheter des cigarettes, des timbres, un billet de train à l’automate. Automate à boissons, à billets. L’automate ne rend pas la monnaie.
1 « Plus personne au guichet, mais un automate à billets sur le quai : les gares perdent leur âme. Et aussi leurs automates à bonbons et leurs toilettes… » La Liberté, 18 mars 1983.
2 « L’automate devient roi ! / Les grands distributeurs de carburant nous l’assurent. L’avenir est aux colonnes* d’essence intégralement automatiques. Qu’elles soient à billets, à cartes de prépaiement ou de postpaiement, voire à la carte eurochèque. » La Suisse, 26 août 1985.
3 « Comme rien n’est plus crevant que d’errer dans un magasin sans savoir ce qu’on vient y chercher, on a prévu des lieux de repos avec des automates à boissons et bientôt des journaux à feuilleter […]. » L’Hebdo, 3 juin 1993, p. 52.
4 « Devinette : comment se faire plumer sans jamais rencontrer le moindre voleur ? Il suffit que votre route croise des appareils à monnaie, cette armada d’automates qui peuple une ville helvétique moyenne et s’avère indispensable à la vie quotidienne de tout consommateur. Téléphone, salon-lavoir, distributeur de cigarettes, WC publics ou encore photomaton vous obligent à posséder de la menue monnaie et à payer souvent plus que votre dû. […] Uniques engins pouvant se targuer d’une honnêteté irréprochable : les distributeurs de vivres placés dans les gares et les automates à billets des CFF*, lesquels vous rendent placidement la monnaie lorsqu’ils ont daigné fonctionner. » Le Nouveau Quotidien, 30 août 1993, p. 16.
5 « Ils [des malfaiteurs] ont également démoli des automates à boissons et à cigarettes, ainsi que des vitrines destinées à des expositions […]. » Le Nouveau Quotidien, 14 mars 1994, p. 22.
6 « Le billet [de tram ou de bus] le meilleur marché vendu par les automates bâlois coûte 80 centimes. » Le Nouveau Quotidien, 21 novembre 1996, p. 21.
↪ V. encore s.v. thune.
◇ (En part.) Appareil qui distribue des billets de banque après introduction d’une carte magnétique pourvue d’un code d’accès personnalisé. Aller retirer deux cent francs à l’automate. ⇒ bancomat.
7 « Ils sont l’objet de convoitise ou suscitent la crainte. Depuis les années 80, les automates à billets ont révolutionné le rapport des clients à leur banque. Et celui des consommateurs à l’argent. » Le Nouveau Quotidien, 14 avril 1993, p. 1.
8 « Si UBS [= Union de Banques Suisses] et SBS [= Société de Banques Suisses] enregistrent aujourd’hui sur toute la Suisse une moyenne de 60 % de retraits effectués à l’automate, les caissiers n’ont pas pour autant disparu. […] Contrairement à ceux qui apprécient l’anonymat de l’automate, une frange de gens recherche justement la relation privilégiée avec une personne. » Le Nouveau Quotidien, 14 avril 1993, p. 3.
9 « Bons connaisseurs de la technique, le ou les voleurs se sont introduits dans les systèmes d’exploitation des automates de distribution de billets. » Journal de Genève et Gazette de Lausanne, 14 avril 1993, p. 15.
10 « Les voleurs se sont attaqué [sic] à onze appareils distributeurs d’argent dans les cantons de Lucerne, Schwytz et Nidwald. Sans utiliser de cartes bancaires. Simplement en s’introduisant dans les systèmes d’exploitation des automates. » Tribune de Genève, 14 avril 1993, p. 1.
11 « Nous devons donc tenir compte non seulement des prestations offertes […], mais aussi du réseau de distribution – automates et guichets – et du nombre d’établissements qui acceptent telle ou telle carte de crédit. » L’Hebdo, 3 juin 1993, p. 31.
Remarques. Le terme automate désigne encore la machine de la laverie automatique, la pompe à es-sence, et le tunnel de lavage automatique des voitures (Corbellari 1968 ; Had 1983). — L’équivalent français distributeur automatique (cf. aussi distributeur automatique de billets, abrév. D.A.B. ou DAB ; v. GR 1985 et NPR 1993) est plutôt rare en Suisse romande (« Vingt milliards de francs ont été retirés l’an dernier des distributeurs automatiques de billets en Suisse » Le Nouveau Quotidien, 14 avril 1993, p. 3). Cf. aussi appareil distributeur d’argent (Tribune de Genève, 14 avril 1993, p. 1 ; v. encore ici s.v. bancomat). Le distributeur de billets de banque, de train ou de métro s’appelle aussi en France billetterie (automatique), v. NPR 1993. Au Québec, on appelle guichet automatique le distributeur de billets de banque (v. DQA 1992) ; cette appellation se rencontre sporadiquement en Suisse romande et en France.
Commentaire. Première attestation (au sens général) : Corbellari, Vie et langage n° 200, novembre 1968, p. 706. Se rencontre sporadiquement en France (on a relevé une affiche automates bancaires à Nancy, avril 1997) ainsi qu’au Canada (v. Seutin ; DulongCanad 1989) et au Luxembourg (M. Francard, comm. pers., 15 août 1997), mais n’a pas été pris en charge par la lexicographie française. Le mot constitue de toute façon un helvétisme de fréquence, probablement dû à l’influence de l’all. Automatn. m. “distributeur automatique” (influence qui a dû jouer aussi dans le cas du Luxembourg). — Corbellari 1968 ; FichFrBE n° 385, avril 1971 (présente cet emploi comme correct) ; DFV 1972 ; Had 1983 ; GR 1985 ; PLi dp. 1989 ; DQA 1992 ; NPR 1993 ; Déf. du fr. n° 353, octobre 1995 (rejette cet emploi).
autre→ sans autre
auxiliaire de police→ agente de circulation Local.
avale-royaumen. m.
1.♦ (fam.) Goinfre. Le Louis, il veut toujours tout bouffer, c’est un vrai avale-royaume.
1 « Tu deviens un sacré avale-royaume avec l’âge, il te faudra veiller [= surveiller] ta ligne. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Cortaillod).
2 « Quel avale-royaume ! Il a mangé toute la soupe et fini tous les restes ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
3 « Il vaut mieux l’avoir en photo qu’en pension : c’est un avale-royaume. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
4 « Un tel menu [de Saint-Martin*] ne fait pas peur à un avale-royaume comme toi ! » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Bienne).
2.♦ (fam.) Personne aux appétits, aux ambitions insatiables. Notre régent*, c’est un avale-royaume : il veut cumuler toutes les fonctions (v. CuenVaud 1991).
Localisation. Encore bien vivant dans le Jura ; ailleurs, tend à disparaître (mais plusieurs témoins des enquêtes CD, de tous les cantons, le connaissaient encore très bien).
Remarques. Rare dans la langue écrite. Certains témoins prétendent l’avoir entendu en patois, mais jamais en français. D’autres au contraire le tiennent pour du français général.
Commentaire. Plus ancienne attestation : 1852. Également attesté dans les patois, par emprunt au français régional (v. GPSR). En France, attesté à Mâcon (Saône-et-Loire) avec le sens de “dépensier, dilapidateur”, à Vendôme (Loir-et-Cher) avec ce même sens, ainsi qu’avec le sens de “glouton”, que l’on retrouve également en Sologne, dans le Morvan et dans le Doubs. Dans ce composé, royaume désignait à l’origine le gâteau des Rois (v. FEW s.v. regimen). — HumbGen 1852 ; CalletVaud 1861 ; BonNeuch 1867 ; BeauquierDoubs 1881 ; OdinBlon 1910, 25b-26a ; Pier, PierSuppl ; HFillRDagSologne 1933 ; GPSR 2, 130b-131a s.v. avale– ; FEW 10, 209b, regimen III et 14, 146b, vallis I 3 a β ; IttCons 1970 (> CuenVaud 1991).
avancen. f.
1.♦Faire de l’avance, faire une bonne avance, avancer, prendre de l’avance.
1 « Si je fais suffisamment d’avance dans mon travail, je t’accompagnerai au cinéma. » Enq. CD/II, 1975-1981 (BE Bienne).
2 « Je fais de l’avance à mon travail pour être libre demain. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Fenin).
3 « N’attendez pas le dernier moment pour préparer le repas ; faites de l’avance en nettoyant les légumes et en mettant la table. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Le Landeron).
4 « J’ai fait de l’avance à mon tricot ce soir : j’ai tricoté un bon bout. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
5 « […] demain matin, il faut qu’on soit tous debout à la première heure si on veut faire une bonne avance, maintenant que les gamins ont les vacances de Pâques et qu’ils peuvent nous donner un coup de main. » G. Clavien, Le Partage, 1976, p. 128.
6 « Je rentrais à midi partager un sandwich avec elle au lieu de rester au bureau à faire de l’avance. » Le Nouveau Quotidien, 26-28 janvier 1996, p. V.
2.♦Avoir de l’avance, progresser rapidement ; être adroit et rapide dans son travail.
7 « Mais il [le propriétaire d’une vigne] entend tout, il devine les erreurs : celui-là [un vendangeur] n’a pas d’avance et dans un autre coin, ils rient trop. » E. Gardaz et al., Le Vin vaudois, 1975, p. 49.
8 « Il a beaucoup d’avance au travail : il en fait autant que deux ordinaires. » Enq. CD/II, 1975-1981 (FR La Roche).
9 « Cette jeune femme a beaucoup d’avance dans son travail de maîtresse de maison. » Enq. CD/II, 1975-1981 (VD Arnex).
10 « Il y a des jours où l’on n’a pas d’avance, on met longtemps à faire une chose. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Chézard).
11 « Ce matin, j’ai eu bien de l’avance dans mon ménage. » Enq. CD/II, 1975-1981 (NE Colombier).
12 « Vous trouvez pas que la commune devrait lui payer un petit chasse-neige ? Il aurait plus d’avance à l’ouvrage. » Émission Restons Vaudois, RSR 1, 23 janvier 1977.
3.♦Avoir de l’avance, attendre un enfant avant le mariage. Quand la Germaine s’est mariée, elle avait de l’avance.
4.♦ Argent mis de côté, économies. Il a quitté sa femme en la laissant avec juste un peu d’avance.
13 « Ce mois-ci, j’ai un peu d’avance : je pourrai déjà acheter une partie de mes cadeaux de Noël. » Témoin dans la soixantaine, ancien instituteur, 1993 (JU Porrentruy).
Commentaire. Locutions originales. Première attestation au sens 1 : 1694 (« Je n’ais rien fait d’avance ce jourdhuy » Pier) ; au sens 2 : 1891 (« I n’a rien d’avance pour fossoyer » Pier) ; au sens 4 : 1852 (HumbGen). Le sens 3 est connu dans le patois de Blonay (« ils ont de l’avance, se dit de jeunes gens qui se marient ayant un enfant en perspective » OdinBlonay, p. 26b). Cf. encore Normandie avoir de l’avance “travailler vite et bien”, Savoie avoir d’avance “être actif, rapide dans le travail” (GuichSavoy) et avance(s) “économies” (ConstDésSav) ; Allier, Auvergne avoir de l’avance “aller vite dans son travail” ; Québec être d’avance “être rapide, efficace, alerte” (« fam. » DQA 1992) et surtout ce n’est pas d’avance “c’est peine perdue, c’est inutile, ça ne sert à rien”, aussi attesté à Bruxelles. — HumbGen 1852 ; GrangFrib 1864 ; BonNeuch 1867 ; ConstDésSav 1902 ; OdinBlonay 1910, 26b ; Pier ; GPSR 2, 134ab s.v. avance ; FEW 24, 13ab, *abantiare ; BaetensBruxelles 1971 ; PoirCréol 1979, p. 423 ; GuichSavoy 1986 ; BrasseurNorm 1990 ; DQA 1992 ; PotteAuvergne 1993 ; DubuissBonBerryB 1993 ; Lengert 1994.
avant (ne pas, ne plus pouvoir en -)→ pouvoir en avant (ne pas, ne plus ‑)
avenir (musique d’-)→ musique
avoinée→ avoiner Rem.
avoinerv. tr.
1.♦ Servir copieusement les personnes que l’on reçoit, en nourriture et en boissons.
1 « Nous avons été bien avoinés au Moulin de Beurnevésin. » Témoin de 60 ans, instituteur, 1983 (JU Boncourt).
◇ (en part.) avoiné, ‑éepart. passé-adj. Enivré, grisé.
2 « Il a fallu que sa Thérèse et le Dédé R., aussi avoiné que lui, lui donnent un coup de main. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 17, 1994, p. 28.
3 « Nos deux journaleux comprennent alors qu’ils se sont gourés de pique-nique et de quartier. Comme ils sont bien avoinés et que les piqueurs-niqueurs [sic] des Côtes ont sifflé tout leur pinard, il ne reste à nos deux scribouillards qu’à plier bagages et à rentrer sagement à la maison. » Le Rai-Tiai-Tiai aidjolat [journal de carnaval, JU Ajoie], n° 18, 1995, p. 18.
4 « Et devinez qui est arrivé visiblement plus qu’avoiné le samedi soir ? Notre Fr. qui n’avait pas entrevu une faille dans son plan. Regarder un match de foot à la télé chez soi c’est sobre ; le regarder avec R. et une bouteille d’absinthe ça l’est beaucoup moins. » Le Poilie [journal de carnaval, JU Noirmont], 1995, p. 15.
2.♦ Engueuler. Se faire avoiner. ⇒ arsouiller ; azorer.
Localisation. 1 : JU. 2 : NordVD.
Remarques. Le sens 2 a donné lieu à un dérivé avoinéen. f. “réprimande verbale” (prendre, foutre une avoinée). Le verbe et son dérivé ne sont pas attestés dans la langue écrite.
Commentaire. Dérivé de avoine ; en France, le mot est attesté çà et là en français rural et en patois (aussi connu dans les dialectes de Suisse romande, v. GPSR). La plus ancienne attestation (exception faite d’afr. avoiné “nourri d’avoine”, hapax dans Lacurne) de avoinerv. tr. (avec les sens de “repaître, régaler ; exciter, donner du courage ; donner des horions”) provient du Glossaire du Centre de la France de Jaubert (1864), et ce malgré TLF 3, 1129a qui donne P. Martellière, Glossaire du Vendômois 1893 comme première attestation. TLF et GR donnent le mot comme argotique et régional, mais sans préciser. L’ensemble des attestations (patoises et de fr. rég.) relevées dans les ouvrages consultés permet de tracer une aire en forme de large ruban traversant l’espace galloroman en diagonale, du Calvados à la Savoie. Le mot est en outre donné sans marque régionale de LarS 1907 à Lar 1948 (“mettre au régime de l’avoine”). — JaubertCentre 1864 ; BeauquierDoubs 1881 ; MartVendôme 1893 ; VerrOnillAnjou 1908 ; FEW 1, 187b et 25, 1212-1213a, av ?na ; LarS 1907, Lar 1928, Lar 1948 ; HFillRDagSologne 1933 ; GPSR 2, 159b s.v. avoiner ; TLF 3, 1128b-1129a s.v. avoiner et avoiné ; ALFC q. 595* ; DialBourg 4 ; GR 1985 ; RobFerrVincenot 1985 ; DromardFrComt 1991 ; ColinParlComt 1992 ; DuchetSFrComt 1993 ; TamineChampagne 1993 ; FEW 25, 1212ab, AV ?NA I 2 f β.
AVS[ɑveɛs]n. f. (sigle de assurance-vieillesse et survivants ; parfois écrit sans trait d’union)
♦ Organisme fédéral* qui verse des rentes de vieillesse et de veuvage ; rentes versées par cet organisme. Être à l’AVS, toucher l’AVS ; recevoir, attendre son AVS ; le fonds AVS ; le compte AVS ; rente, cotisation AVS ; l’âge de l’AVS ; rabais AVS ; rentier, retraité, bénéficiaire AVS ; la loi AVS (LAVS). ⇒ AI.
1 « Quant à elle, elle ne craignait pas l’avenir. On l’avait tranquillisée : les allocations d’assurance vieillesse et survivants lui seraient versées ponctuellement. » M. Zermatten, La porte blanche, 1973, p. 184.
2 « “Je suis à l’AVS !” Cette petite phrase, certains la prononcent avec le sentiment d’une acquisition méritée, d’autres avec un ton à travers lequel perce une note de regret car, être à l’AVS, cela veut dire également être à la retraite. » L’Est Vaudois, 26 février 1977, p. 7.
3 « En mars 1990, le Conseil* fédéral publiait son message relatif à la 10e révision de l’assurance-vieillesse et survivants. » Courrier Neuchâtelois, 27 janvier 1993, p. 1.
4 « […] la situation économique pourrait se dégrader, et causer des ravages plus graves dans le fonds AVS. » Courrier Neuchâtelois, 10 février 1993, p. 20.
5 « En 1948, l’AVS était introduite en tant qu’assurance de prévoyance-vieillesse obligatoire. […] L’AVS doit garantir un revenu minimum à chaque retraité. » Le Nouveau Quotidien, 20 février 1993, p. 8.
6 « La commission propose en effet de relever l’âge de l’AVS à 64 ans pour les femmes, tout en le maintenant à 65 ans pour les hommes. » Tribune de Genève, 10 mars 1993, p. 11.
7 « Pour les étudiants et apprentis ainsi que les bénéficiaires AVS, du lundi au vendredi à midi / Pizza au choix, une grande boisson + un café / Fr. 15.– » Courrier Neuchâtelois, 7 juillet 1993, p. 2.
8 « Originalité : le patron offre 20% de réduction aux rentiers AVS. » Le Nouveau Vendredi (cahier suppl. du Nouveau Quotidien), 12 novembre 1993, p. II.
↪ V. encore s.v. AI ; s’annoncer 1 ; cheffe ; course 1 ; gentiment ; pommeau 2.
◇ (par méton.) n. m., f. Bénéficiaire de l’AVS. Un, une AVS. Prix réduit pour enfants et AVS.
Commentaire. Statalisme. Première mention dans la Constitution fédérale : 1925. La Loi fédérale sur l’assurance-vieillesse et survivants (LAVS) du 20 septembre 1946 (approuvée par le peuple le 6 juillet 1947) est entrée en vigueur le 1er janvier 1948. Correspond à l’allemand Alters- und Hinterlassenen-Versicherung (AHV), à l’italien assicurazione vecchiaia e superstiti (AVS) et au romanche assicuranza per vegls e survivents (AVS). — PledariGrond 1993 ; Lengert 1994.
ayant droitn. m. ; pl. ayants droit
♦ Personne qui a le droit de circuler ou de stationner malgré une interdiction. Ayants droit exceptés ; ayants droit autorisés.
1 « STATIONNEMENT INTERDIT sur toute la place, les ayants droit exceptés / AMENDE FR. 30.– / Le Juge de Paix. » (Panneau de signalisation, Yverdon, novembre 1986).
2 « Réservées de 7h à 19h30 et du lundi au samedi aux ayants droit, ces rues, uniques dans leur genre en Suisse, seront interdites à tout autre accès. » Le Nouveau Quotidien, 20 avril 1993, p. 11.
Commentaire.
Le mot existe en français de référence, avec le sens général de “personne qui a des droits à qqch” (TLF 3, 1156 s.v. ayant(-)cause Rem. ; GR 1985). L’emploi suisse romand constitue une spécialisation de sens, apparemment peu répandue dans les autres pays francophones (mais cf. l’inscription « circulation interdite à tous véhicules, sauf ayants droit » relevée dans la commune de Vaux-Saules, en Côte-d’Or ; comm. pers. de G. Taverdet).
azorerv. tr.
♦ Réprimander, blâmer, reprendre. Se faire azorer. ⇒ arsouiller ; avoiner 2.
1 « Si c’est pas juste, je vais me faire azorer. » Ouvrière dans la cinquantaine (BE La Neuveville), mai 1981.
2 « Dès lors il est une question qu’il ne faut plus poser aux membres directeurs de l’UDC [= Union démocratique du centre] sans risque de se faire azorer ; l’UDC et l’ASIN [= Action pour une Suisse indépendante et neutre], est-ce la même chose ? » Le Nouveau Quotidien, 11 mai 1995, p. 10.
3 « Il faut que je porte la facture à la comptabilité, sinon je vais me faire azorer par la bibliothécaire. » Secrétaire dans la cinquantaine (Neuchâtel), 18 décembre 1995.
Localisation. NE, BE.
Remarques. Encore assez répandu.
Commentaire. Le personnage de l’amant fidèle Azor dans l’opéra comique Zémire et Azor (de A. E. M. Grétry, joué pour la première fois en 1771) a donné lieu à toute une série d’expressions argotiques en fr. du xixe s., dont celle de azorn. m. “nom donné aux chiens ; chien” (v. TLF et FEW). Attesté dans le premier quart du xxe s. dans NE, avec le sens de “nigaud, malappris” (v. PierSuppl), le terme a dû servir de base au dérivé azorer, signifiant probablement “injurier” au départ et affaibli par la suite en “réprimander”. Selon des témoins originaires du Val- de-Ruz (NE), le vb. était déjà connu vers 1935. — Le fr. rég. frcomt. contemporain connaît encore azorn. m. au sens de “individu dont il faut se méfier” (DromardFrComt 1991). — Manque à FEW 25, 1307b, AZOR. — IttCons 1970 (> DFV 1972) ; Nic 1987, 1990 ; CuenVaud 1991 ; ArèsParler 1994 ; PLi 1997 ; OffScrabble 2001.